Naissance du monde

2 minutes de lecture

Certaines existences, rares sans doute (ce qui en fait l’admirable parution), ne vivent que depuis l’unité de leur propre cosmos. Certes, beaucoup diront qu’il ne s’agit que d’une affabulation, mais alors, comment nommer le phénomène qui pose devant nous une Esquisse en sa plus radicale réalité ? Mais rien ne sert d’épiloguer, peut-être suffit-il de décrire avec suffisamment de conviction pour que le tableau s’éclaire. Nous souhaitons simplement montrer ce qu’a d’étonnant, mais aussi de beau, une éclosion à Soi advenue. Comme si la subtile manifestation de la métamorphose avait assemblé, en mode unitaire, l’ensemble de sa genèse, présence du présent et rien qui ne puisse excéder ceci. Libre-de-soi est à elle-même dans la posture la plus naturelle qui soit. Nullement une affèterie, une pose, une concession à quelque mode, non l’être-immédiat en son unique recueilli. Ceci est assez admirable pour que nous n’ayons nullement à en faire la démonstration. Moins on tisse de dentelles autour des évidences, mieux on s’en porte. Le réel est large qui mérite attention.

Dire qui est Libre-de-soi ou bien tenter de le faire. Parfois la parole échoue sur le bord de quelque inaccessible pari. Mais en expérimenter l’épreuve est déjà pur prodige ou bien totale inconscience. La rivière des cheveux se situe entre acajou et auburn avec des rehauts de noir de fumée. Le visage (mais peut-on parler du visage, d’emblée, en toute impudeur, il est le lieu de tant de manifestations secrètes, Peut-on ?), le visage donc est entièrement blanc, mais un blanc qui se décline sous de multiples horizons : rutilance du blanc Argent, à peine coloration du blanc Argile, rusticité du blanc Écru, neutralité du blanc de Céruse, discrétion de l’Ivoire, éclat du blanc Neige, désert lisse du blanc Lunaire. Oui, tout ceci est entièrement contenu dans la belle physionomie de Libre-de-soi et ceci veut dire la pluralité de son être, la polyphonie de ses tons fondamentaux, la complexité, tout en nuances, de son âme. Le nez est délicatement retroussé comme pour saisir les subtiles fragrances du jour. Il est le signe d’une immédiate disponibilité aux choses, l’emblème vivant d’une disposition au frémissement, au tremblement. C’est étonnant tout ce que peut dévoiler un croquis humain dès l’instant où l’on prend le soin d’en décrypter toutes les valeurs, d’en sonder toutes les significations ! C’est un vertige qui s’empare de nous, le même qui nous visiterait si nous découvrions, en une terre lointaine de biblique figure, quelque parchemin nous disant le secret de la naissance du monde.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire jean-paul vialard ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0