Scène 41
— Enfin fini ! souffla Hawys. Par une journée calme comme celle-ci, le seul risque de mourir est de mourir d’ennui !
— Voyons, chéri ! le réprimanda gentiment Toli.
C’était la fin de la journée. Les badauds s’étaient clairsemés dès le milieu de la journée, affamés, puis les marchands avaient entrepris d’inventorier et de remballer leurs affaires. Ils compteraient le total de leurs ventes le soir même, une fois revenus dans leur échoppe.
Hawys posa les mains sur les épaules de sa compagne pour lui prodiguer un petit massage et elle se détendit. Hawys n’était pas seulement un excellent partenaire de travail, il l’était aussi dans la vie privée. Ils rejoignirent le lieu où le responsable des gardes du marché leur ferait un résumé de la journée puis leur donnerait leur paye.
La bourse pleine protégée entre les seins de Toli, le bras de Hawys passé autour de sa taille, le couple retourna à l’auberge. Plus loin une femme dont la chevelure était d’un roux cuivré s’en allait aussi. Quelque chose dans sa démarche attira le regard de Hawys : elle semblait onduler des hanches, mais il y avait un petit quelque chose qui indiquait qu’elle n’était pas ce qu’il paraissait. Machinalement, Hawys déplaça sa main près de sa dague.
— Chéri ? demanda Toli. quelque chose ne va pas ?
— Ce n’est rien, mon amour, lui répondit-il, la rassurant d’une pression sur la taille.
Ils profitèrent du silence retrouvé après le brouhaha de la journée. Autour d’eux, les passants se dirigeaient aussi vers leur demeure, et une mère consola un enfant qui était tombé sur les pavés. L’enfant avait peut-être deux ans, et Toli soupira : il avait la même bouille ronde que leur fils.
— Il me manque, Hawys, tu sais ? Il me manque à en pleurer…
— Moi aussi, chérie. Moi aussi…
Ils firent le reste du chemin dans un silence profond, enlacés pour un temps dans leur douleur.
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