Chapitre 11 : Début des (vrais) ennuis.
Et de un qui fait dix !
Je coupe le tapis de course, reprenant mon souffle en agrippant les poignées. Entre les longues discussions techniques avec Catherine et la supervision des drones en ne circulant qu'en rover je fais trop peu d'exercices physiques. Je complète donc mes journées par une séance de musculation assez intensive. Pas le choix, si je veux continuer à me déplacer sans entraves avec une gravité aussi élevée il me faut la musculature adéquate.
Catherine : C'est proprement fascinant.
Je me demande si j'ai bien fait de l'autoriser à avoir ses caméras dans ma chambre ? Depuis mes premiers relevés biométriques elle semble passionnée par les fonctions biologiques. Et vu que je suis la seule chose plus grosse qu'une bactérie dans tout le système, je me retrouve donc le centre de son attention. Je décide d'ignorer cette remarque qui ressemble de toute façon à une pensée à voix haute pour me diriger vers l'atelier suivant, réglant les poids avant de m'asseoir sur le banc englobé d'articulations et commencer à l'utiliser pour renforcer les bras et le dos.
Catherine : Il y a des structures ressemblantes dans le Builder. Est-ce une nécessité biologique ?
Alain : Oui et non. Humph. Hors de zones à gravité normale les corps ont tendance à s'affaiblir. Humph. Ostéoporose, perte musculaire... même après dix siècles hors de la Terre, les corps humains n'ont pas encore évolué assez pour s'adapter à un environnement aussi extrême que l'espace. Humph. Chaque planète est différente et nos corps ne peuvent pas s'adapter à une telle variété d'environnements. C'est la raison pour laquelle les planètes terraformées sont aussi rares et vitales. Humph.
Catherine : Manque de données. Question : Nombre de planètes terraformées dans le second Cercle ?
Alain : Je ne sais pas vraiment. Il y en a quatre chez Solingen. Humph. Six dans l'Empire Sylvanien. Une pour les marchands du Lotus je crois... Humph. Et encore, rien que pour Solingen une seule est assez vivable pour sortir hors des cités blindées sans combinaison et il faut un respirateur en permanence. Humph. En comparaison, le Premier Cercle...
Catherine : 7812 planètes lors du dernier recensement.
Alain : Facile quand on est les seuls à avoir la technologie... Humph...
Je suis mal placé pour jouer les jaloux.
Mon appartement fait près de trois cent mètres carrés répartis sur deux étages. Ce n'est pas moi qui ai demandé une surface aussi énorme, c'est juste qu'il s'agissait des seuls plans disponibles dans la base de données de Catherine dans la rubrique « habitation individuelle ». J'ai eu l'occasion de parcourir son répertoire et même s'il est incroyablement large il est assez peu étoffé dans chaque domaine. La théorie de son départ en catastrophe peut expliquer cette base de données assez sommaire.
Cela fait près d'un mois depuis l'inauguration du premier sas extérieur pour navette et nous travaillons de concert d'arrache-pied. Nous sommes toujours au NT 1 partout, mais nous avons bien progressé en finissant de lancer les drones spatiaux la semaine dernière et en achevant la conception de tous les centres de production. La MC n'a plus de lacunes à présent et nous pouvons produire de tout sans avoir à changer en permanence des lignes de construction. En parallèle de la technologie MISS, qui est la base pour tout développement d'armement moderne, nous faisons des essais de tirs lasers et balistiques. Vu que l'on n'est pas fan de désastres et parfaitement conscients de l'énergie déployée par ces joujoux, on utilise des structures télécommandées rustiques faisant feu depuis la plate-forme de décollage des navettes en se servant d'une montagne au loin comme cible. Tirer avec de l'armement expérimental à l'intérieur d'une structure pressurisée ? On laisse ça aux savants fous !
Je ramasse ma serviette, épongeant mon front avant d'obliquer vers la douche. La salle de bain est la seule zone sans caméras. Je tiens à un minimum d'intimité même si je suis passé entre ses pattes mécaniques pour les inspections médicales. Quand je reviens, détendu et massé par les jets d'eau, je constate un silence inhabituel de la part de l'IA. D'habitude, elle cherche toujours un sujet de conversation pour mon retour dans sa zone de perception mais pas cette fois. Haussant les épaules, je me dirige vers la chambre, éreinté par ma longue journée. La chambre est aussi luxueuse que le reste de l'appartement, partageant la même vue que le salon. Comprendre la verrière en hexagone donnant sur l'immense caverne. Une vision à vous donner le tournis.
Catherine : Rapport terminé. Message en provenance des sondes.
Alain : Elles ont trouvé des astéroïdes de glace ?
Catherine : Trois sont actuellement remorqués vers Kain 3. Mais il ne s'agit pas de ça. Rapport.
Une image est projetée contre le mur. Une structure claire composée de quatre blocs flottant dans l'espace formant vaguement un carré. Il s'agit d'une photo de la porte spatiale. Sur l'autre moitié de l'écran, des diagrammes étranges se résumant à des lignes continues parcourues de spasmes réguliers.
Des sons ? Dans l'espace ?
Catherine : Activité au niveau de la porte spatiale. Tentatives de connexion externes.
Je suis parfaitement réveillé à présent, la fatigue n'étant plus qu'un lointain souvenir datant de quelques vies avant.
Ils arrivent.
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