Chapitre 36 : Armés et prêts à tirer.
Le MagLev, rapide comme à son habitude, nous amène à l'usine à MISS. On descends à l'arrêt, peu utilisé à cette heure de la journée. Les ouvriers travaillent d'arrache-pied, les drones lourds de construction chers à Catherine ayant été remplacés par des grues fixes comme mobiles, plus adaptées à la tâche. Il y a actuellement trois modèles différents de MISS de combat en construction et nous passons sur des passerelles surplombant la chaîne d'assemblage de la classe Ranger.
Modèle standard, il va composer l'essentiel de nos forces et l'épine dorsale de notre armée. Comme dans la série dont il est inspiré, c'est un modèle militaire classique avec une conception modulaire poussée afin de le rendre apte à fonctionner en toute situation. Planète volcanique, glacier perpétuel, vent chargé de sable fin... Quelques options à greffer et il passe ! De taille 5, l'engin fait quand même huit mètres de haut et peut être équipé d'une grande variété d'armement. Pour son apparence, il peut difficilement nier ses origines de dessin animé d'action mais a quelques tons en-dessous des appareils des héros question folie visuelle. Pour les couleurs, on a repris le bleu de la géante gazeuse et l'or de l'étoile principale, jeune et très vigoureuse.
Le même code couleur a été repris pour la classe Tower. De taille 6, plus lourdement blindé et peu modifiable, cet engin a été pensé pour fournir une défense extrême. Il formera la garde rapprochée des vaisseaux et est donc apte à porter des armes capables de faire frémir n'importe quel pirate. Reprenant la même apparence générale que le Ranger, on pense que ses adversaires comprendront trop tard leur erreur.
Par contre le suivant...
Dur de ne pas le repérer.
Classe Vanguard. Taille 7. Copie carbone des engins des héros de cette maudite série, ces monstres emportent ce qu'on a de mieux en armement de pointe, bouclier d'énergie et propulsion. Ils ne pourront être pleinement efficace qu'en combat spatial vu qu'on a sacrifiée toute polyvalence sur l'autel de l'efficacité pure. Réservés à nos meilleurs pilotes qui dirigeront leurs propre escadres, ces appareils sont la figure de proue de notre contingent MISS. Et la plus grande fierté de Catherine.
Des volontaires pour piloter un engin recraché tel quel du dessin animé le plus aimé du moment ? Il a fallu tripler la garde autour du hangar...
Puis on arrive à la crème de la crème, ma fierté ! La classe Atlas ! Taille 4, apparence cubique, design industriel, très polyvalent et adaptable à presque tout... C'est l'engin d'exploration parfait ! Véritable cheval de trait de la colonie, on le trouve un peu partout dans le système à dresser des points d'observation, scanner des régions, faire office de base temporaire... Vu que tous ses éléments sont accessibles via des trappes d'entretien facilement démontables, on peut réparer sur place quelle que soit la panne rencontrée. Certains ont même démontées ses jambes pour le greffer au sommet d'un engin chenillé afin de l'utiliser comme une pelleteuse haute performance. Vu qu'on peut inter-changer les outils fixés à ses bras très facilement, il peut être un tracteur, une foreuse, une grue... le tout selon ce que la situation exige.
La série Space Ranger Alpha, généreuse en variété de modèles militaires, a peu exploré les variantes civiles de leurs engins de morts farcis de paillettes. Heureusement pour moi.
Catherine : On devrait arriver à remplir nos objectifs concernant les MISS. Mais sans plus. On n'aura rien pour défendre la planète s'ils parviennent jusqu'ici. La totalité du contingent est attribué aux flottes.
Alain : S'ils arrivent ici c'est que nos troupes auront été exterminées. Vu que la plupart des colons se trouveront dans les vaisseaux à ce moment...
Catherine : Je ne laisserais pas cette situation se produire. Jamais.
Ce n'est pas de la frime quand c'est elle qui le dit. Si Catherine laisse les humains s'organiser pour la défense du système à présent c'est parce que la plupart de ses ressources sont prises dans le traitement d'un projet secret qu'elle a baptisé Sentinel. Il est si lourd qu'il lui arrive carrément de couper toute liaison audio et vidéo pendant les heures de nuit, se concentrant totalement dessus. J'ignore ce que c'est et elle ne veux pas m'en parler vu qu'elle ignore si le projet sera prêt à temps. Mais elle fait tout pour que ce soit le cas et une IA NT 11 a des moyens terrifiants à sa disposition.
On retourne au MagLev tout en discutant des progrès de la conception de notre flotte. Même si l'Empire devrait arriver dans six mois avec l'estimation la plus pessimiste, nous sommes face à un problème de main d'œuvre impossible à résoudre : Il nous faudra un maximum d'appareils à aligner en face de l'armée ennemie mais tout le monde ici n'est pas soldat. On a contourné une partie du problème avec les vaisseaux, mélangeant des civils aux équipages militaires pour compléter les effectifs mais il reste le soucis que même si Cassandra a ramené la totalité de l'effectif de son corps d'armée avec elle, ils restent trop peu nombreux pour nos objectifs.
Catherine : Système Camélia. Un croiseur lourd. Deux croiseurs légers. Six destroyers. Dix corvettes. Total de la population en équipage : 2156. Selon mes estimations, nous serons en capacité d'aligner quatre croiseurs lourds, huit croiseurs légers, seize frégates, vingt quatre destroyers et quarante corvettes. Et le personnel attitré aux chasseurs et MISS n'est pas encore comptabilisé. Nous formons autant de personnes que possible mais tant que l'ensemble de la flotte n'a pas été fabriquée nous ne pouvons pas dégarnir les chaînes de production.
Alain : Dans combien de temps tout sera construit ?
Catherine : Quatre mois. Les croiseurs devant être assemblés en apesanteur à cause de leur taille et poids, l'agrandissement du chantier spatial nous a fait prendre du retard.
Alain : Pas le choix... Il nous faut du matériel plus lourd que les frégates même avec notre avantage en NT.
Oups...
Je n'aurais pas dû parler de ça. Catherine commence immédiatement à se crisper et à me jeter un regard noir avant de se détourner, marchant plus vite pour me semer. Elle avait pensé pouvoir aligner des appareils de rang NT 7 face à l'empire mais, hélas, ses projets furent rendus caduques par les difficultés inattendues rencontrées lors des premiers prototypes NT 6. Nos générateurs sont malheureusement trop peu efficaces pour un usage militaire. Ils ne parviennent pas à produire une puissance suffisante assez rapidement pour soutenir un feu nourri ou entretenir un bouclier d'énergie en pleine bataille. Nous ne parvenions pas à mettre le doigt sur le problème et avons perdu beaucoup de temps à tenter de résoudre cet ecueil, voulant éviter que nos appareils aient un tel talon d'Achille. Nous l'avons contourné avec un bricolage assez barbare mais étonnement efficace : On a multiplié les sources d'énergie !
MISS, chasseurs et autres petits appareils militaires ont deux générateurs compacts au lieu d'un. Le logiciel de gestion de puissance, écrit par Catherine elle-même, privilégie la survie du pilote par-dessus tout. Pour les autres vaisseaux, les corvettes ont trois petits générateurs, les destroyers quatre, cinq unités de puissance pour les frégates et les croiseurs légers et lourds ont respectivement six et sept unités de production d'énergie. La conception du réseau électrique des vaisseaux de guerre est devenue un authentique cauchemar et nos appareils souffrent à présent d'un manque d'autonomie criant les empêchant d'envisager de quitter le système. Ils n'ont même pas la propulsion hyper-luminique nécessaire pour l'usage des portes! Mais ça, ce n'est pas un problème. Nous n'avons pas prévu de laisser la bataille pourrir pendant des mois. On frappera vite et fort, privilégiant des tatiques de guerilla soutenues par un réseau logistique dense. Si on échoue à faire ça, on sera vraiment dans la mouise car nos vaisseaux (à l'exeption de ceux que nous usons pour le commerce) ne nous permettront pas de fuir Kain.
Je rattrape Catherine et m'excuse platement. Elle a vraiment très mal pris l'échec cuisant du programme NT 7 et n'aime pas qu'on lui rappelle sa promesse à présent caduque. On reprends la marche sur un rythme normal vers le MagLev, la gynoïde restant silencieuse.
Catherine : ... On procédera donc à une formation à quatre flottes ?
Ouf, elle se détend un peu.
Alain : Oui. Jenkins se retrouve à la tête de la première flotte qui contiendra le plus de vétérans.
Catherine : L'AMIRAL Jenkins.
Elle sourit un peu. Elle doit se rappeler la tête qu'a fait le pauvre homme quand il a été bombardé de son nouveau grade. Simple chef d'une unité de garde-frontière, le voilà devenu le premier amiral d'un tout nouveau pays. Ses aides sont devenus vice-amiraux et gèrent les trois autre flottes. On ignore quelle sera la violence de l'assaut impérial donc on alignera nos appareils selon les besoins. Cassandra et moi n'ayant aucune formation militaire et étant trop précieux à nos postes, nous resteront sur Kain 3 pendant la durée des hostilités.
Alain : Comment progresse le programme Monitor ?
Catherine : Très bien. Vu qu'il n'y a pas de propulsion luminique ni d'équipage, ils sont simples à concevoir. Ils restent dépendant de la présence d'un croiseur à proximité mais ils fourniront un appui feu conséquent le moment voulu.
Les Monitors sont des vaisseaux sans équipage qu'on va laisser en orbite autour de nos points les plus stratégiques. Armés et blindés très lourdement malgré leur petite taille, ils feront office d'artillerie fixe. Catherine a décidé de les rendre contrôlables à distance car un éventuel équipage ne pouvait fuir en cas de repli stratégique de la flotte. On va en installer autour du Décor, de la raffinerie D / T et près du chantier flottant au-dessus de la capitale. Comme le reste de notre flotte, ils ne sont pas viables comme appareils permanent mais pour cet affrontement précis ils seront d'une importance vitale. Ne serait-ce que pour faire croire que la raffinerie et le Décor sont des objectifs stratégiques alors que l'on a déjà prévu de rapatrier les éléments les plus sensibles de nos installations dès le début des hostilités.
Catherine n'est pas encore totalement à l'aise, me jetant des regards furtifs. Elle ne m'a pas encore pardonnée la référence au NT 7 ?
Catherine : Tu... vas vraiment aller voir Goro Portus ?
Oh ? C'était donc ça.
Alain : Oui. Pour le moment, on n'a pas de raison de couper les ponts avec la fédération du Lotus. Et on passe par leur territoire pour aller chez Solingen. Ils nous fournissent de plus en plus de candidats à l'émigration et nous ne pouvons pas nous permettre de refuser la moindre paire de bras.
Catherine : Analyse de données. Analyse terminée. Il y a 37% de chance que cette demande soit un piège.
Alain : Je sais. C'est pour ça que je ne pars pas seul et que le Long Shot a été modifié en prévision d'un coup fourré.
Même si, extérieurement, l'appareil n'avait pas changé, le Long Shot nouvelle génération ne partage plus grand-chose de commun avec l'appareil d'origine. Tout était à présent en NT 6, ayant presque totalement recyclé et reconstruit le vaisseau-cargo ! Légalement, c'est totalement interdit de le laisser porter le même nom mais on ne va pas se gêner : personne de la fédération du Lotus n'a jamais mis les pieds dans l'appareil avant, donc personne ne verra la différence.
Catherine : Si il y a un « coup fourré », je sévirais avec la plus extrême des violences.
Alain : Ne t'en fais pas, ça va bien se passer.
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