Chapitre 8 - Le désert

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Le temps de marcher avec Kashy m'avait permis de dé-saouler, nous étions sortis du tunnel boueux il y a déjà deux bonnes heures. La boue avait fait place à un sol sec et chaud. L'humidité moite et lugubre de l'antre du serpent avait cédée face à un brouillard opaque et aride. Bien que la chaleur était insupportable, cela faisait du bien de sentir autre chose que le froid glacial et l'eau qui s'infiltre dans la peau. Je transpirais les dernières traces de bière que j'avais bu au tunnel, mais le brouillard épais ne m'aidait pas à savoir si j'étais redevenu sobre. Comme à mon habitude à présent, je suivais mon fidèle acolyte qui me guidait dans cette chaude brume. Il fallait continuer mon périple coûte que coûte pour m'en sortir. J'avais tellement chaud mais je ne m'arrêtais pas, rien ne devais m'arrêter, j'étais en chemin vers la rédemption. Petit à petit le brouillard se dispersait, je voyais un peu plus le décors qui m'entourait.

Rien de très rassurant malheureusement. Le sol était argileux, complètement sec, fissuré par le manque d'eau et temps en temps j'apercevais un arbre, mort, évidemment. C'était un désert de solitude qui m'entourait. La chaleur montait tandis que le brouillard s'effaçait, j'avais tellement chaud, quelque chose brûlait en moi, sans que je puisse le contrôler. Je marchais toujours, en suivant mon guide. C'est à ce moment que je sentis quelque chose de différent sous mes pas. Le sol de terre sec et fissuré était recouvert d'un millier de morceaux. Un millier de morceaux humain. J'étais en train de marcher sur des os, des crânes, des squelettes, tout aussi sec et fissurés que le sol du désert. Cette sensation était répugnante. Je marchais sur des ossements, je les détruisaient à mesure que j'avançais, le poids de mon corps les réduisant en poussière. Je n'osais même plus regarder le sol, je préférais me concentrer sur Kashy et ma route. J'étais en train de détruire les vestiges d'un millier de vie, pas après pas.


C'est alors que je vis des montagnes parfaitement étranges. Devant moi se dressait des amas d'ossements. Ces ossements formaient des arbres au milieu de ce désert d'os. Les crânes et les colonnes vertébrales empilés montaient haut dans le ciel brumeux du désert. Il y en avait au moins une vingtaine autour de moi. Ces arbres étaient abominables, leurs troncs étaient trois fois plus large que ceux d'un arbre végétal mais ils étaient constitués de fémurs, de bassins et de clavicules. Plus haut, les arbres de morts se dispersaient, formant des branches longues, tournées vers le ciel. J'étais presque près à ignorer ces abominations et continuer mon chemin lorsque j'entendis un
gémissement féminin émaner du haut du plus grand des arbres.

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