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Bruno Jouanne
Les plus lues
de toujours
Gaspard est un petit garçon qui s’est découvert la faculté de disparaitre dans le sol. Il connaîtra sous terre des aventures hors du commun. Il y découvrira l’amour et ses complications, l’accès à d’autres dimensions peuplées de personnages hors normes et de spectres bienveillants...
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Mes vieilles chansons abandonnées. Fonds de tiroirs oubliés.
https://jmdprod.bandcamp.com/
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Défi
Je voulais être un doux bourdon dodu, hélas, je ne suis qu'un affreux frelon souffrant !
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Défi
— Dis maman ? — Qu’est-ce qu’il y a encore Fête-Nat? — Dis, je suis né de père inconnu… — Oui et alors ? — Ben je me disais… Si j’étais mort à la naissance… Je ne serais pas né de père inconnu ? — Euh… Non, tu serais mort-né de père inconnu… — Et si je mourirais maintenant alors, je serais mort de père inconnu ? — Tout à fait ! Maintenant, tais-toi et creuse ! Le Gamin ne dit plus rien et s’applique à creuser un trou assez volumineux pour accueillir un corps. — Maman ? — Quoi encore ? — Pourquoi tu l’as tué le monsieur ? — Ce n’est pas moi, c’est la balle du fusil ! — Mais tu lui as tiré dessus ! — Ben oui… J’ai cru que c’était quelqu’un qui voulait te kidnapper ! En fait, c’était ton père… Il voulait faire ta connaissance. Mais comme il faisait noir, sur le coup, je ne l’ai pas reconnu.
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Défi
Paris, 1865.
Un auteur qui ne place aucun article, pensais-je, est un piètre écrivain. En ce temps-là, je vivais de quelques piges dans un journal à faible tirage, autant dire que je mourais de faim. Mon humeur était au plus bas et mon goût de vivre ne valait guère mieux. Je commençais à prendre la mesure de mon manque de talent alors que mes histoires, jusque-là m’avaient toujours semblé fameuses et admirables.
Luttant pour ne pas fondre en larmes, j’ouvris le tiroir de ma table, saisis mon vieux revolver à six coups et commençai à le charger. Tout en glissant les balles dans les chambres du barillet, je pensai à haute voix qu’une seule devrait me suffire. À moins que je ne me rate, mais à bout pourtant, je serais vraiment le plus mauvais tireur de Paris !
Je dus parler trop fort, car avant que je ne porte l’arme à ma tempe, une voix s’exclama sur mon palier :
— Mon ami ! J’ai entendu votre projet ! Ouvrez-moi, j’ai à vous conseiller !
Je rangeai prestement ma pétoire et allai ouvrir à mon visiteur. C’était un homme énorme et trop haut pour passer sous la porte sans baisser la tête. Il ressemblait à mon oncle... Mais vous ne connaissez pas mon oncle, bien sûr.
— Il ne fallait pas vous déranger pour moi, monsieur. J’étais simplement en train de relire un passage de mon écrit...
— Sans blague ! coupa le géant, on ne me la fait pas, celle-là ! Je sais très bien ce que vous vous apprêtiez à faire ! Je représente ici, le talent, je suis en quelque sorte son porte-parole.
— Ah ? Vous aussi, vous pensez que je manque de talent ? Que c’est pour cela que je ne mange pas à ma faim ? Mes phrases sont-elles si bancales que vous vous déplacez en personne à leur chevet ?
— Mon cher, vos phrases sont ce qu’elles sont, mais en haut lieu, nous trouvons vos idées excellentes ; je suis justement venu pour vous porter la parole du « Talent ». Il me charge de vous offrir un conseil...
— Je ne pense pas avoir besoin des conseils de quelqu’un qui ne se déplace pas personnellement jusqu’à moi. Je suis jeune, certes, mais je connais ma valeur !
— Vous paraissez légèrement présomptueux, mais ce n’est pas grave. Cela s’arrangera avec le temps.
— Et quelle recommandation votre mentor a-t-il à me dispenser ?
— Eh bien, sans vouloir vous offenser, nous pensons que vous avez du talent, mais il vous faudrait travailler avec plus d’acharnement. Ce faisant, vous accéderez à la reconnaissance et au succès, ainsi tout un chacun saura que vous avez de l’inspiration et de la virtuosité.
— Mais je crois que je travaille déjà beaucoup, hésitai-je, que faire de plus ?
— Brûlez tous vos écrits et remettez plusieurs fois vos œuvres sur l’écritoire ! Vous reconnaîtrez le moment où vous aurez assez de talent pour ne pas le gâcher d’un coup de revolver. Fût-ce un Lefaucheux* de 1850.
* : Revolver robuste dont étaient dotés les officiers de l'armée française à cette époque.
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Défi
1. Comment te décrirais-tu en quelques mots ? Velléitaire, rêveur et arthrosique.
2. Quel est ton prénom ? Bruno Antoine René Marie.
3. Où es-tu né(e) ? Maisons-Laffitte 78.
4. Quel est ton passe-temps favori ? Lecture et Guitare
5. As-tu des frères et sœurs ? Si oui, combien ? Oui, trois dont un frère.
6. As-tu des animaux de compagnie ? Une chatte, Mia, un an et demi.
7. Quelle est ta couleur préférée ? Toutes les nuances de bleu.
8. Qu'est-ce qui te passionne le plus dans la vie ? Imaginer des trucs.
9. As-tu un plat préféré ? La pintade au chou, le couscous... au chou :-)))
10. Quel est ton film préféré ? La soupe aux choux avec Jacques Villeret et Louis de Funes.
11. Quelle est ta série préférée ? L’homme du Picardie, nan je rigole. Les séries m'ennuient comme pas possible.
12. Quelle est ton émission télévisée préférée ? Aucune. La télé est le nouvel opium du peuple.
13. Quel est ton livre préféré ? Mort à crédit de Céline.
14. Quel est ton auteur / autrice préféré(e) ? Émile Zola, Robert Merle, Jules Verne, Théophile Gautier etc.
15. Quelles sont tes qualités principales ? Ce n’est pas à moi de juger.
16. Quelles sont tes faiblesses ou tes points à améliorer ? Velléitaire et dilettante.
17. Quelle est ta devise ou ta citation préférée ? Gloire à qui se borne à ne pas trop emmerder ses voisins. (Brassens).
18. Préfères-tu le thé ou le café ? Le St Émilion. Le café me laisse un sale goût dans la bouche et le thé est rarement bon.
19. Comment passes-tu tes week-ends ? Comme le reste du temps.
20. As-tu des talents cachés ? Je dessèche les citrons en les caressant. (Dans le sens du poil. Les kiwis aussi)
21. Qu'est-ce qui t'inspire dans la vie ? Le temps qui passe. Les gens qui passent...
22. Quelle est ta saison préférée ? Celle où je suis.
23. Aimes-tu voyager ? Si oui, quelle est ta destination préférée ? Je suis casanier maintenant mais j'ai voyagé.
24. Quelle est ta chanson préférée ? Gentleman cambrioleur. (Dutronc)
25. Préfères-tu les chiens ou les chats ? les chats pour leurs mystères.
26. Quelle est la chose la plus précieuse pour toi ? Ce n’est pas une chose : ma petit-fille.
27. Préfères-tu la montagne ou la mer ? La campagne. La montagne j'adore, mais il faudrait que ça soit plat.
28. Es-tu plutôt du matin ou du soir ? Le matin, je suis du soir et le soir, je suis du matin.
29. Aimes-tu cuisiner ? Si oui, quel est ton plat préféré à préparer ? Oui. La soupe aux choux et le chou farci aux œufs durs.
30. Préfères-tu lire ou regarder des films ? Lire évidemment !
31. As-tu des projets personnels ou professionnels dont tu es fier(ère) ? Jamais plus jamais de projets.
32. As-tu des croyances ou des valeurs qui te sont chères ? Un seul credo : cirer ses chaussures soi-même.
33. Préfères-tu le sport ou la lecture ? No sport !!
34. Comment te vois-tu dans 10 ans ? avec difficulté car j'ai la vue qui baisse, je dois faire changer mes verres !
35. Quelles sont tes habitudes matinales ? Je vais aux toilettes, je me lave et je me recouche...
36. Préfères-tu la ville ou la campagne ? La ville sent encore plus mauvais que la campagne, c’est dire !
37. Quel est ton parfum de glace préféré ? La glace au calva.
38. Comment définis-tu le succès ? C’est savoir se vendre.
39. As-tu des personnes qui t'inspirent ? Oui. Francis Blanche et Pierre Dac., Pierre Desproges etc.
40. Préfères-tu sortir avec des amis ou rester à la maison ? À la maison avec mes amis, s’ils ne boivent pas tout mon vin.
41. As-tu des compétences particulières que peu de gens connaissent ? Je détecte l’eau sous-terraine, mais pas le vin. Tant pis.
42. Quelle est ta plus grande peur ? La foule en général et les imbéciles en particulier.
43. Quelle est ta plus grande réussite jusqu'à présent ? J’ai (presque) tout foiré.
44. Qu'est-ce qui te rend heureux (se) ? L’absence de malheur. Le rire de ma petite-fille.
45. Quelles langues parles-tu ? Le français et un peu d’argot. et de petites notions d'italien ;-) J’apprends l’alphabet russe.
46. Quelles sont tes attentes envers l'avenir ? Je n’attends plus rien sinon que mes enfants soient heureux.
47. Préfères-tu l'été ou l'hiver ? Les quat ’saisons, comme les pneus.
48. Aimes-tu rencontrer de nouvelles personnes ? Plus maintenant, sauf sur Internet.
49. As-tu des habitudes ou des manies particulières ? Je sors les poubelles le mardi et le mercredi. Je me rase de près tous les jours en commençant toujours par le côté gauche.
50. Quelle est la leçon la plus importante que tu aies apprise dans la vie jusqu'à présent ? Écouter,observer, aller se coucher.
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J’en ai vécu des fins de sites, des naufrages de forums, des effondrements de plateformes, de pulvérisations d’agoras. Bon, me voilà encore pris dans la tourmente d’une désorganisation, voire d’une possible dissolution. Chacun réunit ses affaires, les enfourne à la va-vite dans un vieux paquetage de toile kaki. Ambiance « fin de colo ». Comme à la fin des camps d’ados, on s’échange ses adresses en se demandant si ce sera vraiment utile...
—Tu m’écriras ?
—Ouais, ou bien on se retrouve sur FesseBouc ?
—Sur FB ? Moi, je suis insta !
—Ben moi, des fois, je vais sur Pinterest, pour les photos.
—Moi, je suis encore sur Myspace... Mais c’est le désert depuis longtemps.
—Moi, je vais pas traîner dans les poubelles du net, j’ai mon site perso, il est nickel, normal y a personne dessus ; à part moi.
On en était là de nos propositions, quand quelqu’un (ou quelqu’une), lança une proposition qui me parut un peu compliquée à mettre en œuvre :
—Et si on créait notre propre plateforme ? On se trouverait un serveur pas trop fréquenté, on se planque dessus, discrètement, sans se faire remarquer, genre php, avec une base de données fiable... Qui c’est qui s’y connaît un peu en codage de site ?
—Ben, pas moi, j’ai déjà donné. C’est trop la galère !
—Pas moi non plus, j’y connais rien !
—Moi, j’ai pas le temps.
—Moi, j’ai déjà du sursis pour piratage de serveur...
—Mais on ne piratera rien ni personne ! On se cotisera pour s’offrir un vrai site !
—J’ai pas un rond...
—On pourrait lancer une cagnotte en ligne ? Ça marche bien ça, les cagnottes.
Comme vous voyez, la création d’un site communautaire n’est pas simple à réaliser. Mais je sais d’expérience que c’est possible ! Il suffit pour ça d’un peu de bonne volonté !
—Qui a de la volonté ?
— ?...
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Lourd comme un rocher, l’homme de pierre pourtant, se déplace sans faire de bruit, sans rien bousculer.
Nul jamais ne le voit se mettre à l’œuvre, il est discret et timide.
Pourtant, parmi les gens ordinaires, il est toujours en action.
Un soir d’été, il est ce banc gris à l’ombre d’un tilleul parfumé sous lequel les amoureux s’embrassent.
Demain matin, il sera contre une cathédrale, s’arc-boutant sur la construction. C’est sa façon à lui de soutenir les espoirs fous que les hommes ont mis dans leurs édifices.
Après, il sera de ces arcs de triomphe, toujours consterné par la folie des conquêtes.
Comme il est bon, il restera là, sans bouger, protecteur.
Jadis, il était pont entre les deux rives d’un fleuve, s’étirant d’une berge à l’autre pour relier les uns avec les autres.
Pour remplir les ventres et les greniers, on passait avec des charrettes surchargées en cahotant sur son dos mal dégrossi. Ça ne lui faisait pas mal, bien au contraire.
Il a pu être : muraille, rempart, défense derrière laquelle on s’abrite quand l’envahisseur investit les plaines.
Plus tard, il sera : pavé, projectile, blocs de granit entassés au bord d’un trottoir. Sa charge sera contestataire. Il lui faudra revendiquer.
L’homme de pierre sera fier de sa mission. Toujours prêt à construire, l’homme de pierre est tout à fait utopiste.
L’homme de pierre ne peut qu’abriter. Il peut réchauffer aussi l’hiver quand il est "âtre".
Il garde alors le feu qui garde les hommes.
Mais quand ses frères, l’homme de pluie et l’homme de terre se fâchent, se battent et que tout tremble, l’homme de pierre se met à genoux.
Et il s’écroule.
Et de ses entrailles, on voit un ruisseau qui coule lentement.
L’homme de pierre pleure avec le sang de ceux qu’il avait protégés.
Vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=I9mq98EVFNk
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Tu médis d'une scie devant la statue de Lénine, juste parce que tu n’arrives pas à la faire tomber de son socle ! Pourtant, on t’avait prévenue que les statues des communistes étaient taillées dans du bois dur comme l’enfer. Tu n’as rien voulu entendre et ta scie égoïste s’est pliée de rire en deux morceaux inachevés. Ils dérivent actuellement entre la Volga et le détroit des Dardanelles. Dommage que le bois de fer ne flotte pas, Lénine aurait au moins appris à nager.
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“Le parfums, les couleurs et les sons se répondent.”
Charles Beaudelaire
Charles Beaudelaire
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L'hiver n'était pas terminé, mais il gelait encore. Reclus volontaire dans ma mansarde, je travaillais sur les dernières pages de mon premier véritable roman. Ensuite, je ferai les corrections nécessaires afin que mon œuvre soit présentable ; j'avais l'intention de la remettre en main propre au lecteur principal des éditions moulingrin. Peu à peu, la nuit avalait les recoins de ma pièce, j'entrepris de mettre une bougie neuve dans mon vieux "rat de cave"* avant qu'il ne fasse complétement noir. Je me livrais à cette besogne routinière quand on frappa à la porte. C'était un heurt fort et assuré. Il était six heures du soir à mon gousset et je n'attendais personne. Je m'écriai :
— Qui est là ? Serait-ce vous madame Lacage ?
Madame Lacage était la concierge de l'immeuble où je louais ma mansarde. Comme elle souffrait du dos, souvent elle montait chez moi pour solliciter mon aide. Tous deux, nous portions les boîtes à ordures dans la rue, puis nous regagnions nos logis respectifs. On frappa une nouvelle fois sur les planches de mon huis :
— Qui va là ? Ma question se voulut plus ferme, j'attendais une réponse précise.
— Eh bien, c'est toi, m'entendis-je répondre.
— Quoi moi ? Qui êtes-vous ? Sapristi ! Nous nous connaissons ?
— Bien sûr, puisque je suis toi ! Enfin vous, si vous préférez qu'on s'en tienne au voussoiement.
Intrigué et vaguement inquiet, j'entrebâillai la porte. Cette dernière émit un grincement qui me sembla plus lugubre que d'ordinaire. Je manquai de défaillir quand, en sortant de l'ombre, les traits de mon visiteur m'apparurent. Il avait raison, je me trouvais en face de moi ! Un moi-même moins maigre et un peu plus âgé. Vêtu de vêtements mieux étoffés que les miens, mon autre moi me toisait, il affichait l'air déterminé des personnes parvenues. Assurément, il était riche et mangeait tous les jours à sa faim. Je m'empressai de le questionner :
— Mais... Par quelle magie vous trouvez-vous en face de moi ? Me serais-je dédoublé sans en avoir conscience ? Serais-je dans un rêve diabolique ?
— Oui mon cher alter ego, il s'agit bien de magie. Je viens de quelques années à venir. Dix, pour être plus précis. Étant toi-même, je crains que tu échoues dans ton entreprise littéraire. Bien que tu travailles dur, tu es et seras toujours à la merci des échecs et du renoncement.
— Mais vous... Enfin moi, en vous observant, j'ai l'air d'avoir réussi dans la carrière d'écrivain... Je ne peux donc pas échouer.
— Précisément, je suis venu t'avertir qu'un grave danger plane sur ton travail d'auteur. Moi de mon côté, j'ai réussi à déjouer cette fatalité in extremis. Je veux t'éviter cette peine. Il faut absolument que tu protèges tes œuvres, les renards mal intentionnés sont partout dans l'édition. On va maintes fois tenter de te les voler. J'ai dû me battre pour sauver un manuscrit, j'y suis parvenu, mais j'ai été obligé de tuer un homme.
— Et vous... J'ai été arrêté ? Comment éviter cela ? Répondis-je affolé.
— Par chance, je n'ai pas été pris. Pour te prémunir de ce forfait, dépose le moindre feuillet chez un notaire. Le prix à payer, plus tard te paraîtra dérisoire. Fais-le !
— Pourrais-je savoir si un jour prochain, je vivrai correctement de ma plume. Dans ma pauvre chambre, je dépéris et ma santé s'altère.
— Si tu suis mon conseil, tu vas bientôt reprendre des forces, tu écriras de mieux en mieux et de plus en plus vite. Les écus et l'or vont bientôt tomber dans ta bourse...
—Je suis désespérément seul dans la vie. Aurais-je le droit de faire une belle rencontre ? Aurais-je une compagne pour égayer mon existence ?
— Bien sûr ! Je suis marié depuis neuf ans. Tu vois, ta moitié n'est pas très loin de toi. Tu vas bientôt la rencontrer.
Mon alter ego me souriait malicieusement. Finalement, je me trouvais assez beau en voyageur temporel. Mes dix années supplémentaires m'avantageaient joliment. Où se trouvait-elle donc cette compagne qu'il venait d'évoquer ? Il était marié depuis neuf ans et venait de dix ans dans le futur, avait-il dit, donc je devrais rencontrer ma promise avant l'année prochaine ! Je fus réellement heureux de cette annonce. Je me hasardais à le questionner encore :
— Est-elle jolie ? Quel âge a-t-elle ? Quel est son nom. J'ai grande hâte de la rencontrer.
— Je comprends ta curiosité. Elle est de douze mois ta cadette. C'est une jolie jeune fille de dix-neuf ans qui se prénomme Constance ; je vais mettre un terme à ma visite, car il est temps pour moi de vite rentrer, adieu mon ami. Je refermai la porte derrière mon autre moi. Je ne pus continuer mon travail, ce soir-là, tant cette entrevue me troublait et accaparait mon esprit.
Mars approchait, le second empire n'était plus depuis six mois et le printemps enfin, exhibait ses premiers bourgeons... Anxieux, mon roman à l'abri dans une sacoche, je me rendis aux éditions Moulingrin afin de remettre mon manuscrit au responsable des lectures. Un jeune secrétaire m'accueillit et m'invita à prendre place dans un luxueux salon où trônait un Crapaud en velours bleu.
— Je vais prendre votre manuscrit, monsieur. Si vous voulez bien patienter, Constance Moulingrin va vous recevoir...
— Constance Moulingrin ? Balbutiai-je.
— Elle-même. Il s'agit de la fille du directeur général des éditions Moulingrin.
FIN
* Rat de cave : dispositif, généralement en fer forgé, servant aux vignerons pour transporter les bougies dans les caves. Quand la flamme s'éteignait, il leur fallait vite sortir car l'oxygène manquait.
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