Charlie Russel
Les plus lues
de toujours
Poèmes en prose, photographies furtives d’instants suspendus entre les éléments.
0
0
0
2
Défi
Recherche désespéremment un peu de candeur dans ce monde de brutes. Me contacter : Rue du Néant, Ville des Nuages, les pieds ballants.
12
6
1
0
Défi
J’aime voir la cité, s'éveillant au matin
Lorsque la brume encor fait s’attarder les rêves
Lorsque la paix encore imprégne les jardins
Lorsqu'on peut croire encor qu’un jour nouveau se lève.
L'âcre souffle des bêtes aux faissaux bien trops forts
Plisse les yeux badaux, la face de la lune,
Enfume l’air ambiant en prenant son essor,
Et m’étouffe en passant sans politesse aucune.
Postée sous la paroi, à la lueure sale,
J'attends, le coeur confiant, ce qui m'emmenera,
Livres, sac et cahier, ce savoir triomphal,
Gisent seul à mes pieds, trops écrasants pour moi.
6
15
18
0
Défi
Un souvenir âgé pourtant intemporel, d’une nuit chaude à l’abris sous les étoiles.
Un souvenir comme une rengaine, toujours dans ma tête, depuis ce soir là.
En somme, une vieille valse, sur un vieux disque, sans rouille.
Un souvenir avec toi à mes côtés, ta main près de la mienne, puis moi, joyeuse et triste.
Nous deux, une dernière fois.
Chuchotements des vagues, saveur d’amour, parfum dans l’air, écume d‘un jour, crépuscule.
Obscurité, cette confidente. Bonheur, cette parenthèse.
Instants hors du temps.
Sensations douces de baisers, de larmes. D’un rire.
Un rire.
Une alouette au firmament.
Sensation douce de ta peau enfin sur la mienne.
Et toujours ton rire, dans le ciel.
Et puis le miens, aussi.
Joie.
Mais en coulisse, quelle cruelle conscience que celle du marathon continue des heures !
Quelle horreur devant l’endurance du tic tac de la trotteuse !
Tic-tac. Tic-tac.
Ineffable.
Inéluctable.
Inarrêtable.
Et le sommeil, ce traître, ce filou, ce gourmand, ce voleur de temps !
Paupières lourdes. Non !
Déjà, trop tôt, voici l’aube nouvelle.
La séparation.
La fin d’une histoire et le début d’un souvenir.
Une vieille valse, sur un vieux disque, sans rouille.
6
10
1
1
Des lettres en vrac, au gré de mes envies...
Des plongées furtives dans des quotidiens lointains.
Une invitation au voyage, donc.
Des plongées furtives dans des quotidiens lointains.
Une invitation au voyage, donc.
5
8
8
2
Défi
J+5 (approximatif)
Il faut que je me souvienne.
Le docteur Edmure est venu me voir hier. Il a posé ce carnet sur l’unique table de ma chambre et il m’a dit : « Il faut que tu te souviennes ». Il dit qu’écrire aide. Il dit que personne ne lira jamais ce que j’inscrirai sur les feuilles beiges du calepin. Que je dois le faire pour moi. Pour ma santé mentale. Il est gentil, lui.
Alors j’écris.
Si j’y pense bien fort, ce qui me revient c’est que l’alarme hurlait. Elle hurlait si fort que je ne me rappelle de rien d’autre si ce n’est de la silhouette floue d’Alice et des grands gestes désordonnés qu’elle faisait pour tenter de s’enfuir alors qu’elle était emportée par les militaires. Peut-être que j’ai essayé vainement de la rejoindre, mais de ça je n’en suis même pas sûre. Le docteur Edmure m’a dit plus tard qu’il y avait eu une bousculade parmi les prisonniers, qui ont profité de la faille pour prendre la fuite, mais quand je tente de revoir la scène, il n’y a qu’Alice et les militaires. Et moi bien sûr. Je crois - mais là encore c’est assez confus - que j’ai eu soudain très mal à la tempe. Quelque chose de si déchirant que j’hésite à accorder crédit à ces réminiscences. Après, je ne sais plus. Je crois qu’il y a eu le noir et cela me terrifie encore. J’ai beau essayer de comprendre ce qu’il s’est passé, je bute sur cette obscurité et la sensation d’effroi qui en découle. Si je devais la décrire, là, maintenant, je la comparerais à ce que doit ressentir un plongeur coincé sous une eau noire, puante et froide, sans possibilité de retours à la surface, condamné à éviter jusqu’à l’épuisement ces tentacules glissantes aux ventouses vénéneuses qui tentent sans relâche de l’attirer au fond. Cela, en pire, mille fois pire, à cause de la souffrance qui n’a jamais cessé d’accompagner la nuit.
Le docteur Edmure ne veut pas me parler de cette période. Ce qui l’intéresse c’est aujourd’hui et avant. Il dit que cela ne sert à rien de se pencher trop sur la pénombre, car on finit par y perdre ce qu’on a réussi à lui arracher. Il dit que c’est terminé, alors à quoi bon.
Pourtant, quand je me suis réveillée dans cette salle trop blanche, j’ai cru un moment que j’étais morte.
Peut-être au fond que cela aurait mieux valu. Je ne sais pas.
En tous cas, la première chose que j’ai perçue en ouvrant l’œil, c’est l’étrange impression que quelque chose avait changé dans mon corps. J’ai sur le coup eu cette certitude fugace qu’il y avait plus atroce que les enfers. Cinq jour après, je crois bien que j’avais tort. Après tout, docteur Edmure est vraiment gentil, et ma chambre est confortable.
Ce que j’ai vécu durant les jours, les semaines ou les mois, je ne sais, pendant lesquels je voguais parmi les eaux sombres et froides que je vous ai décrites, je n’ose l’imaginer. J’ai honte de ces pensées qui tournent sans cesse autour de ce trou noir. Le docteur Edmure ne veut pas que j’y songe trop, et sans doute a-t-il raison.
Souvent, le docteur Edmure vient me voir, m'ausculte. Il enlève ma chemise de nuit et fait courir sur mon corps entier ses instruments de mesure. Il prend des notes, photographie. Cela ne me gêne pas, même si le contact de sa réglette est parfois froid. Je sais qu’autrefois j’aurai eu honte. Aujourd’hui, je ne ressens plus grand chose. Parfois, le docteur Edmure m’explique ce qu’il fait. Il dit toujours que les transformations sur mon corps sont les promesses d’une nouvelle ère, plus belle et plus généreuse. Il a dit une fois que la grande action que j'ai faite pour le monde est inestimable.
J’ai bien réfléchi et je ne sais toujours pas de quelle action il parle.
4
6
3
3
Défi
Attention, le personnage pourra vous sembler un peu antipathique... M'enfin c'est ça qu'est drôle. Bref, bonne lecture...
3
6
4
4
Défi
Je t’écris cette lettre, une bouteille à la mer
Sans prétention aucune que de livrer message.
Ce secret si honteux qu’il rend mes jours amers
Je ne peux plus le taire, ne veux plus être sage.
Hélas, je le sais, il fera des dégâts.
Cupidon fut cruel lorsqu’il choisit mon cœur.
En sachant que le tien, jamais, ne m’aimera
Pourtant, je rêve parfois d’en sortir vainqueur.
Oh, mon tendre amour pardonne ma faiblesse
Et voit l’ardeur du sentiment que j’éprouve
Lui qui ne me laisse nul répit et me blesse.
Un mot de toi et il s'affûte ou me réprouve.
Vois, jamais je n’ai voulu ressentir cela
Mais que faire aujourd’hui quand je souffre ainsi ?
Soit celui qui me sauve ou celui qui m’abat
Vois, maintenant, c’est mon sort que je te confie.
S’il te plaît, je t’en supplie, ne m’en veux pas.
Réponds-moi.
C-
2
3
0
1
Défi
Elle était belle comme un crépuscule d’été.
Elle avait cet air perpétuellement tranquille d’une journée de vacances, et cette fraîcheur du soir après les heures brûlantes qui vous fait oublier un temps la vie. Oui, je crois bien qu’à la regarder danser, inconsciente de sa jupe trop courte qui se soulevait parfois par mégarde - ou n’en n’ayant simplement cure - je plongeais peu à peu dans l’une de ces parenthèse qu’on ne vit qu’en vacances, près du roulis apaisé de la mer. Cette beauté oublieuse, ces longues mains brunes et son sourire carmin avait tout d'un alizé passager, un souffle d’apaisement dans l’air trop lourd du quotidien. Les couleurs chaleureuses de ses vêtements bariolés tourbillonnant sans failles et sans fatigues, semblaient les touches vives d’un tableau champêtre avec le bonheur comme évidence. Son rire enfin, comme une alouette qui s’élève sans entrave, avait la jeunesse et l’insouciance de mon adolescence, enfouie dans les souvenirs entassés.
3
2
3
1