YaGabriel
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Un jeune homme ébranlé par une rupture amoureuse et les confinements successifs décide de se lancer éperdument dans l'écriture d'un livre. On découvre au fur et à mesure de ses écrits qu'ils sont le reflet d'une maladie qui le touche lui et sa famille. Ces écrits, véritables symptômes, l'accompagnent jusqu'à la révélation ultime qui le conduit à l'hôpital psychiatrique. À sa sortie, il décide de reprendre ce que la pathologie lui a fait écrire pour en faire le témoignage de son parcours et se guérir par l'écriture.
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Des plumes gorgées de rouge peinture à l’huile,
Croqués d’une seule touche, un trait de sanguine,
plongent vers les gorges des toitures en tuiles,
Pour se nicher dans les pailles et feuilles câlines.
Rouge chant libéré des désirs de la gorge
Se gorge comme un ver de la pomme ce monde,
S’engouffrant dans les gouffres et toutes les gorges,
Ne frôlant de ces gorges que les troublées ondes.
Un torrent de plaisir en tomate cerise,
Qui éclaterait en bouche d’un croc du chat.
Qu’importe puisqu’il n’est porté que par la brise,
Son sceau ne pèse rien, sa liberté est là.
(ce poème est extrait de mon roman "Je tout-puissant" - n'hésitez pas à aller y jeter un coup d'oeil, vous comprendrez peut être plus le contexte de ce poème)
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La Maxime était toujours griffonnée la veille, avant même que la maitresse ne fasse assoir les élèves sur leurs chaises dès huit heures du matin. Au fond de la classe, assez loin pour qu’elle ne puisse voir ses bâillements, il se demandait qui était Maxime et que serait une Bernard écrite au tableau. Quelque chose d’illisible et brutal. Pas même une pensée,peut-être juste un mot, une interjection. Elle eût été comme ses gravures sur son bureau, celui qu’il poncerait avec le père Adrien en juillet. Il serait en chemise auréolée, au milieu de faisceaux de suie et de lumière qui s’échapperaient des larges fenêtres. Bernard attendait ce moment. La cloche sonnerait aussi de l’autre côté du mur, derrière la mairie et les filles retrouveraient alors les garçons sur ses marches. L’été dernier elles étaient toutes embaumées de tilleul, dont elles faisaient des infusions, avec Mme Denis. La main de la vieille dame dépassait parfois du mur pour ramasser des bouquets. Mylène avait été dispensée de cueillette, pour cause d’allergies. Mais Bernard avait senti son nez mouillé lorsque elle l’avait embrassé sur la joue. Bernard tourna la tête en espérant voir l’été. Rien que ce tilleul déshabillé.
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Sa mère ne voyait pas que son pantalon changeait de couleur. Le lendemain, il le mettait dans son sac pour le rendre à l’école, Encore une fois, il avait senti tout se relâcher. Un soulagement affligeant. Puis une chaleur dans l’entre-jambe qui coule jusqu’aux chaussettes. Il fut passé par la porte de derrière, près des portes manteaux, là où il avait pour la première fois, écrit son nom. « Virginie », qu’il eut dit lorsque il l’avait croisé dans le couloir, « j’ai besoin d’un pantalon ». Dans la classe non plus, personne ne remarquait son pantalon. Pas même Lou Anne qui se retournait avec deux grands yeux bleus. Elle lui prêtait son bic et il lui rendait mâchouillé. Il attendait devant la grille contre laquelle tout ses camarades s’écrasaient. Puis Lou Anne vit sa mère et il se trouva seul. La maitresse attendait à sa mère à ses côtés. La jeune femme à qui elle avait refusé de prendre Gabriel le jour de la rentrée, la jugeant trop jeune. Sa mère serait arrivé bientôt, après ses cours à la fac, elle lui donnerait sa main pleines de stabilo. Dans sa poche, il y aurait un ticket pour le carrousel, provenant de la pile à l’appartement. La voilà. Avec son sourire tout excité. Ils se
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bonjour à tous, voici le premier chapitre d'une idée de roman policier (une sorte de pilote) autour du personnage de ma nouvelle "la fenêtre". C'est inspiré de la vie de mon grand-père. C'est assez long mais pas plus que le chapitre d'un roman publié. Dites moi ce que vous en pensez ! Merci ! Chapitre 1 Jules retira sa casquette et signa. Il s’accrocha au sommier pour contenir les autres qui s’empressaient derrière lui, le sommant de les laisser passer. Les chuchotements emplissaient la pièce au point de l’agacer. Il n’arrivait plus à réfléchir. Il regarda autour de lui. Il n’eut jamais autant de monde dans la chambre du père Simon. Tous connaissaient ce pauvre homme sans jamais en être proche. Jules l’appréciait. Le type lui semblait sympathique lorsque, d’une main, il lui faisait signe depuis la haie, l’autre fourrée dans un sachet de croissants qui le faisaient maigrir à mesure qu’il en mangeait. L’enquête de Jules eut commencé après avoir remarqué son absence depuis plusieurs jours. L’intuition. Il avait remonté le chemin et ouvert la porte sans frapper. Mort. Il était mort, étalé sur ce lit. Le village fut prévenu et désormais sur la pointe des pieds, amassé derrière lui. Il
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Je me tiens fièrement sur le bord de l'évier de la salle de bains, comme un trophée, toujours plus brillant que le précédent. Tout dépend de ma position, mais souvent, je ne vois que mon relfet, une tache rose embuée dans la vitre. Je pense objectivement être la préférée, avec le savon. Il y a ma voisine aussi, laquelle, enduite de cette pâte blanchâtre à la menthe, tremble de joie à l'idée de rejoindre la chaleur. Mais elle reste superficielle et ne va pas au fond des choses. A cette heure de la journée je devrais être bien à l'abri. Elle a oublié de me ranger dans le tiroir sous l'évier. Grossière erreur. J'ai moi même paniqué en entendant depuis la salle de bain, ce petit garçon venu prendre sa douche. Le fils du voisin dont la chaudière ne fonctionne plus. Ses pas dans l'escalier échappant à la glissade. Son chant sous l'eau. Sa tête qui dispararait sous un drap. Il se regarde dans le miroir et bombe le torse. Il ne faut pas paraître suspect, alors je fais de même. Je me tiens droite entre les deux brosses à dents électriques. Mais son regard se pose sur ma tête. "Oh un champignon". Mon sang s'accèlère dans mes veines rose bonbon. Il me saisit et fait de moi une valeureuse épée
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Défi
Regarder la ville depuis son embarcation, c’était admirer sa beauté comme un tout. Après avoir largué les amarres, lorsque ce n’était pas pour pécher, son regard ne se perdait pas au loin vers l’Albanie, mais bien vers les collines d’Ohrid. Ce nom vient, disait-il aux touristes qu’il emmenait faire un tour les soirs de beau temps, du son des soupirs lâchés par ceux qui montaient jusqu’en haut. Il descendit sur le quai, là où Aleksandar lui avait donné rendez-vous. Zohra posa le pied à terre et regrettait comme toujours le balancement léger mais réconfortant du lac. Il arbora sa casquette de marin d’eau douce, l’enlevait pour saluer les passants en révélant sa calvitie. Lorsqu’il trouverait une famille, il la mettrait sur la tête d’un enfant qui n’y verrait plus rien. Pour l’instant, elles détournaient le regard comme devant un mendiant. Il misait tous sur ses voiles couleurs vermeil, sans doute avaient-elles convaincues le couple de la veille. Charmants mais insensibles aux explications sur le nom de la ville, ni à tous le savoir que Zohra avait accumulé depuis des années. La seule chose qu’ils lui avaient demandé était son nom. « Zohra » qui l’eut dit. Zohra veut dire peu de temps
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Défi
L’interdit rend la chose aussi intense que précipitée. Il emplissait sa bouche entrouverte de baisers, lui mordant les lèvres sans qu’elle ne tourne la tête. Les rictus qui déformaient joyeusement son visage ont laissé place à l’extasique paralysie du plaisir. Ils s’étendaient ainsi sur la table en acier. Les paumes des mains ouvertes pour recueillir la chair. Elle s’épluche comme un fruit bien mûr, se détache du corps et des visages pour les rendre plus nus que nus. Les doigts tissent le désir dans le grain de la peau et s’enfoncent en elle pour caresser ses reins. Alors le corps tout entier est une muqueuse. Elle est blanche comme la lumière d’un phare. Elle le guide jusqu’à qu’il soit en elle. Comme la lune, il fait descendre et monter ses marées, avec sur le bout de la langue, le sel de leurs enlacements sablonneux. Ils ne couvrent pas entièrement son inquiétude. Il sait qu'il pourrait arriver d’une minute à l'autre et le voir lui, avec elle. Mais il ne peut pas s’arrêter, pas maintenant. C’est physiquement impossible. Bernard cherche le regard de Madame Denis, en vain. Il trouve son odeur et la retient dans une inspiration. Au moment de la souffler dans un gémissement, la po
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Ces secondes paupières s'ouvrent sur ce monde Sous le strabisme des roulettes de valise , Les équations de ces panneaux qui nous enlisent, Debout dans ces arborées artères qui grondent Quadriller les rues comme un fou jusqu'à la tour, Piétiner devant la cambrure des statues, plisser les yeux pour en discerner les contours Et complexer courbé devant le marbre nu La longue muraille de balcons d'opéra, Ses climatiseurs comme des nids de frelons Sous lesquels se liquéfient les ombres des chats Lapées par les flots de graffitis à la con Il n'y a dans mon coeur ni marée ni écume Les poumons de vagues serrés par les enclumes nappés de lumière comme de l'argenture Où glissent les yeux cataractés de l'azur Les mantes religieuses se sont agrippées à l'astre percé comme un jaune sur le blanc Battu par les pâles de voiliers dénudés Que ça ne dérangent pas de faire semblant Des fines vagues bleues peignées par l'or du soir Une couche d'horizons ridés par le vent, La révélation d'une ombre divinatoire Qui s'incline au loin devant le port flamboyant, Une galère fuse à travers la Macédoine les caramels fondent sur le sucre de cannes L'ambre entre les mains, le goût des larmes de vin É
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