Chapitre 8 :  Des plans sur la comète.

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L'ouverture du hangar à navettes va permettre de lancer les drones de construction et accélérer l'assemblage de la station de raffinage Deutérium / Tritium en orbite de la géante gazeuse. J'ai fait ce que j'ai pu mais la faible capacité d'emport de la partie habitable du Builder me limitait atrocement. Les drones n'ayant besoin ni d'oxygène, ni de nourriture ni de sommeil ils étaient une alternative alléchante au long travail manuel et risqué qui m'était imposé comme autre éventualité. Catherine n'aimait pas trop ça par contre vu que les longues distances rendaient les communications très lentes et cette latence l'empêchait de contrôler la construction en direct. Mais entre ça et me laisser risquer ma peau loin de ses capteurs, elle a préféré mettre en danger les drones.

La tour apparaît alors à l'horizon, axe vertical moins visible que lors de mon arrivée vu la construction de nombreuses petites chaînes de production sur plusieurs étages tout autour d'elle. C'est ici que se produit la plupart du matériel de haute technologie pour alimenter les chantiers et les projets les plus sensibles de notre duo. Le train s'arrête à sa station à quelques kilomètres de la MC et je finis le trajet à bord du rover, glissant sur la route neuve et plane suspendue à plusieurs kilomètres de hauteur. Surtout, ne pas regarder en bas...

Une fois arrivé dans le poste de contrôle principal, je vérifie par habitude le niveau d'oxygène extérieur et retire mon casque, le posant sur le plan de travail à gauche de l'entrée. Bien. Voyons ce qu'elle a préparé. Deux cubes verts d'algues reconstituées et un bloc rose tremblotant qui doit être du sucre recomposé. Avec la petite fourchette en métal je commence à me nourrir tout en m'installant à la table alors que des hologrammes commencent à se former.

Elle ne semble jamais avoir compris la notion de pause-repas.

Catherine : Les réserves D / T baissent. Les capacités de La raffinerie interne sont insuffisantes vis à vis de nos besoins actuels. Activité des drones et des chaînes de montage dépasse les capacités opérationnelles soutenables.

Alain : Raison pour laquelle je pense que les drones devraient d'abord se concentrer sur la fabrication de la raffinerie.

Catherine : Négatif. L'algorithme d'exploitation autonome n'a jamais été testé sans supervision. Il faut faire un essai grandeur nature avant de les laisser construire une installation aussi sensible.

Je ne vais quand même pas donner des conseils de programmation à une IA.

Alain : Et pour le reste ?

Catherine : L'installation médicale est presque finie. Il faut vraiment une quantité improbable de machines pour veiller sur la santé d'organismes biologiques.

Alain : Encore heureux que je sois jeune et en forme. Les joints de la tour ?

Catherine : La progression est à 64,28%. Des siècles d'immobilité ont bloquées quantité de portes. Tant que l'intégrité structurelle de la totalité des conduits n'est pas assurée, il te sera impossible de quitter ton scaphandre hors des deux pièces actuellement sûres à 100%.

Alain : C'est bon ça ne presse pas. On en est où niveau sécurité ?

Catherine : L'armement ? Je peux produire un équipement individuel correct mais il vaudrait mieux créer des drones adaptés au combat, non ?

Alain : Notre isolement est notre meilleure défense pour le moment. Vu le temps écoulé depuis mon arrivée ici la traînée de deutérium entre la porte et cette planète doit être dispersée par les vents solaires. Sans parler de la rotation des astres. Pas mauvais du tout ce truc rose.

Catherine : Affirmatif. Vu les données historiques extraites de nos conversations je préfère faire en sorte que la MC soit capable de produire des armes de guerre à tout moment. Les dirigeants locaux ne semblent pas privilégier la diplomatie. Merci, c'est à base des saccharose.

Alain : Après, est-ce que tu peux piloter une flotte de drones de combat ?

Catherine : Oui... Et non. Conflit. Les longues distances spatiales rendent le contrôle de drones inefficaces plus le combat est éloigné. Avec les progrès effectués dans les domaines du brouillage, du piratage et je ne mentionne pas encore la quantité phénoménale de parasites apportés par le bruit spatial... Défendre la surface de la planète, oui. L'espace au-dessus de la montagne, oui. Jusqu'à la lune, non. J'envisage des appareils de type Monitor, dénués d'hyperpropulsion mais solidement armés. Mais la quantité de Tritium nécessaires pour la construction de générateur à plasma augmente le temps originellement alloué à l'accomplissement de l'objectif vu les baisses récentes de nos stocks.

Alain : Tu peux m'afficher les plans ?

Coopérative, l'IA fait flotter au milieu de la pièce plusieurs modèles 3D. Le premier, celui sur lequel on discute le plus, est celui du vaisseau spatial. C'est un modèle de taille 1, le plus petit format disponible sur les 11 de la classification utilisée dans toute la galaxie. Pas besoin de faire plus gros vu que les mêmes problèmes se rencontreront sur les modèles plus massifs. Catherine penchait pour un design purement utilitaire en forme de grosse boîte pendant que j'essayais de lui faire comprendre l'attrait de modèles plus fins et élancés mais, hélas, je devais reconnaître que la nécessité d'avoir des trappes d'entretien facilement accessibles nous forçait à faire des designs très épurés.

Pour commencer.

La taille en-dessous c'est une corvette. Pas plus d'une vingtaine de personnes comme emport en temps normal, c'est la taille minimale pour accueillir un propulseur hyperluminique. Pour le moment, on se contente de tenter de reconstituer le plan du Builder vu qu'on en a un sous la main. C'est la taille en-dessous qui commence à devenir très intéressante autant d'un point de vue martial que technologique.

Mechanical Industrial Skeleton System. Plus personne n'utilise ces termes et préfère appellation commune utilisée partout, même dans les coins les plus reculés de la galaxie.

MISS.

Un générateur à fusion dans le torse. Des fibres NeoMyos en guise de muscles et des membres lui donnant une apparence humanoïde. Pourquoi la forme humaine ? Car la majorité des mouvements les plus courants sont traités par la gestion neurale s'appuyant sur le cerveau du pilote grâce à une broche dans la nuque. J'en ai aussi une même si je l'utilise rarement. Si la quantité de vaisseaux de guerre détermine la capacité d'assaut d'un royaume, la quantité de MISS détermine celle de se défendre. Les histoires de pilotes solitaires capables d'abattre des appareils de plusieurs kilomètres avec un assaut presque suicidaire à l'intérieur même de la structure ennemie font pétiller l'imagination des gosses partout dans la galaxie. En usant d'un trou laissé par un impact de torpille spatiale des méchas auraient abattus des cuirassés et, comme souvent, les légendes s'inspirent de faits bien réels. Solidement armé, un MISS est une menace contre des appareils bien plus gros que lui tout en ayant un comportement imprévisible à cause de capacités d'esquives héritées de talents martiaux de leurs pilotes.

Je m'égare.

La taille en-dessous est plus intéressante pour moi : au lieu des dix mètres de haut, les deux ou trois mètres des MISS de poche permettent d'effectuer des travaux lourds en ayant l'assistance de muscles artificiels renforcés. Du blindage, des capteurs, des outils lourds dont on ne sent même pas le poids... Bref, comme mon scaphandre mais avec toutes les options. Sûr, robuste, étanche...J'ai vraiment hâte que le premier prototype soit achevé.

Catherine : Je fais de mon mieux. Vraiment. Mais ce type d'appareil pose d'énormes difficultés.

Elle a compris que je fixais le mini-MISS et je soupire, me concentrant sur mon assiette.

Alain : Je sais... Un MISS n'est pas un appareil de poche en plus grand. C'est l'inverse : Ces petits bijoux sont des géants miniaturisés. Pour les rendre aussi compacts, il faut tout comprendre de leur structure.

Catherine : Pour cette raison, je ne lancerai les analyses de conception qu'une fois le modèle MISS standard bien maîtrisé. Ce n'est pas négociable.

Je ne jette qu'un bref coup d'œil au dernier des prototypes. On en parle peu tout simplement car il est encore pire : une armure assistée à peine plus épaisse qu'une tenue. Même au Consortium Solingen on produit peu de ces bijoux vu qu'il faut qu'elles soient faites sur mesure et coûtent donc une fortune pour un usage limité aux forces spéciales. Pour toutes ces raisons je ne m'y intéresse pas mais Catherine semble être passionnée par le sujet.

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