Chapitre 48
░ ░ ░ IVY ░ ░ ░
La présence d'Oleksandr me met hors de moi cette semaine. Colères fulgurantes, cris déchirants, larmes et tremblements, je suis à bout. Regards noirs, menaces fusent, objets volent. Sarcasme et accusations aiguisent mes mots. Démuni face à mes débordements, Oleksandr reste calme, cherchant désespérément une solution. Ma colère envers Oleksandr n'est que le masque de ma culpabilité. Tromperie, reproches, tout m'exaspère. La culpabilité me consume, me ronge de l'intérieur.
- Tu devrais sortir, t'aérer et revenir me parler lorsque tu te seras calmée, déclare Oleksandr d'un ton calme.
- Me Calmer ? Comment veux-tu que je me calme ? Tu sais très bien pourquoi je suis dans cet état ! réponds-je la voix tremblante, les larmes aux yeux.
- Je sais, et je suis désolé, renchérit Oleksandr en me prenant délicatement la main. Mais crier et m'insulter ne va rien arranger. Prends l'air, ça te fera du bien. On en reparlera quand tu seras plus calme.
- Ne me touche pas ! Laisse-moi tranquille ! Rétorque-je en le repoussant vivement.
- D'accord, capitule Oleksandr en reculant pour respecter ses distances. Je m'en vais mais s'il te plait reviens me voir quand tu seras prête à parler. On a besoin de se parler.
Mon regard fixe le sol, je demeure silencieuse les yeux rivés sur mes pieds.
Oleksandr attend plusieurs instants avant de sortir de la pièce en soupirant. J'essuie mes larmes et me dirige vers la fenêtre. Il a raison, je ne peux pas continuer comme ça, je dois vraiment me calmer, réfléchir et peser mes mots. J'ouvre la fenêtre, prend une grande bouffée d'air frais, cela me calme petit à petit. Je me tourne vers l'intérieur de la pièce pour m'adresser à lui.
- Je vais sortir. On en reparlera quand je serai revenue.
J'enfile ma polaire, la fermeture éclaire coince un peu. J'attache nerveusement mes cheveux en un palmier sur le dessus de ma tête et sort de l'appartement très agacée alors que mon compagnon cherche des solutions pour que notre couple remonte la pente. Courir le long des trottoirs apaise mon esprit, l'air frais me fait beaucoup de bien. J'ai enfin les idées claires pour commencer à réfléchir à mon comportement et à la situation que j'ai créé autour de moi.
- Je suis tellement en colère contre lui. Mais est-ce vraiment de sa faute ? Je l'ai trompé, et je n'ai même pas eu le courage de lui dire la vérité. Comment puis-je l'accuser ?! J'ai merdé, j'ai merdé, j'ai merdé ! Je dois lui parler, on ne doit pas s'arrêter au moindre obstacle, me parlant à moi même le souffle court.
Mon palmier s'agite au dessus de ma tête, j'augmente le rythme de mes foulées. La musique hurle dans mes tympans, me stimule à chaque fois que mes pieds viennent écraser le sol. Sprinter cannalise les mauvaises énergies, me libère de mes tensions. Le retour au calme se fait après dix km de course à pieds, lorsque je rentre, il est dans la cuisine en train de préparer ma brioche préférée parsemée de pépites de chocolat. J'en profite pour m'exiler sous la douche, sentir l'eau cascader sur mon dos me permet de finir de me détacher de mes émotions.
Je noue le noeud de mon peignoire laissant apparaitre que le liseret de mon bandeau en dentelle, mon peignoire cache un tanga sensuel. Une tasse de thé fumante, je me laisse aller sur la chaise, tout près d'Oleksandr qui dispose une assiette juste devant moi.
- Ivy, je ne sais pas comment m'excuser pour ce geste partit trop vite et non réfléchit, tu ne peux pas savoir à quel point je me sens brisé d'avoir fait cela, ce n'est pas moi et tu le sais. Je ne me reconnais plus, je pense avoir besoin d'aide.
- Et on en parle du fait que je t'ai trompé, poursuivis-je la gorge sèche, les yeux larmoyants. C'est moi seule coupable et responsable, j'ai brisé ta confiance et ce lien fort qui nous unissait. Je ne sais plus comment me racheter.
Oleksandr se glisse je ne sais comment derrière moi, son bras vient barrer mon ventre et son autre main se pose sur mon bras. Ses lèvres effleurent ma joue puis s'appuient, je le devine les yeux fermés et je l'entends renifler avant d'être secouée par les saccades que nous imposent ses sanglots.
- Je n'ai pas su entendre ce que tu me disais, aveuglée par un désir égoïste, continue-je la voix tremblante. Malgré tes appels, j'ai continué, je regrette tellement d'être allée jusqu'au bout vis à vis de toi, je ne veux pas te perdre ! Oleksandr, je t'aime à tout jamais ! Mais j'ai le sentiment que notre relation ne pourra plus jamais être comme avant, si tu savais comment je m'en veux de tout ça, comment je m'en mords les doigts ! Je n'ai pas su te parler, je n'ai pas su être là pour toi, à tes côtés !
- Je crois qu'on ne peut pas réparer ce que l'on a brisé, renchérit Oleksandr en caressant mon ventre.
Je ne veux plus jamais que l'on s'éloigne l'un de l'autre, ses bras me tiennent chaud et m'apportent la sécurité. Un repère très important dans ma vie, cet homme et je réalise au fil de notre échange que j'ai tout foutu en l'air.
- Je ne suis pas sûre de comprendre mon coeur....
- Ivy, je sais que tu as compris. Toi et moi, ça ne pourra jamais repartir comme avant, c'est comme le vase en mille morceaux, tu auras beau les recoller, il restera brisé, s'exclame Oleksandr en pleurant bruyamment. Nous avons fait quelque chose de grave, tous les deux et ça a trop d'impact pour notre couple, Ivy.
- Tu es en train de me quitter, répondis-je la voix mal assurée en tournant mon visage vers le sien.
- Je suis désolé, affirme Oleksandr le coeur lourd. Pour l'instant, notre coeur est blessé, il faut que l'on s'accorde une pause, Ivy. Je ne peux pas te donner confirmation si c'est définitif mais j'ai envie de stopper pour l'instant, je ne peux plus continuer avec toi, te regarder sans me rappeler ce jour où je t'ai tappé. C'est si insupportable pour moi, je me vois comme un monstre, je préfère m'éloigner de ta vie quelques temps.
- Tu es tout sauf un monstre, Oleksandr, c'est moi qui t'ait fait du mal, pas toi. Tu ne l'aurais jamais fait en premier, c'est moi qui ai commencé et j'ai été toute aussi violente verbalement, je t'ai poussé à bout ! Alors je t'en supplie, ne me laisse pas tomber !
- Ivy, tu te porteras mieux sans moi, c'est vraiment à contrecoeur que je le fais, s'exprime le bel homme.
- Mais non, ce n'est pas du tout ce que je veux, je te veux toi ! Renchéris-je en pleurant.
- Je vais t'aider à rechercher un nouveau logement dans tes moyens, on s'accorde une pause et on verra si l'on peut reprendre sur de bonnes bases, je me haïs lorsque je vois mon reflet dans tes yeux, Ivy te voir me rappelle ce que j'ai fait, qu'importe que tu me dises le contraire ! C'est ce que je ressens, je préfère te donner une nouvelle chance de tout recommencer.
- Tu ne peux pas faire comme si ça n'avait plus d'importance ! Oleksandr !
- Crois moi que ça ne me fait pas plaisir et que c'est dur pour moi. Renchérit Oleksandr. Mais c'est ce qu'il peut arriver de mieux pour nous. Ecoute tout compte fait, je te libère l'appart, j'ai longuement parlé avec Soren, je vais m'installer en collocation avec lui, rien de tel pour se soutenir !
Mes lèvres tremblent, je ne peux plus parler, la sensation affreuse que je vais étouffer. Mes bras sont ballants le long de mon corps, la nouvelle est désastreuse. Cela me fait tellement mal, je n'aurai jamais imaginé une telle issue. Mes cheveux eux aussi s'effondrent sur mon visage barrant mes lèvres comme pour me faire taire.
Oleksandr est en train de faire comme Soren a fait à Dixie, il fait ses valises.
- Ai-je le droit de t'embrasser et te serrer une dernière fois dans mes bras ? Lui intimai-je du bout des lèvres.
- Pas que je ne veuille pas, dit il d'un ton froid. Mais ça risque de nous faire plus de mal que l'on s'en est déjà fait.
- Même pas tu veux que je te retiennes ? dis-je d'un ton implorant. Je ne me vois pas sans toi !
- Ivy, ça ne sert à rien. Ma décision est prise, tranche Oleksandr, les yeux qui pleurent en silence. Je te souhaite de vivre heureuse, ne te retournes pas vers le passé, tu t'en sortiras tu as cette force en toi. Désolé pour le mal que je t'ai fait, je t'aime Ivy, tu es mon premier amour, je penserai à toi tous les jours. Au revoir, Ivy.
Ses mots résonnent en moi, quelques jours après j'ai encore en tête le son de sa voix lorsqu'il les a prononcé. Je reste allongée durant des jours sans bouger mis à part pour boire une gorgée d'eau de temps en temps et aller aux toilettes. Pleurer, je ne fais que ça, un jour je n'aurai plus de larme dans les yeux à force. Les flashs de ma relation me reviennent en tête, notre toute première rencontre où nous étions si jeunes. Une de mes amies avait repéré qu'Oleksandr ne me quittait pas des yeux lors de cette soirée où nous avions des amis en commun. Un pari stupide de jeunes filles qui nous a permis de nous rapprocher. Je n'oublierai jamais les sensations qu'il a fait naître en moi la toute première fois où ses mains se sont posées sur moi. Et maintenant je n'ai plus tout ça, en un claquement de doigts, tout a volé en éclats. Je l'aurai toute ma vie sur la conscience, car je sais qu'Oleksandr et moi, est une belle histoire qui vient de connaitre une fin.
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