Chapitre 47 : Aha! Je te tiens mainten (coupure brutale)
Le niveau d'acidité dans l'estomac du vice-amiral Lorenz atteignait des sommets croisés fréquemment dans le fond de cuves industrielles de recyclages de produits toxiques.
La sortie en orbite de Kain 7 s'était déroulée sans soucis. Vu le nombre de satellites autour de la géante gazeuse, ils ont perdu un peu de temps à envoyer des éclaireurs mais la position de la base ennemie fut assez rapidement trouvée. Il suffisait de vérifier quels appareils ne revenaient pas. Maintenant qu'ils l'avait en vue, la base de ravitaillement Kaliméris semblait assez... branlante. Il y a des structures métalliques arachnéennes qui doivent être le chantier spatial mais elles n'étaient pas en cohésion, comme si une explosion avait eu lieu un peu avant leur arrivée. De la même façon, la raffinerie, énorme structure de plusieurs kilomètres de côté avait une allure étrange à ses yeux.
Radar : Pas de détection de grande quantité de D / T à proximité. La raffinerie a été vidée et... Oui, ses éléments les plus vitaux ont été démontés.
C'était donc ça. Ils avaient eu le temps de nettoyer derrière eux. La grosse question qui faisait chuter le PH du contenu de son estomac était la suivante : Est-ce que la flotte qui manœuvrait au milieu des épaves du chantier spatial et de la raffinerie étaient des retardataires pris par surprise ou une force armée en embuscade qui patientait là pour les accueillir avec une surprise made in Kaliméris ?
Lorenz : Radar ! Base de données ! Croisez les informations ! On a déjà rencontrés ces appareils ?
Au bout d'une longue minute de discussions entre divers subalternes, le responsable vint lui remettre les conclusions.
Base de données : Oui. C'est une des quatre flottes affrontées près de la porte. On reconnaît la bannière Kaliméris de leur croiseur lourd endommagée à des endroits particuliers suite aux affrontements. Mais... Il y a un soucis dans le comptage. Il y a quatre croiseurs légers supplémentaires par rapport à la formation standard utilisée par l'ennemi depuis le début de l'invasion.
Un changement ? Par ces maniaques de la perfection ? Il avala une nouvelle gélule contrant les dégâts des acides gastriques avant d'allumer son communicateur. Heureusement, Kent attendait son appel.
Kent : Les voilà donc. Sept appareils relativement lourds, quatre frégates et moins d'une vingtaine d'appareils légers. Même en ayant laissée une force de défense devant la porte, notre formation a largement de quoi écraser totalement l'adversaire.
Lorenz : Normalement il n'y a que deux croiseurs léger. Nous en comptons quatre de plus.
Kent : Ils ne feront pas de différence. Formation en étoile.
Pestant intérieurement, Lorenz donna l'ordre de suivre les consignes de l'amiral. Ils avaient laissé un cuirassé avec quelques autres vaisseaux près de la porte pour neutraliser un éventuel raid furtif de la part de Kaliméris. L'ennemi ayant déjà fait la preuve de sa vitesse après tout il pouvait donc les contourner pour attaquer leur point d'entrée dans le système pendant que l'Empire le traquait de planète en planète. Centrée autour des trois cuirassés restant, la formation comptait six croiseurs lourds, douze léger et une centaine de destroyers. Vu la puissance de feu des cuirassés, ils pouvaient vaincre cet ennemi par leurs propres moyens et le reste des vaisseaux faisait donc office d'escorte.
L'approche était horrible. Se rappelant de l'étonnante précision des ennemis, le vice-amiral s'attendait à tout moment au déchaînement de lasers à longue portée. Mais ils ne vinrent pas et Lorenz voyait le taux de chance de réussite de ses tirs croître progressivement. Vingt pour cent. Trente pour cent. Quarante. Une fois à soixante, la doctrine impériale autorisait à ouvrir le feu. Grisé par l'absence de réaction ennemie, pendant quelques instants le vice-amiral espérait être tombé sur des retardataires qui étaient paralysés par la surprise.
Puis, tout doucement, la situation devint étrange. Comme les prémisses d'un cauchemar.
Dans un bel ensemble, la quasi-totalité des forces ennemies recula, laissant quatre astronefs solitaires. Le militaire responsable de la base de données confirma rapidement ses soupçons : c'étaient les croiseurs légers inconnus. Leur apparence est légèrement différente, les tourelles étant remplacées par des bulbes blindés d'où n'émergent pas les longs tubes caractéristiques du design old school Kaliméris. Et ses propulseurs semblent invisibles. C'est comme si...
Quatre tirs frappèrent simultanément la Voix de Grâce, le cuirassé en tête de formation. Son bouclier d'énergie se tordit sur le coup,comme une membrane de caoutchouc frappée par un météorite.
Kent : Lorenz ! Qu'est ce que c'est que ça !?
Lorenz : Amiral ! La puissance de feu des appareils Kaliméris est...
Il n'eut pas besoin d'en dire davantage. Les ennemis tirèrent une nouvelle salve et brisèrent le bouclier d'énergie comme s'il avait été en papier.
Kent : Que tous les éléments convergent vers ces adversaires et commencent le bombardement ! Destruction prioritaire.
La suite fut effroyable. Ces nouveaux appareils, patauds et peu mobiles, restèrent quasiment sur place. Ils encaissèrent toute la brutalité dont est capable une flotte impériale sans émettre la moindre plainte, ne cherchant même pas à répliquer. Ils avaient des cibles et s'y tenaient, frappant de toutes leurs batteries les cuirassés. Avec une efficacité mécanique terrifiante, ils finirent de tailler en pièce la Voix de Grâce pendant les trente minutes qui suivirent et commencèrent à entamer le bouclier du Honneur et Patrie.
Le vaisseau-amiral, où se trouve l'amiral Kent.
L'ensemble de la flotte frappait et avec tout ce dont elle disposait. Même les MISS et chasseurs rescapésutilisèrent le peu d'armement lourd qui leur avait été ramené par la flotte de l'amiral pour neutraliser aussi vite que possible ces croiseurs de malheur. Pas de stratégie, pas de manœuvres, pas de formation. On se battait avec ces horreurs comme si on avait la jambe prise par un prédateur affamé qui cherche à vous dévorer tout en ignorant vos efforts pour vous débattre. Quand le premier des quatre vaisseaux finit par exploser en une sphère de lumière, on poussa des vivats vite ravalés quand l'équipage assista à la chute du bouclier d'énergie du vaisseau-amiral. Avec des efforts renouvelés, on mis toutes les armes disponibles en joue sur les trois appareils restants, les détruisant sans méthode mais avec efficacité. Quand le dernier ennemi explosa, Lorenz se laissa aller dans son siège,soupirant de satisfaction.
Enfin !
Enfin ils ont détruits de ces maudits vaisseaux Kaliméris !
Puis il se rappela la présence de la flotte juste derrière la raffinerie à moitié détruite par les tirs perdus. Se raidissant sur son siège, il fit basculer la vue tactique, l'agrandissant pour inclure les appareils extérieurs à la bataille qui vient de se finir.
De façon bien ordonnée, la flotte se repliait.
Ils n'avaient jamais envisagé d'affronter l'armada impériale. Juste d'assister au spectacle. Ils ont laissé les quatre vaisseaux et leurs occupants mourir sous leurs yeux, sans même essayer de leur venir en aide.
Se seraient-ils trompés sur ces mineurs ? Seraient-ils nettement plus impitoyables que ce que l'on avait cru ? Ses pensées furent interrompues par une communication de son supérieur. Il fronçait les sourcils, ne partageant visiblement pas la joie des équipages.
Kent : Ils nous ont eu... Les navettes de sauvetage envoyés dans les débris des appareils adverses viennent de revenir. Je cherchais des prisonniers, du personnel dans des capsules de survie... Il n'y en a pas.
Lorenz : Ils... Ils sont tous morts à leur poste ?
Kent : Non. Il n'y a jamais eu personne. Même si ils sont réduits à des épaves, on reconnaît la fonctionnalité des composants et des compartiments. Il n'y a aucune pièce à vivre, de cantine, de poste de pilotage... Ces vaisseaux étaient télécommandés.
Lorenz : Mais qui...
La flotte ennemie. Au loin. Regardant sans agir.
Sans agir ?! Mon cul, oui !
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