Ce qui m'a semblé durer une éternité n'a duré que quelques heures. J'ai quand même l'impression d'avoir le cerveau en mille morceaux. Promis, je ne prendrais plus jamais de somnifères, c'est bien trop horrible. Je bouge les mains et les pieds pour savoir si je suis entière. C'est bon tout est là. Je m'aperçois que je suis allongée et que mes poignets, mes coudes, mon ventre, mes genoux et mes chevilles sont serrés par rapport au reste de mon corps. J'arrive doucement à ouvrir les yeux, je les referme aussitôt. Il y a une lumière aveuglante au-dessus de moi. Je tourne la tête vers la droite pour ne pas être aveuglée une seconde fois, et je découvre que je suis attachée avec des sangles et remarque non sans surprise mon ami à côté de moi dans la même situation. Sauf qu'il ne bouge pas, je manque de m'étouffer en avalant ma salive de travers.

Est-il mort ? Non, je ne peux pas penser ça. Ma mère, Claudia et Mickael ne sont pas ici, d'ailleurs il n'y a personne, juste lui et moi, sanglés. Je veux me retourner de l'autre côté mais une douleur foudroyante, sur l'épaule, suite à mon mouvement trop brusque , m'arrache un cri rauque. Je serre les dents. Putain, ça fait mal ! Qu'est-ce qu'ils m'ont fait ? Suite à ça, croyant vraiment qu'ils ont tué mon compagnon je retourne la tête vers lui, il n'a pas l'air d'avoir quelque chose aux épaules. J'essaye lentement de soulever ma tête pour voir son ventre, s'il respire. Oui ! Lentement mais il respire, j'en suis sure. Je laisse ma tête retomber. Je suis rassurée, il vit ! Brusquement, sa respiration s'accélère et je perçois un gémissement. Il s'est réveillé. La première chose qu'il voit c'est moi.

— Sélène ? Ça va ?

_ Oui David, et toi ? m'étonnais-je de la vitesse de la récupération de son métabolisme, il s'est réveillé et directement il sait où il est.

_ Oui, très bien, ça va ton épaule ?

_ Comment le sais-tu ? je le questionne, suspicieuse. Que sais-tu d'autre ?

_ Eh, calme-toi, je vais t'expliquer puisque, visiblement tu ne t'en souviens pas. Dans la nourriture il y avait du somnifère et , les gens en blouse blanche, j'ignore si ce sont des médecins ou des scientifiques, nous ont mis dans cette salle les mains attachées et ils ont attendu que l on se réveille. Ils ont voulu te faire une prise de sang une fois réveillée, parce qu'avant il y avait le médicament dans ton sang. Toi, tu n'as pas voulu et tu t'es battue comme une diablesse, un des gars, pour t'arrêter a sorti un couteau, mais devant toi il y avait deux hommes et une femme. Cela t'a fait reculer et tu as percuté le couteau, ce qui t'as ouvert l'épaule, ce pourquoi tu dois certainement avoir mal. Puis ils t'ont frappée à l'épaule et tu t'es évanouie de douleur, ils t'on fait une prise de sang et t'ont bourrée de médicaments pour te faire dormir. Moi ils m'ont administré un sédatif une fois arrivé ici. J'ai eu le temps de les voir te sangler. Après c'est flou pour moi, mais vu l'état dans lequel je suis, j'ai été sanglé aussi. C'est étrange que même avec la dose que tu as eue, tu te sois réveillée avant moi.

_ C'est pour ça que tu n'avais pas l'air étonné de te réveiller ici. Et toi ? Ils t'ont fait une prise de sang ou pas ?

_ Aucune idée.

Je sens qu'il s'en fiche un peu. Au moins il a répondu à mes questions.

— Ils arrivent, annonce t-il.

_ Q...

En effet, une dizaine de personnes entrent, et je n'ai pas le temps de lui demander comment il le sait. Trois personnes se chargent de délivrer David et les sept autres s'approchent prudemment de moi, redoutant une nouvelle attaque. Ils n'ont rien a craindre puisque je suis attachée. Je vois ceux qui ont pris David l'emmener de force et rapidement, dans un autre endroit. Ils reviennent seuls pour aider leurs collègues à me détacher de la table. Je suis incapable de leur résister, j'ai trop mal à l'épaule (ça me fait encore mal depuis que j'ai rouvert la blessure à mon éveil). J'observe leurs gestes rapides et vifs, prêts à me bloquer. Je remarque que l'un a un oeil au beurre noir, un autre a une griffure sur la joue et un bandage sur le poignet. Il avait raison, je me suis bel et bien battue. Et visiblement j'ai fait des dégâts, ce qui explique qu'ils sont méfiants et dix pour me désangler. Pensant à mon épaule, comme j'ai eu trop mal en me retournant, je n'ai pas regardé comment elle était. Je tourne ma tête délicatement sans tirer sur les muscles du cou et de l'épaule. Ouah, ils ne m'ont pas loupée ! Et ce n'est pas joli à voir ; même avec le sang qui a séché je peux voir sans problème ma peau, devenue violette à cause des coups, et au milieu, une plaie d'environ plus de cinq centimètres m'entaille l'épaule. Ils ont tapé vachement fort pour que mon épaule soit dans cet état, pas étonnant que je me sois évanouie de douleur. Je n'ai pas été soignée mais ils ont pris le soin de déchirer mon tee-shirt noir avec le sigle AC/DC en rouge pour pas que mon sang colle et que je m'arrache la peau en l'enlevant (mon tee-shirt pas ma peau ^^).

Je sors de mes pensées sentant que l'on m'observe, je finis par croiser le regard d'un jeune homme. Il n'est pas ici depuis très longtemps, il n'a pas d'expérience et dans ses yeux je vois de la peur. Il a peur de moi, surtout que j'ai été violente et que j'ai une épaule couleur aubergines et tomates mures. Au fond je le comprends et je ne lui en veux pas. Il finit par comprendre que je l'observe intensément, aussitôt il fuit mon regard et cherche à s'occuper pour le fuir davantage. Ayant fini leur travail les "blouses blanches" me font descendre en restant à distance. Ils m'entraînent quoiqu'un peu moins vite qu'ils ne l'avaient fait avec David avant moi.