Scène 28

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Kisanna n’avait jusque-là jamais pensé à l’amour, tant son cœur était empli de vengeance. Elle en avait assez appris pour comprendre qu’elle serait probablement obligée de contracter un mariage politique pour assurer le futur du Royaume des Branches Vertes.

— Une Reine mercenaire et non vierge risque d’être difficile à marier, marmotta-t-elle, d’autant que mon cher Royaume des Branches Vertes n’a pas grand-chose à apporter en dehors du commerce du bois et des champignons…

Sans compter que la situation géopolitique se détériorait. Il y avait en effet des rumeurs de guerre à l’est : l'on murmurait le nom d'un certain Berethius, que l'on disait déterminé à conquérir tout le continent, à l'aide de puissantes armées et de mages redoutables…

Plusieurs royaumes étaient déjà tombés sous sa coupe, provoquant l'effroi. Les pays alentours avaient formé une coalition dans l'espoir de repousser les armées de Berethius le Conquérant, et engageaient des mercenaires à tour de bras afin de renforcer leurs effectifs avec des troupes bien armées et entraînées.

Le Royaume des Branches Vertes était heureusement situé plus à l’ouest, dans une zone sans intérêt stratégique, mais sa surface presque entièrement boisée le laissait à court de champs, le rendant dépendant du commerce pour importer fourrages et céréales. Or, ceux-ci allaient désormais préférentiellement aux pays se préparant à la guerre…

Encore que, le bois risque de devenir rapidement indispensable aussi, ce serait une bonne monnaie d’échange, non ? Et les terres ainsi déboisées pourraient être reconverties en cultures ! pensa-t-elle.

Mais elle ne pouvait rien y faire. Elle ne régnait pas sur le Royaume des Branches Vertes, elle n’y vivait plus depuis plusieurs années, certainement tout le monde là-bas la croyait morte. Le commerce était entre les mains de l’Assemblée des Conseils.

Kisanna s’inquiétait pour son pays natal. Elle se sentait si impuissante… Elle se pensait capable d’éliminer Gacrow, mais… c’était tout. Elle peaufinait son plan depuis trois ans désormais, et sans cesse les doutes l’assaillaient.

D’ailleurs, en admettant que je réussisse à gagner l’argent, la notoriété et le réseau relationnel, il n’est pas sûr que l’Assemblée accepte que je monte sur le trône. Ils se débrouillent très bien tous seuls depuis toutes ces années, depuis la tragédie.

Elle se passa la main sur le visage. Les filles tardaient, Kisanna espéra qu’elles rentreraient avant qu’elle ne s’endorme sinon elles risquaient de la réveiller.

Au fond, peut-être devrais-je juste me contenter de me venger ! Mais, ce sale type m’a parlé d’un Maître qui avait commandité l’assassinat de ma famille biologique… Il devait bien y avoir une raison pour éliminer la famille royale d’un pays si minuscule qu’il n’apparaît que comme un point sur les cartes ? Monter sur le trône pourrait me permettre d’attirer à nouveau l’attention du donneur d’ordres. C’est risqué, mais c’est le seul moyen que je vois actuellement pour en savoir plus… En dehors d’interroger Gacrow ! Et encore faudra-t-il que je retrouve cette ordure et que je lui fasse cracher le morceau !

Un bruit de voix dans le couloir. Rika était tonitruante, comme toujours, mais son bon caractère compensait sa grande gueule. Kisanna soupira. Elle allait devoir attendre encore un peu de dormir…

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