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Sila P.

Sila P.
CV

Judith essaye de mener sa jeune vie du mieux qu'elle le peut.
Une petite sœur partage son quotidien ainsi que leur mère alcoolique.
A elles deux, elles refont le monde tous les matins.
Entre le nouveau voisin, ses rêves pleins de mystères et son intrigante boîte, Judith a son cœur qui déborde. Tant de choses semblent parfois être bien réelles mais tout semble bien compliqué autour d'elle.
Dans les multiples tempêtes de sa vie elle doit faire face à de nombreux tourments, tout en essayant de bien garder les pieds sur terre...
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Défi
Sila P.
Je l'ai fait ! Cela semblait impossible au premier abord, voire fou ou suicidaire, mais pourtant je l'ai fait, m'écriai-je dans le combiné. Mais non ? me rendit Jenny tout excitée. Quand ça ? J'en sors à peine ! Je suis encore sur le site ! Je n'en reviens pas ! Où en es-tu sur ta liste ? Bah... me renfrognai-je. Il y en a encore tout un tas où j'ai encore peur de passer le cap !
J'entendis Jenny rigoler à l'autre bout du fil. J'aimais tellement l'écouter rire. Cela me rendait toujours plus vivant. Je suis sûre qu' on finira par rayer tous tes objectifs ! fit-elle confiante. Allez raconte ! Eh bien, quand ils ont ouvert la porte, j'ai senti l'air me glacer de peur. J'ai regardé le moniteur qui m'a souri et on s'est lancés dans les airs. Ro la la ! Ça devait être dingue ! Jenny ? Encore au téléphone avec Vlad ? criait son supérieur. Euh... Pas du tout ! mentit-elle. Oui, vous voulez passer une commande ?
Je m'esclaffais à l'autre bout du fil. Et ensuite ? Ensuite, nous nous sommes laissés tomber. Je fermais les yeux quelques instants en pensant à ce que serait ma vie si... Hop hop hop ! Tu sais que nous avons mis des interdits, chuchota-t-elle énervée. Tu n'as pas le droit de penser à ça. Et encore moins de le dire. Jenny ! hurla son supérieur. Hum... Des haricots verts, des oignons... feinta-t-elle. Raconte-moi ce que tu as ressenti. J'ai eu la boule au ventre ! Je me suis laissé aller dans les airs. C'était juste mervingue !
Elle éclata de rire sans pouvoir se maîtriser. Je ris à mon tour faisant écho à tout ce bonheur qu'elle me donnait. Jenny, bordel ! Tu ne peux pas garder la ligne pour Vlad ! D'autres clients attendent ! Des pommes de terre rissolées, se reprit-elle, des bro... S'il prend aussi des brocolis je saurais que c'est lui ! s'égosilla-t-il. Et merde ! Je te rajoute de la glace avec ? Mets-y tout ce que tu veux. Tant que tu es là pour le manger avec moi tout ira bien, souris-je débordant de reconnaissance. Ça y est, tu manges ? Pas vraiment non... Ah merde... dit-elle dans une voix brisée. Que t'a dit le docteur ? Il a encore raccourci mon temps... Eh merde... Bon, assez parlé de ça ! Raconte-moi encore une fois à quel point c'était mervingue ! Jenny ! De la glace, des éclairs au chocolat, des framboises... Je t'aime Jenny. Frigeland vous remercie pour votre commande Mr Morel, cria-t-elle presque. Je t'aime ! souffla-t-elle avant de raccrocher brusquement.
Je serrai le combiné de la cabine téléphonique contre mon cœur et finis par sortir. Si seulement il pouvait battre encore assez longtemps pour que je puisse lui rendre tout ce qu'elle m'apportait...
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Défi
Sila P.

C'est un leurre !
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Défi
Sila P.

Après un bonne dose d'un petit mélange, l'extraordinaire se présenta à moi.
Allongée au milieu de la forêt, je regardais les branches des arbres qui retombaient sur mon visage.
Je m'assis tant bien que mal et ouvris le mur de lianes qui m'entourait.
Je vis alors du lait couler d'une fleur, et un lapin qui en remplissait un seau. Il rejoignit un renard qui était en train de dessiner et un sanglier qui était en train de se moucher. Il avait attrapé une feuille de sopalin qui sortait de l'arbre à souhait.
Soudain, l'ours arriva avec deux bâtons unis par deux cordes attachées qui formaient un cercle. Il laissa tomber une goutte de savon à l'intérieur du seau et la potion déborda en fumant. Il plongea ses bâtons dans le seau et se mit à faire une bulle géante où dansait la forêt.
Elle s'envola dans les airs et éclata en explosion. Prise de panique, je refermais vite le rideau de lianes et me cachai.
Les compères s'esclaffèrent et moi, blottie contre l'arbre, je fermai les yeux espérant me réveiller.
Brusquement, la tête de l'ours apparut au travers des lianes. Allez ma cocotte, ahahah, tu viens ?
Je ne répondis pas. Samu, remets-lui une dose. Elle a peur !
Mon bras chauffa et étrangement, toute souriante, je me redressais droite sur mes pieds. Et c'est en dansant que je criai : J'arrive les coupe-ongles !!! Euh, trébuchai-je, les coupains !!
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Défi
Sila P.
Punaise, je n'ai plus un sou... me lamentai-je. Dans quel beau quartier ne suis-je pas encore allé ?
La carte de Paris dépliée sous les yeux, j'essayai de trouver un endroit où quelques pièces pourraient m'être données. Ah, tiens ! Saint-Germain-des-Près ! m'exclamai-je. Cela doit faire bien bon deux semaines que nous n'y sommes pas allés hein mon beau ?
Pas de réponse. Debout sur son support, mon ami de longue date faisait la moue. Boude pas comme ça mon ami. Je sais que nous avons de la route, mais là-bas nous pourrons gagner de quoi manger et payer notre loyer !
Attrapant son étui, je l'y déposai délicatement. Il était de loin le plus loyal et le plus merveilleux des amis. Il ne parlait pas certes, mais il faisait mieux : il chantait.
En faisant la route jusqu'à l'arrêt de bus, je repensais à tous les bons moments que nous avions partagés. Je le connaissais par cœur et je savais comment le faire vibrer pour qu'il donne le meilleur de lui-même.
Une fois installés dans le bus, je m'autorisai à repenser à certains moments. Je savais que ce n'était pas une bonne idée, mais aujourd'hui, il faisait beau et le soleil brillait sur ma peau vieillie. Je fis tomber le masque hypocrite que je m'efforçais de porter à chaque sortie et les souvenirs me revinrent en mémoire. Le visage de ma femme prit vie sous mes paupières. J'ouvris vite les yeux, conscient de m'être laissé aller à des choses interdites. Je pris mon chapeau entre mes mains et la tête appuyée contre la vitre, je ne pus m'empêcher d'en vouloir plus...
Les yeux fermés, je revis mon fils dans ses bras. Leurs visages rayonnaient de joie. Je lui jouais des morceaux pour qu'il danse. Le soir, il fredonnait Bach et Schubert. J'aimais entendre sa voix qui n'avait pas encore mué. Il avait commencé à manipuler mon bel ami. Il était tellement grand pour lui que nous en avons ri pendant quelques années. " De trop courtes années" pensais-je en ouvrant les yeux. Il n'avait même pas dix ans quand la maladie nous l'avait volé dérobant avec lui mon premier amour emporté par le chagrin. Elle souriait quand je lui jouais des mélodies mais elle ne riait plus. Une partie d'elle était partie en éclat lors de l'extinction de la lumière qu'était notre fils. Et je voyais bien qu'elle n'était pas réparable. Elle finit juste par ne plus se nourrir puis par s'éteindre, elle aussi.
Ce jour-là, je jouai en pleurant sur mon ami. Je laissai partir mon bonheur vers notre lumière et moi, pendant ce temps, je faisais chanter et vibrer les cordes de sa voix.
Une larme m'échappa. Je remis mon masque et mon chapeau et sortis du bus l'air de rien. Je me repérai vite dans les rues de la capitale et quand je vis, en haut des escaliers, Monsieur le Peintre je savais que nous étions arrivés. Hey ! Salut les gars ! nous lança-t-il. Salut Monsieur le Peintre ! renvoyai-je de bon cœur. Tu as maigri Élyah ! Ça fait deux semaines que je ne t'ai pas vu ! Oui, je... Ça va, garde tes excuses cette fois-ci. Je commence à te connaître depuis ces quelques années que nous partageons cette place. Toujours bien habillé à ce que je vois ! Oui, toujours, renvoyai-je en souriant. Tu es bien trop chic ! Et toi pas assez, plaisantai-je.
Nous rigolâmes à nos brimades puis je m'installai non loin de lui.
Je sortis mon bel ami et me mis à le faire résonner en jouant le prélude de la première suite de Bach. Une poignée de passant s'attroupa. Ils jetèrent leurs pièces dans l'étui ouvert posé à même le sol. Les applaudissements retentirent et ils m'en demandèrent une autre. J'allais chercher leurs âmes avec le Chant des oiseaux de Casals et soudain, le ciel commença à se rembrunir. Mon masque commença à tomber et mon cœur à s'ouvrir. Les notes glissaient sous mes doigts aplatis par l'usure. Je fermais les yeux et je ne vis plus rien. Ils étaient là, ils riaient et moi, je pleurais.
Les larmes sur mes joues me tirèrent de mon rêve. J'ouvris les yeux et je vis les passants qui pleuraient, eux aussi. Monsieur le Peintre reniflait comme à son habitude. Il avait troqué son pinceau et sa toile pour replonger dans les abisses de la vie où sa sœur et son neveu riaient encore. Il leva la tête vers le ciel pour me faire comprendre que la pluie arrivait.
Je pris une grande respiration et jouais les Larmes de Jacqueline d'Offenbach. Les yeux bien ouverts, je vivais et ressentais toutes les émotions que je donnais à mes spectateurs. Ils étaient émus. J'avais, en ce jour, volé leur cœur en y gravant mon souvenir.
Le ciel se mit à déverser ses larmes en averse. Je rangeai vite mon ami dans son étui et les passants se dispersèrent. Je mis l'argent dans mes poches et un homme y rajouta un billet sans dire un mot. Nous nous toisâmes et il me sourit. Il resta quelques instants là, sous la pluie, à me regarder et m'annonça que sa voiture me ramènerait à son hôtel. Mon frère, m'interpella Monsieur le Peintre. Tu sais qui est cet homme ? Bien sûr que je sais qui il est ! Ton jour est enfin arrivé mon frère. Tu vas pouvoir jouer pour le monde entier !
Je ne pouvais m'empêcher de sourire à ses propos. Tiens, prends mon parapluie. Même le ciel s'est mis à pleurer quand ta mélodie est montée jusqu'à lui. Ma sœur doit être tellement fière de toi ! Merci mon frère, soufflai-je en baissant la tête.
J'ouvris le parapluie sur mon ami. Il ne pouvait supporter que mon chagrin.
Mon frère remonta sa capuche et retourna à sa toile. Sous la pluie, il reniflait encore et moi, pendant ce temps, j'attendais sous les larmes du ciel une voiture qui me mènerait vers mon nouveau destin.
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Défi
Sila P.

En attendant mon valeureux chevalier,
Je m'autorisai dans l'infime secret,
à déguster une gaufre
tout droit sortie de mon coffre.

Lasse de m'empiffrer
Je regardais le grand tableau présenté,
J'y voyais la mer et me mis à rêver,
Dans l'explicatif, il était mentionné :

Si vous voulez rejoindre Claval,
Et toucher Durquedal,
Prenez de l'élan
Et sautez dedans.

Surprise et tellement conquise,
Je me mis à reculer comme une marquise.
Un coup d'œil à droite, un à gauche
Et je sautais comme une cloche.

Je traversai la toile
Comme une étoile
Arrivée sur le sable chaud
Je me relevai, les pieds dans l'eau

Soudain, mon preux chevalier arriva,
Sur son étalon, il brandit son épée et cria :
"Ma douce et tendre
Je viens te prendre !"

Derrière lui, des personnages le suivaient :
La princesse Petit-Pois Carotte,
qui sur Foreste, semblait vieillotte,
Jean Aymar, Cousin de Grosseau Modot
Qui faisait le beau.

Certains me félicitaient en m'embrassant,
Quelques uns, me tendirent un savon en fumant,
Et bien d'autres cependant,
regardaient la mer en chantant.

Mon chevalier approcha
Et me prit dans ses bras
Il me porta jusque loin dans la mer,
Et sur mon visage, je sentis le chaud de l'air.

"Attendons qu'ils partent tous !"
Me dit mon tendre ours
"Ainsi, je te ferai l'amour,
Dans le sable de velours."

Une fois la foule dissipée,
Mon chevalier sortit son épée.
Entre nous Durquedal se dressait fièrement
Et moi, secrètement, j'espér quelle dure longtemps.

Me laissant aller à ses doux baiser,
Je ne voulais plus me réveiller.
Cette réalité était bien plus merveilleuse
que celle qui m'attendait dans ma vie variqueuse.

"Je reviendrai vite mon Claval,"
lui susurrai-je en attrapant Durquedal.
"Ne m'oublie pas, chevalier de mon cœur
Car sans toi je meurs."

Je papillonnai des yeux doucement
pour revenir à moi lentement
La mer méditerranée avait pour secret
de me faire rêver d'être aimée.

Un verre de muscat bien frais,
Se tenait tout prêt
À être dégusté
Il ne me restait plus qu'à n'enivrer pour le retrouver !

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Défi
Sila P.

Assise au piano, elle me faisait rêver en appuyant sur la pédale pour faire durer ses notes.
Moi, au bureau, j'écrivais sur ma feuille tous les petits trucs qui allaient m'aider à m'améliorer.
Tout à coup il entra dans la salle sans toquer. Je me retournai vivement et l'observai sans retenue. Il avait des croissants dans les mains et une chemise à fleurs qui rimait avec son corps.
Trop près du corps cette chemise... Vraiment trop près !
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Défi
Sila P.

Vite un taxi!
-Taxi ! Vous tombez à pic Merci!
-Bonsoir, où allons-nous?
Je reconnais cette voix c'était encore lui... la fermeture centralisée s'enclacha, j'étais prise au piège.
Encore...
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Défi
Sila P.

Posé sur le lit on me lit.
Sur la table de chevet je fais le guet
Mis dans le sac, je comble l'ennui
De celui qui de moi se nourrit.
Des mains me parcourent
Et des pages se tournent
Créant un lien sans détours.
Puis on me laisse, on me perd, on m'échange
Pensant gagner au change
Moi, je continue de vivre
entre les mains de ceux qui,
en m'ouvrant font revivre
Le souvenir qui demeure
Pour que je ne meure.

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Défi
Sila P.

Il était une fois, une princesse qui coulait du nez.
Elle avait des bulles vertes pleines de paillettes sortant de ses narines.
Elle voulait se moucher mais ne trouvant de quoi, elle mit son auriculaire dans son orifice.
Elle le porta à sa bouche et s'aperçut que ces bulles vertes pleines de pailletes avaient l'étrange goût de la canelle.
Dégoûtée et à la fois surprise, elle devait choisir entre laisser son doigt dans son nez ou se plaire à voir les bulles vertes pleines de paillettes s'éclater dans les airs.
Elle regardait le ciel se colorer de ces milliers de paillettes et elle se dit qu'elle devait prévenir son amie. Sophy, cria-t-elle, regarde ! Tes pets sentent la rose et ma morve fait des paillettes et à le goût de la cannelle ! Tu en veux ? Bah oui ! s'esclaffa Sophy en accourant. Tu aimes bien la rose alors donne-moi de la canelle ! Il y en a pour toutes les deux ! C'est tellement bon d'être malade, dit la princesse en se laissant retomber sur l'herbe. Ce monde est merveilleux... Il est mervingue même ! Non ?
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Défi
Sila P.

Assise à l'arrière de la voiture, je ne pouvais pas croire ce qui se dressait devant moi.
Une énorme bâtisse était bien là. Elle était laide et tombait en lambeaux. Mon Dieu, soufflais-je le cœur au bord des lèvres. Mais qu'est-ce que c'est que cet endroit ? Mademoiselle Imbert, ne faites pas cette tête, je vous en prie ! Ancelin, rassurez-moi, vous n'allez pas m'abandonée ici ? lançais-je au majordome. Eh bien... tenta-t-il. Abandonnée est un bien grand mot, ma chère enfant. Cet endroit n'est pas ce qu'il parait. Allez, descendons, ordonna-t-il peu convaincant.
Je ravalais la boule d'angoisse qui menaçait de s'extirper de ma gorge. Je claquai mes joues pour me ressaisir et ouvris ma portière. Vous avez votre poignard, ma petite ? questionna-t-il anxieux. Oui, chuchotai-je. Il est dans mon dos.
Nous marchâmes, main dans la main, jusqu'à la porte. Ancelin n'arrêtait pas de regarder par dessus son épaule. Il avait l'air extrêment stressé. Il me serrait la main bien trop fort et je n'arrivais pas à y échapper. Il tira sur une branche et cela ébranla les cailloux qui se trouvaient sous nos pieds. J'étais pleine d'apréhension et il le savait. De plus cet endroit sinistre me donnait les chocottes. Un passage s'ouvrit et nous nous y engrouffâmes rapidement.
Une fois à l'intérieur, Ancelin attendit que le passage se referme pour se remettre à avancer. La porte fermée, il se détendit et me lâcha la main. Nous étions dans le noir complet. Je passe devant, me dit-il. Tu ne dois pas avoir peur Judith.
Au fur et à mesure de ses pas, des appliques s'allumaient, nous montrant le chemin. Je regardais les murs qui dégoulinaient d'eau. Les luminaires avait l'air de flotter et je commençais à regretter amèrement mon ancienne école. Arrivés au bout du couloir, il appuya sur un bouton. Une voix nassillarde crâcha des mots incompréhensibles et Ancelin les lui rendit. Ancelin, mais qu'est-ce ... Écoute ma petite, je n'ai plus que quelques minutes avant de te laisser ici. Tu ne dois dire à personne qui tu es, d'où tu viens ni quoi que ce soit te concernant. Tu ne dois en aucun cas utliser tes pouvoirs, est-ce que tu m'as compris ? Oui, mais Anc... Non pas de mais ! Ne me regarde pas comme ça Judith, sinon, je ne vais jamais arriver à te laisser ici. Je connais quelqu'un dans cet établissement, elle se nomme Maude. Tu peux avoir confiance en elle. C'est une très bonne amie à moi et elle sait qui tu es. Tout n'est qu'apparance ici. Rien n'est ce qu'il parait. Oublie jamais cela. Seul demeure l'amour alors fait marcher ton cœur d'accord ?
La porte s'ouvrit sur une femme petite et vieille, habillée de manière très stricte. Mme Gauthier ! fit-il faussement. Vous êtes en retard Ancelin. Comme toujours. Nous avons eu quelques soucis de transport. Pour changer, Ancelin. Vous avez encore crever c'est ça ? Panne d'essence ? Vous avez tout de même trois bonnes heures de retard ! Euh... Soit ! sourit-il embarrassé. Où est l'enfant ?
Il se déplaça m'exposant ainsi à la vue de cette effrayante femme. Elle est d'une beauté sans pareil ! s'exclama-t-elle. Comment tu t'appelles ma petite ?
Elle me sourit découvrant ainsi une bouche édentée. Elle s'appelle Judy Morel, dit-il en me sondant.
J'acquiesçai sans trop savoir quoi répondre. Elle doit avaler ça tous les matins. C'est pour son cœur, mentit Ancelin en tendant un flacon à Mme Gauthier.
Je les regardais échanger quelques banalités et il se tourna vers moi et me pris dans ses bras. Suprise par tant de proximité, je ne savais que faire. Il me chuchota : Tu as des flacons dans le sac. Cache-les. Je ne serais jamais loin de toi, ma petite Ju. Allez, on y va, m'arracha la vieille femme.
Puis elle referma la porte qui me séparait de la seule personne qui me restait. Sans dire un mot, je la suivis, la tête baissée. Quand elle me parla sa voix avait changé et je relevai subitement la tête.
Devant moi, se trouvait une jeune femme bien habillée avec un chignon relevé. Sa voix était douce et il émanait d'elle une sérénité merveilleuse. Je me retournais pour voir où était Mme Gauthier lorsqu'elle se présenta à moi : Mme Gauthier, pour vous servir. Mme Gauthier ? fis-je surprise. Les apparences sont trompeuse ici, ma chère ! avoua-t-elle en me prenant par le bras. Vous êtes surement la seule élève à avoir vu mon vrai visage ! Regardez cet endroit ! N'est-il pas merveilleux ?
Je regardais autour de moi sans trop comprendre comment un aspect intérieur pouvait être aussi parfait comparé à celui extérieur. Tout y était magnifique. Je vais vous mener aux dortoirs. Vous devez vous lever dans deux petites heures. Je vous conseille de bien vous reposer. Vous commencerez les cours vers 7h30. Tout est clair pour vous ? Oui Mme Gauthier, répondis-je les yeux émerveillés.
Elle ouvrit une toute petite porte et nous dûmes nous baisser pour pouvoir la passer. La salle suivante me desillusionna complètement. Une vingtaine de lits superposés étaient allignés devant nous. Dix lits de chaque côté et un long tapis central pour le passage. Des chaussures de chaque côté des lits et des uniformes pliés sur chaque table basse. Les enfants dormaient à point fermé. L'angoisse me remonta d'un trait.
Je me tournai vers elle, et j'aperçus son visage enlaidi. Merde, soufflai-je. Mais comment je vais... Un problème Mademoiselle Morel ? Euh, non ! chuchotai-je un peu trop fort.
Tout près de moi, un enfant se retourna dans ses draps. L'horrible femme sortit un fouet et le fis claquer au sol. Je sursautai de peur et tout redevint calme et silencieux.
La lune éclairait le lit qui m'attendait. Troublée, je deposai mes sacs sur mon lit et la femme disparut dans l'obscurité de la pièce. Je vis la porte s'ouvrir sur une lumineuse beauté puis elle se referma me laissant seule, emprunte aux tourments. Je ne pouvais rester ici plus longtemps. J'attrapai mon sac à dos et me levai doucement pour ne réveiller personne, puis je me faufilai par une autre porte. Je l'ouvris lentement pour ne pas qu'elle grince. Une fois à l'intérieur, je découvris une bibliothèque. Je m'installais dans un fauteuil confortable puis fouillais mes affaires. Ancelin y avait glissé un traceur et je vis un autre petit sac contenant les fameux flacons. Un petit mot d'Ancelin les accompagnait :
"Ma petite Ju, ces flacons t'aideront à affiblir tes pouvoirs. N'oublie pas, tu ne dois pas t'en servir. Tu as ton poignard pour te défendre et j'ai mis un traceur pour pouvoir te suivre sans arrêt. Laisse-moi le temps de retrouver ta sœur et tes parents puis je te sortirai de ce trou à rats. Courage."
Le morceau de papier se consuma instantanément et rien n'en retomba. Je m'adossais en soupirant. Mais qu'était cet endroit lugubre aux mille lumières ? Pourquoi me cacher ici ? Je m'assoupis quelques instants en repensant à cette nuit éprouvante. Quelques instants plus tard, ma montre vibra m'annonçant cinq heures du matin. Je regagnai le dortoir sur la pointe des pieds et fis mine de me réveiller en même temps que les autres. Hey la nouvelle, m'accosta une fille bien trop belle pour être ici. Salut, renvoyai-je en me levant. Je suis... La ferme la nouvelle, je ne t'ai pas demandé de parler, ricana-t-elle. Alors voyons ce que tu as dans ton misérable sac.
Elle me l'arracha , l'ouvrit et le vida sur le sol. Rien n'en sorti, à mon grand étonnement. Elle regarda à l'intérieur mais elle n'y vit rien. Tu n'as rien pauvre naze, cracha-t-elle à mon visage. Ton haleine empeste le phoque, ma grosse, intervint un garçon qui ressemblait à un géant à la carrure impressionnante. Dégage d'ici tu veux ? Jason, te revoilà ! Dégage, il t'a dit, se rallia une toute petite fille. Toujours avec ta mouche collée à toi. Tu es bien une pauvre merde, mon gars !
Il l'attrapa par la gorge et la souleva de terre. Il resserra son étreinte et le visage de la mauvaise fille rougit. Tu es sûre de vouloir aller sur ce terrain là de mon matin, ma grosse ? Ex....cu...se.. De quoi ? J'ai mal entendu ? rit-il. Lâ...che... moi. S'il ... te... plaît. Tes supplications me font presque pitié, lâcha-t-il en la jetant au sol. Un bon conseil, dégage de ma vue ou je t'écrase. Compris ? Oui, pardon, se confondit-elle en touchant sa gorge.
Des amies vinrent l'aider mais elle s'en dégagea. Elle jeta un regard noir vers mes nouveaux amis. Ils me regardèrent et me saluèrent. Salut, moi c'est Jason. Et moi c'est Aby ! fit la petite fille. Salut les amis, moi c'est Judy.
Nous nous sourîmes et quand le fouet claqua plus un bruit ne résonna dans le dortoir. Les cours commencent dans trente minutes ! Soyez à l'heure !
Je me penchais pour voir son visage horrible. Une magnifique femme se tenait au milieu de la pièce. Elle me fit un clin d'œil et se retourna puis sortit.
Tout le monde se prépara à la hâte. En deux minutes, ils étaient sortis du dortoir. Moi, j'enfilai encore cet uniforme bien trop grand pour moi. Je pris mon sac en vitesse et l'ouvris pour vérifier son contenu. Tout y était. Je soupirai de soulagement et sortis. Une fois dans le hall, plusieurs escaliers s'offraient à moi. J'étais complètement perdue et ne savais où aller. Soudain j'entendis mon prénom retentir. Je levais la tête et je vis Jason qui portait Aby. Ils me firent signe de les suivre. Rapidement, je les rejoignis et entrais en cours avec eux. Bonjour à tous ! Bonjour Mme Molinaris ! répondirent en cœur les élèves.
Elle se retourna et son visage balafré me frappa en plein cœur. Elle lui ressemblait traits pour traits. Pour les nouveaux arrivants, je suis la professeure princiaple de cette classe. Ici, vous êtes en cours de musique. Je suis Maude, me sourit-elle.
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Défi
Sila P.

Perdue sous ma couette, j'écoutais mon coussin préféré me raconter son histoire rocambolesque. Tous ces fils se disputaient la parole et je ne comprenai pas grand chose. Soudain, le fil épais dominant les bords, les fit taire puis il commença son discours : Nous venons d'une contrée lointaine, ma chère. Cette contrée est nommée Taïwan. Taïwan ? C'est où ce village ? Ce n'est pas un village, voyons ! C'est une île ! Une île ? Oui, une île ! Elle se situe plus loin que la Chine ! Wouah ! La chine, m'émerveillai-je. Nous sommes sortis de plantations de cotons puis tissés à la machine. Étendus, étirés, croisés, emmêlés. Certains rebelles ne voulaient pas être écartelés et se sont vus retrancher ! Oh ! fis-je apeurée. Retrancher ? Oui, coupés net des autres... C'était terrible. Ensuite, nous avons étaient noyés dans une géante machine à produits toxiques. Beaucoup sont morts délavés. Ils ont perdu leur couleur et depuis, grâce aux liens qui nous ligotent, nous les maintenons en position. Ils finiront tout de même par craquer un jour. Les pauvres, c'est terrible ! Nous avons ensuite été séchés, puis repassés. Et après toutes ces épreuves, nous avons fini par être gavés. Ah oui ? Eh oui, ma jolie. Pour que ta tête soit confortablement maintenue, tout un tas fibre synthétique nous rembourre ! C'est incroyable ! Et ce n'est pas fini ! Après avoir subi tous ces évènements qui ont failli avoir raison de nous plusieurs fois, nous avons pris l'avion et fait le tour du monde jusqu'ici. Il y avait des nouveaux venus chaque jour. Des couettes, des traversins, des draps, des matelas et même des taies ! Tous empaquetés et serrés les uns contre les autres. Nous avons même été compactés, sans air ! Avec leur machine qui nous a privé d'oxygène. Nous avions le plastique qui nous collait à la peau. J'ai bien cru mourir étouffé... Nous vivions complètement ratatinés avant que tu ne viennes nous sauver. Mes pauvres c'est horrible ce que vous me racontez là ! Nous sommes si heureux que depuis, chaque soir, un de nous te susurre un rêve. C'est grâce à vous que je rêve ? Mais bien sûr ! crièrent-ils tous en cœur. Nous avons vu et vécu beaucoup de chose. Nous avons beaucoup d'histoires à te raconter. Vous êtes tellement merveilleux, vous tous ! Jamais je ne me débarrasserai de vous. Allez, viens te reposer sur nous, ce soir c'est au tour de Bleu ligne 154 colonne 96 de te raconter un rêve. Il est amoureux de Rouge qui est enlacée à lui. À mon avis, il te susurrera des mots d'amour. Bleu ligne 154 colonne 96 c'est à toi mon ami !
Je fermais les yeux et posai ma tête sur eux. Ma douce, entendis-je dans un souffle.
Puis, je m'endormis.
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