Cher journal
Je n'allais pas bien.
C'est allé de pire en pire.
Au moment d'atteindre l'apogée de mes souffrances, je suis parvenue à me faufiler entre les mailles d'un filet de soie fragile, et à me libérer d'une poigne qui, a peine, me voulait du bien.
Mes dires ont été traduits sous formes de mensonges, et on m'a traité comme tel. On ne m'a pas donné la chance de m'expliquer : soyons franc, combien souvent ça arrive, dans une vie ?
J'ai maltraité mon corps, mon âme et mon identité jusqu'à ne plus reconnaître en rien la réalité - ou tout du moins, en elle, quelque chose qui me fasse sourire.
A présent, je suis là à écrire ma lamentation, car devant jury je suis poison. J'ai tenté un dernier saut sur le plongeon, et j'ai manqué mon score. A nouveau, j'ai échoué à me prouver, à vous prouver, que je pouvais, voir méritais de vivre.
Je ne peux crier à l'aide ouvertement, car on les endort, les animaux dont personne ne veut plus. Je pensais que de suivre le chemin parsemé de marguerites donnerait plus envie aux joyeux lurons sur mon chemin de côtoyer ma route, mais ils se sont fait abeilles : butineurs, travailleurs, toujours occupés, toujours plein le nez.
Et je ne savais rien des tracteurs qui passaient ce chemin. Je me suis fait passer dessus, encore et encore, si bien que j'ai déchiré mon intérieur et que j'ai crié de douleur. Il y en a eu six, et ils adoptait tous les teintes vives du LSD. Que dis-je là, hein ? Ça doit être le coup sur la tête que j'ai reçu ici ou là, je ne me souviens plus. D'ailleurs, de quoi me souviens-je vraiment ?
Je sais que je peux mourir. Je sais que je peux souffrir. Je sais que je peux faire les deux ensembles. Je sais que je peux disparaître, tourner le dos aux marguerites, m'étendre partout là où passera le tracteur, juste parce que je suis déjà un peu morte, et qu'à présent que plus rien n'est beau, et que je suis poison, bien j'ai besoin de son klaxon pour me tenir éveillée.
Le suis-je en ce moment même ?
Annotations