Chapitre 4 - Le puits
Chapitre 4 - Le puits
Je tombais, encore et encore dans un puits sans fond. Tout était noir autour de moi, je ne me rendais plus compte de ce qui se passais, j'étais incapable de comprendre où j'étais. La chute était interminable. Je ne me rendais même plus compte si je volais ou si je tombais. Le poids de mon corps et la sensation de mes membres avaient disparus. Ma seule certitude était que le néant m'encerclait.
Toujours plus loin, au plus profond des abysses. Il faisait si froid. Jamais je n'aurais imaginé ressentir un froid aussi glacial. J'avais perdu toute notion du temps ou de l'espace. Que m'arrivait-il ? Tout cela était bien trop surréaliste. Je devais m'être endormi sans m'en rendre compte. Ce devait être cela. Sûrement allongé dans le lit de mon appartement, plongé dans un sommeil de plomb à cause de toutes les bières que j'avais bu. Je pensais que ce n'était qu'un cauchemar, c'était la réponse la plus censée.
Soudainement, une sensation m’ôta l'espoir que ce n'était qu'un rêve. Je sentis un souffle glacé le long de ma nuque. Ce souffle était bien réel, il n'y avait aucun doute à cela. Une voix d'outre tombe se mit à me murmurer à l'oreille. Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'elle me racontait, j'entendais les sons mais ils étaient incompréhensibles, comme une sorte de langue étrangère. Les mots m'étaient inconnus, jamais je n'avais entendu quelque chose de semblable. Pourtant cette voix résonnait dans ma tête, comme si elle avait toujours été là mais qu'elle s'était réveillée soudainement. Ce souffle était glacial et les sons étaient inconnus, cependant ils étaient étrangement réconfortants. Je n'étais pas seul dans le noir.
Tout à coup la voix disparu, et sa compagnie réconfortante avec. J'étais à nouveau seul dans l'infinie noirceur. J'aperçus alors un semblant de forme dans le néant. Peut être une surface ? Peut être un nuage ? je n'arrivais pas à déterminer les contours de cette forme et plus je me rapprochais dans ma chute, plus la forme me paraissait gigantesque. Je ne compris que trop tard. C'était un immense océan.
Je repris connaissance abasourdi, complètement englouti dans les eaux. L'impact de mon corps sur l'océan m'avait assommé. Je ne pouvais pas respirer, je ne voyais rien dans les eaux sombres. Je pouvais à nouveau ressentir mes membres et bouger dans l'espace, cette sensation était un soulagement au milieu de cet enfer. Je me rendis compte que mon corps était entier et apparemment intact. Après cette chute sans fin c'était un miracle. Il fallait que je remonte à la surface mais comment distinguer le haut du bas dans cette mer de ténèbres ?
C'est à ce moment que je l'ai aperçu pour la première fois. Ces deux yeux bleus électriques me sondaient dans l'océan. Ces yeux étaient la seule chose que je pouvais voir dans l'obscurité et je me décidai immédiatement à suivre ces phares. Je nageais de toute mes forces pour rejoindre cette lumière, mais les eaux semblaient ralentir mes mouvements. Je n'avais presque plus d'air, je ne savais pas si je pourrais le faire. Je ne voyais ni la surface ni le fond, seulement ces yeux, qui ne me quittaient pas. Ils étaient mon unique espoir. Je me rapprochais de plus en plus. Je ressentis alors une présence réconfortante. La voix. Elle était revenue, plus je me rapprochais de mon unique espoir plus je pouvais l'entendre me soutenir. Je me sentais empreint d'une énergie soudaine. Elle me redonna de la force dans mes muscles et du courage en mon cœur. J'étais si près que j'apercevais les contours de ses yeux.
Je discernais à présent une forme, une tête, elle n'avait rien d'humain mais elle me semblait amicale et bienveillante. J'en étais à présent sûr, cette voix provenait de là, de cette personne ou de cette chose. Quoi qu'elle fût, elle était mon ange gardien dans cet enfer.
D'un dernier élan, j'atteignis cette tête et la touchai du bout des doigts. Sans avoir le temps de comprendre ce qui se passait, je fus propulsé d'une intense force jusqu'à la surface. Je pouvais respirer à nouveau, j'étais sauf. J’oubliai l'espace d'un instant mon sauveur tant j'étais heureux de remplir mes poumons à nouveau. Je levai alors les yeux vers le haut dans l'obscurité, je pouvais le voir entièrement, cette tête qui m'avait sauvé. Sa lumière me semblait si petite dans les eaux sombres alors qu'une fois au dessus de l'eau je me rendis compte qu'elle était immense.
Elle faisait deux fois ma taille au moins. D'une forme relativement ronde, de grands yeux bleus au centre. Mon ange gardien n'avait rien d'humain, ni de monstrueux. Il me surplombait de toute sa splendeur électrique, il était aussi grand que moi, composé de boulons et de métaux. Un flux d'énergie bleuté serpentait tel des veines sous sa structure. Il lévitait comme par magie au moins cinq pieds au dessus de l'eau. Il n'avait pas de bouche mais il me souriait. Il n'avait pas de bouche mais il se mit à me parler. "Je suis Kashy"
Annotations
Versions