Chapitre 20 : Période d'apprentissage.
Alain : Vous êtes sérieux ?
Marc : Oui !!
Un mois plus tard on s'apprêtait à faire la première activation de notre prototype de MISS quand un excité a trouvé le moyen de se glisser jusqu'à notre enceinte protégée conçue pour les essais. Jenkins l'a rapidement mis au sol avant de se relever en le relâchant, grognon. Visiblement, il connaît l'énergumène et n'est pas ravi de le croiser.
Notre petit projet privé à Catherine et à moi n'est pas resté secret longtemps. En fait, le jour même de leur arrivée, certains scientifiques ont contactée Cassandra pour se mettre à notre disposition. Ils ont vu les installations en construction sur le chemin et savent additionner 1 + 1. La majeure partie des techniciens s'affairent sur la fabrication d'une fosse d'assemblage pour corvette, conscients que notre flotte est actuellement centrée sur ce format de vaisseaux alors que nous n'avons aucuns moyens d'effectuer des réparations lourdes. Déjà trois corvettes sont immobilisées, en attente de travaux impliquant l'utilisation de grues lourdes. Une dizaine de mécaniciens s'amusent avec les rares véhicules à roue pendant que le reste, les plus motivés, se sont attelés au gros morceau.
Le MISS.
Rien que le développement du poste de pilotage est une étape nécessaire pour la conception des chasseurs et tous les autres appareils, standardisation oblige. Malgré leur entrain, ils eurent un certain temps d'adaptation car le NT 1 auquel on est pour l'instant bloqué est si rudimentaire qu'ils n'ont jamais travaillé sur des structures aussi basiques. Une fois le rythme de croisière trouvé, on a enfin pu finir l'assemblage du monstre de cinq mètres de haut en quelques semaines.
Hélas, un olibrius était en embuscade. Cheveux ébouriffés, yeux fous, voix enjoleuse... Selon les rumeurs, il était pilote de MISS avant... Mais vu qu'il est lui-même la source de ces rumeurs...
Marc : Je te le garantis, mec ! Tu trouveras pas un meilleur pilote d'essai que moi !
Alain : On avait prévu de faire les premières étapes en le télécommandant depuis...
Marc : Où serait le courage !? Les tripes ! Le panache !!!
J'arrive à entendre les points d'exclamations qui s'empilent. Je supplie Jenkins du regard mais il semble passionné par la paroi de métal du hangar.
Jenkins : Pas la peine d'essayer de lui faire entendre raison. Si on ne le laisse pas faire, il se glissera dans l'engin de nuit et sans supervision pour le démarrer...
Marc : Absolument !
Alain : Vous n'avez jamais envisagé l'emprisonnement préventif ?
Jenkins : Il s'évade juste pour piloter l'engin et pousse le culot jusqu'à se poser dans la prison pour retourner dans sa cellule... C'est un cas désespéré.
Je soupire et frotte le verre blindé du heaume de mon scaphandre, agacé.
Alain : Vous êtes bien conscient que rien n'est garanti ? Qu'on ne sait pas si la nacelle de survie fonctionnera si ça tourne mal ?
Marc : Où serait le plaisir !?
Totalement désespéré.
Trente minutes plus tard je me trouve dans la cabine blindée faisant face au MISS. Simple assemblage de blocs rectangulaires formant une silhouette humanoïde surmontée d'une tête carrée garnie de senseurs basiques, il n'a rien d'impressionnant à part le fait qu'il soit arrimé aux épaules par les puissantes griffes de maintien standard. Tout le monde a évacué le hangar et j'ordonne à Carl, le technicien en chef, de replier les passerelles d'entretien. Au bout d'une quarantaine de secondes, la machine est à présent dégagée même si toujours suspendue à ses entraves. La cabine de supervision est faite pour deux personnes normalement et vu que l'on est six à s'entasser dedans on est un peu serrés. La tension est à son comble.
Carl : Tout est au vert.
Alain : Bien. Marc, tu me reçois ?
Marc : Au poil !
Alain : Parfait. Au plafond, à gauche, tu as une manette rouge d'une vingtaine de centimètres qu'on peut faire pivoter jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans une fente qui a sa forme. Tu la vois ?
Marc : Oui.
Alain : C'est l'alimentation du poste de pilotage. Active-là.
J'entends des bips par l'écouteur et ai des symboles qui clignotent sur les écrans de mon côté. Visiblement, ça a marché.
Marc : J'entends un ronronnement sous mes pieds mais rien de plus.
Alain : Il y a toute une série de boutons au plafond. Ceux en bleu, qui forment une ligne. Ils activent les différents systèmes de bord. Commence par ceux tout à gauche et presse-les un par un en attendant notre confirmation après chaque action.
Marc : Bien. Je commence par le premier. Oh ? Pas de réaction?
Alain : Ici aussi il ne se passe rien. Pas de retour du poste de pilotage ?
Carl : Sûrement des câbles débranchés. On va voir ça.
On respire un peu, ignorant les plaintes de Marc qui est frustré de ne pas pouvoir utiliser de suite son nouveau jouet.
C'est ça les prototypes.
Un pas après l'autre.
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