Qay & Noyo
Deninoza m'emmène dans une belle clairière où elle pose la jument maléfique. Une jeune femme ainsi qu'un cheval immaculé sont assis par terre, préparant je ne sais quoi dans un grand chaudron de bronze. En nous voyant arriver, la fille se lève pour sauter dans les bras de la chevalière. Cette dernière la repousse pour venir se placer à côté de moi, avant de faire les présentations :
- Maeva, je te présente Noyo et caille.
- Caille, comme l'oiseau ? je m'étonne.
L'inconnue rit aux éclats, avant de m'épeler son nom :
- Q-A-Y, Qay ! Et si j'ai bien compris, tu t'appelles Maeva c'est ça ?
J'affirme timidement, puis reporte mon attention sur le cheval. L'animal se lève gracieusement et déploie des ailes gigantesques.
- Un pégase ?! je s'exclame.
- Oui, sûrement le seul de cette forêt, affirme Deni. Noyo nous est d'une grande aide contre les licornes, donc considère le comme un guerrier respecta...
Elle est interrompue dans son discours par un éternuement du cheval, suivit d'un hennissement proche du rire. Qay pouffe alors que Deni se détourne pour emmener la licorne morte un peu plus loin. Je suis la jeune femme jusqu'à une fosse remplie de créatures ensanglantées. Je me retiens de frissonner pour ne pas paraître faible, mais de toute façon elle semble m'ignorer.
Nous retournons dans la clairière où Qay verse sa potion étrange dans des bols de bois. Noyo m'invite à s'assoir près de lui et pousse doucement un bol vers moi. Je m'installe, bientôt suivie de la chevalière qui enlève enfin son casque, dévoilant un visage séduisant et de longs cheveux soyeux.
Je ramène brusquement le bol à mes lèvres pour cacher mes joues rouges. La potion coule dans ma bouche, réchauffant mon palais. La sensation est plutôt agréable, jusqu'à ce qu'un goût âcre se fasse sentir. Je crache malgré moi, dégoûtée par le breuvage écœurant. Alors que je m'excuse auprès de la cuisinière, je remarque que personne n'a touché à son bol. Même Qay n'ose pas boire l'atrocité qu'elle a créé.
- Je t'avais dit que je ne savais pas cuisiner, rappelle-t-elle à Deni. En plus, tu m'as confié cette tâche juste parce que tu n'as pas envie de le faire toi-même.
- Figure toi que pendant que tu gaspille de la nourriture, je nous protège, donc sois un peu plus reconnaissante.
- Et pourquoi tu es la seule à te battre ? Moi aussi, je suis capable d'éliminer des licornes ! Tu veux garder les activités amusantes rien que pour toi, égoïste !
- Moi, égoïste ?!
Je me recroqueville, ne sachant où me placer dans la dispute. Noyo se lève et me lance un regard. Je m'approche de lui, jusqu'à ce qu'il se baisse pour me laisser monter sur son dos. J'hésite un moment avant de grimper, et à peine suis-je placée sur son dos qu'il décolle, ses grandes ailes battant l'air. Je couine et m'accroche fermement à la crinière argentée du pégase, qui lui monte toujours plus haut, jusqu'à traverser la couche nuageuse.
Je daigne finalement lever la tête pour observer un paysage magnifique, représentant le soleil qui éclaire les nuages d'une douce lumière multicolore. Je ne perçoit plus que le sifflement du vent et les battements d'aile de Noyo, ainsi que la propre respiration. C'est si calme... je reste encore quelques minutes à scruter les lieux, avant de demander au cheval de me faire descendre. Il repart en arrière, effectue quelques tours avant de revenir à la clairière.
Lorsque j'arrive, je trouve Qay endormie sur les genoux de Deninoza, qui elle préfère regarder les nuages au-dessus desquels je me trouvais quelques instants plus tôt. Je m'installe contre un rocher, et Noyo se pose devant moi, plongeant ses yeux rose pâle dans les miens, avant de se tourner vers Qay qui respire paisiblement. Deni tapote l'herbe près d'elle, m'invitant à la rejoindre.
- Ça te dirais d'aller se baigner ? propose-t-elle après un long silence. Il y a un lac près d'ici.
- Si ça te fait plaisir, bien sûr.
Je retire mes habits, gardant seulement mes sous-vêtements pour aller nager. Je glisse doucement dans l'eau chaude, jusqu'à ce qu'elle m'arrive à la taille. Là, je m'assois dans l'eau et produits quelques bulles à la surface grâce à mon souffle. En attendant que Deni finisse de se changer, je patauge un peu, rentrant de temps en temps ma tête sous l'eau.
Une minute plus tard, j'entends un bruit d'éclaboussures derrière moi. Je me retourne pour voir Deni accroupie, l'eau lui arrivant aux épaules. Elle avance vers moi, et contre toute attente, m'éclabousse. Je lui envoie une vague pour me venger, mais déjà elle riposte. Nous nous aspergeont pendant un moment, jusqu'à l'épuisement. Je m'autorise une pause pour remonter sur la berge et m'assoir dans l'herbe. Alors que Deni approche, je pousse un cri et détourne immédiatement le regard.
- Tu... où est ton soutien-gorge ? je bégaie.
- Avec les vêtements, répond-elle comme si c'était une évidence.
- Tu ne le portes pas pour te baigner ?
- Bien sûr que non, je préfère nager nue !
- Attends, tu veux... HEIN ?!
La chevalière paraît outrée devant ma réaction. Pourtant, c'est justifiée : elle se tient nue, devant moi, comme ça !
- Rabhille-toi ! je la supplie.
- Comme tu voudras... marmonne Deni, apparemment déçue.
J'ai réagit excessivement, mais... déjà que je rougis rien qu'en voyant ses yeux, là c'est intenable ! Elle est magnifique, comment résister à son charme ? À son visage parfait, sa peau douce, ses yeux couleur caramel, ses formes bien dessinées ?...
C'est le soir, et Qay a eu la mauvaise idée de créer de l'alcool à partir d'une plante étrange. Elle et Deni ne tiennent plus debout, ayant avalé chacune au moins trois bouteilles. Je ne me sens pas bien non plus, une bouteille a suffit à me perdre. Même Noyo a réussi à avaler un verre, il est immobile et silencieux depuis.
- Et si on faisait le jeu de la bouteille ? s'exclame Qay, tout sourire.
Nous formons une ronde autour de la bouteille posée sur le sol. Qay la fait tourner, pour qu'elle attriste sur Noyo. Alors qu'elle s'approche de l'animal, je l'interromps :
- Tu vas vraiment embrasser un cheval ?
- Pourquoi pas ?
Elle prend le museau du pauvre pégase et l'embrasse fougueusement. Étrangement, le baiser dure assez longtemps, comme si elle y prenait du plaisir. Lorsque lâche enfin le cheval, elle affiche un sourire niais. Je tends la bouteille à Deni, qui la fait tourner. Pitié qu'elle tombe sur moi ! Euh, qu'est-ce que je raconte ? Rien, c'est juste l'alcool qui me monte à la tête. Juste l'alcool.
La bouteille s'arrête sur Qay, qui ne comprends pas directemen. Lorsqu'elle devine ce qu'elle a à faire, elle se précipite aux côtés de Deni. Cette dernière est très gênée, et semble hésiter à embrasser son amie. Qay réduit rapidement l'espace entre leurs lèvres, et alors qu'elles sont sur le point de se toucher, je m'interposer entre elle et pousse violement Qay qui tombe à terre. Après quelques secondes d'hésitation, tout le monde est hébété.
Nous décidons d'aller dormir, pour le bien de tous. J'espère qu'ils oublieront tous mon geste demain.
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