Chapitre 35
Nous sortons tous les quatre sur notre 31. La musique bat de son plein gré jusqu'à l'extérieur de la boîte de nuit. Dans la file, l'attente parait interminable le temps de vérifier les cartes d'identité et d'effectuer un contrôle de palpation de chacun. Le froid s'est renforcé, nos lèvres deviennent bleues étant tous les quatre peu vêtus. Soren se presse contre mon corps et m'attrape avec sensualité les hanches, contre son torse je viens chercher un peu de chaleur. Nous passons toutes les deux au contrôle du côté femmes puis nous enjambons le seuil de la boîte avec nos talons aiguilles.
Soren entraîne Oleksandr pour prendre une consommation, nous les quittons pour rejoindre la piste de danse. Les premières minutes nous sont accordées pour que l'on se défoule au rythme de la musique, les projecteurs dansent sur les silhouettes les sublimant à tour de rôle. Le visage d'Ivy est éclairé d'un halo lumineux blanc qui danse sur les traits de son visage, sa main s'agite dans les airs et elle se met à sauter sur ses talons. Les effets s'ajoutent alternant les ralentis et les accélérés ce qui me laisse le temps de détailler sa silhouette endiablée. Ses cheveux roux s'agitent sur ses épaules, elle prend plaisir à les faire virevolter dans tous les sens, elle est magnifique ce soir. Son dos nu est attaché à son cou, mes yeux ne peuvent s'empêcher d'admirer son dos fin à travers lequel je remarque qu'il n'y a pas l'ombre d'une barrière de soutien-gorge. Je la trouve très désirable, son top moule ses seins pointus qui ballotent selon les mouvements qu'elle fait, la danse de sa poitrine m'hypnotise et mes yeux suivent la beauté de ses jambes porcelaines sublimée par sa mini jupe. Ivy me ramène aussitôt dans la danse en venant se coller à mon dos, sa main se resserre sur ma taille et je n'ai pas d'autres choix que d'embarquer dans son déhanché. La poitrine d'Ivy dérape contre mon dos, m'effleure avec sensualité par moment selon les mouvements de notre danse. Ses mains se posent sur mon ventre pour m'aider à suivre le mouvement de vague, elle est experte, j'ai un peu de mal à l'imiter. Des fumigènes sont balancés en dessous de la sono, un nuage épais nous recouvre pour notre plus grand bonheur, le bas ventre de la jeune femme bute contre mes fesses.
Je me laisse bercer par notre danse, je rejette ma tête en arrière pour la basculer sur l'épaule d'Ivy qui petit à petit fait descendre sa langue à l'intérieur de mon cou. Ma bouche s'entrouvre, ces baisers sont divins et me déclenchent beaucoup de plaisir. Ses lèvres pincent ma peau, mon corps frémis de nouveau et ses mains se plaquent sur mes cuisses. Lascivement elles passent à la hâte à l'intérieur de mon entrejambe pour revenir prendre mes seins entre ses mains. C'est un très gros risque que nous prenons elle et moi, Soren serait plus compréhensif mais si Oleksandr assistait à ça, brrr j'en ai des frissons !
- Ivy... Pas ici, ils pourraient nous surprendre.
- Dixie, arrêtes un peu, décoinces toi, murmure t-elle. Avant qu'ils nous retrouvent avec toute cette fumée. Tu peux être tranquille !
Ses pouces taquinent mes tétons qui durcissent instantanément puis elle s'amuse à tourner avec tendresse sur mes aréoles avant de les faire rouler en une pression plus ferme. Ma tête bascule et mon corps s'arc-boute prisonnier entre ses mains.
- Aaaanmmmmm, gémis-je bruyamment dans son oreille, elle m'excite beaucoup.
- Hummmm oui, tu aimes bien quand je caresse tes petits seins, insiste t-elle en les pinçant sensuellement, une autre décharge me parcoure.
- Ivy... Ivy... Pas ici, pas maintenant.
Haletante je me retourne face à elle. Mes yeux parlent, elle s'arrête quelques instants pour me dévisager. Je l'enlace affectueusement, nos poitrines se collent et s'écrasent, une proximité qui ne cèsse d'ajouter une dose de désir supplémentaire à l'intérieur de mon corps qui s'embrase.
- J'aime te sentir toute proche de moi, murmurai-je du bout des lèvres. Humm.
Ivy m'adresse un petit sourire malicieux, je me jette sur elle pour l'embrasser avec gourmandise sans omettre de masser ses fesses flatteuses. Nos bouches prennent de l'assurance, elles se dévorent avec fougue, notre côté sauvage ressort.
- Je n'ai plus envie de te résister, grogne t-elle en me léchant les lèvres. J'ai attendu tellement longtemps !
Mes jambes se raidissent en sentant le tissu de ma jupe se relever, elle m'embrasse avec sa bouche humide les épaules avec un remuement peu appuyé. Je prends appui sur les siennes avec un regard un peu affolé, sa main douce descend avec insistance sur mon pubis à travers mon collant. Mes cuissent se tendent à nouveau, une sensation d'une caresse brûlante ce fait ressentir au passage de sa main sur mes petites lèvres et le long de mon clitoris. Ivy répète son geste plusieurs fois en m'effleurant très légèrement, presque imperceptible. J'halète bruyamment plongeant mon regard dans le sien, entrouvrant la bouche dans une grimace témoin de mon plaisir intense.
- Merde ! s'exclame Ivy en arrangeant vite les plis de ma jupe. Les hommes nous cherchent ! Danses ma belle danses ! Comme si de rien n'était ! Comme si ta vie en dépendait !
Perturbée, je suis son instruction. Mes mains se plaquent contre les côtés de mon crâne, je danse avec frénésie, saute au gré de la musique alors qu'Ivy leur fait un signe de la main. Mon corps ruissele, ses caresses ont fait monter ma température plus le fait de danser.
- Tu as entendu Soren pendant le repas ? lui dis-je essoufflée. Il sera de nuit prochainement, je me dis que peut-être que tu pourrais venir dormir à la maison.
- Tu es sûre de ta proposition ? me demande la jeune femme. Je sais que ton couple est épanoui contrairement au mien, je ne sais pas si c'est raisonnable de tenter le diable. Surtout vu comment on se comporte l'une vis à vis de l'autre !
- Parfaitement sûre oui, renchéris-je. J'en ai assez de tout faire en précipité, j'ai envie de prendre le temps moi !
- Et je suis bien d'accord avec toi, complète Ivy. Mais si l'on s'endort dans le même lit, pas sûre que je cherche encore à te résister, j'ai très envie de te découvrir, Dixie.
- Je n'ai pas l'intention de faire que de dormir, répondis-je d'un ton coquin. Moi aussi j'ai envie de te découvrir d'une manière plus sensuelle, mon corps ne cèsse de lancer des appels, c'est épuisant hihi !
- Il va falloir que je trouve un alibi et que je demande à Svetlana de me couvrir ! répond t-elle d'un ton suave.
Les hommes finissent par parvenir à nous rejoindre avec à la main un verre de vodka fruits rouges chacun qu'ils nous tendent pour que l'on puisse nous hydrater. On les laisse nous faire des câlins pendant que l'on trempe nos lèvres dans nos verres.
- Vous avez l'air de bien vous entendre tous les deux, ça fait plaisir à voir, déclare Ivy.
- Oui, on a des points communs, on aime le sport, la mécanique, renchérit Oleksandr. Soren est très sympa et il m'aide à palier à nos difficultés en m'écoutant. Je pense qu'il pourrait devenir mon ami !
- Je te considère comme un pote mais oui le temps fera les choses sûrement, dit mon chéri en nous faisant un clin d'oeil.
Nos verres se finissent vite, j'ai si chaud lorsque je danse auprès de Soren. La piste de danse se met à tournoyer dangereusement. Je ferme les yeux en plaquant mes mains contre mon visage, une sensation désagréable lorsque l'on boit trop vite son verre. Je m'écroule sur les fesses au sol, respirant beaucoup trop rapidement.
Soren s'agenouille aussitôt en plaquant sa main dans mon dos.
- Qu'est-ce qui t'arrive ma chérie ? s'exclame t-il inquiet.
- C'est rien mon Amour, renchéris-je. L'alcool est passé trop vite dans l'sang !
- Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ? me demande t-il. Tu veux sortir prendre l'air ?
- S'il te plait oui, dis-je dans le mal. J'en peux plus de tout ce monde qui saute autour de moi !
Soren me soulève dans ses bras, je réfugie ma tête contre le col de sa chemise. L'odeur de son parfum me rassure et fait ralentir les battements de mon coeur qui pulsait sous ma poitrine. Nous sortons à l'extérieur pour nous asseoir sur les marches bétonnées. L'air frais me procure une sensation de bien-être.
- Tout va bien ? demande un homme de la sécurité.
- Oui, je vous remercie, s'exclame Soren alors que l'homme s'approche de nous. Elle a juste bu trop rapidement mais en étant dehors ça devrait aller.
- Très bien, si ça ne va pas, appelez à l'aide, renchérit le vigil alors que Soren hoche la tête. Il tourne les talons pour reprendre son poste.
- So, j'ai mal au coeur, dis-je dans un murmure à moitié consciente dans ses bras, le haut de mon dos couché sur ses genoux.
- Tu as envie de vomir ? Tu veux que je te redresse ? s'inquiète t-il.
- Non, cela n'a rien à voir avec l'alcool, répondis-je à moitié endormie. Je t'aime !
- Hé bébé, ne pleure pas, explique moi, panique Soren en collant ses mains chaudes contre mes joues. Qu'est-ce qui se passe ? Moi aussi je t'aime, je ne veux pas te perdre, ma puce.
Mes sanglots ruinent mon maquillage, je ressens un vide atroce au fond de moi et un grand desespoir. J'ai le coeur lourd, une drôle d'impression de l'avoir déjà perdu lui. Je suis inconsolable dans ses bras musclés qui se resserrent autour de moi, ses yeux se mettent à luire lui aussi, je me sens coupable à l'idée que peut-être il lit en moi sans problème. Ma main effleure tendrement sa joue mal rasée, il la prend aussitôt entre les siennes pour la bisouiller et la réchauffer avec son souffle chaud.
- Soren, c'est Ivy, dis-je dans un chuchotement. Elle me rend folle mon coeur. Je sens que je suis en train de perdre le contrôle ! Je sens que je vais être obligée de reprendre mes distances sinon les limites risquent d'être dépassées, je n'ai pas envie de te tromper !
Je pleure bruyamment avec une grosse difficulté de m'arrêter. Silencieux Soren semble avoir la gorge étouffée d'une grosse boule. Il se contente de resserrer ses lèvres sur ma main, ses épaules commencent à se saccader. Il ferme les yeux pour ne pas se mettre à pleurer. Cela me brise le coeur comme vision, je suis en train de prendre conscience qu'avec Ivy, je suis allée beaucoup trop loin. J'ai commis l'irréparable, j'ai trompé mon chéri en franchissant les limites sans même lui évoquer mes envies. Je me sens minable, j'ai envie de creuser un trou et m'enterrer dedans ! La musique '' Children of the sky '' d'Imagine Dragons me donne clairement la nausée et l'envie de me suicider.
Ma main remonte sur le torse de Soren, je me haïs au plus profond de moi même. Comment ai-je pu lui faire ça ? Ma main le caresse à même la peau à travers les pans de sa chemise blanche. Si Ivy ne semble pas avoir grand chose à perdre, ce n'est pas mon cas. J'aime tellement Soren, je suis en train de foutre en l'air la prise de conscience est brutale, cela fait si mal.
- J'ai l'impression que tu l'as fait, pourtant ! lâche Soren d'un ton glacial en laissant des larmes ruisseler le long de ses joues, son regard fixe le paysage au loin. Dès le jour où vous vous êtes embrassées. C'est trop dur pour moi Dixie, tu joues à un jeu dangereux !
Je me redresse brutalement, des traînées noires coulent le long des miennes. j'appuie mes pouces sur le coin de ses yeux pour chasser ses larmes. Pourquoi ne me l'a t-il pas évoqué entre quatre yeux ? Est-ce possible que je n'ai pas su l'écouter lorsqu'il m'a fait part de ses craintes ? Oleksandr et Ivy arrivent main dans la main, tous les deux s'interrompent en nous voyant remplis de chagrin, le front collé.
- Désolé, s'exclame Oleksandr embarrassé. On vous attend à l'intérieur !
- Ça va, t'inquiète ! lui répond Soren d'un ton sec en me fixant dans les yeux. On avait besoin de parler Dixie et moi ! Mais c'est bon on va rentrer maintenant !
Soren s'excuse auprès de son nouvel ami d'avoir parlé froidement, Oleksandr lui frotte le dos pour le soutenir dans sa peine. Je récupère ma veste au sol et la blottis contre ma poitrine pleurant à chaudes larmes. À distance je me décide de les suivre, Ivy se recouvre de la sienne et attend que j'arrive à sa hauteur.
- Ça ne va pas ? demande t-elle du bout des lèvres en enroulant son bras autour de mon cou.
- J'ai tellement pas envie d'en parler, répondis-je entre mes dents. Je lui ai brisée le coeur, ça fait tellement mal Ivy ! Ce n'est pas ce que je veux !
- Il se doute de quelque chose ? me questionne t-elle. Tu crois qu'il nous aurait vu lorsque...
- Non pas là dessus, il a cette sensation d'avoir été trompé depuis notre premier baiser ! Ça c'est tout ce qu'il sait ! Je ne peux pas lui dire la suite, cela le détruirait ! Il ne me le pardonnerait jamais !
- Et nous là dedans ? renchérit elle.
- Quoi, nous ? répondis-je la gorgée serrée.
- Rien, c'est bon j'ai compris Dixie ! rétorque t-elle en rattrapant les garçons. Ne te fatigue pas !
Pour me faire culpabiliser davantage il n'y a pas mieux, merci Ivy ! Je ne cèsse de pleurer tout le long du trajet. Arrivés à la maison, on se retrouve tous les quatre devant un thé fumant, tous silencieux. Soren a le visage éteint, les mains à plat autour de sa tasse, impassible, la chaleur ne semble pas brûler ses paumes rougies tellement la douleur de son coeur est lancinante.
Oleksandr voit que le moral n'est pas à la fête, il se ravise aussitôt à reposer la boîte d'un jeu de société présent dans la grande étagère murale.
- Bon je suis claqué, je vais me coucher, dit il de sa voix grave. Tu viens Ivy ? Bonne nuit les amis...
Soren lui fait un signe de la main sans conviction, je reste seule avec lui alors que nos amis viennent de déserter. Ma main remonte sur son bras dont il relevé la manche de sa chemise, la chair de poule parsème sa peau avant même de l'avoir effleuré. Je ressens sa détresse à son attitude fermée et à ses muscles tendus en dessous de ma main.
Il se lève sans songer à me regarder.
- Je vais me coucher ! dit-il d'un ton glacial me laissant seule dans le salon.
Annotations
Versions