Chapitre 59

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░ ░ ░ POINT DE VUE D'OLEKSANDR ░ ░ ░

Les phrases de Dixie peuvent lui sembler avant tout manipulatrices dans le but de le faire céder, moi ce n'est pas de cette façon que je vois les choses. Le recul que je peux prendre alors que lui n'en est actuellement pas capable, me permet de voir l'anéantissement, la profonde tristesse et le désespoir chez Dixie. Ecrire l'aide à palier à son mal-être, à vider les pensées négatives qui la submergent. Je remarque qu'elle est toujours là à attendre qu'il revienne, qu'elle a encore un soupçon d'espoir en elle et je pense qu'elle a raison de s'y accrocher car il y a bien une faille dans le coeur de mon ami.

Soren se met à hurler de rage, les muscles de ses bras se tendent, son dos se contracte et dans un accès de colère il pulvérise en mille morceaux la lettre ainsi que les clichés échographiques. Son visage est rougit , furibond de cette lecture. Je ressens une grande peine ainsi que de la compassion envers lui, mes mains se posent sur ses épaules pour le soutenir.

  • C'est bon, arrête, ça va ! s'agace t-il en secouant ses larges épaules musclées pour que je m'en détache. Je vois ses yeux verts se brouiller de nouveau. Olek c'est bon je t'ai dit ! Tu ne peux rien faire, c'est comme ça !

  • Attends mais tu fais quoi là, Soren ? m'empresse je de lâcher en voulant me jeter sur son téléphone, il me repousse une main sur le torse, l'autre occupée à composer frénétiquement le numéro de Dixie qu'il connait par coeur.

La tonalité touche à sa fin, la main gauche de mon ami tremble sur le smartphone, son visage passe de la colère à la panique en entendant la voix de Dixie. Si à travers cet appel elle ne voit pas un signe... Soren a craqué en décidant de l'appeler, cela signifie d'un point de vue féminin qu'il tient beaucoup à elle, c'est sans doute la réfléxion qu'elle va se faire. Et souvent les femmes ne se trompent pas sur ce que ressentent les hommes, même si elles aiment faire semblant de ne pas comprendre pour que ceux-ci le formulent de vive voix.

  • Dixie, pitié arrête tout ! l'engueule Soren en repassant par toutes les émotions, les dents serrées. Arrête de m'écrire, c'est trop compliqué pour toi de me foutre la paix ? J'en ai assez de recevoir tous les deux jours des lettres, que dis-je des romans pour t'excuser ! Je te l'ai déjà dit je ne te pardonnerai pas ! C'est inacceptable ! Ta réponse tu l'as déjà ! La rupture tu en connais toutes les raisons, c'est toi qui l'a amenée pas moi ! Tu savais qu'en me trompant ça allait se terminer exactement de cette façon ! Je ne demande qu'une chose, de passer à autre chose ! Alors ne m'appelle plus, ne me parle plus, ne m'envoie plus rien !

  • Soren, murmure Dixie d'une voix douce avant de reprendre de l'aplomb dans la voix, je colle mon oreille contre celle de Soren. Tu me demandes quelque chose que toi même tu ne résouds pas à t'y engager ! Là c'est toi qui m'appelle, souligne t-elle. Visiblement, là c'est toi qui n'arrive pas à m'oublier.

Elle a vu juste, Soren se prend cette réfléxion dans la tronche, il ferme les yeux en grimaçant. Je pose ma main sur son épaule, il a tout mon soutien mais intérieurement j'encourage Dixie à ne pas abandonner. Il l'aime, même un aveugle pourrait le voir ! Ses lèvres sèches forment un '' je t'aime '' bien muet mais que je lis parfaitement. Le silence est gênant, je sens les battements du coeur de Soren s'intensifier lorsque ma main s'écrase sur son torse. La voix douce de Dixie reprend à l'autre bout du fil.

  • Soren, j'ai peut-être usé des mots forts dans mes lettres, ça a probablement heurté ta sensibilité, s'exprime t-elle la voix chevrotante puis prise de sanglots. Je m'en excuse, c'est juste que j'aimerai te faire réagir car je n'arrive pas à faire autrement c'est dur pour moi d'être face à un mur qui donne l'impression d'en avoir rien à foutre. Mais je te connais, je sais que tu as un coeur. Saches que moi je ne t'ai pas oublié, depuis la rupture, je pense encore plus à toi, chaque jour, plusieurs fois dans la journée. J'aurai aimé te le dire de vive voix en face à mes yeux il n'y a que toi que je désire. Je t'aime Soren et ça personne ne nous le volera, je t'aime tellement !

Sa main passe à travers ses cheveux blonds, il ne raccroche pas pour autant, triturant avec nervosité ses racines. Ses canines se plantent dans la chair de ses lèvres, je l'observe attentivement se faire saigner la pulpe des lèvres pour ne pas qu'elle l'entende pleurer. Seul un long soupir est entendu par la jeune femme qui attend probablement une réponse.

  • Soren, c'est douloureux pour moi de voir tout le mal que je te fais, reprend Dixie. Je sais que tu n'es pas bien au soupir que tu viens de pousser. Je te connais par coeur tu dois être encore en train de lutter pour ne pas te laisser submerger par tes émotions. Combien j'aimerai te prendre dans mes bras pour te consoler, tu me manques beaucoup et je suis vraiment désolée de te faire autant de peine.

Le sang perle sur les lèvres de mon ami, son poignet vient récupérer les gouttes de sang qui se sont logées à la commissures de celles-ci et les poils de ses bras viennent attraper au passage la rosée salée qui coule du coin de ses beaux yeux. Nos regards se croisent, il sourit faiblement avant de reprendre le fil de la conversation avec son ex compagne.

  • Oui, tu me connais bien pour avoir partagé de belles années ensemble finit par dire Soren d'une traite sans sanglot dans la voix mais avec un brin de nostalgie. (Il a besoin de s'accorder une grande pause pour garder la maîtrise de sa voix). Je sais que tu me cherches, me piques pour que je te réponde, tu as réussi visiblement. Je sais tout ça, que tu n'as jamais voulu me faire de mal mais les fait sont là tu vois et ça on ne peut pas faire machine arrière. Cela ne marche pas comme ça, surtout quand le respect et la fidélité sont les bases du couple, tu vois, déclare t-il d'un ton calme.

  • Mais je sais mon.... Euh enfin Soren, je suis bien d'accord avec toi, enchaîne Dixie. Mais regarde nous sommes tous les deux bien tristes d'être séparés. Je pense que dans ta tristesse il n'y a pas que la tromperie, j'imagine que je te manque quand même beaucoup sinon tu ne prendrais pas le temps de me parler là.

  • Bien sûre, je ne vais pas te dire le contraire, s'exclame t-il.

  • Et je te le confirme, renchéris-je aussitôt. D'ailleurs Soren m'a fait très peur toute à l'heure ! (son regard est assassin envers moi, je décide de poursuivre malgré cela pour les aider tous les deux). Bon vu les yeux qu'il me fait il n'est pas trop pour que je t'en parle mais en tant qu'ami je vais bien m'y obliger ! Il m'a fait une crise d'angoisse, limite un malaise au coin des escaliers de l'immeuble ! Vulnérable comme pas possible, le garçon ! (Soren agacé tente de plaquer sa main sur ma bouche, je parviens à poursuivre tout en m'emparant du téléphone). Tu l'aurais vu, en larmes, manquant d'oxygène, à se faire vomir tout ça parce qu'il a trop le mal de toi ma belle ! Et la lettre comme elle l'a bouleversé...

  • Rah Olek ! Ta gueule veux tu ! renchérit Soren d'un ton sec pas vraiment volontaire en récupérant son portable, Dixie laisse échapper un petit rire avant de s'inquiéter de nouveau.

  • Et il va mieux maintenant ? demande t-elle.

  • Disons qu'il avait l'intention de t'incendier, reprends-je. Mais entendre le son de ta voix visiblement cela l'a apaisé comme par magie.

  • Arrête de dire des conneries, me gronde Soren, je lève les bras pour capituler. Ne l'écoute pas Dixie !

  • (Elle explose de rire face à nos chamailleries). Non sérieux, je m'inquiète pour toi, est-ce que tu vas mieux à présent ?

  • Tu sais, ça me touche que tu te soucies de moi, je m'en remettrais, continue Soren.

  • C'est normal, je tiens à toi malgré ce qui s'est passé, tout ça et mes sentiments n'ont pas changé tu sais et je me demande même s'ils ne se sont pas décuplés, avoue la jeune femme.

  • Il t'aime il est fou amoureux de toi aussi ! lance-je taquin en guise de réponse.

  • Olek tu saoules, souffle Soren en levant les yeux au ciel. Arrête de faire des phrases à ma place et de m'ôter toute réponse !

  • Et est-ce que c'est vrai, Soren ce que dit Olek ? demande Dixie impatiente et excitée.

Soren se crispe, son regard est meurtrier envers moi et me coupe l'envie de poursuivre mon rôle de cupidon. La tournure de cette conversation la rendue plus légère et je pense que mes interventions les ont aidées à briser la glace entre eux.

  • Tu n'as pas le droit de te défier Soren, toi qui prône la sincérité, chantonne Dixie riant aux éclats.

  • Oui, je n'ai qu'une parole, répond t-il. Tu te doutes bien que des sentiments amoureux même malgré énormément de colère, de rancoeur, de déception, de sentiments d'être trahi, ne s'effacent pas comme ça du jour au lendemain. Mais par contre tu sais aussi Dixie que je ne reviens pas sur mes actes, je t'ai quitté maintenant il va falloir faire le deuil de notre relation, tous les deux.

Je reste choqué par les propos de Soren, douche froide assurée pour la jolie brune qui avait vu de l'espoir dans notre discussion tous les trois. À vrai dire, j'ai cru comme Dixie qu'il allait faire l'effort de fermer les yeux sur les erreurs de la jeune femme.

  • En revanche, j'ai un coeur, de la maturité et je ne suis pas un abruti de première, poursuit le grand blond. J'ai bien lu ta lettre, j'entends ce que tu me dis même si je n'accepte pas tout. Je suis d'accord avec ta proposition de se revoir une dernière fois pour poser des mots sur notre rupture. C'est vrai que je suis parti sans chercher à dialoguer avec toi mais j'avais tellement mal. Mais voilà je suis prêt à te rencontrer pour pouvoir passer à autre chose, tranche t-il.

  • Pour être franche, je ne m'attendais pas du tout à ce que tu me répondes ça, dit-elle en fondant en larmes à l'autre bout du fil, une peine qui se répercute sur Soren dont les yeux luisent à nouveau. Je pensais ne pas t'avoir perdu après tout ce qu'a lâché Oleksandr !

  • Tu m'as perdu Dixie, je n'ai pas envie de faire semblant avec toi, tu m'as détruit ! Tonne t-il d'un ton méchant et ferme. Je t'en veux énormément pour cette tromperie, je ne te fais plus confiance ! Mais je sens que tu as besoin de me voir une dernière fois pour parler alors j'accepte ton souhait et après je m'en irais ! Au revoir Dixie, je te laisse m'envoyer un message pour le lieu, le jour et l'heure.

Soren ne lui laisse aucune chance de riposter, il raccroche en soupirant avant de recentrer son regard larmoyant dans le mien. S'il pouvait me mitrailler sur place il le ferait vu le regard révolver qu'il me lance. Dixie rappelle de nouveau, il refuse l'appel.

  • De quoi t'es-tu mêlé Olek ?! J'étais sur le point de réussir à terminer ma relation avec cette fille, tu as tout gâché ! hurle t-il en me chopant par le colback, je résiste en lui chopant aussi le col pour l'étrangler légèrement pour qu'il se calme.

  • Ferme là, tu n'as rien réussi du tout ! Tu ne gérais pas du tout la situation ! gronde-je. J'ai fait ça pour t'aider So alors sois reconnaissant ! Un minimum quoi !

  • Putain mais je me débrouillais bien tout seul ! Lâche moi t'es en train de me chauffer ! S'emporte Soren. Lâche moi je te dis mon poing va partir tu ne vas rien comprendre !

  • T'es un gentil, tu ne le feras pas, le raisonné-je. Non Soren, regarde la réalité en face ! Tu n'es pas bien, parce qu'elle te manque ! Tu es en train de disjoncter, j'ai simplement voulu t'aider ! Tu es mon ami, je pensais bien faire !

  • Arrête ça s'il te plait, me supplie t-il fou de rage. J'aimerai que tu me lâches, je risque de faire quelque chose que je regretterais... Je me connais Oleksandr, alors relâche ta main autour de mon cou et laisse moi me calmer ! Je reviendrais te parler après !

  • Non, je ne te lâcherai pas Soren, pas maintenant tu as besoin de moi mon pote ! Ecoute je suis là, mais tu ne peux pas nier, tu l'aimes comme pas possible ! Laissez vous une chance et si tu ne fais plus confiance à Dixie, là tu pourras t'en aller ! Parce que là ça te rend malade, tu n'es pas comme ça.

J'attrape Soren dans le dos, le plaquant contre mon torse avec force afin de le canaliser. Mon avant bras lui étreint le cou bien assez fort renforçant la rougeur de son visage. J'opte pour un ton plus doux pour tenter de l'apaiser tout en luttant contre sa force multipliée par la rage qui sommeillait en lui. Mon ami parvient à se libérer de mon emprise, haletant dans un état second. Je tente de l'attraper par le poignet pour l'emmener dans un endroit plus calme, il fait volteface et avec violence me fout son poing dans le visage. J'hurle de douleur, plié en deux les mains plaquées contre mon nez alors que Soren s'asseoit sur une des marches, le corps en sueur et le regard coupable.

  • Je te l'avais dit, dit il essoufflé, le visage dégoulinant de sueur. Tu as insisté.

  • Putain ce que t'es con ! réponds-je furax. T'es un nerveux en fait ! Regarde mon nez pisse à flot ! Tu m'as bien arrangé tiens !

J'enlève mon t-shirt pour le presser contre mon nez ensanglanté. Je ne lui en veux pas, c'est vrai qu'il m'avait prévenu et avec la douleur qu'il ressent tout au fond de lui je comprends son emportement. Soren est pétrifié par son geste, ses yeux en disent long sur sa culpabilité. Un court instant cela me ramène à mes coups envers Ivy, une douleur me lacère le coeur, je sais ce qui le traverse en ce moment même.

  • Navré Olek, s'exprime t-il. Je n'étais pas moi mais ça n'excuse pas mon poing dans ta figure... J'espère que tu ne m'en veux pas, ton soutien et ton amitié sont importants pour moi.

Soren ressent lui aussi des douleurs, pas dans le visage mais sur les os de sa main. Je l'observe plier et déplier sa main plusieurs fois avant de le rejoindre sur les marches. Je lui colle une étreinte fraternelle.

  • Non, je comprends, je ne t'en tiendrais pas rigueur, dis-je pour le rassurer. Tu m'avais averti, mais je n'ai pas fait ça pour te braquer, je voulais vraiment t'aider.

  • C'était gentil de ta part, admet Soren. Je suis reconnaissant de ton aide, sans toi je n'aurai pas pu tenir une conversation téléphonique avec elle. Tu avais raison, je ne m'en sortais pas tout seul.

  • C'est bien ce qu'il me semblait, tu es toujours autant amoureux. Maintenant tu dois écouter ton coeur, pas la raison et peut-être que tu te feras une raison, je te laisse méditer, renchéris-je en me relevant en prenant appui sur mon genou.

  • Olek, merci ! s'exprime Soren en relevant la tête vers moi. T'es comme un frère. Ecoute je te propose que l'on aille boire un verre ensemble pour me fendre en excuses ! Vas te changer et rejoins moi en bas si cela te convient !

  • Toi aussi mon pote ! Laisse moi dix minutes pour m'arranger ! lui crie-je en gravissant les marches deux par deux voir trois par trois.

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