Licencieuse posture

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Et les bras, ces menues brindilles dont l’une est convoquée au soutien de la tête, l’autre longeant le corps dans un genre de voluptueuse félicité, ils nous émeuvent tant leur grâce est infinie, à la limite d’un évanouissement. Empreinte d’une pure joie sur le contour serein de l’anatomie. L’abdomen s’incurve vers la cendre, se dirige avec confiance en direction de ce nœud de tissu taché d’un rouge de Falun, on ne sait s’il est passion éteinte ou bien déjà image de la Souveraine Mort qui réclame son dû. Le nœud, en sa libre chute, dissimule à nos yeux la blessure du sexe dont l’on devine la teinte bistre, le velouté, la feuillaison pareille aux frondaisons d’automne. Lieu de Vie. Lieu de Mort. Vie en son essor. Petite Mort en sa déflagration, elle dissimule la Grande, la Majestueuse en laquelle seulement nous trouverons notre éternel repos. La courbure des reins est enchâssée dans un voile noir qui ôte à notre vue les harmoniques du désir tels que nous aurions souhaité les apercevoir, un frisson sur la peau et notre âme se trouve en peine de vouloir et de ne nullement posséder.

Et cette jambe à la licencieuse posture (mais ne profèrent la « licence » que ceux qui ont insuffisamment regardé, dont les fantasmes ont précédé leurs jugements), cette jambe souplement exhibée dans ses bas rayés de rouge et de gris, combien elle fait se lever en nous une kyrielle de questions, combien elle nous conduit au bord de notre propre abîme ! Elle lacère le tissu de notre conscience. Elle fait trembler notre sculpture de stuc, elle y imprime des lézardes qui, longtemps, feront leur sombre tellurisme à l’abri des regards. Visant d’emblée ce bas rayé qui ne dissimule l’aire luxueuse de la cuisse qu’à en manifester le plein élan, qu’à en formuler le précieux et l’irreplaçable motif, nos yeux se troublent, notre esprit s’embue, notre chair s’allume de bien étonnantes étincelles.

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