Chapitre 36

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Je fouille dans la valise de Soren présente dans la salle de bain pour chercher un t-shirt lui appartenant pour faire office de pyjama. À son odeur, je pense que c'est celui qu'il portait lorsque l'on est arrivé ici ce matin, son parfum est encore enivrant en son col. Je récupère un string propre pour mettre juste en dessous et je pars le rejoindre dans la chambre dans laquelle nous allons passer la nuit. La lumière est allumée en dessous de la porte, lorsque je l'ouvre, Soren a le bras replié derrière la tête et ses yeux vides fixent le plafond.

  • Je peux ?

  • Oui, murmure t-il tristement.

Le coeur lourd, je m'avance jusqu'à lui, le matelas s'enfonce sous mes genoux. Je m'allonge à moitié sur lui pour venir poser ma joue contre ses pectoraux, ma poitrine contre ses flans, mon bas ventre contre son sexe endormit et mes jambes autour de la sienne. Ses bras protecteurs m'entourent, sa main se loge dans le bas de mon dos et il soupire bruyamment.

  • Tu écoutais quoi comme musique ? dis-je d'un ton bas pour ne pas réveiller nos voisins.

  • Tu veux vraiment savoir ? me répond Soren avec les yeux luisants.

J'hoche la tête en prenant l'écouteur sans fil qu'il me tend et l'enfonce dans l'orifice de mon oreille en serrant sa taille.

♫ J'aimerais garder le meilleur de ceux qu'on était
Et je sais qu'ailleurs t'iras chercher
Un peu de ce que je ne t'ai pas donné
Je vais garder le meilleur de ceux qu'on était
Et c'est pas grave si tu vas chercher
Un peu de ce que je ne t'ai pas donné, pas donné ♫

La musique me prend aux tripes, mes larmes humidifient le t-shirt de Soren. Je n'imagine pas la douleur qu'il doit ressentir au plus profond de lui pour imaginer que je désire chercher cette sensualité qu'il ne peut pas me donner. Ses ongles s'enfoncent dans les côtés de mon corps et sa bouche se pose sur mon front brûlant. La musique de Pierre Garnier terminée, je lui rends son écouteur, mon coude s'enfonce dans son oreiller, je plonge mes yeux noisettes dans les siens. Mes doigts tracent des lignes invisibles sur son torse. Je prends sur moi pour lui poser une question sincère auquelle j'attends une réponse sincère de sa part.

  • Qu'est-ce qu'elle évoque pour toi cette musique ?

Soren avale sa salive pour caler de nouveau son bras derrière sa tête pour se redresser un peu.

  • Je me prépare quelque part à ce que tu me laisses tomber, murmure t-il. J'essaie depuis quelques temps de me faire une raison. Que tu cherches la sensualité propre à une femme, ce que je ne peux pas te donner, moi même. Ça résume plutôt bien la situation, n'est-ce pas ? Je préfère que tu me le dises, Dixie, ça me fera moins mal.

  • Mais tu es tombé sur la tête toi ! Ça ne va pas Soren ! Jamais de la vie je partirai ! Crie-je d'un ton aigu en pleurant. Je t'aime, tu es l'homme de ma vie !

La main de Soren se plaque sur ma bouche étouffant mes sons, lorsque je me calme il finit par l'enlever délicatement en posant son index sur mes lèvres.

  • Et Ivy, tu m'as dit quoi, qu'elle te fait tourner la tête ? chuchote t-il. C'est bien ça, Dixie ?

  • Pas par amour non, ça c'est propre à toi et moi, répondis-je d'un ton bienveillant. Ce n'est pas du tout ce genre de sentiments que j'éprouve pour elle, je te l'ai dit c'est de l'attirance. Sauf que l'envie devient irrepressible, je ne sais pas pourquoi elle m'obsède, elle m'émoustille mais en aucun cas je suis amoureuse !

  • Un jour tes sentiments te rattraperont Dixie, lâche Soren d'un ton glacial. Arrive un moment où je ne suis plus capable d'endurer le désir que tu éprouves envers elle ! Est-ce que tu peux le comprendre ça ? Tu vas devoir faire un choix, celui du coeur ! C'est soi moi, soi la découverte de la sensualité avec elle. En tout cas je ne pourrai pas te donner plus, mes limites sont atteintes !

  • Oui, j'ai très bien compris Soren. Surtout ce soir, dis-je des larmes dans les yeux.

  • Je te laisse réfléchir et faire ton choix, affirme t-il avec assurance. Je veux être le premier au courant de ce que tu auras décidé.

  • D'accord, répondis-je le coeur serré.

  • J'aimerai que tu me laisses ma tranquilité cette nuit, continue t-il. Je ressens le besoin d'être seul, ça aussi tu peux le comprendre je pense.

  • Bien sûr...

Je me penche au dessus de mon chéri pour venir embrasser ses lèvres, au lieu de ça au moment où mes lèvres s'apprêtent à effleurer les siennes il tourne la tête sur le côté. Ma bouche s'écrase contre sa joue, cela me fait tellement mal.

  • Bonne nuit Dixie, dit-il en se tournant face au mur.

Muette je fais face plusieurs minutes à son dos musclé et ses larges épaules, mon homme s'est refermé sur lui même. Je n'ai pas d'autre choix que de m'en aller. Ma main se referme sur la poignée je jette un dernier coup d'oeil à l'intérieur de la chambre.

  • Bonne nuit Soren, répondis-je tardivement.

Je galère à déplier le clic clac, c'est encore plus rude lorsqu'il ne faut pas faire de bruit. Sur la pointe des pieds je sors les draps du tiroir situé juste en dessous, les secoue avant de les installer. Je tapote oreillers et matelas moelleux avant de me recouvrir d'une grosse couette polaire. La fin de la nuit est très longue, je compte les secondes, me refait le fil de ma vie de ces derniers mois écoulés.

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