Scène 11
Morte. De l'intérieur. Plus d'émotions, rien que le vide, la mort. Maman. Ses dernières volontés. La fillette se releva, toussa dans la fumée, se remit à quatre pattes et crapahuta jusqu'au cellier. Le Rouleau Scellé est là, tombé à terre. Vite, plus vite. Les flammes.
Elle trouva le sac et y mit machinalement le Rouleau, ressortit, tenta de tirer le cadavre par les pieds pour le sortir de là. Trop lourd. Tant pis. Son collier, que son premier époux lui avait offert à leur mariage, elle devait le prendre à son cou. Pour Lilette, sa petite sœur. Non. La petite sœur de l'enfant morte à sa place et dont on lui avait donné le nom et l'existence. Quel concept inepte que la vie…
Mais une autre était morte à sa place pour qu'elle puisse vivre, alors elle allait vivre elle aussi, elle devait vivre et elle ferait payer à cette ordure tout le mal, toute la souffrance qu'il avait infligée en riant. Le collier, le sac, le Rouleau, les flammes, il faut partir. De l'autre côté.
S'il est là à guetter, des fois qu'elle sorte… Il est sûrement trop arrogant pour le croire, mais on ne sait jamais, même s'il a « perdu la main ». La porte de derrière… De l'air frais ! La vie, la vie, la souffrance mais aussi la vie. Maman va brûler. Lilette ne pourra pleurer que sur des cendres… Se rendre chez le Maître Archiviste.
Elle parvint jusqu’à la maison de Théron sans que personne ne l'aperçoive. Les villageois étaient tous occupés à éteindre l'incendie et elle avait pris un chemin détourné. Théron s'était absenté ; la jeune fille entra quand même, passant par la porte de derrière, et alla boire de longues gorgées d'eau à la cruche de la cuisine avant de se rendre jusqu'à la chambre d'amis et de s'écrouler sur le lit.
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