Chapitre 1 (2ème partie)
Un homme aux lunettes rondes, l’air perdu fixait Jack. Il avait de courts cheveux noirs, coiffé sur le côté. Les yeux remplis de désespoir, il semblait à bout de force. Il se tenait bossu dans un veston sombre, semblant être écrasé par toutes les souffrances du monde. Sa main droite était posée sur l’épaule du détective tandis que l’autre tenait une étrange mallette noire.
Jack repoussa d’un air hautain la main posé sur lui. Le petit homme semblait gêné du geste plein de mépris du détective.
-Etes-vous le détective Goldhand ? demanda l’homme à lunettes. Le détective de la petite rue du chaton roux ?
-Que me voulez-vous ? disait Jack en finissant son verre fumant.
-Je m’appelle Donald Sullyvan. J’ai une affaire pour vous. C’est… ma femme, elle a été assassinée.
-Un assassinat ? Quelle preuve avancez-vous ?
-J’en suis sûr, Sir Goldhand ! Elle a été retrouvée près du quartier Pourpre.
Jack posa son verre avec fracas. Il se leva de son siège pour démontrer sa taille imposante à Sir Sullyvan.
-Allons discutez dehors, expliqua Goldhand.
Goldhand enfila son chapeau mauve, tout en saluant son ami barman. Il indiqua à l’homme à la mallette de l’accompagner à l’extérieur. Donald hocha de la tête fébrilement avant de suivre le détective vers l’extérieur de l’établissement.
Les deux hommes marchaient tranquillement dans la place du crabe argenté en discutant sur ce que Donald Sullyvan affirmait.
-Pourquoi contacter un détective privé pour votre présumée affaire d’assassinat, monsieur Sullyvan ? demanda Jack en observant les agitations de la place.
-Je suis effondré, monsieur Goldhand, commençait Donald en regardant à terre. Ma douce est partie et je ne sais plus vers qui me tourner. J’ai bien tenté la police mais…
-Il se fiche des pauvres âmes de Saltship, finit Jack en portant un cure-dent à ses lèvres.
-En effet, ils m’ont bien fait comprendre que la police ne se déplacerait pas près du quartier pourpre.
-Je comprends que vous soyez démuni mais comment m’avez-vous trouvé ?
-Un ami m’a parlé de vous, Sir. Vous êtes connu à l’Est de Saltship vous savez ? Vos affaires contre le cartel de la Pieuvre Rouge et…
-Le corps est encore près du quartier Pourpre ? coupa le détective.
-En effet, je peux vous y conduire. Un ami marin l’a trouvé hier. Il l’a reposé dans une cahutte près du port. J’espérais que quelqu’un autopsie le corps avant que je l’enterre au cimetière des âmes paisibles de l’Est. J’en suis persuadé Sir Goldhand, ma femme a été assassinée !
Jack semblait perplexe par la demande du triste petit homme. Il se plongea dans le regard perturbé de Donald avant de lancer son cure dent au loin. Le détective était toujours préoccupé par les petites gens de Saltship, lui-même ayant vécu toute sa vie autour d’eux. Il sentait le besoin d’aider ces personnes qui n’avaient pas de soutien dans la tragédie. Saltship était une ville bien cruelle où chacun vivait par ses propres moyens.
-Ça fera 100 pièces d’or pour l’autopsie, émit le détective. Emmenez-moi à votre ami marin.
Donald afficha un sourire rassuré. Les deux hommes appelèrent alors un taxi à vapeur pour les emmener au corps de la femme Sullyvan.
Après quelques minutes, ils arrivèrent sur les bords du fleuve de la Vapeur Bleue. L’étendue d’eau traversait la ville urbaine de Saltship, répartissant à l’Est les quartiers pauvres et à l’Ouest les quartiers riches. Le fleuve habitait un grand port, gris et poisseux, qui se mélangeait avec les nuages de fumées des usines à l’Est. Les navires à vapeur traversaient sans cesse le fleuve, ramenant des animaux marins destinés à la vente. A gauche se trouvait des évacuations d’eau ainsi que la direction du port abandonné alors qu’à droite s’orientait le grand port de Saltship.
Donald guidait le détective vers une petite cabane en bois à l’écart du port où s’affairait les ouvriers. Un homme à la longue barbe brune les attendait, fumant une cigarette. En apercevant les deux hommes, il jeta son mégot à terre. Donald s’approcha de l’homme avec un sourire. Le marin a l’air grognon serra la main de son ami avant de saluer Goldhand.
-Sir Goldhand, je vous présente John O’Donnel, marin de père en fils. C’est un homme de confiance.
-Jour’, dit simplement le marin. Vous v’nez pour le corps ?
-Je viens autopsier la femme Sullyvan, expliqua Jack.
Sans un mot de plus, John ouvra sa vieille cabane, accueillant les deux invités. C’était une ancienne cabane de pêche où les ouvriers stockaient quelques outils et filets.
-J’y stocke quelques babioles, s’exclama le marin barbu.
Sur une table de bois, la femme de Donald était installée. Recouvert par des vieilles voiles de bateaux. Donald semblait nerveux devant la silhouette inerte de son épouse.
- Je ne sais pas comment elle a…, sanglotait-il. Je ne sais …
-Vous feriez mieux de rentrer chez vous monsieur Sullyvan. Je vais faire mon travail et je viens chez vous demain pour en savoir plus.
Donald leva la tête vers le visage du détective et acquiesça vivement.
-Voici mon adresse, expliqua Donald en tendant un bout de papier au détective.
Jack attrapa le papier avant de lire. Il comprit que Donald habitait au beau milieu du quartier Pourpre.
-Le quartier Pourpre ? demanda Jack d’un œil sévère.
-En effet. Ne vous inquiétez pas, je ne suis à une certaine distance des rues de quartier général de la mafia de la Pieuvre Rouge.
Goldhand soupira avant d’affirmer qu’il viendrait tout de même d’un signe du visage.
Puis, le pauvre Donovan quitta le détective, le laissant à son travail. Le marin John en fit de même dévisageant le détective avant de refermer la cabane en bois derrière lui.
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