Scène 20
adaptés à un milieu forestier bien abrité des intempéries, étaient trop légers pour un hiver en plaine : il la voyait frissonner sous le vent glacial. Il ne manquerait plus qu’elle tombe malade, chose d’autant plus probable chez quelqu’un qui a subi des événements douloureux.
Il ne put éviter tout de même qu’elle contracte un rhume, et ils passèrent trois jours dans une auberge tenue par un couple accueillant. La bonne matrone se prit d’affection pour la petite et la soigna personnellement : cela dit, il ne suffit que de quelques tasses de tisane bien chaude et de temps près de la cheminée pour la requinquer.
Le patron avait aussi pris les armes par le passé, et divertissait les clients de ses vieux exploits : le mercenaire et lui en vinrent à surenchérir leurs prouesses respectives, régalant l’assistance. Le mercenaire, remarquant que les yeux des plus jeunes brillaient d’excitation, s’arrangea pour déplacer le sujet de l’amicale compétition sur les cicatrices reçues, dans l’espoir de décourager d’éventuelles vocations naissantes. La fillette nota les cicatrices de son œil attentif mais son visage ne changea pas.
La matrone fournit gracieusement des habits chauds et solides à la fillette et la serra sur son cœur lorsqu’elle repartit avec le mercenaire. La petite faillit pleurer en sentant les bras maternels de la femme autour d’elle. Serrant les dents, elle se pressa contre la femme et la remercia doucement, puis enfourcha sa monture, contrôlant son expression. Elle refusait de laisser couler ses larmes.
Enfin, l’étrange duo repartit.
Après les plaines venait un pays plus vallonné, entrecoupé de bois et de fourrés, parsemés de bourgades accolées à de calmes rivières. Le chemin était aisé, bien entretenu, les gens accueillants : c’était une contrée prospère. L’un des chevaux perdit un fer en traversant un gué, mais le forgeron du village suivant apposa un nouveau fer avec une adresse consommée.
Tout en cheminant, le mercenaire apprenait à la fillette beaucoup de choses sur le métier de mercenaire : les missions les plus courantes, les risques, certaines coutumes ; il lui parla également de la Guilde des Mercenaires, qui recensait les compagnies et les indépendants qui s’y affiliaient, facilitait le contact entre la clientèle et les mercenaires, gérait les litiges…
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