Chapitre 2 (première partie)

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La soirée pointa le bout de son nez alors que Jack Goldhand rendait visite à son nouveau client. Après être installé à la table de la salle à manger de Donald Sullyvan, Jack découvrit la pièce tandis que son hôte préparait du thé.

Les murs étaient peints de couleur chaude ce qui égayaient grandement l’espace. Des tableaux des deux amoureux mais aussi de la famille de Donald décoraient le salon. Tout semblait avoir été décoré par la femme du mari veuf tellement la gaieté d’une épouse résonnait en ces lieux.

Après avoir fait un tour d’horizon des meubles lustrés et de la décoration garnie, Jack joua avec son crayon doré en attendant le retour de son client. Il inspecta les gravures sur le stylo en les effleurant du doigt. Des initiales « M.S » étaient inscrites avec délicatesse sur la partie supérieure du crayon. Finalement, Donald arriva, portant une théière et deux tasses. Il vit le détective, examinant son stylo, perdu dans ses pensées.

-C’est un bel outil que vous avez là, s'exclama Donald en s’asseyant à la table. Un travail d’orfèvre.

Jack releva subitement la tête avant de sourire tristement.

-Un travail d’orfèvre, en effet.

Donald Sullyvan posa la théière avant de tendre une tasse au détective. Celui-ci l’accueillit d’un regard passif avant d’observer son hôte remplir l’ustensile d’un liquide fumant. Jack prit son carnet durant ce temps pour y noter quelques inscriptions. Puis, il remercia Donald pour la boisson avant de tourner son regard vers lui.

-Le prénom de votre femme, monsieur Sullyvan ? demanda le détective.

-Elle s’appelle… s’appelait Lucie.

Les griffonnements du stylo se coordonnèrent avec les craquements des vieilles planches de la maison de Donald.

-Un travail ?

-Heu oui, elle travaillait dans une poissonnerie non loin d’ici.

-Autre chose ? Des activités particulières ?

-Eh bien, elle rejoignait souvent des amies le soir, elle ne m’en parlait que très peu.

-Noms des amies ?

-Je crois bien que l’une d’entre elles s’appelle Elodie Birdman. Elle habite près de la grande poste, dans le quartier Pourpre.

Jack lança un regard grave à Donald avant de se rediriger vers son bloc-notes. Le détective n’aimait pas s’aventurer dans le quartier Pourpre car il se sentait perpétuellement observé. Se retrouver chez Donald Sullyvan était déjà un risque à prendre pour ses activités mais s’approcher de la poste où la mafia de la Pieuvre Rouge exerçait ses affaires illégales le tracassa encore plus. Cependant, Jack n’arriva pas à affronter le regard désespéré du petit homme à lunettes. Il se sentit obligé d’aider l’homme veuf que Donald était.

En effet, le détective cachait sous son air impassible de la bonté envers les pauvres gens de Saltship. Il ressentait leurs désespoirs et leurs appels à l’aide, ignorés par les autorités. C’était pour cette raison qu’il se trouvait dans le salon de Donald à cette heure-ci.

-C’était une femme plutôt indépendante ?

-Oui… Je n’était pas du genre à l’a priver de sortie, sourit Donald. Je lui faisais totalement confiance.

-Elle n’avait pas de soucis avec le cartel de la Pieuvre Rouge ?

Donald semblait évasif, ne sachant quoi répondre.

-Je n’en sais rien, Sir.

-C’est une piste à développer, conclua Jack.

Le détective au manteau mauve s’avança alors du visage de monsieur Sullyvan, le toisant de son regard balafré.

-J’ai une hypothèse.

-Expliquez-vous.

-Votre femme a très bien pu être tué par un malade de l’Est. Parfois, la violence n’a pas besoin de raison pour s’exprimer.

-J’admets que c’est tout à fait plausible, mais ma femme… commença Donald. C’était une femme forte. Elle se serait défendue, farouchement.

Jack observa impassiblement la détresse du regarde de Donald. Il comprit qu’il était son seul espoir. Goldhand se leva, accompagné du crissement de la chaise en bois.

-Je vais inspecter le quartier Pourpre. Pour cela, j’en suis désolé mais je vais vous demander une rallonge sur le prix. Pour les risques.

-Entendu, acquiesça Donald.

Le détective prit alors congé de son hôte en le remerciant de sa coopération.

A l’extérieur de la petite maison coquette, Jack s’assura bien que son revolver dans sa poche de manteau était chargé avant de prendre la direction de l’avenue principale du quartier pourpre.

Il pleuvait durant cette soirée grise ce qui contrastait avec les éclairages rouge dispersés dans les rues du quartier Pourpre. Tout était différent dans cet endroit contrairement au reste de l’Est de Saltship. Tout semblait magnifié par une luxure, gommant la pauvreté du quartier. Les magasins étaient éclairés abondamment avec des couleurs différentes. Les lanternes créaient des lueurs rouges qui se mélangeaient avec la fumée ambiante du quartier. Ces rues semblaient provenir d’une autre ville, une ville où le paraître prenait le dessus sur le naturel. Jack passa devant des casinos et maisons closes aux néons aguicheurs.

Le quartier Pourpre donnait l’impression d’une ville où le vice se cachait derrière l’architecture mais Jack ne voyait que l’immoralité transparaître.

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