Chapitre 45 : On y retourne? Vraiment?

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Après le silence de mort, des hurlements de joie résonnèrent dans le poste de commandement. Vu le nombre d'appels arrivant sur sa ligne directe, la situation devait être la même dans les autres vaisseaux. Il laissa ses hommes à leur exaltations et admira la vue par la caméra arrière. Les uns après les autres, les quatre cuirassés impériaux sortirent de l'hyperespace. La porte était juste assez large pour permettre leur passage. Colosses de métal garnis de ce que l'Empire pouvait proposer de mieux en matière de bouclier, d'armement et de haute technologie, ils représentent l'apogée de la marine et sont le symbole de la couronne Sylvanienne. Longs de plus de deux kilomètres, larges de près de trois cent mètres et semblant resplendir avec leur livrée rouge, leur venue signifiait que Kaliméris ne pouvait plus que trembler.


Tous les ennemis de l'Empire avaient appris à craindre les cuirassés. De taille 8, nécessitant d'énormes chantiers spatiaux et une chaîne d'approvisionnement colossale, des astronefs de ce gabarit et dotés de telles performances étaient l'apanage de puissances militaires couvrant des dizaines de systèmes. Leur assemblage mobilise des milliers de constructeurs de haut niveau au sein de chantiers spatiaux cyclopéens. Un cuirassé peut faire face (et vaincre) quatre croiseurs lourds simultanément.


Enfin...


Kaliméris était fini !


Les quatre cuirassés se mirent en position, les autres vaisseaux déjà présents s'écartant pour leur laisser de la place, pendant que le reste de la petite flotte d'assaut sortait de la porte. Puis vint le moment que Lorenz redoutait.


Kent l'appelait.


Lorenz : Silence sur la passerelle ! Je vais dans mes appartements pour prendre la communication.


Même à cette distance, il entendait encore les cris de l'équipage qui galopait dans les coursives. Il patienta quelques minutes, le temps qu'ils suivent enfin les consignes appelant au calme, avant de prendre l'appel depuis son fauteuil préféré.


Kent : Ici l'amiral Kent, je... Seigneur... Vous allez bien, vice-amiral ?


N'ayant pas remarquée la décrépitude physique causée par les semaines de stress, les effets se manifestant peu à peu, Lorenz n'avait pas pris la peine de se regarder dans la glace avant de prendre la parole. La déclaration de l'amiral lui fit l'effet d'un électrochoc mais il resta quand même dans le siège, trouvant malpoli de congédier son chef après quelques secondes d'appel pour se refaire une beauté à l'aide de cosmétiques.


Lorenz : La situation a été... relativement... difficile. Nous avons tenu notre position mais... Kaliméris nous a attaqués.
Kent : Je vois ça...


Il fit des gestes hors de l'écran avec ses mains, devant lire des rapports vidéos. Il se rembrunit davantage.


Kent : Ils ont détruits tant d'astronefs... On les a sous-estimés. Combien en avez-vous vaincus en retour ?
Lorenz : (gloups) Heu... Aucun...
Kent : J'ai dû mal réceptionner le message. Vous êtes encore en situation de bataille électronique ?
Lorenz : Nous avons bien détruits de leurs chasseurs et MISS mais pour leurs appareils plus gros... Heu... Nous n'avons pu que les endommager. Et... Heu... Ils sont déjà réparés.
Kent : Vous voulez me faire croire qu'une bande de mineurs a réussi à tenir tête à une flotte d'invasion Impériale !


Le ton montait. S'attendant au pire et voulant éviter la cour martiale, Lorenz envoya un gros paquet de données. C'était sa collection privée des moments les plus terrifiants des batailles de ces dernières semaines. Le tir groupé de missiles par dix appareils ennemis simultanément sur un de ses vaisseaux lourds, les croiseurs lourds Kaliméris encaissant imperturbablement les assauts combinés de deux appareils impériaux de la même catégorie, les frégates qui semblent se matérialiser toujours au pire endroit et au pire moment... Et les Démons, bien sûr. Toutes les photos qui ne sont pas rendues floues par la vitesse. Il était sûr que l'un des pilotes ennemis prenait la pose. L'amiral, les sourcils froncés, passa en revue ce qui lui était envoyé.


Dix minutes plus tard, le visage était toujours aussi grave mais la colère envers son subordonné s'était évaporée.


Kent : Vous n'avez pas pu capturer un appareil ennemi ?
Lorenz : Tous les chasseurs et MISS neutralisés se sont auto-détruits si Kaliméris ne parvenait pas à les récupérer. De la même façon, nous n'avons pas pu faire de prisonniers. Mais... en voyant l'efficacité de leur technologie... Heu...
Kent : J'ai affronté la Confrérie des Larmes. Je reconnais ça. Ils ont un Niveau de Technologie de 6. Félicitation pour avoir tenu aussi longtemps face à un tel déchaînement.


Il était sincère ! Lorenz senti sa poitrine gonfler de fierté.


Kent : Pouvez-vous engager la poursuite ?
Lorenz : Heu... Négatif. Nous sortons à peine d'un de ces affrontements.
Kent : Combien de fois ont-ils testés vos défenses ?
Lorenz : Heu... Une fois...
Kent : Une seule fois ? Vos données dans ce cas...
Lorenz : ... par jour... Une bataille par jour... Pendant toute la journée... Depuis trois semaines...


Kent plongea ses yeux dans ceux de son subordonné et vit quelqu'un qui s'accrochait à sa santé mentale avec ses dents.


Kent : ... Nous... Allons patienter un peu. Réparer. Souffler. Après tout, mon équipage aussi ressort d'un long voyage.
Lorenz : Merci, amiral. Merci beaucoup.
Kent : En attendant... Diffusez ça parmi vos hommes. Il ne faut pas tenter de négocier avec elle...


Un fichier vidéo. On dirait une conférence où deux personnes étaient d'un côté de la table pendant qu'une dizaine d'autre les toisaient de l'autre côté. Le rapport de force était clair.


Non.


Il n'y avait jamais eu de rapport de force ou de menace... Lorenz avait peur de le demander mais le mauvais goût des habits de la femme fournissait un indice évident : C'était elle, la chef Kaliméris. Pour le bien de ses hommes, il fit rapidement circuler la vidéo avec une consigne claire : Ne vous retrouvez jamais dans la même pièce que cette personne. Jamais.

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