Chapitre 60

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░ ░ ░ IVY ░ ░ ░

  • Ivy, je prends ta valise, je pars enregistrer nos bagages, s'exclame Oleksandr en se penchant pour m'embrasser d'un baiser passionné et lent. Comme ça, ça te laisse le temps de faire tes aux revoirs à Dixie. Je respecte ce moment important pour toi, tu peux l'inviter à la cafét, prends ma carte avec toi, je me charge du reste.

  • Merci beaucoup mon coeur, tu sais que je tiens à lui dire au revoir mais je ne suis pas sûre qu'elle se pointe à notre rendez-vous, dis-je peu convaincue, en revanche je lui rends son baiser d'une façon entreprenante et amoureuse.

Oleksandr m'adresse un sourire encourageant puis c'est son dos qui me fait face. Je reste plusieurs minutes à l'observer s'éloigner tenant dans ses mains la poignée de nos valises. Je repousse les quelques mèches bouclées qui retombent sur mon nez et m'adosse contre une barrière. Mes yeux parcourent mon beau décolleté pour se poser sur l'écran de mon téléphone portable pour signaler une dernière fois ma présence à Dixie devant le terminal.

J'arpente le hall d'entrée, perchée sur mes talons, impatiente mais élégante. Je me mords les lèvres, mon coeur rate plusieurs battements. Parmi toutes les femmes brunes qui passent, je sais que je pourrai la reconnaitre parmi toutes mais elle n'est pas là. Un rendez-vous loupé, Soren est constamment dans ses pensées, je ne pourrai pas l'enlever mais je tiens quand même à lui donner des explications sur notre départ précipité. Je soupire en prenant appui sur la barrière pour me retourner pour partir rejoindre Oleksandr. Lorsque quelqu'un m'attrape par le bras pour me faire retourner, je manque de tomber à la renverse. Je n'aurai jamais cru que Dixie accepte de me rejoindre. La jolie brune m'encercle le cou avec son bras, je la laisse m'étreindre pour la dernière fois et ma tête se loge à l'intérieur de son cou aux notes d'agrumes. Nos bras se resserrent naturellement, nous avons besoin autant l'une que l'autre de ce moment. Je n'ai plus de rancoeur en moi après toutes les réfléxions et ce que je me suis passée en revue ces jours dans ma tête.

  • J'ai bien cru que tu ne viendrais pas vue les circonstances et le fait que tu aies coupé court à notre conversation webcam la dernière fois, soufflé-je.

  • Je sais, je te demande pardon pour ça, me répond Dixie en se blotissant contre moi. C'était très important pour moi de te revoir et j'ai l'impression que tu es sur un départ. Ai-je raison ?

  • Tu vises juste, je ne peux donc rien te cacher, renchéris-je en effleurant sa joue pendant que ses yeux noisettes se voilent de larmes.

  • Je m'en suis doutée, nous sommes dans un aéroport, déclare Dixie en levant la tête vers les panneaux indicatifs. Oleksandr m'avait touché un mot sur le fait que tu désires couper les ponts avec moi mais je n'avais pas imaginé que cela se ferait de cette façon ! (Dixie oriente son regard sur l'écran où est affiché notre vol avant de reporter son regard sur moi). L'Ukraine ? m'interroge t-elle. Alors comme ça, vous mettez les voiles ?

  • J'aurai dû te préparer à tout ça, affirme-je en me mordant la langue. C'est vrai, je voulais rompre tout contact avec toi car je t'aime toujours et que pour moi c'est comme si je vivais une rupture. Donc c'est ce que j'ai fait comprendre à Oleksandr mais après cette discussion je me suis laissée un temps de réfléxion.

Dixie tourne la tête du côté de l'escalateur, saisie par un flot de larmes qui commence à faire couler son maquillage. Peinée elle croise les bras contre sa poitrine qui se resserre joliment sur le haut de son bustier. Mes phrases restent en suspend, je n'arrive plus à aligner des mots et mes cils se mettent à battre plus vite pour refouler à mon tour les petites perles qui s'accumulaient sur ceux-ci. Je pose mes mains sur ses épaules, pour l'inviter à me regarder dans les yeux, une fois son regard capté, je reprends d'une voix posée.

  • Mais j'ai changé d'avis Dixie ! renchéris-je. Je sais que je compte beaucoup pour toi, que tu m'as aimé d'une certaine façon mais moins que tu aimes Soren. J'ai compris que tout ce que l'on a vécu ensemble toi et moi était vrai, je me doute bien que tu n'as jamais voulu me faire du mal et que d'une part tu avais ton histoire d'amour à laquelle tu tenais. J'ai du respect pour toi et non je ne compte pas te rayer de ma vie, on pourra garder contact mais tout sera différent.

Dixie est meurtrie par du chagrin. Son visage s'est assombrit et la lueur dans ses yeux n'est plus la même. La jeune femme réalise ce qu'elle a perdu et qu'elle sera plus seule que jamais les jours prochains. J'ai moi aussi très mal de savoir que je prends mon envol pour regagner mon pays d'origine. Je sais que je perds plus qu'une amie, plus qu'une confidente et plus qu'une bonne étoile mise sur mon chemin. Epleurée elle s'accoude à la rembarde, je regarde attentivement l'ange qui a eut son rôle dans mon chemin vers la découverte au féminin.

  • Donne moi alors les bonnes raisons qui t'ont poussées à t'en aller ? s'exclame t-elle dans l'incompréhension. Pourquoi es-tu entrée dans ma vie si c'est pour ensuite prendre la fuite ?

Incompréhension, colère, ce sont deux sentiments auxquels je m'attendais de sa part. Mon visage se tourne vers le sien, je pose ma main sur la sienne, nos doigts se joignent.

  • Ecoute, la première c'est TOI. Pour la simple et unique raison de ne pas pouvoir avoir ton amour, affirme-je d'une voix douce mêlée de compassion. Tu m'aimes, je n'en doute pas, tu me l'as montré plusieurs fois mais je sais que c'est difficile pour toi de l'assumer en plus de tes sentiments envers Soren. Je sais que cet homme ne partage pas sa chérie avec d'autres ! C'est pour ça que je veux m'en aller, pour ne plus te causer d'ennuis dans tes relations futures. Car tu sais, même si je ne voulais qu'une chose, d'être avec toi, je me suis toujours sentie coupable des tensions qui naissaient dans un couple aussi parfait que le tiens. Je n'ai jamais voulu tout ça, Dixie ! Crois moi que je suis bien triste que vous ne soyez plus ensemble.

  • Ivy, murmure t-elle.

J'ignore sa façon de me supplier, mes yeux verts sont attirés par les siens.

  • Chuuuut ma puce, laisse moi m'exprimer. J'ai du mal à me regarder en face après avoir fait volé ton couple en éclats, t'avoir en face de moi me rappelle sans cèsse ce faux pas que je t'ai fait faire. C'est plus sage que je prenne mes distances. Tu es une femme bien, gardes tes valeurs et tu trouveras une personne qui elle, sera dans la capacité de t'offrir son amour.

  • Non, non, non je m'en fous de quelqu'un d'autre ! tonne Dixie en enlaçant le creux de mes reins. Je n'en veux pas ! Je n'aime que toi, Ivy et... Fin tu as compris, vous êtes les seuls qui font battre mon coeur...

  • C'est une décision commune, bien que je l'ai précipitée, lui confirme je yeux dans les yeux, je l'emmène à la cafét et nous commande un café. Oleksandr est comme moi, en mal de notre pays. Tôt ou tard, on aurait bien fini par retourner en Ukraine ! Ma chérie, tu es loin d'être seule, tu verras tout ton malheur sera vite comblé par le bébé que tu portes en toi...

  • Sérieux ? C'est ce que tu penses ? Ce bébé me rappellera Soren ! Il me rappellera aussi les circonstances dans lesquelles ces deux histoires se sont terminées... Je ne vois pas le bien que cela peut me faire ! Ai-je vraiment mérité tout ce qui m'arrive ?

  • C'est le destin, c'est que les choses devaient se passer comme ça, réponds je d'un ton rassurant. Maintenant, tu dois avancer ! Soren a fait le choix de ne jamais revenir vers toi et moi, tu vois bien que ça ne peut pas marcher. Je pense que c'est le moment de tourner la page, hum je dois franchir les portes de sécurité d'ici un quart d'heure ! Est-ce que je peux te faire la demande de m'accompagner ?

Dixie se lève, nous rejoignons Oleksandr qui attend juste devant la fil d'attente. Son sourire exprime le soulagement de savoir que je vais bien embarquer avec lui. La jolie femme colle sa bouche contre l'oreille de mon chéri, le tenant fermement par le cou.

  • Veilles sur elle, elle mérite d'être heureuse et d'être aimée, murmure t-elle à mon homme. Je vous souhaite bon voyage à tous les deux, un bon retour dans votre pays natal.

  • Tu peux compter sur moi, s'exclame Oleksandr. Porte toi bien et n'abandonne pas, j'en connais un qui a besoin de toi malgré qu'il te repousse. Soren est en mode surplace, il ne peut pas avancer sans toi, crois moi on en a parlé ce matin tous les deux.

  • Merci, s'exprime Dixie les yeux luisants. Mais je pense qu'il est trop tard pour me faire pardonner.

  • Mon coeur, peux-tu te tourner quelques minutes ? demande-je à mon chéri. J'aimerai embrasser Dixie pour la dernière fois si tu le veux bien...

Oleksandr acquiesce un peu crispé, notre départ ne peut qu'être une bonne chose vu comment il s'est tendu à ma demande. Vouloir tenter le polyamour, je crois que c'était juste pour ne pas me perdre et me faire plaisir.

Nous y sommes, je ravale mes larmes, le coeur lourd je pose ma main sur le cou de Dixie. Mon bras repose contre sa poitrine bombée et nos yeux en disent long sur ce que l'on ressent. Je l'apaise par de délicates caresses sur la joue, cela nous électrise toutes les deux. Elle baisse les yeux, ses cils suivent le mouvement et je perçois la détresse dans laquelle elle se retrouve plongée.

  • Je t'aime, lui sussuré-je du bout des lèvres en embrassant premièrement sa joue. Je ne t'oublierai jamais tu as fait partie de ma vie. Tu étais une belle surprise !

  • C'est tellement dur, s'exprime Dixie en repoussant ses cheveux. Je n'ai aucune envie de te quitter, tu es merveilleuse toi aussi. Moi aussi je t'aime, je t'aime comme pas possible ! Ivy... Je regrette tellement de ne pas avoir su te donner ce que tu attendais...

  • Tu m'as déjà suffisamment donné, cela m'a rendue heureuse c'est tout ce qui compte ! Tu étais superbe dans notre intimité, je t'aime, renchéris-je le coeur lourd. Tu es très sensuelle, c'était du bonheur à l'état pur toutes ces parenthèses toi et moi ! Maintenant je vais devoir te laisser, on risque de se mettre en retard.

Dixie se jette sur moi, nos corps s'unissent pour la toute dernière étreinte. C'est exactement comme ça que je voyais nos aux revoirs, remplis d'affection. Je sèche mes yeux pour ne garder en moi que cet instant de douceur bonbon. Je finis par avoir le sourire aux lèvres et à ressentir des émotions plus légères aussi liées au fait de retrouver mes proches. Dixie me donne un baiser voluptueux, notre plaisir se ressent à travers les mouvements de nos lèvres qui s'empressent. Le désir se fait ressentir à nouveau dans une explosion de sensations sensuelles et excitantes. Nos langues se caressent amoureusement en prenant le temps, mon bas ventre perçoit des petites décharges électriques qui se diffusent en picotements juste entre mes jambes. Nos caresses sont légères sur nos fesses, à l'unisson nous lâchons en grand râle au moment où nous nous défaisons de notre câlin. Oleksandr passe son bras autour de mon cou, m'entraîne dans la file pour passer les portiques de sécurité. Lorsque je longe le grand couloir de l'aéroport, Dixie me suit de l'autre côté jusqu'à que je disparaisse aux abords de la piste de décollage où des avions sont placés en rangées. Je me rappelle de sa petite main qui s'est agitée pour un furtif coucou puis de son visage attristé en s'en allant elle aussi. Oleksandr me fait accélérer le pas lorsque l'hôtesse referme la chaînette rouge et blanche après avoir fait embarquer les derniers passagers. Il s'excuse de notre retard, alors que l'hôtesse agite sa main pour nous dépêcher. Nous passons sous la chaîne, essoufflés après qu'elle ait jeté un oeil à nos passeports et carte d'identité. Elle désigne l'avion que l'on doit prendre et je galère avec mes talons à marcher dans les grandes foulées d'Oleksandr. Toulouse une belle ville, mais mon coeur lui est Ukrainien.

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