5. Un lendemain
« Les promesses non tenues laissent toujours des cicatrices plus profondes que les mots. »
Matthieu me réveille d’un coup, me faisant sursauter. Pendant quelques secondes, je suis complètement désorientée. Les événements de la veille se bousculent dans mon esprit embrumé, comme un puzzle dont les pièces ne veulent pas s’emboîter. J’entends son souffle rapide et, en quelques mots, il commence à m’inonder d’informations, chaque syllabe me frappant comme une avalanche.
Le père de l’Autre l’a contacté.
Je suis sonnée par cette information. Je l’écoute attentivement. Ils sont accablés, désespérés. Leurs mots tremblaient au téléphone sous le poids de la culpabilité. Ils viennent juste de découvrir la lettre, celle qui fait état des actes de leur fils. Cette douleur qu’ils expriment, ce mélange de honte et de désespoir, m’envahit à mon tour.
Ils se sentent perdus, complètement dépassés par ce que leur enfant a fait. Le père lui a confié qu’aller le chercher à la gendarmerie a été un véritable calvaire. Ils ne comprennent pas comment leur fils a pu sombrer dans une telle folie. Il lui a parlé avec une détresse palpable, une déception écrasante.
« Nous sommes prêts à tout, » a-t-il dit. « Nous allons rembourser les pneus crevés ».
Nous sommes tellement épuisés que l’idée de nous engager dans une procédure judiciaire semble insurmontable. La perspective de revivre cette violence, de nous battre pour obtenir une justice qui ne viendra peut-être jamais, me terrifie.
Les regrets des parents, leur détresse, cette volonté désespérée de faire amende honorable… tout cela me touche. Une partie de moi ressent une forme de compassion, et pourtant, une autre part ne peut s’empêcher de ressentir une colère sourde. Oui, leur fils est responsable, mais ces parents sont eux aussi dans la tourmente. Cela me trouble profondément : sommes-nous tous piégés dans une même tragédie, chacun portant ses propres blessures ?
En prenant conscience de cette souffrance, une part de moi se dit que je ne peux pas porter plainte. La situation a changé. D’après Matthieu, leur douleur semble sincère. Leur volonté de réparer, de trouver une solution, m’atteint, même si je reste partagée. Mais comment avancer dans cette mer d’incertitudes et de douleurs partagées ?
Je prends le numéro du père que Matthieu m’a transmis et l’appelle. Dès qu’il décroche, il commence à me confier leur désespoir. Lui et sa femme se sentent accablés, totalement perdus, ne comprenant pas comment leur fils a pu en arriver là. Ils n’en reviennent pas, eux non plus, de ce que leur enfant est devenu. Il m’explique que son fils a réalisé ce qu’il avait fait et qu’il se sent très mal. Cela me laisse perplexe.
« Il a payé 1 600 hackers russes pour vous pirater. »
Je suis littéralement abasourdie. C’est comme un mauvais scénario de polar. Je m’arrête, sous le choc, tentant de comprendre ce qu’il vient de dire. Il a tenté de reprendre le contrôle de la situation. Il m’assure qu’il a pris contact avec ces hackers pour mettre fin à leurs agissements. Cette révélation me frappe de plein fouet. Comment un homme peut-il être à l’origine d’une telle folie ? Comment un parent peut-il accepter de vivre avec ça ?
Au fil de la conversation, il répète sans cesse qu’il doit savoir que je suis honnête, que je suis de bonne foi. C’est comme s’il attendait de moi que je prouve ma sincérité, que je m'excuse presque. Pourquoi devrais-je me justifier, moi, qui suis la victime ? Pourquoi essaie-t-il de me faire sentir coupable ?
Finalement, il promet de payer pour les pneus crevés, mais à une condition : que nous acceptions de ne pas porter plainte. Je suis soulagée qu’ils veuillent réparer les dégâts, mais lier cela à une demande de preuve de ma bonne foi me met mal à l’aise. Je lui fais comprendre que les pneus ne sont qu’une petite partie du problème. « Combien vaut notre souffrance ? Notre vie gâchée ? » Lui dis-je, un goût amer dans la bouche.
Je lui parle des heures passées à essayer de réparer les dégâts qu’il a causés, des menaces, de la peur constante, du coup que j’ai reçu, des mensonges qui ont circulé à notre sujet. Tout cela ne se limite pas à des dommages matériels. Chaque nuit sans sommeil, chaque crise d’angoisse, cette sensation d’être constamment surveillée, de vivre dans la frayeur… ce sont des choses qui ne peuvent pas être réglées avec de l’argent.
Mais à chaque fois qu’il évoque les pneus, je me sens de plus en plus frustrée. Il semble réduire toute cette tragédie à une simple transaction. Où est la reconnaissance de notre douleur ? Où est la reconnaissance de ce que nous avons vécu, nous ?
Je n’arrive pas à lui faire comprendre l’étendue de notre souffrance. À chaque fois qu’il me parle de ma « bonne foi », un sentiment d’injustice m'envahit.
La conversation devient un véritable exercice d'équilibre émotionnel. Je dois jouer le jeu de la compassion, tout en cachant mon énervement. Une partie de moi veut les comprendre, mais une autre part a l’impression que tout ce qu’ils veulent, c’est se débarrasser de cette situation embarrassante au plus vite. Mais notre souffrance n’a pas de prix, et je ne peux pas faire semblant que tout est « réparable » avec quelques mots et un remboursement de pneus.
Finalement, il persiste à lier la réparation à la condition de ne pas porter plainte. Pourquoi cette tentative de contrôler la situation à travers un arrangement ?
Je lui rappelle, une dernière fois, que ce n’est pas juste une question d’argent. Cela ne change rien au fait que nous avons été plongés dans un tourbillon de chaos. La conversation s’achève dans une tension palpable. Je raccroche, le cœur lourd. Ils sont sincèrement désolés, c’est évident. Mais je me sens piégée dans cette situation, où leur désespoir me touche, mais où on tente de nier mon honnêteté et dénigrer ce que nous vivons. C’est frustrant. C’est injuste.
Je me demande comment on peut avancer quand la souffrance n’est pas reconnue dans sa totalité. Est-ce que cet arrangement suffira vraiment à tourner la page ?
TB, je suis avec mon médecin, des témoins qui ont vu ton p’tit pd lorsque j’étais immobilisé par la police le mettre une droite
D’une ce matin j’ai pas mal, il a jamais mis de droite avant celle-ci.
Ce sera ça première à 5k€ en dédommagement.
Pour toi ce sera association de malfaiteur , tabassage, vol. Vos enfants seront très bien en foyer.
J ai prévenu ma communauté cette nuit qui est , comme un russe peut l être , enragé . A15 contre 1 c est facile
Je vais tous vous prendre 1a1 et vous coupez un doigt pour souvenir .
T aurais pas dû faire ta meuf de gauche à faire la Prout prout : c est ma rue . J attendais qqn.
Vous pensez avoir gagné une bataille . Mais niveau caméra on déjà tout saisie .
Comme aux échecs, 3 coups d avance .
A 16h je suis chez les bleus avec avocat et témoins .
Pour connaissance de cause car je suis violent une droite c est 10k Généralement on t en donne 5 mais vue que je suis en ALD 30 et déclaré skyzo et hyperactifs par mon psychiatre => c est 15 k€.
Et toi 10k
J attendais que ça que vous fassiez une erreur pour empocher le pactole
Vous êtes tropp, je pete plus haut que mon cul, et avec le tien ça fait haut !
Je vous laisse 15 minutes
J ai 11 jours d’ITT a -250€HT la journée
Répondre ici
Et pour votre culture : cela s appelle une demande d arrangement à l’amiable et ça se se répète jusqu en correctionnel , en votre sans .
La j ai 25k € facile à ramasser. Il n y a qu une caméra saisie ce matin ou l on vous voit tous sortir Si C pas une bande organisée.
Tu aimes la prison au fait ?
Il n'avait fallu que quelques heures après ma conversation avec son père pour qu'il reprenne contact. Il avait volé le téléphone de sa mère après avoir brisé le sien dans un accès de colère la veille. Il m'écrivait à nouveau, avec des mots cruels, des insultes et une fureur dévorante.
Le contraste avec les paroles de son père, pleines de regret et de volonté de réparer, était frappant. M'avait-il menti lorsqu'il m'avait assuré que son fils avait conscience de ses erreurs ? Qui devait réellement prouver sa bonne foi ?
Ce qui semblait être un premier pas vers une issue plus sereine, une chance de rétablir un semblant d'équilibre, se transformait en un nouvel échelon sur son chemin de destruction.
Matthieu, en train de monter la roue de secours sur sa voiture, et soudain rentré à la maison, furieux.
« Il vient de passer devant la maison, s’est arrêté juste à ma hauteur, et m’a fait un grand signe de la main, un sourire jusqu’aux oreilles. »
Nous restons là, sans mots, incapables de réagir face à cette nouvelle provocation.
Le silence qui suit ses mots est lourd, presque palpable. Une tension s’installe dans l’air, nous écrasant tous les deux. Comment réagir à une telle provocation ? Comment expliquer un geste aussi déroutant, aussi insensé ?
Matthieu est en colère. Je sais qu’il lutte pour ne pas laisser éclater sa rage. Moi, je reste figée, incapable de trouver les mots. Cette scène, ce sourire de défi, me laisse sans voix.
C’est comme si rien n’avait d’importance pour cet homme. Il voulait nous narguer, continuer son travail d’anéantissement. Mais pourquoi ? Pourquoi cet acte, après tout ce qu’il a fait ? Quand s’arrêtera-t-il ?
La question flotte dans l’air, sans réponse, et le silence qui nous enveloppe devient de plus en plus oppressant.
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