Une dizaine de jours plus tard, quand je suis revenu sur mon ordi, il y avait une quinzaine de réponses à mon message. Des parents, des frères, des sœurs, des gens handicapés eux aussi... C'est étrange de voir qu'en fait on n'est pas si seul face à cette situation. Même en y étant habitué depuis toujours, à ce que j'ai pu voir, c'est toujours compliqué. Des gens qui ne me connaissent pas ont eu la gentillesse de partager un morceau de leur vie. Même avec la voix sans émotion de l'ordinateur, je restais ému. Faire tout passer par le jeu était un conseil qui était apparu à plusieurs reprises. On disait aussi que tout dépendait de l'enfant et que la solution était d'apprendre à le connaître petit à petit, de le cerner.

Il est vrai que Myra adore jouer, alors cette solution me semble la plus adéquate pour l'instant. Je l'ai prise sur mes genoux et on a formé des mots avec le système du domino, en partant d'un mot de base. Elle a sorti les vêtements de Soledad et je lui ai demandé de me citer les couleurs. Puis j'ai tracé un short au feutre noir sur un tissu pour sa peluche, et elle s'est entraînée à le découper. La journée est passée à une vitesse folle ! Sans crise, si ce n'est quelques petites protestations . Aucune journée ne m'a jamais semblée être aussi agréable depuis longtemps. On peut dire ou penser ce qu'on veut, je ne vois en Myra qu'une petite fille. J'en oubli complètement ses problèmes. Comme quoi, ses enfants ne sont pas différents. Il suffit de les voir sous le bon angle et de se donner la peine de chercher et de s'adapter.

Et si finalement c'était la même chose avec tous les hommes ? Puisque personne n'est semblable, chaque personne a bien besoin d'adaptation. Regardez bien et vous verrez que sans cesse l'homme s'adapte, à lui comme aux autres. Et moi je m'adapte à Myra.