Chapitre 46 : Les plans sont prêts.

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L'amiral Jenkins sortit de la navette un peu agacé. Il avait engagé les trois lignes de défense ennemies en espérant détruire la porte avant l'arrivée des cuirassés mais avait malheureusement échoué. En orbite, la première flotte était en train de s'amarrer au chantier spatial pour remise en état. Les trois autres flottes s'étaient réparties dans les chantiers spatiaux de Kain 7 et 6. Contrairement à la procédure appliquée jusque là, il ne s'agira pas de réparations de fortune pour un retour au combat dans la foulée. On va réviser autant que possible les astronefs pour les préparer au choc à venir.


Mais peuvent-ils vraiment le faire ? Face à quatre cuirassés ?


Étant originaire de l'Empire et ex-membre de la marine impériale, Jenkins ne connaissait que trop bien la dangerosité de ces machines. Ayant supervisé les entraînement pendant les mois précédant l'invasion, il savait que ses troupes n'avaient pas le matériel nécessaire pour venir à bout de ces mastodontes. À moins d'utiliser des méthodes désespérées, telles que des collisions, des éperonages et des assauts internes. Or, cela signifiait qu'il allait falloir foncer sous le feu de ces géants surarmés et donc encaisser de lourdes pertes.


Sont-ils prêts pour ça ? Et Kaliméris, souffrant d'une pénurie chronique de personnel, peut-elle se le permettre ?


Pour le moment, même s'il a la main-mise sur le commandement des troupes, il se contente de suivre la stratégie de Catherine. Cette dernière, souffrant de sévères lacunes dans les connaissances martiales, s'en remet généralement à lui pour les affaires militaires mais les axes principaux de la lutte contre l'invasion dépendent de ses choix.


Ne pas poursuivre. Ne pas insister. Rester en vie.


Elle tient à la survie des colons. C'était évident pour tout le monde. L'annonce des décès causés par les ruptures de blindage lui crèvent le cœur. Mais cette bonté se retournait contre eux : En gardant de la marge de manœuvre pour la bataille de la porte, ils ont fini par perdre !


Le spatioport de Kain 3 est moins actif que d'habitude, la plupart des travailleurs étant à bord des vaisseaux ou situés bien plus loin dans la colonie. De voir les drones effectuer les tâches courantes il eu une petite pensée pour Alain qui s'était ainsi retrouvé tout seul dans cette immense base avant leur arrivée. Tout fonctionnait au ralenti, les chaînes de montage produisant MISS et chasseurs de remplacement ainsi que quantité de pièces de rechanges. Ces provisions vitales face au gouffre insatiable qu'est la guerre sont ensuite ramenées au front à l'aide de leurs cargos spatiaux. Se secouant un peu, l'amiral déclipsa son casque et l'accrocha à sa ceinture, montant dans l'un des rovers utilitaires en libre disposition. Un trajet en MagLev plus tard, il était à la tour et montait dans les étages à bord de l'ascenseur. Sans surprises, Catherine lui avait donné rendez-vous dans les appartements d'Alain qui avaient fini par devenir leur salle de conférence informelle bien que l'ingénieur ai demandé la création d'une salle dédiée. Utilisation inutile de ressources selon Catherine. Son objectif était tout autre.


En pénétrant dans le salon, Jenkins constata que l'IA pratiquait un de ses petits jeux habituels. Elle se comportait en humaine et scrutait les réactions d'Alain, espérant voir quelque chose d'intéressant. Actuellement elle... Bon sang, elle annonçait la couleur. Allongée négligemment sur le canapé, elle gardait sa tête sur les cuisses d'Alain qui lui faisait la conversation.


Mariez-vous, qu'on en finisse !


Catherine : Vous voilà, Jenkins. J'ai lu les rapports. On ne pouvait guère faire mieux.
Jenkins : Ne pouvait faire mieux ? Ils sont arrivés ! Les cuirassés sont dans le système !
Alain : Maintenant que Jenkins est là, tu peux me libérer ? J'ai du travail...
Catherine : Tâche non urgente. Expérience sociale en cours.
Alain : ça fait trois heures maintenant. Je ne sens plus mes jambes...


Oh ? En fait la situation tenait plutôt du kidnapping. Une cyborg intégrale qui ne voulait plus bouger pouvait faire concurrence à une statue. À contrecœur, Catherine se redressa, libérant un maître-ingénieur boitillant qui se rua aussi vite qu'il le put vers la sortie pour ne pas lui laisser le temps d'avoir une autre idée du même acabit. Jenkins regarda la porte de l'appartement se refermer, éprouvant de la pitié envers le jeune homme pour la seconde fois de la journée.


Catherine : Tout va bien. Il fallait qu'ils y parviennent.
Jenkins : Hein ?


Il revint vers l'IA. Elle avait beau avoir un cerveau de la taille d'un immeuble, les stratégies militaires impliquaient des paramètres qui n'étaient pas dans ses fichiers. Il s'assit sur le fauteuil faisant face au canapé occupé par Catherine, posant ses coudes sur ses genoux tout en se penchant en avant. Bien qu'elle soit techniquement sa supérieure, il restait méfiant. Qui sait ce que les composants NT 11 avaient fait à sa capacité de réflexion.


Jenkins : Et pour quelle raison ?
Catherine : Si la flotte d'invasion avait été détruite et la porte fermée, ils auraient compris que nous disposons d'une forte puissance de feu. Et seraient revenus, mieux armés, tout en sabotant nos efforts commerciaux pendant tout le temps de ce répit. Il faut en finir.
Jenkins : Hum... Et maintenant ?
Catherine : Les quatre flottes sont à présent composées de vétérans, endurcis par les semaines de combat. Parfait pour la suite. Nous continuons le plan. Les intrus impériaux vont d'abord chercher la raffinerie puis irons vers le Décor.
Jenkins : Mais face aux cuirassés on fait quoi ? On les prend d'assaut ? On attend qu'ils ouvrent leurs hangars pour se jeter à l'intérieur avec nos meilleurs pilotes de MISS ?
Catherine : Eux, j'en fait mon affaire. Évitez de les affronter, comme convenu.
Jenkins : Si ils sont en plein milieu de leur formation, ça va être dur !
Catherine : Négatif. Très simple. J'en fait mon affaire.


Même après le départ d'Alain, l'IA a laissée le corps cybernétique allongé. Elle mimait la lassitude ou elle était vraiment fatiguée ? Qu'est ce qui peut épuiser un être composé d'électronique ? Puis, il se rappela une des lubies de Catherine.


Catherine : Silence de votre part. Question?
Jenkins : Le projet Sentinel...
Catherine : Terminé. Le répit apporté par la bataille de la porte fut vital.
Jenkins : Ces appareils de type Monitor peuvent-ils faire face à un cuirassé ?
Catherine : Oui. Et non. Il peuvent survivre un certain temps mais, techniquement parlant, leur intégrité structurelle sera anéantie avant d'infliger des dommages critiques à leur adversaire.


Jenkins sentit son espoir s'évaporer et ses épaules devenir plus lourdes. Il était revenu sur Kain 3 en espérant un plan de secours et Catherine le laissait tomber.


Catherine : Question : Pourquoi croyez-vous que le projet Monitor et le projet Sentinel sont la même chose ?

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