Chapitre 54

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░ ░ ░ DIXIE ░ ░ ░

Les événements se sont enchaînés en deux semaines, mon mental est complètement déboussolé par le manque et l'éloignement de Soren, mes émotions décuplées par ma grossesse et pour finir le choc que cela a fait à Ivy lorsque je lui ai confirmé celle-ci. J'ai l'impression de nager à contre courant et de lutter pour ne pas finir par me noyer. J'ai décidé de partir seule une petite semaine à Djerba en Tunisie. J'ai bien entendu toqué chez mon ex petit ami, sans succès, je lui ai envoyé des lettres en mentionnant la possibilité de me rejoindre en voyage sans succès aussi. J'ai du mal à concevoir que cet enfant qui grandit en moi ne connaitra jamais l'amour d'un père. Ce petit être qui n'a pas demandé à être là, comment pourrai-je combler ce manque ?

Je conduis jusqu'à l'aéroport mais je me sens fatiguée comme je ne l'ai jamais été. Bébé pompe l'énergie de maman mais je ne peux pas m'empêcher de l'aimer. Je bâille à plusieurs reprises, les tout premiers signes d'un endormissement sous peu, j'en ai bien conscience. Je ne me vois pas m'arrêter au milieu de la bande d'arrêt d'urgence, la vitre se baisse et l'air vient fouetter mon visage pour me réveiller et je tourne le bouton du volume de la radio. Aucun accident sur la route, je me gare sur le parking le plus proche du terminal et attrape mes bagages pour accéder au hall d'entrée. Portée par mes talons aiguilles, le balancement de mes hanches est hypnotisant. Plusieurs hommes se retournent en croisant mon chemin, je réajuste tout en marchant mon chignon chic et décoiffé bien haut sur ma tête. Les yeux des voyageurs glissent sur mon corps, s'ils se croient discrets, j'ai pourtant remarqué qu'ils cherchaient à deviner mes fesses en dessous de la jupe courte que je porte. Mon petit chemisier à manches courtes retombe joliment sur ma poitrine, dévoilant subtilement un très beau décolleté. Je tends mes papiers à la personne qui m'enregistre et vois mes bagages disparaître sur le tapis roulant. L'attente est longue, je souhaitais être en avance comme toujours alors je me dirige avec mon sac à main posé sur mon épaule vers la petite boulangerie pour commander un menu petit déjeuner avec un thé citron gingembre, un pain au chocolat et un nectar d'abricot.

Je prends place autour d'une petite table, agacée par l'ignorance de Soren. Je m'affale contre le dossier, pose une main contre mon ventre encore plat.

  • Heureusement que tu es là toi, dis-je dans un murmure en massant mon ventre. Tu es bien le seul qui ne m'abandonne pas en ce moment. Après je ne peux pas en vouloir à ton père, l'erreur c'est moi qui l'ai commise... Papa s'est fait brisé le coeur par maman, si tu savais comment je m'en veux de te donner cette vie mon trésor. Tu n'as pas choisi d'être là et d'être séparé de tes deux parents, bon après je ne t'empêcherai pas de le voir hein. Mais pour l'instant Papa a décidé qu'il ne voulait pas entendre parler de toi, de nous mais ça ne m'empêche pas de t'aimer pour deux. Maman t'aime petit coeur.

Mes lèvres se portent à mon goblet en carton, j'essaie de rester humble et de garder un peu de fierté lorsque je sens que les larmes vont me monter aux yeux. Je croise le regard d'un homme auquel je souris pour faire bonne figure alors qu'au fond de moi c'est le déluge sentimental, le désastre total. Je suis contrainte d'avancer, car je n'ai pas le choix maintenant que j'ai déshonnoré mes valeurs et que j'ai perdu l'homme de ma vie mais c'est un gouffre sans fin avec des hauts et des bas. Une fois qu'il a reporté les yeux dans son journal je pousse un grand soupir en essuyant le coin de mes yeux avec un clinex. Je sors un poudrier pour redonner un peu d'éclat à mon visage en caressant furtivement mon visage avec un gros pinceau, je retrouve quelques couleurs et je croque mon pain au chocolat à pleine dents.

Je colle mon smartphone contre mon oreille, premier appel, il ne répond pas. Second appel, il me raccroche au nez avant que la tonalité n'ait céssé. Troisième appel, peut-être le bon cette fois. Je peux comprendre que ce ne soit pas facile pour lui de décrocher sans avoir les mains moites et la voix saccadée. Merde fait chier répondeur ! Au moins je peux écouter le son de sa voix pour me sentir un peu rassurée.

'' Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Soren Cesbron, je ne suis pas là pour le moment. Veuillez laisser un message je vous rappellerai à mon retour. Au revoir. ''

Mensonger ! Il ne m'a absolument pas rappelé ! JAMAIS, ni a répondu à aucun de mes messages ! Mon poing se serre contre la table, je plisse les yeux pour les garder au sec et je contrôle ma voix.

  • Soren, .............................................................................................. Je ne t'en veux pas pour ton silence c'est légitime mais mon dieu que c'est pesant ................................................................. Je ne te demande pas de me pardonner si tu ne peux pas mais j'aimerai que l'on se donne des explications, que l'on ait une discussion franche et ouverte sur notre rupture, c'est important de se parler ..................................................................... J'ai besoin aussi de savoir comment tu envisages ton rôle de père ? Ou bien si tu ne veux pas le reconnaître cet enfant..................................................... Mais lui il n'a rien demandé putain........................................................................ Il n'a pas choisi d'être là, lui............................................ Il n'est pas responsable de la situation............................................... Je ne veux pas qu'il en souffre........................................................................ Et puis je ressens un manque énorme de TOI..................................................... Ne prétends pas que tu es insensible à tout cela, qu'au fond je ne te manque ne serait ce qu'un peu............................................................. Tu n'as pas pu passer à autre chose Soren, ce n'est pas possible et je ne te croirais pas.......................... J'aimerai tellement te le dire en te regardant dans les yeux, coucher avec Ivy ne valait pas le coup de casser toute notre histoire et de te briser le coeur........................................... Comme je te l'ai dit j'étais juste curieuse de vivre la sensualité au féminin, la douceur que cela peut apporter, mais juste curieuse................................ Je réalise aujourd'hui que je vois Ivy comme une très bonne amie, ce qui m'a attiré c'est plus ce désir d'essayer en fait mais mes sentiments d'amoureuse vont vers TOI, uniquement TOI. Je vais embarquer d'ici une paire d'heures, tu as la possibilité de me rejoindre pour................................... Recommencer notre histoire ou la continuer peu importe. JE T'AIME SOREN, J'ai tellement mal sous ma poitrine, ton silence me blesse un peu plus chaque jour mais ce n'est pas pour te culpabiliser, je ne peux que comprendre tes décisions et les accepter. Au revoir Soren, je t'aime Soren.

Je soupire désabusée et quelque part à défaut de le voir, j'avais besoin de lui dire toutes ces choses qui me tiennent à coeur et m'étouffent. Je bois une gorgée de thé avant de me remettre à parler à MON bébé.

  • Je suis en colère et triste que ton papa ne daigne pas décrocher quand je l'appelle. Bien sûre qu'il a ses raisons et que j'aurai fait exactement tout pareil si c'était lui qui m'avait trompé ! Mais quand même, je suis brisée mon bébé ! J'espère que tu le feras changer d'avis, toi, peut-être qu'il t'écoutera !

Je débarrasse les emballages de mon petit déjeuner après l'avoir terminé et reviens m'asseoir quelques minutes autour de la table, farfouillant dans mon sac à main. Je regarde dans le miroir de mon poudrier, je gratte légèrement l'émail de mes dents pour m'assurer que rien ne s'est coincé dedans et reperfectionne mon rouge à lèvres en en repassant délicatement sur la pulpe de ma bouche. Passage au contrôle, je pose tout sur le tapis roulant y compris mes talons pour pouvoir passer dans le portique. Une jeune femme de la vingtaine procède à la palpation, je tends les bras pour la laisser effectuer l'opération avant de retrouver mes affaires de l'autre côté. Je rejoins la porte d'embarquement, il reste trente minutes avant que les portes de la piste ne s'ouvrent.

Ensuite nous sommes guidés sur la piste en direction de notre avion, je regarde une dernière fois derrière moi espérant voir arriver en courant Soren, en vain, personne. Je fais attention à ne pas tomber dans les escaliers qui mènent à l'avion et m'installe sur mon siège.

Lorsque l'avion s'engage sur la piste, le bruit du moteur fait monter l'adrénaline en moi et lorsque l'on décolle pour Djerba mon coeur se comprime violemment, cela renforce mon sentiment d'éloignement vis-à-vis de Soren.

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