Chapitre 42 : Ils sont fous d'attaquer! Heu... C'est quoi, ça?
*** : Monsieur ? La porte est sous tension et la communication est ouverte.
Lorenz : Parfait.
Avec une diction claire bien aidée par de multiples répétitions devant le miroir de sa salle de bain, le vice-amiral fit alors un beau rapport, soulignant que l'essentiel des forces était arrivé dans le système cible et que le trou de ver artificiel était en fonction. Ils étaient prêts à attendre l'arrivée de l'amiral Kent et de ses hommes et se tenaient disposés à effectuer des reconnaissances offensives si besoin.
En fait, Lorenz espérait tuer un maximum de mutins avant l'arrivée de l'amiral prévue dans trois semaines. Il donna l'ordre de transférer le maximum de fret des cales des appareils de support vers les autres astronefs pour rendre tous les vaisseaux de guerre opérationnels aussi tôt que possible. L'opération fut rondement menée et, pendant que les navettes procédaient à leur ballet, la réponse impériale vint.
Kent : Merci pour votre célérité, vice-amiral Lorenz. Restez en position autour de la porte. Un nouvel élément est venu s'ajouter à l'équation. Kaliméris a le soutient d'une femme militaire particulièrement... efficace. Quoi qu'il arrive, ne tentez pas de l'arrêter. Si elle est dans un vaisseau, détruisez-le jusqu'à la dernière pièce. Ne cherchez pas le contact. On la soupçonne d'être une cyborg militaire intégrale de NT 6. Solingen et le Lotus se mêlant de nos affaires à cause des membres de la colonie qui ont accueillis les fuyards, il va falloir être très méthodique. En attendant notre arrivée, n'engagez pas les hostilités.
Lorenz, avec sa lâcheté habituelle, ne savait pas si c'était une bonne nouvelle ou non de devoir rester sur place. Après tout, même s'il perd l'occasion de briller, il semblerait que la cible se montre plus retorse que prévue. L'amiral Kent, survivant d'innombrables batailles, avait l'air... ébranlé. Il ignorait ce qui s'était passé depuis son départ il y a deux ans et la situation semblait être devenue un marécage politique impliquant les deux autres puissances régionales. Il ne pouvait pas demander des précisions car il y a fort à parier qu'après avoir envoyé ce message l'amiral avait passée la porte et entamé son voyage vers le système Kain. Il est donc devenu injoignable. Décidant de prendre son mal en patience, le vice-amiral alla donc rejoindre ses quartiers. L'action n'allait commencer que dans trois semaines après tout.
Il admira la flotte sur les écrans. Comme tous les appareils impériaux, les vaisseaux se concentrent sur l'artillerie laser et à plasma. Les armes à projectile physique ont un potentiel destructeur certain mais, de la même façon que l'immense majorité des pays du Second Cercle, la couronne a vite abandonné leur usage. Catapulter une ogive de plusieurs tonnes à une vitesse se mesurant en dizaines de milliers de kilomètres à l'heure est une recette à désastre parfaite : Continuant sur leur lancée pendant des années, voir des siècles, ces projectiles finissent par s'égarer sur des astres si on a de la chance. Dans le cas contraire, déviés par l'influence gravitationnelle des planètes et étoiles, des obus peuvent finir leur course dans une colonie spatiale inconsciente du conflit ayant entraîné sa destruction vu que l'engagement avait été oublié de tous. Le vice-amiral éteignit ses moniteurs et s'allongea, laissant son commandant gérer les affaires courantes.
Dès le lendemain, les rapports louches ont commencé à poindre le bout de leur nez.
Des troubles spatio-temporels perturbent les environs, preuves de vaisseaux sortant de vitesse Semi luminique à proximité. Mode de déplacement dédié aux voyages entre les planètes, pour un système de la taille de Kain un bon astronef doté d'une propulsion NT 5 pouvait aller de la bordure jusqu'à son étoile en deux semaines.
Mais l'ennemi semblait déjà être là !
Ils devaient être en embuscade sur la circonférence, éparpillés pour guetter leur arrivée. Mais ils sont trop efficaces. Tous les appareils partis en reconnaissance se font rapidement verrouiller par des systèmes de tir et reviennent en catastrophe. La totalité des sondes ont été détruites avant même qu'elles ne captent ce qui leur tire dessus. Les troubles ne sont pas détectés que dans l'enceinte du système mais aussi derrière eux, dans l'immensité de la sphère d'Oordt, preuve qu'ils cherchaient à les encercler. Le diagramme tactique du Volonté de fer, le croiseur lourd dont il est le capitaine, est éloquent. Il y a quatre concentrations de signaux qui se forment autour d'eux.
Ils sont là...
Trop loin pour être détectés précisement par les senseurs. Trop sombres et éloignés de l'étoile pour être repérés par les reflets lumineux. Mais présents. Encerclant doucement la formation.
De retour dans le poste de commandement, Lorenz n'ose pas quitter son siège. La bataille lui semblait imminente. Et elle arrivait bien plus tôt que prévu. Il faut du temps pour trouver précisément le point d'arrivée de la flotte ennemie, rassembler ses appareils dispersés dans tout le système et former une force suffisante pour repousser les intrus. Or, les mineurs de Kaliméris y sont parvenus en un temps record !
*** : Contact ! Un appareil sans IFF !
Ça y est... ça commence...
Rapidement, d'autres astronefs apparaissent à la limite de la zone de détection de leurs senseurs. De tailles variables d'après les premières données affichées à l'écran.
*** : Trois... cinq... sept appareils de grande taille... Près d'une vingtaine de vaisseaux plus petits et... oui, chasseurs en approche...
Vu la formation en flèche, aucune chance qu'ils aient affaire à un groupe de vaisseaux civils désorganisés cherchant la bagarre. Ils voulaient percer leur cercle défensif pour s'en prendre au trou de ver ! S'ils y parvenaient, la flotte de l'amiral Kent se retrouverait propulsée de force dans l'espace réel. Détruire la porte de départ n'est pas vraiment grave vu que l'on ne peut pas faire demi-tour tant que l'on est en cours de traversée mais briser le point d'arrivée rend le tunnel de saut instable et force les appareils à retourner à la réalité sans possibilité d'un moindre contrôle. Ils allaient se retrouvés dispersés, isolés et, si ils jouent de malchance, sans possibilité d'arriver à destination avant de mourir de faim et de soif.
*** : Nouvelles données. Trois astronefs sont de taille... 7 ou 6. Quatre sont de taille 5 ou 4... Six sont de taille 3... Dix sont de format corvette...
Ouf. Plus petits que ce qu'il croyait. Il n'y avait guère que les trois appareils les plus grands qui avaient une chance de l'inquiéter. Les nuées de petits points représentant les chasseurs restaient sur les flancs de la formation. Encore quelques dizaines de kilomètres et leur avant-garde allait rentrer dans la portée effective de leurs armes...
*** : Alerte ! Montée d'énergie détectée ! Impact imminent !
La décharge laser se diffusa sur le bouclier d'énergie de leur vaisseau ! D'autres appareils eurent le même genre de surprise à des degrés divers de diffraction. C'était trop loin ! Comment pouvaient-ils avoir une telle précision !?
Lorenz : Solution de tir ?
*** : Estimation... 24% de précision à cette distance. Et seulement sur les plus grosses des cibles.
Lorenz : Lignes 1 et 2, avancez vers l'ennemi. Nous faisons reculer le Volonté de fer jusqu'à la ligne 3.
Surpris, le technicien aux communications se retourna vers son chef. Au sein du personnel de la passerelle de commandement, la lâcheté de leur chef n'était plus une surprise mais ils ne s'attendaient pas à ce que ce soit si flagrant quand les hostilités commenceraient.
Lorenz : Parce que vous croyez que ça va s'arrêter là ! N'oubliez pas que...
*** : Alerte ! Une... deux... trois autres flottes en approche ! Nous sommes encerclés !
Lorenz : Nous reculons pour superviser la défense de la porte spatiale ! C'est un ordre !
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