Scène 48
Environ deux mois plus tard, l’antenne locale de la Guilde des Mercenaires publia une offre de mission qui s’annonçait difficile : des pillards avaient volé un chargement à destination du corps de garde d’un baron, et celui-ci souhaitait engager des mercenaires pour débusquer les bandits et récupérer le chargement. Ses gardes n’étaient en effet entraînés à qu’à défendre le somptueux manoir ou patrouiller le marché… Pas à chercher des bandits dans une forêt et lancer l’assaut sur leur camp !
— Cette mission est faite pour nous ! s’exclama Hawys. Nous sept, tous ensemble, avons un éventail complet de compétences et nous sommes tous assez expérimentés, Jesca y compris. Qu’en pensez-vous ? Kisanna, qu’en dis-tu ?
Les sept mercenaires dûment mandatés se rendirent au domaine du baron, où ils prirent connaissance des informations nécessaires.
Ils pénétrèrent la forêt le soir même, redoublant de prudence en approchant de l’emplacement supposé du camp des pillards, mené par un guide, qu’ils laisseraient dans un campement temporaire. Shuvan partit en reconnaissance, munie d’un arc court dont Kisanna reconnut le modèle : les archers de son pays natal utilisaient le même.
Le campement se situait au sommet d’une butte, dans une zone rocheuse. Shuvan, les cheveux dûment cachés sous un foulard sombre, entra dans l’unique défilé menant au campement de hors-la-loi. Elle avait l’habitude de se déplacer en silence, de par osn métier d’assassin, et avait enfilé de souples chaussons de cuir.
Elle jeta un regard prudent devant elle pour jauger la présence éventuelle d’un garde. Une légère brise amena à Shuvan une odeur d’alcool et un ronflement : il y avait bien un garde, endormi sous l’effet de l’alcool.
Elle reprit son avance, posant délicatement un pied devant l’autre, tâtant précautionnseuement le terrain des orteils pour éviter de déloger un caillou qui pourrait rouler à bas de la pente…
Shuvan passa près du garde affalé contre la paroi, la bouteille ouverte encore dans le creux du bras. La brise apporta de nouveaux bruits : en dehor du bruissement des feuilles d’arbre, des voix avinées entonnaient en un chœur décousu une quelconque chanson à boire.
Enfin elle parvint à l’entrée du camp et sa vision capta des lueurs : ils avaient fait un feu de joie et se gorgeait des vivres volés au baron.
« Ça en fera moins à transporter au retour » estima Shuvan.
Elle observa, écouta, analysa, et fit demi-tour. Avec la même lenteur, les mêmes précautions qu’à l’aller, Shuvan repartit. Il était temps de faire son rapport aux autres.
Le plan d’action était simple. Il n’y avait qu’une seule entrée, gardée par un ruffian endormi, que Shuvan se chargea d’éliminer d’un rapide coup d’une dague effilée. Puis elle grimpa agilement sur le rempart de faible hauteur et se mit en position, arc prêt à bander, flèches en main. Shuvan surveillerait leurs arrières.
Nours n’eut aucun mal à repousser les portes grossièrement taillées dans le bois brut. Les quelques craquements n’alertèrent personne dans le camp. Là-bas, vers le feu de joie, au centre du camp, ne s’entendaient plus que des ronflements sonores.
Ils se répartirent en trois groupes : Nours et Jesca, Kale et Kisanna, Toli et Hawys, et ratissèrent méthodiquement le camp, tuant silencieusement tout bandit se trouvant sur leur chemin, avant de se retrouver au centre.
Ce fut propre et sans bavures, en dehors du sang versé. Les malandrins n’avaient aucune discipline, aucun guetteur, aucun garde, rien pour les protéger. Les rares hors-la-loi encore conscients ne se rendirent probablement même pas compte qu’on les passait au fil d’une lame, leurs yeux vitreux témoignant d’une débauche alcoolique. Les gardes pouvaient d’ores et déjà faire une croix sur leur vin : il n’en restait certainment plus une goutte !
Ils avaient pris leur temps pour toute l’opération, si bien que l’aube pointait déjà. Shuvan retourna au campement temporaire rassurer le guide tremblant d’appréhension et le renvoyant vers le baron pour témoigner du succès.
Pendant ce temps, Kisanna ordonna aux autres de râtisser à nouveau le campement, cette fois pour localiser le chargement volé et rassembler tout le butin des bandits près du feu de joie, qui avait presque fini de brûler. Jesca prit un moment pour cuire du lard et vérifier le contenu d’une marmite de haricots, dont ils déjeuneraient, tandis que Nours et Hawys se chargeaient de récupérer les cadavres et de les aligner, en vue d’une identification par les gardes.
Shuvan venait d’achever le pansage de la dernère montures de ses camarades lorsque le guide revint, accompagné de plusieurs gardes et de petits chariots ; elle les guida à son tour jusqu’au camp des hors-la-loi. Le butin fut réparti sur les chariots, les bandits identifiés, puis toute la troupe rentra au manoir, récupérant au passage les montures des mercenaires. Seuls quelques gardes restèrent en arrière afin de disposer des cadavres.
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