Chapitre 1 - L'appartement agonisant

Une bière à la main, étalé dans mon lit, en refusant d'y croire, encore une fois, j'attendais. Les volets étaient déjà fermés, les placards toujours vides et la table occupée par cette épaisse couche de poussière qui elle aussi semblait rire de ma lente agonie. Mon appartement reflétait mon état d'esprit. Il était vide, les deux seules plantes qui me tenaient compagnie étant peut être les choses les plus vivantes de la pièce. L'endroit était presque rangé puisque je n'utilisais quasiment rien. Il ne me fallait que de la nourriture pour alimenter mon corps, pendant que j'essayais de faire taire mon esprit. Sur mon lit, le saucisson était posé comme à son habitude à ma gauche, le stock de nourriture à ma droite et le déchet au milieu. L'ordinateur allumé je m'attristais de voir l'horloge tourner, me rapprochant du moment tant redouté. Je m'étais pourtant encore une fois résigné à y aller, m'accoutumant de mon triste fardeau. 
Le doute et la dépression étaient mes compagnons en ces heures nocturnes. Je me résignais à ma tâche, convaincu par je ne savais quelle mauvaise raison, que c'était la meilleure chose à faire. Je fermai alors mon ordinateur, poussai la nourriture hors du lit et sortis cette vieille poubelle que j'étais devenu. Seul la pensée de mon retour était réconfortante. Il ne m'en fallait pas beaucoup en ces temps-ci pour me satisfaire. Un bon film, une bière dans une main, le saucisson dans l'autre et j'étais comblé. J'étais au fond du gouffre, et je tombais encore. Mon corps était un récipient vide qui se mourrait dans les ténèbres de la mélancolie.
Mon esprit errait, glacé par l’incompréhension entre ma volonté et mes sentiments. L'obstination dans l'erreur et la tristesse était telle que j'étais devenu une sorte de zombie dépourvu de réel sentiment. Mon corps était enchaîné par cette femme qui partageait mes nuits et m'aimait à mon plus grand désespoir. La sentence était maintenant à exécution. Le glas sonna et je partis encore une fois sur le chemin du trépas.