Face anonyme du miroir

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Et l’on n’est vivant qu’à éprouver en soi la stridence de la Mort en sa tragique venue. Oui, nous avions toujours rêvé de rejoindre l’Absolu, de nous fondre dans l’Universel, de ne faire qu’un avec l’Univers, mais voici que l’échéance approchant, nous devenons livide et ne s’égoutte de nos doigts qu’une peur verdâtre, elle fait penser à ces tapis d’algues des grands fonds qui ne peuvent jamais connaître que la lourde densité des eaux sans début, ni fin, un infini flottement hors de toute mesure.

C’est ainsi, l’on s’était levé un jour au faîte de son désespoir et l’on ne reconnaissait même plus son image sur la face anonyme du miroir. On était un pitoyable Ravaillac cherchant désespérément à assembler les parties éparses de son corps. Mais dans le creux de nos mains abortives ne feulait que le néant en son abyssal vortex. Nous étions véritablement hors de nous, déporté de notre être, exilé dans un genre de pays inconnu aux frontières floues, dans une ville fantôme, au bord de quelque étang jouxtant la lumière grise d’une lagune.

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