Scène 19
Le lendemain matin, revigorée, la fillette tenta de le convaincre de la laisser l’accompagner. Il commença par refuser : elle rétorqua qu'elle le suivrait, et si elle le perdait de vue elle poursuivrait seule son chemin. Il objecta les difficultés et les dangers de la route pour une jolie petite villageoise ignorante, mais elle se contenta de hausser une épaule.
— Je m'en fiche de mourir, je suis déjà morte. Si je suis incapable d'atteindre le premier but que je me suis fixé, je n'atteindrais jamais mon objectif ultime. Si vous m'emmenez avec vous, ça me donnera une chance supplémentaire de parvenir à mes fins. Aidez-moi ou pas.
Le mercenaire baissa les bras. Ça ne lui coûtait rien, après tout. Lorsqu'il s'enquit des raisons pour lesquelles elle se rendait à ce camp de mercenaires, il ne fut pas surpris de s'entendre répondre qu'elle souhaitait apprendre à combattre.
Le mercenaire était trop vieux pour participer encore aux batailles, sauf cas d'urgence, aussi la compagnie auprès de laquelle il était engagé l'avait-elle assignée au poste d'enseignant, dès qu’il serait rentré de cette dernière mission Il décida en chemin de tester les connaissances de la fillette, puis de lui enseigner quelques bases théoriques.
Il fut surpris de rencontrer chez une petite villageoise d'un pays paisible la connaissance des plus grandes batailles de l'Histoire, le nom des grandes compagnies de mercenaires, un certain savoir du nom et de l'aspect de différentes armes… La fillette avait lu tout cela dans ses livres.
S'il devait estimer le genre d'arme qu'elle pouvait manier, il la voyait plutôt avec des dagues, ou peut-être une épée longue et fine… Elle devait pouvoir être vive et prompte, et ses mouvements étaient précis. Avec un peu d'affûtage, cette petite pouvait devenir une bonne lame, et son esprit, sa personnalité et ses connaissances lui permettraient, si elle survivait jusque-là, d'obtenir à terme un poste d’officier…
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