
YaGabriel
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Un jeune homme ébranlé par une rupture amoureuse et les confinements successifs décide de se lancer éperdument dans l'écriture d'un livre. On découvre au fur et à mesure de ses écrits qu'ils sont le reflet d'une maladie qui le touche lui et sa famille. Ces écrits, véritables symptômes, l'accompagnent jusqu'à la révélation ultime qui le conduit à l'hôpital psychiatrique. À sa sortie, il décide de reprendre ce que la pathologie lui a fait écrire pour en faire le témoignage de son parcours et se guérir par l'écriture.
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Des plumes gorgées de rouge peinture à l’huile,
Croqués d’une seule touche, un trait de sanguine,
plongent vers les gorges des toitures en tuiles,
Pour se nicher dans les pailles et feuilles câlines.
Rouge chant libéré des désirs de la gorge
Se gorge comme un ver de la pomme ce monde,
S’engouffrant dans les gouffres et toutes les gorges,
Ne frôlant de ces gorges que les troublées ondes.
Un torrent de plaisir en tomate cerise,
Qui éclaterait en bouche d’un croc du chat.
Qu’importe puisqu’il n’est porté que par la brise,
Son sceau ne pèse rien, sa liberté est là.
(ce poème est extrait de mon roman "Je tout-puissant" - n'hésitez pas à aller y jeter un coup d'oeil, vous comprendrez peut être plus le contexte de ce poème)
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Défi
Sa mère ne voyait pas que son pantalon changeait de couleur. Le lendemain, il le mettait dans son sac pour le rendre à l’école, Encore une fois, il avait senti tout se relâcher. Un soulagement affligeant. Puis une chaleur dans l’entre-jambe qui coule jusqu’aux chaussettes. Il fut passé par la porte de derrière, près des portes manteaux, là où il avait pour la première fois, écrit son nom. « Virginie », qu’il eut dit lorsque il l’avait croisé dans le couloir, « j’ai besoin d’un pantalon ». Dans la classe non plus, personne ne remarquait son pantalon. Pas même Lou Anne qui se retournait avec deux grands yeux bleus. Elle lui prêtait son bic et il lui rendait mâchouillé.
Il attendait devant la grille contre laquelle tout ses camarades s’écrasaient. Puis Lou Anne vit sa mère et il se trouva seul. La maitresse attendait à sa mère à ses côtés. La jeune femme à qui elle avait refusé de prendre Gabriel le jour de la rentrée, la jugeant trop jeune. Sa mère serait arrivé bientôt, après ses cours à la fac, elle lui donnerait sa main pleines de stabilo. Dans sa poche, il y aurait un ticket pour le carrousel, provenant de la pile à l’appartement. La voilà. Avec son sourire tout excité. Ils se mirent en route sans attendre. Sa mère pressait le pas, toujours plus. Comme sa manière de parler. Elle parlait beaucoup plus que d’habitude et il ne comprenait pas tout. Il passèrent les fontaines et grilles dorées de la place Stanislas. Gabriel goûta une fois de plus à l’ivresse sur son étalon. Elle réussit à l’en extirper par la promesse d’une glace. Ils prirent la rue vers le quartier Beauregard ne marchant que sur un pavé sur deux, sa mère aussi.
La soirée passa vite. Il attendait dans le lit que sa mère finisse ses lectures, et dans un demi sommeil, la sentait se blottir contre lui, les cheveux encore mouillés de son shampoing.
La semaine suivante ils n’allèrent pas au parc. Il se demanda si pleurer la ferait changer d’avis. Sa mère trépignait et lorsque ils arrivèrent chez eux elle s’effondra en larmes. Puis elle releva la tête et il pu voir une joie triste tordre son visage. Gabriel se dit que c’était de la faute de son père, en déplacement. Cela lui convenait, les déplacements, car il pouvait dormir avec sa mère. Trois nuits de suite, elle finissait de réviser ses cours mais ces fois là, Gabriel ne senti pas ses cheveux sur l’oreiller. Elle le réveilla un matin comme si l’appartement était en feu. Ses yeux flottaient dans ses orbites. Tu n’iras pas à l’école qu’elle lui dit. On va dessiner. Viens là. Elle lui donna un feutre. Exprime toi, dessine sur le mur. Il fit non de la tête. Alors il vit sa mère tracer des volutes sur la tapisserie blanche, décapitant les stylos avec ses dents. Son père allait bientôt arriver et il tremblait à l’idée de le voir découvrir l’œuvre de sa mère. Il essaya de ranger les feuilles barbouillées qui jonchaient le sol. Il ne savait pas lire mais dans le cas contraire il n’aurait rien compris. Une porte claqua dans le couloir. Il se tourna. Sa mère ne bougeait plus, figée comme les fontaines en hiver sur la place, comme la statue en son centre. Ses muscles ne tenaient plus son visage. Il coule. Maman, qu’il lui dit en agitant sa main devant son visage. Elle devait lui faire une blague, elle allait sortir de sa catatonie en faisant un grand « bouh ». Il n’était pas inquiet, il voyait bien qu’elle était là, présente, dans ses yeux. Son père entra et il sauta dans ses bras.
Il ne savait pas quoi penser de tout cela, la tête collée à la vitre de la voiture. Celle de ses grand-parents qui le ramenaient chez eux. Une nouvelle école dans laquelle il espérait ne pas se pisser dessus. Le soir il entendait les discussions. Une fois il décida d’ouvrir la porte. Sa grand-mère réussissait à crier en chuchotant . « Elle est comme toi Jean-Pierre ». Il ne savait pas quoi penser de cela non plus. Son grand-père était comme très actif ou très lent, il changeait beaucoup. Il dormait très peu ou pas du tout. Il réussit à trouver le calme, bercé par le parfum de sa mère embaumant l'oreiller.
Il se réveilla pris de terreur comme chaque nuit depuis une semaine déjà, se demandait pourquoi il n’avait plus Papa et Maman en même temps au téléphone. Et pourquoi il entendait de moins en moins Maman. Sa grand-mère vint le chercher. Il posa sa tête sur ses genoux. Qu’est ce qu’il se passe ? « Maman est malade, Papa travaille » elle caressait ses cheveux. « Tu comprendras plus tard ».
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La Maxime était toujours griffonnée la veille, avant même que la maitresse ne fasse assoir les élèves sur leurs chaises dès huit heures du matin. Au fond de la classe, assez loin pour qu’elle ne puisse voir ses bâillements, il se demandait qui était Maxime et que serait une Bernard écrite au tableau. Quelque chose d’illisible et brutal. Pas même une pensée,peut-être juste un mot, une interjection. Elle eût été comme ses gravures sur son bureau, celui qu’il poncerait avec le père Adrien en juillet. Il serait en chemise auréolée, au milieu de faisceaux de suie et de lumière qui s’échapperaient des larges fenêtres. Bernard attendait ce moment. La cloche sonnerait aussi de l’autre côté du mur, derrière la mairie et les filles retrouveraient alors les garçons sur ses marches. L’été dernier elles étaient toutes embaumées de tilleul, dont elles faisaient des infusions, avec Mme Denis. La main de la vieille dame dépassait parfois du mur pour ramasser des bouquets. Mylène avait été dispensée de cueillette, pour cause d’allergies. Mais Bernard avait senti son nez mouillé lorsque elle l’avait embrassé sur la joue.
Bernard tourna la tête en espérant voir l’été. Rien que ce tilleul déshabillé. La maitresse fit répéter la poésie et lui n’en prononçait que les premières syllabes. Elle tenait sa craie comme un pinceau et de son autre main, les conduisait comme un orchestre, hochait la tête en direction des lèvres comme pour en extraire les vers. Bernard avait appris le mot vers et imaginait depuis, ses camarades cracher des asticots. Il y avait le mot verre aussi. Comme le papier de verre, cette feuille que lui avait tendue le père Adrien pour son bureau. Il renversa de l’encre et s’en mit plein les doigts, demanda à aller aux toilettes et tira la langue à Alain en passant. Alain était l’ami d’un ami dont on avait perdu la trace. Alain n’avait pas de lunettes. Son nom était gravé sur la poutre devant les urinoirs. Il ne savait pas assez bien lire pour comprendre les mots qui suivaient. Il se soulagea et regarda son urine rejoindre celle des autres, gelées en janvier et sur laquelle on glissait dans la cour.
La maitresse, qu’est ce qu’elle est belle se disait Bernard. Légère comme le linge qu’étendait sa mère et qu’il rangerait en rentrant à la maison. Les autres disaient qu’elle avait les cheveux orange. Mais le mot orange et aucun autre mot ne lui convenait. Ils étaient comme le ciel du matin, flottants comme des nuages. Des reflets comme la croute du pain qu’il allait chercher le matin, croquante. Elle avait les mains pleines de craie comme de la farine qu’elle étalait sur le tableau. Il évitait son regard, il ne fallait pas qu’elle le sache qu’il se disait. Alain se dandinait sur sa chaise et leva le doigt comme personne ne le faisait. Elle se pencha vers lui et Bernard vit son sourire. Alors ses poumons s’enflammèrent et sa tête tournait comme lorsque son père lui avait fait boire son whisky. Il était amoureux de la maitresse. Beaucoup d’élèves se disaient amoureux de la maitresse, mais lui c’était différent. Il ne sut pas dire quelle différence il y avait entre cette sensation de jalousie et ce sentiment qui rassemblait les adultes entre eux. Mylène et lui faisaient semblant. La cloche retentit dans le couloir bientôt inondé, à l'exception d'Alain qui resta discuter avec la maitresse.
Bernard le rattrapa sur les marches de la mairie.
— A quoi tu joues avec Dubois ? Siffla-t-il.
— T’es jaloux ? Tu n’as qu’à travailler.
— C’est moi qu’elle préfère ! Lança Bernard en essayant de croire ce qu’il disait.
— Demain dans le parc, dix-huit heure.
Il rentra chez, ne lâchant pas ses pensées, comme ce caillou auquel il donnait des coup de pieds. La maitresse n’aimait pas les fayot, mais les mecs forts, comme lui. Quelqu’un qui a du mal à apprendre sa poésie, certes, mais qui la récite sans rougir et le buste bombé. Alain ne connaissait pas la vie, il habitait près du parc, dans le quartier Léopold, là où les enfants ne se prenait pas de claque en arrivant en retard au diner. Bernard arriva à Beauregard, salua sa mère à l’étage, qui faisait claquer un tapis contre le bord de la fenêtre. Il posa sa casquette près des pommes de terre à éplucher, sur les journaux remplis des mots-croisés qu’elle noircissait au crayon.
— Maman, tu peux me faire réviser ma poésie ?
Elle le regarda avec deux yeux ronds et Bernard plongea dans son sac pour en extirper le texte froissé. Un poème de Jacques Pivert qu’il dit. Il répéta après elle : « sous les huées des enfants prodiges, avec des craies de toutes les couleurs, sur le tableau noir du malheur, il dessine le visage du bonheur ». Il alla se coucher.
Le lendemain, il fut concentré en mangeant le pain qu’il avait été cherché. Il essuya ses lèvres d’un revers de manche et se mit en route. Il contractait ses muscles, donnait des coups de poing pour de faux. Les gens le regardaient. Il posa ses yeux sur leur croissants qui s’émiettaient pour le plaisir des pigeons de la place Stanislas. Sa statue posait fièrement avec un doigt levé, Bernard allait tordre celui d’Alain. Au bord des imposantes grilles du parc, les fontaines étaient gelées comme la pisse de la cours de récrée. Il se demanda quelle serait la règle. Dans les films de western, ils marchaient dos à dos avant de se retourner. Mylène était au milieu du kiosque et lançait des regards tristes en direction de Bernard, qui n’avait en tête que la maitresse et son rival. Elle édicta les règles.
— Au gagnant, je donnerai l’adresse de la maitresse.
Le cœur de Bernard accéléra.
— Ce parc est trop petit pour nous deux, dit-il en plissant les yeux.
Il cracha par terre avant de se jeter sur Alain. Les coups atteignaient mollement les mâchoires. Donner faisait plus mal que recevoir. Alain réussit à lui couper le souffle. Puis Bernard de ses deux mains, le projeta contre le sol. Alain étalé sur le dos, ne bougeait plus. Rien. Bernard ressentit quelque chose pour lequel il n’avait, encore une fois, pas de mots. Mylène pleurait. Il se demanda ce qu’il dirait à sa mère. Un accident, c’était un accident. Bernard enfonça son doigt dans la joue du vaincu. Rien. Une seconde fois. Alors Alain éclata de rire. Un rire qui se transforma en une grimace dont s’échappait le bout de sa langue.
Bernard regarda la frimousse de Mylène, qui ne sut pas quoi faire de sa bouche. Alors elle s’approcha de son oreille pour lui murmurer la récompense. Il détala, battant le pavé où se reflétait les lampadaires, demandant aux passants et où se situait cette rue. Sur le chemin, à la fermeture d’un fleuriste, il dépensa son argent de poche dans une rose plus cher qu’un croissant. Il arriva dans chemin semblable au sien mais dans la nuit, ne parvenait pas à distinguer les numéros. Une fenêtre donnait sur de la musique et une lumière ocre dont se détachait une silhouette. Sa silhouette. Il était tapis dans le noir, les deux mains accrochées au bord et ses yeux grands ouverts cachés par le rideau en dentelle. Elle portait quelque chose de fin, transparent et membrané. Ce n’était pas le pyjama rayé de sa mère. Il sortit de son cartable le cahier de poésie affublé de son nom et l’ouvrit jusqu’à une page cornée, à droite d’un poème de Jacques Pivert. Il eut en tête les images dans les livres que cachait son père. Son cœur battait à la chamade. Il s’appliqua. Il traça ses volutes et sa géométrie. Il se cogna. La tête de la maitresse se tourna en sa direction comme une chouette. Il ne pensa pas avoir été reconnu. Il se mit à courir, pensant déjà à ce qu’il raconterait demain aux autres.
Le lendemain, ils s’assirent tous après le signe de la maitresse. Elle fit l’appel et lorsque vint Alain, elle lui demanda d’où venait son œil au beurre noir. Bernard était fier sur sa chaise. Il discutait avec ses voisins.
— Les amis, vous ne croirez jamais ce qu’il s’est passé.
Il mit la main dans son cartable pour en apporter la preuve. Rien. Il leva les yeux vers le bureau et distingua bien en évidence le carnet de poésie, la main de la maitresse posée dessus.
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Défi
Regarder la ville depuis son embarcation, c’était admirer sa beauté comme un tout. Après avoir largué les amarres, lorsque ce n’était pas pour pécher, son regard ne se perdait pas au loin vers l’Albanie, mais bien vers les collines d’Ohrid. Ce nom vient, disait-il aux touristes qu’il emmenait faire un tour les soirs de beau temps, du son des soupirs lâchés par ceux qui montaient jusqu’en haut. Il descendit sur le quai, là où Aleksandar lui avait donné rendez-vous.
Zohra posa le pied à terre et regrettait comme toujours le balancement léger mais réconfortant du lac. Il arbora sa casquette de marin d’eau douce, l’enlevait pour saluer les passants en révélant sa calvitie. Lorsqu’il trouverait une famille, il la mettrait sur la tête d’un enfant qui n’y verrait plus rien. Pour l’instant, elles détournaient le regard comme devant un mendiant. Il misait tous sur ses voiles couleurs vermeil, sans doute avaient-elles convaincues le couple de la veille. Charmants mais insensibles aux explications sur le nom de la ville, ni à tous le savoir que Zohra avait accumulé depuis des années. La seule chose qu’ils lui avaient demandé était son nom. « Zohra » qui l’eut dit. Zohra veut dire peu de temps avant l’aube, c’est à cet instant qu’il fut né. Depuis, il mettait les voiles en même temps que les pêcheurs pour voir le soleil se lever. Et il se sentais naitre chaque matin.
L’homme au long manteau arriva sur le quai en boitant, déterminé. Il fit tomber le chapeau d’un vieil homme qui s’énerva et que seul l’insigne de police réussit à calmer. « Zohra » qu’il lui dit. « Une jeune fille a disparu, cet après-midi, j’ai besoin de ton bateau ». Le marin s’inquiétât, il devait la connaître, comme il connaissait toute la ville. « J’ai interrogé la mère, elle était au bord de la falaise ». L’ami du marin, Aleksandar était en retard. « Je ne pars pas sans lui » dit Zohra. Il commençait à s’impatienter lorsque il arriva en bousculant le même vieil homme. Il vit l’inspecteur qui commençait à lui faire part de la raison de sa visite. Il le coupa. « Je sais, j’étais avec le petit-ami. Un chanceux, beaucoup d’hommes aimeraient être à sa place. Enfin, pas aujourd’hui ».
L’inspecteur regardait au loin vers la neige éternelle. Difficile de l’entendre avec le claquement des voiles. « À droite ». Ils glissaient vers le silence. « Encore un peu ». Il arrivèrent devant le paysage des cartes postales qui se vendaient sur le port. Les cyprès se dressaient comme des trainées de poudre. Ils entouraient une église où ça sentait l’encens. L’enquêteur leva la main, sûr de lui. Zohra se pencha à tribord, et ce fut comme si son cœur tombait dans l’eau. Il reconnu son visage sans pouvoir y mettre un nom. Elle flottait près d’un rocher dans une robe de flanelle. Un visage auparavant fin mais désormais bouffi. Tous ses vaisseaux sanguins viraient au bleu. Aleksander descendit l’enrouler avec une corde grâce à laquelle Zohra la fit monter sur la cale. L’inspecteur, un homme pourtant froid, semblait profondément touché. Il s’essuya d’un revers de manche. Il se retourna et repris son air impassible. « Bon. On rentre ». « Et alors ? » demanda le marin. « C’est un suicide ou un accident, rien de plus ». Zohra regarda ces planches ou devraient gésir les poissons. Il tourne délicatement la tête de la jeune fille. « Elle a des marques au cou, il est abimé, regardez » il fallu convaincre l’enquêteur qui se pencha à son tour. Il la découvrit sa chemise. Du sang. Aleksandar fit un pas en arrière. Il avait les yeux ronds. Il se tenait devant l’inspecteur et prit de sueurs froides, il vomit.
« Qui aurait pu faire une chose pareille ? » demanda l’ami de Zohra. Ils se tournèrent vers la rive jonchée de galets et des affaires de l’ermite. Ce dernier les fixa sans détourner le regard. Il vivait là chaque étés depuis plusieurs années, faisant parfois la manche sur les marches de l’église. Quand ils étaient enfants, ils bronzaient sur la plage de galets brûlants et lançaient les plus petits pour faire des ricochets. Parfois, des prêtres de là haut descendaient parler avec eux. C’est de là que Zohra tirait tout son savoir sur la région. « Je suis sûr que c’est lui » disait Aleksandar. Il avait raison, l’homme fantastique aurait pu tenter le la voler, comme il le faisait souvent. « Un accident de ce genre, ça arrive vite ».
L’inspecteur était songeur. Il demanda aux marins de rester à bord et mouilla son pantalon jusqu’aux cuisses vers la rive. L’homme commença à détaler mais le policier le rattrapa. Zohra et Aleksander les regardaient sans pouvoir les entendre. « Ça va ? » demanda le premier à son ami. « Très bien » lui répondit-il avant de replonger dans ses pensées. « t’imagines quand la mère apprendra ça ». Zohra n’avait pas de pensées. L’enquêteur laissa l’ermite. Les deux hommes le virent faire signe. Il monta difficilement avec sa jambe. « Rien » dit-il. Ils baissèrent la tête. « Mais j’ai une piste ». « Ah oui ? ». « il a vu le copain s’enfuir ». Le bateau s’éloigna. « Ça ne peut pas être lui » lança Zohra consterné. Il se retourna.
Le visage d’Aleksander s’éclaira. Il afficha un grand sourire. « Qu’est ce qu’il y a ? ». Il sortit l’arme de l’inspecteur de son manteau et la braqua en direction du policier. Zohra paniqua et fut dévasté par l’idée que celui qu’il considérait comme son frère ait pu faire une chose pareille. « Pourquoi ? » demanda t’il désemparé. Le policier fit un pas et l’autre jubilait. « Crime passionnel ». Il regarda l’enquêteur. « Pas moi. C’est lui ».
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Défi
L’interdit rend la chose aussi intense que précipitée. Il emplissait sa bouche entrouverte de baisers, lui mordant les lèvres sans qu’elle ne tourne la tête. Les rictus qui déformaient joyeusement son visage ont laissé place à l’extasique paralysie du plaisir. Ils s’étendaient ainsi sur la table en acier. Les paumes des mains ouvertes pour recueillir la chair. Elle s’épluche comme un fruit bien mûr, se détache du corps et des visages pour les rendre plus nus que nus. Les doigts tissent le désir dans le grain de la peau et s’enfoncent en elle pour caresser ses reins. Alors le corps tout entier est une muqueuse.
Elle est blanche comme la lumière d’un phare. Elle le guide jusqu’à qu’il soit en elle. Comme la lune, il fait descendre et monter ses marées, avec sur le bout de la langue, le sel de leurs enlacements sablonneux. Ils ne couvrent pas entièrement son inquiétude. Il sait qu'il pourrait arriver d’une minute à l'autre et le voir lui, avec elle. Mais il ne peut pas s’arrêter, pas maintenant. C’est physiquement impossible. Bernard cherche le regard de Madame Denis, en vain. Il trouve son odeur et la retient dans une inspiration. Au moment de la souffler dans un gémissement, la porte s’ouvre sur son ami, les bras ballants, estomaqué. Il enlève son masque et ses lunettes pour les regarder imbriqués.
— Putain Bernard
— Je suis désolé Patrick
— Mais pourquoi tu l’as baisé ?
— qu’aurais-tu voulu que je fasse ?
— l’autopsie Bernard, l’autopsie.
D'après une idée du poète J.M Bigard.
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Ces secondes paupières s'ouvrent sur ce monde
Sous le strabisme des roulettes de valise ,
Les équations de ces panneaux qui nous enlisent,
Debout dans ces arborées artères qui grondent
Quadriller les rues comme un fou jusqu'à la tour,
Piétiner devant la cambrure des statues,
plisser les yeux pour en discerner les contours
Et complexer courbé devant le marbre nu
La longue muraille de balcons d'opéra,
Ses climatiseurs comme des nids de frelons
Sous lesquels se liquéfient les ombres des chats
Lapées par les flots de graffitis à la con
Il n'y a dans mon coeur ni marée ni écume
Les poumons de vagues serrés par les enclumes
nappés de lumière comme de l'argenture
Où glissent les yeux cataractés de l'azur
Les mantes religieuses se sont agrippées
à l'astre percé comme un jaune sur le blanc
Battu par les pâles de voiliers dénudés
Que ça ne dérangent pas de faire semblant
Des fines vagues bleues peignées par l'or du soir
Une couche d'horizons ridés par le vent,
La révélation d'une ombre divinatoire
Qui s'incline au loin devant le port flamboyant,
Une galère fuse à travers la Macédoine
les caramels fondent sur le sucre de cannes
L'ambre entre les mains, le goût des larmes de vin
Éclaboussant le ciel d'octobre ce parchemin
Des oeillères dans les oreilles s'envolant
Comme une flèche des bandés zygomatiques
Décalottant tout ces sourires électriques
Et les dents du bonheur de nos catamarans
Paix des Oliviers imbibés du crépuscule,
Imprègne ma cornée de tes animacules
Cyprès Dressés comme une traînées de cendre
De braises enfouies pour une vie sans méandres
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bonjour à tous, voici le premier chapitre d'une idée de roman policier (une sorte de pilote) autour du personnage de ma nouvelle "la fenêtre". C'est inspiré de la vie de mon grand-père. C'est assez long mais pas plus que le chapitre d'un roman publié. Dites moi ce que vous en pensez ! Merci !
Chapitre 1
Jules retira sa casquette et signa. Il s’accrocha au sommier pour contenir les autres qui s’empressaient derrière lui, le sommant de les laisser passer. Les chuchotements emplissaient la pièce au point de l’agacer. Il n’arrivait plus à réfléchir. Il regarda autour de lui. Il n’eut jamais autant de monde dans la chambre du père Simon. Tous connaissaient ce pauvre homme sans jamais en être proche. Jules l’appréciait. Le type lui semblait sympathique lorsque, d’une main, il lui faisait signe depuis la haie, l’autre fourrée dans un sachet de croissants qui le faisaient maigrir à mesure qu’il en mangeait.
L’enquête de Jules eut commencé après avoir remarqué son absence depuis plusieurs jours. L’intuition. Il avait remonté le chemin et ouvert la porte sans frapper. Mort. Il était mort, étalé sur ce lit. Le village fut prévenu et désormais sur la pointe des pieds, amassé derrière lui.
Ils commencèrent à l’écraser, c’était une petite pièce où l’on étouffait même en hiver. Jules regarda dans le poêle pour y trouver des braises. Derrière la fenêtre, un groupe d’hommes se réchauffait avec du calva. Jules pensait à ces chanteurs qui devenaient célèbres une fois partis. Le père Simon avait fait une sortie remarquée qu’ils n’oubliraient pas, l’inscrivant dans l’Histoire communale. Tout le monde s’agita sans raison, commençant à partager des souvenirs, parfois juste en hochant la tête et en regardant dans le vide.
— Il faut prévenir sa famille, lance-t-on depuis le fond de la chambre.
À cette parole succéda un brouhaha comme le remous d’une vague. Sa famille ne serait pas là se dit Jules. Cet homme avait déjà enterré ses parents. Jules observa le grand lit et chercha dans sa mémoire s’il avait déjà vu cet homme avec quelqu’un. Il était toujours attentionné. Ce geste de la main depuis la haie. Ces compliments sifflés. Cette courbette recroquevillée lorsqu’il ouvrait la porte aux dames. Sa relation aux femmes se dit Jules, était une correspondance d’analphabètes. Pourtant, celle qui n’osait le regarder à travers son mouchoir semblait profondément émue. Quand elle fut arrivée, une des premières, la boulangère n’avait cessé de l’appeler comme on arrose une plante déjà condamnée. Elle devait bien être celle qui le connaissait le plus, se dit Jules en gardant l’idée dans un coin de sa tête.
— Où est le médecin ? lança-t-elle
— Il n’y en a plus besoin ma p’tite dame. Il n’a jamais voulu voir de toubib d’sa vie, respectons une dernière fois son choix. On sait tout ce que l’pauvre avait. Dit-il en aspirant ses joues et brandissant son petit doigt.
Jules était intéressé par ce que tout le monde savait. Il sentit une barrière entre lui et ces villageois. Il voulut interroger cet homme et tira alors légèrement sur sa manche. Peut-être lui donnerait-il des informations ?
— Monsieur ? … Monsieur ?
Les plus curieux avaient poussé Jules pour être aux premières loges. Il n’voyait plus qu’entre deux épaules. La lampe à pétrole s’approcha de son visage pour révéler sa peau violacée et Jules se dit qu’il était mort depuis longtemps déjà. Elle semblait fine. Elle n’était plus ce qui à ses yeux faisait un corps, mais simplement une membrane, un masque de cire sur les os du visage. Il n’était plus qu’un sac d’homme. Sans aucune odeur. Ce type n’avait rien fait et pourtant il était mort, si jeune. Jules ne comprenait pas. Il chercha un suspect autour de lui parmi la masse et regarda les fenêtres dans l’espoir de trouver d’éventuelles traces d’effraction. Il tendit la main. Il semblait y avoir quelque chose dans cette poche.
— Déguerpit gamin, siffla le cordonnier en écrasant la casquette de Jules sur son front, ce n’est pas pour toi ce genre de choses.
Jules se vexa. Il enquêtait, il n’était pas comme lui à faire du lèche-vitrines devant les yeux vitreux du pauvre homme. Il claqua la porte et le silence de la campagne le soulagea dès qu’il mit le pied dehors. Il se mouilla le cul contre le siège de sa bicyclette, songea un instant, descendit, puis renversa celle du cordonnier. Après la descente et un virage, il se dirigea vers la ville. Un détour vers l’épicerie dans l’angle. Il n’était pas très aimé là-bas. Discrètement, il regarda au travers de la fenêtre. Elle n’était pas là. Il suffisait de quelques coups de pédales pour que le paysage change. Du béton à la pierre et des jardins aux champs. La liberté. Jules courrait dans sur ces plaines et lorsqu’il reprenait son souffle, il criait à s’époumoner. Des loups lui répondaient. T’es con lui disait son père. Il distingua la fumée de la ferme de ses parents. Elle devenait de plus en plus petite à mesure qu’il s’en approchait.
Il n’eut pas besoin d’ouvrir la porte pour savoir quoi faire. On lui avait fait comprendre l’autre soir, après qu’il eut fait cette connerie. Ce qu’il avait découvert valait bien un aménagement de peine. C’était le héros du village après tout. Il souffla. Aucun de ses amis n’avait été là pour le voir. Il sortit la vache de l’étable avant de constater les dégâts. « Allez ma belle ». Il prit la pelle et une grande inspiration. C’était bien la pire chose qu’il avait vu ce jour-ci. Il pensa au cordonnier et se dit que ce n’était pas pour lui ce genre de chose. Il s’essuya le front. « Regarde-moi cette litière, ma belle, c’est plus propre que mon lit ! ». Il se lava le visage dans l’abreuvoir. Il sentit l’odeur de la soupe avant d’entrer et s’assit à côté de son père qui l’aspirait bruyamment. La sienne était déjà froide. Sa mère les regardait avec tendresse. Elle brisa le silence avec les événements du jour.
— C’est pas nos affaires, la coupa-t-il.
Jules avait du respect pour son père, pas ce respect qu’on impose non, il était naturel. Il pensa que jamais son père n’avait un jour haussé le ton. Le bruit des sabots en sa direction lui suffisait. L’idée même du bruit des sabots lui suffisait. En y repensant, après avoir fait la connerie l’autre soir, c’est lui qui avait choisi sa punition.
Un de ses frères était de vaisselle ce soir alors avant d’aller au lit, Jules porta son livre à la maigre lumière de la pièce principale. Un livre de détective. L’enquête, à son âge, était de réussir à le lire. Il passa de l’autre côté après quelques pages. La pièce était appelée « derrière la porte » et c’était là que tout le monde dormait.
Puisque le père Simon portait toujours ses plus beaux habits alors le corps du pauvre homme fut placé tel quel dans son cercueil, dès le lendemain. Jules s’était réveillé avec le soleil. Il attendait à l’extérieur et ajusta l’étole de son ami qui faisait semblant de fumer avec la vapeur. Charles et lui étaient amis depuis qu’ils s’en souvenaient. Il se dégageait de lui une confiance calme que Jules cherchait sans cesse à impressionner. Ses bêtises se déroulaient sous son regard distrait et la fumée de cigarette.
— Il gèle, regarde mes mains, je vais devenir de la même couleur que l’autre.
Jules se dit qu’au moins leurs robes ne seraient pas tachées pour la procession. Il posa son pied sur la terre qui craquait comme la crème brûlée de sa grand-mère. Les autres étaient arrivés pour faire des glissades, sans Arthur qui faisait le guet. Jules se retourna lui aussi. Il était aisé de le reconnaitre à travers la campagne givrée. Il ressemblait à un merle, se dit Jules, entouré de ses oisillons qui piaillaient dans leur aube blanche. En réalité, depuis qu’il avait regardé à travers le tronc, il savait que des oisillons ressemblaient davantage au type dans la boite derrière eux. Le prêtre fut suivi de porteurs triés à la volée, des fermiers qui devaient avoir moins à faire pendant l’hiver. Jules reconnut son oncle Alfred et en conclut que les autres devaient être ces compagnons de belote. À moins qu’ils n’eurent été un mensonge pour boire. Sans doute qu’il buvait avec eux. Ils semblaient pressés, il serait au fond du trou avant midi.
La porte s’ouvrit en silence. Jules attendait un chant, plus amusant que les liturgies qu’il allait réciter, comme un joyeux anniversaire pour les morts. Après tout, ils aillent bien allumer ses bougies. Le cercueil faisait bien deux fois son poids se dit-il en le voyant passer la porte comme une commode. Le prêtre attaché aux traditions solanelles, confia la croix à Jules et le bénitier à son ami qui lorsque ils se retournèrent, l’aspergea. Il se rappella l’importance de sa fonction sans vraiment la comprendre, bien que tout ceci semblait important. Lorsque la boite reposait au bout de la nef et que résonnaient les chants, Jules sentait en lui la tristesse de la famille. Requiem aeternam dona ei Domine... Ils seraient seuls cette fois. C’était une locomotive sans wagons. Il regardait droit devant comme si sa mère le suivait, elle qui avait fait des pieds et des mains pour le faire servant d’autel. Être enfant de chœur était une fierté, même sans cesse comparée à son frère. Il entreprendrait le séminaire. Une voie similaire semblait tracé à Jules, au moins dans le crâne de sa mère. Lui s’en fichait et voulait juste monter sur Caen, dans une automobile, une belle veste et des gants.
A en voir le bénitier qui tremblait, son ami devait en rêver plus que lui de cette veste.
— Tu l’as vu le type ? demanda t-il dans un frisson.
— C’est moi qui l’ai trouvé, c’est pas de chance la maladie. Ce gars n’a jamais vu d’toubib.
— Il n’était pas malade Jules, c’est l’monstre, dit il avec une grimace.
Son ami lui décrit une bête aforme qui dans l’esprit de Jules, prie les formes les plus terrifiantes. Un monstre qui entre dans les personnes pour les détruire. Plausible. Quand sa mère eut vidé un lapin une fois et bien il y avait un tas de choses à l’intérieur. Il essuya son nez congestionné. Il sentait son cerveau oppressé dans sa tête. Son ami lui proposa un mouchoir. Il dit non. Et si cela lui sortait par le nez ?
— Par où passe t-il ?
— N’importe où.
Jule serra les fesses.
— Ils sont plusieurs ?
— Sans doute.
— Ça te fait peur ?
— Terrifié.
Jules se dit que la chose était enfermée dans le cercueil avec son hôte, il avait entendu les coups de marteaux sur les clous. Ils arrivèrent sur la grande route, celle qu’il avait empruntée la veille à bicyclette. Elle était parsemée de crottins givrés et les porteurs marchaient dessus avec assurance. Trop d’assurance. Une plaque de glace. Les pieds de son oncle allèrent plus vite que son buste. La boite fila. Elle renversa le prêtre. Plus vite que sa luge et peut être même la bicyclette. Si le gars à l’intérieur fut vivant, il aurait pris son pied. Pas un cri. Jules et son ami se continrent. Le prêtre était effaré, deux yeux ronds, et Jules se dit qu’intérieurement, il devait bénir la solitude de cet homme et l’absence de famille. Quant à lui, la seule chose qui lui importait était que la boite était toujours cloutée. Ils y avaient échappé de peu. Les adultes signèrent un accord tacite d’un simple regard et se mirent en marche. Ils pourraient tous rentrer plus tôt. Il pensa à ce qu’il raconterait à Mylène.
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Défi
Je me tiens fièrement sur le bord de l'évier de la salle de bains, comme un trophée, toujours plus brillant que le précédent. Tout dépend de ma position, mais souvent, je ne vois que mon relfet, une tache rose embuée dans la vitre. Je pense objectivement être la préférée, avec le savon. Il y a ma voisine aussi, laquelle, enduite de cette pâte blanchâtre à la menthe, tremble de joie à l'idée de rejoindre la chaleur. Mais elle reste superficielle et ne va pas au fond des choses.
A cette heure de la journée je devrais être bien à l'abri. Elle a oublié de me ranger dans le tiroir sous l'évier. Grossière erreur. J'ai moi même paniqué en entendant depuis la salle de bain, ce petit garçon venu prendre sa douche. Le fils du voisin dont la chaudière ne fonctionne plus. Ses pas dans l'escalier échappant à la glissade. Son chant sous l'eau. Sa tête qui dispararait sous un drap. Il se regarde dans le miroir et bombe le torse. Il ne faut pas paraître suspect, alors je fais de même. Je me tiens droite entre les deux brosses à dents électriques. Mais son regard se pose sur ma tête. "Oh un champignon". Mon sang s'accèlère dans mes veines rose bonbon. Il me saisit et fait de moi une valeureuse épée. Je me dis à cet instant que j'ai transcendé ma condition. C'est un moment de gloire qui s'effondre lorsque la porte s'ouvre. Sauve-moi que j'ai envie de dire à ma propriétaire. Elle me prend au garçon et devient peut-être aussi rose que moi.
- Dis Virginie, c'est quoi cet objet ?
Virginie ne dit rien. Elle me serre de toutes ses forces en descendant l'escalier. Elle ouvre la porte de son jardin. Pousse la clôture et deux trois salades. Elle me brandit vers le zenith comme un crucifix puis me plante dans la terre boueuse, me rappelant par là, de pénibles souvenirs.
- Tu vois, Tobias, c'est un plantoir à fleurs que j'avais mis à laver.
Je suis révoltée. C'est n'importe quoi.
- Ça sert à quoi ? dit Tobias.
- À planter des graines.
Et non gamin, pas celui-ci.
Cette histoire, du point de vue de cet objet, est vraie. Cette voisine venait me parler de son amour pour le jardinage chaque semaine depuis cet évènement.
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