11. L'ami du petit-déjeuner

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Alexei

Un rire retentit sur la terrasse, suivi d’un autre qui éclate aussi lumineusement. J’ouvre les yeux et mon corps entraîné se met en alerte automatiquement avant que mon cerveau n’intervienne pour me rappeler que je ne suis plus sur le champ de bataille et que je peux me relâcher. Je tends l’oreille et comprends que ma voisine et son amie sont en train de papoter sur la terrasse. J’essaie de deviner ce qu’elles disent mais ne perçois qu’un murmure inaudible.

Je n’ai pas rencontré Mathilde hier. J’ai en effet laissé Clémentine la rejoindre, et quand je suis revenu à l’appartement, elles étaient toutes les deux déjà rentrées dans celui de ma voisine. J’étais soulagé car cela m’a permis d’éviter la sirène que j’ai vue sortir de l’eau et qui m’a éclaboussé non pas d’eau mais de toute sa sensualité et son érotisme. Si son amie n’avait pas débarqué, je crois que j‘aurais fini de la déshabiller et que je n’aurais pas pu résister à l’envie de lui faire l’amour, là, sur la plage, à la lumière de la lune. Je revois encore ses deux magnifiques seins où l’eau perlait sur les tétons tendus et je ressens encore ses hanches auxquelles j’ai pu m’accrocher, trop brièvement à mon goût. Mon corps réagit comme hier et se tend sous le désir. Ma main se porte mécaniquement sur mon excitation en repensant à ce qui aurait pu se passer si nous n’avions pas été dérangés. J’imagine la sensation que j’aurais pu ressentir si j’avais pu pénétrer son intimité et profiter de toutes ses rondeurs qui me rendent fou de désir.

Un nouvel éclat de rire se fait entendre sur la terrasse. La bonne humeur est de mise et j’hésite sur la conduite à tenir. Je meurs d’envie de les rejoindre, mais je ne sais pas si je serai le bienvenu. Je me décide à enfiler un boxer et à sortir quand j’entends à nouveau le son si attirant du rire de ma jolie voisine qui a l’air d’avoir oublié tous ses soucis en présence de son amie. J’ouvre ma porte fenêtre et observe les deux copines quelques instants avant qu’elles ne remarquent ma présence. Je dois retenir mon souffle car je ne m’attendais pas du tout à un tel spectacle de si bon matin.

Les deux femmes sont en effet en brassières, installées autour d’une petite table, en pleine discussion autour d’un café fumant. Clémentine me fait face, absorbée par ce que lui raconte son amie et j’ai du mal à détacher mon regard de sa poitrine qui bouge et accompagne ses mouvements et ses rires. Je vois Mathilde de côté et la silhouette qui se dessine est aussi mignonne, avec des seins bien proportionnés et une chevelure rousse et rebelle. On dirait une fauve qui vient de se lever.

— Bonjour Clémentine. Bonjour. Mathilde, je suppose. Vous allez bien ?

— Oh, bonjour Alexei ! Désolée, on t’a réveillé ? Tu veux un café ? Prends une chaise et viens t’installer avec nous ! Matou, je te présente mon voisin et serveur.

Je vois Mathilde se tourner vers moi et le regard qu’elle porte sur mon torse nu et musclé ne cache rien du fait qu’elle apprécie la vue. J’ai l’impression qu’elle détaille chaque partie de mon corps et qu’elle ferait bien de moi son quatre heures. Pour une lesbienne, elle n’a pas l’air dégoutée par mon corps d’homme !

— Merci, je ne veux pas vous déranger. Je voulais juste vous saluer avant d’aller courir un peu vers la plage.

— Ah oui, la plage, dit-elle, clairement mal à l’aise, tout à coup. Très bien, comme tu veux. Pas trop dérangé par le manque d’électricité ?

— Non, du tout. Pas besoin d’électricité pour dormir. Et vous ? Le café, tu l’as fait chauffer comment ?

— Au réchaud à gaz. On fait comme on peut, mais sans café, hors de question de démarrer la journée !

— Je vais en prendre un alors. Je peux aller prendre une tasse dans ta cuisine ?

— Bien sûr, sers-toi. Placard du bas, près de l’évier.

— Ta copine est plus silencieuse que moi, on dirait, dis-je alors que Mathilde n’a toujours pas refermé sa bouche depuis que je suis entré dans son champ de vision.

J’entre dans la cuisine et me baisse pour récupérer la tasse avant de revenir m’installer à leur table, sur une chaise que je pose de manière à pouvoir admirer les deux femmes sans trop me faire griller.

— Elle doit être en train d’élaborer un plan pour te cuisiner à son goût. Ou elle fait une crise d’épilepsie, je ne sais pas. Matou, ferme la bouche, tu baves !

— Hein ? Oui, oui, pardon, j’étais perdue dans mes pensées, baragouine ladite Matou avant de boire une longue gorgée de café, ses yeux plongés dans ceux de Clémentine.

— Vous avez fait bonne route ? C’est cool de venir nous aider en tous cas, dis-je, en continuant de mater leurs corps magnifiques.

— Vous ? Ça va pas non, rit-elle. J’ai vingt-six ans, pas cinquante, je t’en prie, on se tutoie ! Je ne pouvais pas laisser Clem dans la merde, on est une équipe depuis la maternelle, elle et moi, c’est normal.

— Je devrais vous laisser, vous devez avoir beaucoup à vous raconter.

Je repose ma tasse de café et me redresse pour me lever. Je sens alors que Clémentine pose sa main sur la mienne pour me retenir et Mathilde intervient :

— Tu t’en vas pas déjà ? C’est pas tous les jours qu’on peut mater un beau mec au réveil !

— Un beau mec ? demandé-je en relevant un sourcil mais sans dégager ma main de celle de ma voisine.

— Je crois que tu lui as tapé dans l'œil.

Clémentine me lance un sourire dont je doute de la sincérité alors qu’elle enlève sa main de sur la mienne.

— Si tu veux mon avis, il doit taper dans l'œil de tout ce qui a un cœur et des organes génitaux !

— Eh bien ! Merci mesdemoiselles, dis-je un peu gêné de tant d’attention. J’avoue que la vue n’est pas désagréable non plus pour moi…

— Tu m’étonnes, rit Mathilde, Clem est canon et me frappe chaque fois que je lui dis, et moi je sais ce que je vaux. Y a pire comme voisines !

— Je lui dis aussi qu’elle est magnifique, ajouté-je, sans parvenir à maîtriser un trémolo dans ma voix en repensant à la vision qu’elle m’a offerte de son corps nu.

— Ah, tu vois ! s’extasie la rousse avant de tirer la langue à son amie. Quand est-ce que tu vas arrêter de douter de toi ?

— Allez, c’est bon, stop Mathilde, soupire Clem en se levant pour débarrasser la table.

J’admire ses fesses qui se retrouvent à quelques centimètres de mon visage et son décolleté quand elle se penche pour récupérer les tasses et je constate que Mathilde ne perd pas non plus une miette du spectacle.

— Bouge-toi, on a du boulot et il faut qu’on soit prêtes pour l’ouverture. Alexei, on va déplacer quelques tables de la terrasse sur le parking pour les clients qui voudront manger sur place. Et je te laisse ta soirée, tu le mérites largement et le service sera moindre avec le Truck.

— Ça ne me dérange pas de vous aider. Tu devrais plutôt laisser Sonia et Paul tranquilles. Ils ont leur famille.

— Paul est libre pour la journée, Sonia pas là ce midi. Je les ai appelés ce matin.

— Je vais vous aider ce soir. Je ferai la sécurité au pire, pour protéger les deux nanas les plus sexys de la ville, il faut bien ça.

— Quel charmeur, dit Mathilde en riant alors que je vois clairement Clémentine lever les yeux au ciel avant d’entrer dans son appartement, son plateau dans les mains.

— Elle a vraiment un beau cul, non ? ne puis-je m’empêcher de lâcher sous le regard étonné de Mathilde qui éclate de rire.

— Je confirme, elle ferait vriller une hétéro, crois-moi !

— Alors, pour une fille comme toi, ça doit être le bonheur ! rétorqué-je en me disant qu’elle aussi est vraiment pas mal.

— Une fille comme moi ? C’est-à-dire ?

— Eh bien, je ne juge pas, hein, mais Clémentine m’a dit que tu préférais les filles. Donc, avec elle, tu as tout ce qu’il faut !

— Clémentine Millon, s’écrie-t-elle bruyamment, me faisant sursauter. Combien de fois t’ai-je dit d’arrêter de raconter des conneries sur moi quand tu as des vues sur un mec, hein ? T’es terrible ! Fais-toi un peu confiance, merde !

— Tu veux dire que…

Alors que ce que vient de dire Mathilde fait son chemin dans son cerveau, celle-ci se lève et vient se rapprocher de moi, pose ses mains sur mon torse et se met sur la pointe des pieds pour me chuchoter à l’oreille :

— Je veux dire que si Clémentine ne profite pas de toi, beau mec, je suis à ta disposition car tu réveilles bien mes hormones hétéros !

Elle dépose un petit baiser sur mes lèvres avant de s’éloigner de moi sous le regard clairement jaloux de sa copine. Je hausse les épaules en regardant ma voisine.

— Désolé, je crois que j’ai fait une gaffe.

— Une gaffe ? Mais non, me répond-elle plutôt sèchement. Bon footing, Alexei, à plus tard.

Je me rapproche d’elle et constate que nous sommes seuls, Mathilde étant partie dans la salle de bain. Je viens lui saisir sa main que je serre entre les miennes.

— Si tu as vraiment des vues sur moi, comme le dit ton amie, sache que je préfère ton cul au sien ! Tu n’as rien à craindre de la compétition, je t’assure.

— Merci du compliment, mais tu es mon employé, je ne suis pas intéressée, me dit-elle en plongeant son regard dans le mien.

— Dommage, murmuré-je en la relâchant et en reculant immédiatement d’un pas. Je vais aller installer les tables sur le parking. Le simple employé que je suis y a plus sa place qu’ici, de toute façon, dis-je plus amèrement que je ne le voulais.

Sans attendre sa réponse, je fais demi-tour et me dirige vers mon appartement pour aller m’habiller. Je n’en reviens pas de comment je suis blessé par ses propos, mais la réalité de la situation me revient alors. Je ne suis pas ici pour la séduire, même si elle me plaît beaucoup. Je suis ici pour la dégoûter de son restaurant. Il ne faut pas que ses courbes divines me fassent oublier ma mission, sinon je risque de perdre toute chance de revoir ma fille vivante.

J’en suis là dans mes réflexion quand la véranda s’ouvre brusquement et que ma patronne entre chez moi comme si elle était chez elle pour se planter devant moi.

— Qu’on soit clair, ce n’est pas le fait que j’ai un poste plus élevé que toi que je mettais en avant, Thor, c’est juste qu’on ne mélange pas le boulot et le cul. Compris ?

Je reste sans voix devant la furie qui vient de débarquer chez moi. Toujours vêtue seulement de sa culotte et sa brassière couleur crème, je n’ai pas l’impression d’avoir affaire à ma patronne, mais simplement à une femme belle et désirable. J’hésite à lui dire que je me fous du boulot et que je ne veux que son cul, mais l’image de ma fille vient s’incruster dans mon esprit et calme mes pulsions.

— J’ai dû rêver alors hier sur la plage. Ou alors m’imaginer que si ta copine n’était pas arrivée, on aurait pu tout mélanger. Mais les choses sont claires désormais, merci de la précision. Autre chose ?

— Non, soupire-t-elle en tournant déjà les talons pour repartir plus calmement qu’elle n’est arrivée.

— Clémentine ? l’interpelé-je en lui attrapant le bras.

— Oui ? demande-t-elle d’une petite voix en se tournant à nouveau vers moi.

— Pourquoi tu m’as appelé Thor ? C’est le nom de ton ex ou quoi ?

— Je t’ai appelé… Merde alors, rit-elle. Tu chercheras Chris Hemsworth sur le net, il joue le rôle de Thor au cinéma. Tu comprendras.

Sans un mot de plus, légèrement rougissante sous mon air clairement hébété, elle sort comme elle est rentrée, presque en courant. Je reprends mes esprits et lance une recherche sur mon téléphone. Lorsque je vois les images de l’acteur avec son marteau à la main, ses longs cheveux blonds et sa musculature, je ne peux m’empêcher de sourire. La comparaison est flatteuse et n’est pas pour me déplaire.

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