Vertigineux cosmos
Partout sont les grises venues du monde en leur patente douleur. Partout sont les crimes de sang, les cohortes des longues maladies, la pollution des fleuves, les myriades de comportements égarés à la hauteur de l’ensemble des continents. Partout la désespérance et ses mors mortifères. Alors on baisse la tête. Alors on courbe l’échine. Alors on évite que sa propre effigie ne soit la cible de quelque effacement. On se dresse contre tous les vents, contre toutes les scories qui nous atteignent en plein cœur et on lance au large de soi toutes les possibles clameurs d’un destin en voie d’être biffé.
Ô meutes d’incompréhension
qui lacérez l’enveloppe de notre corps !
Ö lames d’effroi qui, en nous,
semez le pli infernal du doute !
Ô apories multiformes,
vous essaimez en notre intime
les hordes de notre propre révolution !
Ô murs hauts et vides
contre lesquels nous lançons
les boulets inexaucés de nos têtes !
Ô cimaises de l’art, vous grimacez
du plus haut de votre gloire
et nous réduisez
à la taille de la fourmi !
Ô peuple des faussetés,
vous lancez
parmi les sarments
de nos jambes
les faucilles de la peur !
Ô assemblée de bavards
des agoras humaines,
vous perforez la lentille
de nos tympans
et c’est alors le bruit
du vertigineux cosmos
qui enroule
ses vrilles urticantes
tout autour
de nos misérables
existences !
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