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hervelaine
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Défi
« Où suis-je ? Que m’est-il donc arrivé ? »
Dans la petite pièce où elle se découvrait, Alix parvint à se lever malgré la douleur qui lui tenaillait le poignet. Cette douleur inattendue lui rappela qu’elle se trouvait dans un taxi lorsque celui-ci s’était volontairement encastré dans une boutique de chaussures sur le boulevard Saint-Michel.
Reprenant peu à peu ses esprits, elle déroula le film qui s’était joué juste avant et au moment de l’accident.
Ainsi, elle se souvenait qu’elle échangeait quelques mots aimables avec la conductrice qui se prétendait de son bord politique, car elle l’avait reconnue, avait-elle affirmé, lorsque le taxi avait changé soudainement de direction, montant sur le trottoir et évitant des promeneurs, pour aller se fracasser contre cette malheureuse boutique. Le choc avait été particulièrement violent.
La vitrine avait littéralement éclaté, distribuant les morceaux de verre sur le trottoir. Peu après, sauveteur était intervenu, ouvrant la portière de droite pour la sortir du véhicule.
Mauvaise pioche, car Alix avait vite compris que ce sauveteur n’en était pas un puisqu'il s'était assis à ses côtés pour lui entraver les poignets, tandis que la conductrice lui appliquait un mouchoir chloroformé au niveau de sa bouche et de son nez.
« Tout a dû se passer très précipitamment, je présume. Chacun était déjà à son poste pour me faire tomber dans un piège. »
Alix se leva de son lit. Elle s’aperçut qu’on l’avait déshabillée pour lui enfiler une sorte de tenue de sport et que ses pieds étaient nus. Près de la porte, d'apparence blindée, une paire de crocs lui était destinée pour empéchér toute fuite. Une petite lucarne indiquait qu'il faisait jour et que le temps était maussade.
« Impossible de fuir par cette fenêtre ni de courir avec ce type de sabots en plastique ! »
Prenant de l’assurance, elle arpenta la pièce et découvrit un petit réduit dans lequel se trouvaient un évier et un vulgaire seau de toilette. Elle repéra aussi, au-dessus de la porte, une caméra qui la surveillait.
« Pas de toilettes dignes de ce nom ? »
Ouvrant le robinet, elle eut envie de boire un peu de cette eau fraîche pour découvrir son goût.
« Mais qui donc a eu l’audace de m’enfermer ici, dans ce lieu carrément sordide ? »
Dans son esprit, les ravisseurs pouvaient être nombreux, car chacun y avait des intérêts.
Profitant de son isolement, elle souhaita assurer un besoin naturel, devenu maintenant pressant. Baissant le pantalon, elle aperçut un large bandage au niveau de sa cuisse.
« J’ai donc été blessée dans l’accident… Qui m’a soignée ? Et si c’était un coup de José ? Cela pourrait être celui de Hodan aussi, à moins que Noémie Le Guen ait appris que je manigançais contre elle pour prendre la direction du parti… à moins que… »
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Défi
En pleine nuit, des individus encapuchonnés me sortent du lit et m’obligent à les suivre jusqu'à un vieux corbillard tiré par d’étranges chevaux. Là, l’homme qui semble être leur chef me fait une clé du bras qui me contraint à me diriger vers un cercueil vétuste… À cet instant, les idées les plus sombres me parcourent l’esprit. Que me veulent-ils exactement ?
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Défi
Pour ce défi, j'ai choisi un extrait du chapitre 15 du roman "Les amants de l'éternité" .
J’avais essayé de décourager ses ambitions, bien qu’elle fût loin de m’être indifférente, la belle Astrid. Elle m’avait embrassé sur la bouche, et en quête d’une échappatoire, je lui avais proposé de nous balader au parc Monceau, dans l’espoir de lui refroidir les esprits.
Modifiant mon plan, je l’avais entraînée vers la station Malesherbes, puis l’avais invitée à prendre le métro, direction place du Châtelet. Là, la providence nous avait fait dériver vers les berges de la Seine. À ses côtés, je me sentais vraiment dépité, tandis que je fouillais dans mon imagination, recherchant une issue pour contrarier son obsession du moment, mais comment lui faire changer d’idée ? Que lui confesser ? Visiblement heureuse par notre promenade sur les quais, pouvais-je lui avouer que je partageais la couche d’une femme un peu plus âgée qu’elle ? Comment aurais-je pu me douter qu’Astrid s’était entichée de moi, alors que je lui avais déjà refusé un baiser le jour même où elle était devenue bachelière ? Depuis la seconde, je l’avais toujours considéré comme la petite sœur qui me manquait. Mon sentiment s’apparentait-il à de l’amour platonique ? Seule Anne-Liesse pourrait répondre, m’aurait affirmé Isabelle.
Maintenant, si j’en étais arrivé à cette situation ambiguë, c’était à cause d’Astrid qui, outre son désir de rester vierge jusqu’à son mariage, n’avait jamais envisagé de vivre une romance avec moi pendant notre scolarité. Au début des vacances d’été, j’avais pu faire la connaissance de Vanessa avec qui j’avais commencé à flirter, mais après qu’elle eût disparu de la circulation, sans laisser d’adresse, j’avais recherché un sens à mon existence en me réfugiant dans la plus profonde des solitudes. C’est de nouveau Astrid qui m’avait tiré de ma léthargie, ce qui nous avait permis de nous rapprocher davantage en devenant les meilleurs amis du monde jusqu’au jour où j’ai compris qu’elle entamait une démarche affective qui nécessiterait le temps qu’il lui faudrait.
À proximité du pont des Arts, Astrid m’avait suggéré de traverser la Seine pour rejoindre l’École supérieure des Beaux-Arts par la rue Bonaparte. Sur les quais, riant aux éclats, sautillant à cloche-pied sur les pavés disjoints, marchant à reculons, sans doute devait-elle pressentir de futurs moments heureux en ma compagnie ? Comment s’expliquer franchement lorsque s’installent des pépites de désir dans les yeux de votre meilleure amie qui, dans sa douce folie, prenait des risques inconsidérés en longeant la margelle bordant la Seine ? Cela m’avait obligé à lui saisir le poignet de peur qu’elle ne glisse et tombe dans l’eau trop froide à cette époque de l’année. Sa main fusionnée dans la mienne, nous étions remontés sur le quai des Tuileries pour franchir le fleuve. Cette idée n’avait pas été la meilleure qui soit, car le résultat n’avait pas été à la hauteur de mon espérance, ayant vécu ce jour-là un véritable vaudeville.
Je garde encore en mémoire les jambes d’Aurore tricotant à toute allure sur la passerelle pour venir à ma rencontre. Erreur de ma part, car elle s’était ruée comme une furie sur la pauvre Astrid qui ne comprit pas la raison de cette gifle magistrale qui l’avait envoyée valdinguer contre un réverbère. Bouche bée devant la tournure qu’avait prise cette balade improvisée, ce fut à mon tour de recevoir une raclée. Il me fut impossible de contrer Aurore qui avait enchaîné les soufflets sans que je puisse les empêcher. Les promeneurs s’étaient alors arrêtés instantanément, braquant leurs yeux sur nous. En moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, j’avais pu découvrir une jeune comtesse au caractère docile, transformée en véritable tigresse, faisant tournoyer son sac à main dans les airs pour me le lancer à la figure. Si j’avais réussi à esquiver la première attaque, je m’étais demandé comment parer la seconde. C’est bien grâce à la réaction heureuse d’Astrid, qui avait récupéré ses esprits, que j’avais pu éviter le choc. J’avais vu ma vaillante camarade se précipiter sur Aurore, stylée et bon chic bon genre, pour lui administrer des coups de poing et de pieds en rafale. N’en restant pas sur cet avantage, Astrid avait agrippé l’agresseuse par le cou, la faisant trébucher sur le tablier du pont. Aurore, qui ne s’était pas laissée impressionner par la jouvencelle, s’était vite rattrapée, s’accrochant au chemisier d’Astrid qu’elle déchira sauvagement.
Considérant le quiproquo qui se tenait devant moi, j’avais dû jouer les arbitres, recherchant désespérément à isoler deux demoiselles de bonne famille qui voulaient en découdre comme si leur propre survie en dépendait. Tandis que les gifles et les coups de pied pleuvaient dans toutes les directions, j’avais ressenti une vive douleur dans les parties génitales, n’ayant pu éviter à temps l’escarpin de la comtesse. C’est après avoir repris mon souffle contre le lampadaire que j’étais parvenu à séparer les deux belligérantes qui se traitaient de noms d’oiseaux. Après la mêlée, je les avais dévisagées séparément : l’une, Aurore qui, affichant un œil au beurre noir, récupérait le contenu de son sac à main qui s’était éparpillé autour d’elle ; l’autre, Astrid qui pleurait contre le réverbère, son chemisier lacéré et entrouvert, la manche arrachée. Pendant que les badauds comptaient les points, je tentais de réajuster la tenue de ma camarade pour cacher le téton qui transparaissait à travers son soutien-gorge, Aurore continuait de vociférer, vomissant tout son fiel à mon encontre. Sans que je puisse donner un seul éclaircissement ou exprimer un mot, la comtesse repartit dans la direction opposée afin de rejoindre son appartement de la rue du Bac. J’étais resté auprès d’Astrid pour la réconforter. Vexée et meurtrie d’apprendre que son assaillante était ma maîtresse depuis presque deux ans, Astrid s’était enfuie vers l’École des Beaux-Arts. Je présume que c’est peut-être grâce à cet épisode qu’elle s’orienta vers les arts plastiques. J’obtins de ses nouvelles lorsque Paul m’envoya un faire-part quelques années plus tard, découvrant avec grand étonnement le mariage d’Astrid avec mon meilleur ami.
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1483 : au sein de la forteresse de Neufchâtel, en Normandie, une jeune femme, accusée faussement de sorcellerie, est immolée par le feu.
2013-2020 : Olivier, astrophysicien, s’éprend d’Isabelle, une prof de français, lors d’une visite au musée d’Orsay.
Mais qu’est-ce le hasard lorsque chacun d’eux constate que leur famille possède une ancienne horloge normande quasiment identique, sur lesquelles d’étranges inscriptions, datant de la Révolution française, ont été gravées sur la boiserie ?
Cette idylle improbable va les entraîner dans une quête intemporelle et spirituelle, laquelle va produire des bouleversements considérables en raison d’évènements étranges qui vont apparaître, d’abord chez la jeune femme, puis sur Olivier qui se sent contraint d’enquêter sur ce qui leur arrive.
Les étranges horloges seraient-elles la cause de ce que subissent les amoureux ? Qui est réellement cette mystérieuse dame blanche qui hante une vieille ferme cauchoise détenue par les parents d’Oliver ? S’agit-il d’une vieille légende ou d’une supercherie ?
Leur soif de connaître la vérité va les emporter dans les méandres de l’histoire de France et le dénouement de cette intrigue habitera l’esprit d’Olivier très longtemps, car il deviendra le dépositaire d’un lourd secret qui modifiera profondément sa vie.
2013-2020 : Olivier, astrophysicien, s’éprend d’Isabelle, une prof de français, lors d’une visite au musée d’Orsay.
Mais qu’est-ce le hasard lorsque chacun d’eux constate que leur famille possède une ancienne horloge normande quasiment identique, sur lesquelles d’étranges inscriptions, datant de la Révolution française, ont été gravées sur la boiserie ?
Cette idylle improbable va les entraîner dans une quête intemporelle et spirituelle, laquelle va produire des bouleversements considérables en raison d’évènements étranges qui vont apparaître, d’abord chez la jeune femme, puis sur Olivier qui se sent contraint d’enquêter sur ce qui leur arrive.
Les étranges horloges seraient-elles la cause de ce que subissent les amoureux ? Qui est réellement cette mystérieuse dame blanche qui hante une vieille ferme cauchoise détenue par les parents d’Oliver ? S’agit-il d’une vieille légende ou d’une supercherie ?
Leur soif de connaître la vérité va les emporter dans les méandres de l’histoire de France et le dénouement de cette intrigue habitera l’esprit d’Olivier très longtemps, car il deviendra le dépositaire d’un lourd secret qui modifiera profondément sa vie.
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Défi
Après que l’architecte et les deux gamines se furent retirés, je m’étais attelé à la tâche, sortant les livres de leur boîte pour les classer sur les rayonnages, suivant les étiquettes collées à la fois sur les traverses et sur les couvercles des cartons, sous l’œil vigilant d’Aurore qui aidait et veillait au bon ordonnancement.
N’est-ce pas dans la dernière ligne droite qu’interviennent les catastrophes, m’avait déjà affirmé l’oncle Alexandre ? Je pouvais en témoigner puisque c’est de l’échelle à roulettes solidement arrimée au plafond que j’étais tombé de haut, m’étalant de tout mon long sur le dallage après avoir percuté mes épaules et la colonne vertébrale sur l’une des chaises. Presque assommé, j’étais resté allongé sur le sol, ne pouvant ressentir ni mes membres ni mon dos. Immobilisé, j’avais constaté que mon pantalon avait été déchiré et que je saignais au niveau de la cuisse en raison de la peau qui avait été arrachée. J’avais bien essayé de me relever, vociférant contre ma chaussure qui avait ripé en descendant la marche. Le bruit sourd avait alerté Aurore qui s’était précipitée pour me porter secours.
Tous ces souvenirs sont demeurés vivaces dans ma mémoire : Aurore, ayant pris peur, m’avait soutenu avant de me guider vers sa grande salle de bains qui jouxtait sa chambre. Après m’avoir consigné les instructions pour me soigner, elle était repartie en me laissant me débrouiller seul devant une imposante armoire à pharmacie.
J’avais fini par repérer un baume à l’arnica que j’avais frotté sur le haut de mes bras. Le tube étant presque vide, j’avais dû rechercher d’autres produits pour m’apaiser. Sans succès. Après m’être assuré que la porte était bien verrouillée, j’avais retiré mon tee-shirt et mon pantalon pour vérifier la blessure sur ma cuisse. J’avais dû la nettoyer avec l’eau du robinet, faute de ne pas savoir comment traiter le traumatisme. Toutefois, le mercurochrome et un léger bandage que j’avais trouvés avaient suffi.
Je n’avais pas compris comment Aurore avait réussi à pénétrer dans la salle de bains, le huis étant toujours fermé avec le loquet, mais Aurore était là, bien présente à m’offrir son aide si j’en avais besoin.
— Comment êtes-vous entrée ? lui avais-je demandé.
— Par l’autre issue, celle derrière le paravent ! m’avait-elle répondu, à la fois amusée et surprise par mon étonnement.
Profondément gêné, j’avais requis un peu de pommade pour soulager mon dos et mes épaules, ce qu’elle m’avait tout de suite fourni en fouillant dans un endroit que je n’avais pas repéré.
— Tu ne t’es pas loupé. Permets-moi de te badigeonner là où c’est nécessaire d’agir au plus vite ! avait-elle notifié sur un ton de fermeté.
Aussitôt, ses mains avaient parcouru la surface de ma peau allant de ma nuque jusqu’au bas de ma colonne vertébrale pour s’arrêter à la lisière de mon boxer, ce qui me dérangeait au plus haut point, même si cela me procurait des effets prodigieux. Me retrouver presque nu devant Aurore, cette femme consignée dans mon panthéon érotique et qui incarnait toute la vertu du monde m’apparaissait au-dessus de mes forces. Jamais, je n’aurais imaginé un tel scénario.
— C’est ton anniversaire aujourd’hui ? m’avait-elle cuisiné, alors que ce n’était pas le moment. Ce n’est pas ce que tu m’avais signalé l’autre soir ?
Que lui répondre ?
— Il faut laisser pénétrer la crème ! avait-elle continué. Pour tes hanches, comment fait-on ? Tu baisses un peu le slip ou pas ?
Que lui expliquer, tellement mon trouble s’affirmait ?
Dans le genre capricorne (elle était née le 29 décembre), on ne pouvait faire mieux, car elle avait tiré une chaise pour passer la pommade au niveau de mes reins, n’hésitant pas à glisser ses doigts sous l’élastique.
— J’espère que cela ne te dérange pas ! avait-elle insinué. Si ton oncle Romé pouvait me découvrir dans mes œuvres ! Je crois que je devrais me préparer à me rendre en enfer.
C’est là que la manifestation physiologique s’était nettement accentuée, commençant à poindre dans mes parties intimes et que je n’arrivais même plus à dominer. Honteux et confus par mon état, j’avais surpris, dans le miroir, Aurore affichant un énigmatique sourire me rappelant étrangement celui de la Joconde.
— Oh, écuyer ! Tu es lourdement armé, mon garçon ! Tu veux concurrencer mes chevaliers ? Si je rapportais au père Romé ce que je suis en train de constater, c’est toi qui irais tout droit en enfer, m’avait-elle soufflé, le sourire davantage dessiné ?
Le rouge me montant aux joues, je n’avais pas osé répliquer sur le coup, mais elle s’était mise à rire en raison de mon inconfort ou pour dédramatiser la situation.
— Mon Dieu ! Je ne pensais pas que je te faisais autant d’effets. Il n’y a pas à dire, la bonne fée s’est penchée sur ton berceau. Mon petit doigt me signale que tu es encore puceau.
Tétanisé par son propos, je n’avais pas répondu.
— Je peux arranger ça, car je suis certaine que tu en as envie, m’en étant aperçue depuis longtemps et par la manière que tu as toujours de me regarder. Puisque tu as 18 ans aujourd’hui. Je peux t’accorder ce cadeau. Mais cela devra rester entre nous. Je me tairais auprès de ton oncle. À quelle prière aurais-tu droit si je lui exposais ce que je suis en train de visionner ? Si tu racontes quoi que ce soit, on ne te croira pas, et ça, tu le sais déjà, car tout le monde me connaît comme étant une femme vertueuse.
Entendre ces propos sur le sexe provenant d’une comtesse si pieuse et si respectée dans le milieu catholique m’avait laissé pantois. C’est à cet instant que je me suis surpris à rapprocher mes lèvres des siennes qu’elle m’offrait, oubliant les soins qui n’étaient pas terminés pour me concentrer sur ceux intensifs qui m’allaient être prodigués.
Un flash-back inopiné m’avait remémoré la frimousse de Caroline avec qui j’avais gentiment joué à bouche que veux-tu au parc Monceau. À l’inverse, j’avais escamoté l’image de Vanessa, conjecturant qu’avec le caractère de cette comtesse qui se révélait soudainement lubrique, je devais m’attendre à éprouver une autre partie de plaisir. Toutefois, j’avais redouté que mon corps me trahisse, tout en m’étant préparé à faire le grand saut dans l’inconnu et occultant le discours de l’oncle Alexandre qui n’aurait pas manqué de me reprendre pour me rappeler aux bonnes manières. Qu’aurait-il pu entreprendre contre ma bienfaitrice qui cherchait à me faire découvrir le ciel par de nouvelles voies ?
En tout cas, il m’apparaissait qu’Aurore ne renoncerait pas à la mission qu’elle s’était assignée.
— Approche de l’armure ! m’avait-elle suggéré. Je veux bien comparer ta lance ! m’avait-elle soufflé en riant. Puis-je regarder ? Ce n’est pas tous les jours que j’en ai l’occasion. Je dois t’avouer que je fais peur aux hommes. Est-ce le cas pour toi ? Je te fais peur ?
— Je…
— Non ! Ne me dis rien… Laisse-moi plutôt deviner… Ce n’est même pas la peine, car à travers l’étoffe, on peut voir que tu bandes comme un âne. Allez ! Courage ! Là, je suis trop curieuse !
J’étais resté dans le silence, tandis que ses doigts testaient l’élastique du boxer.
— Allez, à la guerre comme à la guerre ! À la une, à la deux, et à la trois… Mon Dieu ! Belle catapulte… ça doit envoyer les boulets bien loin… Félicitations.
Au garde-à-vous devant Aurore, je ne savais pas ce qui allait advenir de moi. L’instant était donc venu de me sacrifier sur l’autel de la raison, même si j’avais l’impression d’être debout sur un échafaud face à une poupée qui n’était pas Chucky. Le cœur au ventre, je me tenais paré à découvrir ce qu’était l’amour avec un grand A, un a en majuscule, tant je m’étais senti pressé de perdre un pucelage qui commençait à me peser.
À un moment, puis à plusieurs reprises, il m’avait paru qu’une ombre se profilait derrière les rideaux à moitié fermés. Sans doute, un effet des nuages qui atténuaient la faible lumière pénétrant dans cette immense chambre.
Tremblant sur mes jambes, j’étais enfin prêt à franchir les portes qui ne s’ouvraient rien que pour moi. Aurore, se postant bien face à moi, semblait réfléchir pour prendre possession de son sujet. Elle avait débuté sa stratégie en m’embrassant passionnément et en me caressant longuement le visage, le torse, puis le reste de mon anatomie. J’avais alors résisté avant de m’abandonner à sa volonté. Renflouée de désir, elle m’avait attrapé le bras pour m’inviter à m’asseoir dans un confortable fauteuil Voltaire afin que je puisse assister à un curieux numéro de cabaret. La comtesse s’était campée devant moi, appuyant ses mains sur ses hanches pour jauger mon émoi. Aussitôt, elle avait fait glisser la fermeture éclair de sa robe qui était tombée sur le parquet. Revêtue d’une tenue affriolante, brodée de fines dentelles, elle avait retiré, un à un, ses habits au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de moi. C’est intégralement nue qu’elle avait saisi mon poignet pour laisser parcourir ma main sur les lignes de son buste. Découvrant le grain de sa peau, j’en avais respiré l’odeur musquée de son parfum et tous mes sens éveillés s’étaient affolés lorsqu’elle m’avait exhorté à prendre place dans son lit à baldaquin orné d’un long drapé suspendu de couleur sinople, l’ensemble me rappelant une souricière. Par reptation, elle était venue me rejoindre, frottant son corps soyeux contre le mien. C’est après maintes caresses et à la suite d’une intense observation, visage contre visage, qu’elle s’était relevée pour s’asseoir à califourchon sur mon torse afin d’offrir à ma vue tout le mystère de sa vénusté.
Ce mystère féminin auquel j’avais eu accès pour la première fois avait captivé ma raison. Mes prunelles avaient détaillé les pétales de cette fleur qui semblait vouloir éclore sous mon regard. À l’égard de mon hésitation, Aurore s’était emparée de ma main pour la poser délicatement sur son sexe. Mon cœur s’était emballé tandis que ses yeux paraissaient me dicter les gestes que je devais apprendre. Mes doigts s’étaient enflammés, cherchant à explorer son enveloppe charnelle entièrement magnifiée. Surprise par mon ignorance et ma timidité, elle s’était redressée pour s’étendre à mes côtés avant de s’accouder pour me susurrer les mots qui m’avaient rassuré : « Toi, pourtant, un fort en tout, je crois bien que j’arrive au bon moment pour te faire connaître d’autres matières… D’abord, tu es trop crispé, tu dois te détendre… Pour cela, je dois te mettre en confiance… Nous allons disposer de tout notre temps et je vais t’expliquer comment fonctionne une femme… Après, tu verras, cela devrait aller mieux. »
M’esquissant un attouchement sur le nez, puis m’embrassant, elle avait repris sa position initiale. Elle fut une adorable enseignante et c’est sur un modèle vivant que je fis mon éducation sexuelle. Tout ce que j’aurais voulu expérimenter avec Vanessa, je l’avais découvert avec Aurore. L’anatomie d’une dame n’avait plus aucun secret pour moi et c’est lorsque le silence se fut imposé qu’elle m’avait étreint avec fougue pour pratiquer des caresses dont je n’avais pas soupçonné l’existence. Soutenant mon regard, elle s’était relevée pour me surplomber avant de s’accroupir en direction de mes génitoires. L’étrange chaleur moite, qui m’avait englouti progressivement, avait fait de moi l’homme que j’étais devenu aujourd’hui.
Finalement, j’avais passé ma première nuit à Bully, dans la chambre d’Aurore de surcroît. Après avoir refait l’amour dans la salle d’armes, nous étions repartis le lendemain dans l’après-midi. Le soir, j’avais pu entendre ma mère converser au téléphone avec ma bienfaitrice pour la remercier de m’avoir offert le gîte et le couvert.
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Je suis consterné par ce qui m’atteint au plus haut point. L’oncle Alexandre a repéré ma liaison avec Isabelle. Depuis quelques jours, il me surveille en douce et a fait part de sa découverte à Mère qui a sauté dans le premier avion en partance pour Paris.
Mon sommeil est fortement agité. Je me réveille, tourne dans le lit, constate qu’Isabelle est bien présente à mes côtés. J’essaie de me rendormir en collant ma peau contre la sienne. Je passe un bras sous l’oreiller. Ma tentative d’assoupissement est embrouillée, tandis que je plonge dans un rêve éveillé.
Mon oncle Alexandre convoque le Tribunal… Il veut me soutirer moult explications sur l’idylle que j’ai nouée avec une femme qui, paraît-il, affiche toute la beauté du monde… Ma chère mère, qui s’est transformée en redoutable agent secret, a déjà enquêté sur celle qui partage mon existence et confirme les informations de l’oncle. Désormais, Mère n’ignore plus que ma bien-aimée a posé à moitié dévêtue pour un peintre. À partir de ce prétexte, elle s’est installée devant son bureau pour établir un rapport circonstancié, celui-là même que l’oncle Alexandre lit minutieusement au juge avant d’affirmer : « plus je regarde cette femme, plus je déclare que sa beauté est suspecte… Ne représente-t-elle pas celle qui personnifie la laideur immonde des ténèbres ? »
Il conclut en ces termes : « Vous m’en réclamez la cause et la voici ; les matrones qui l’ont examinée attentivement ce matin m’ont soutenu qu’elle affichait sur son flanc droit une marque étrange en forme de patte évoquant l’empreinte du démon. Je demande à ce tribunal de condamner la citoyenne ici présente à la peine de mort… »
Je sursaute, car j’entends distinctement le mot « Citoyenne ! »
Mais où suis-je ? Pour quelle raison ces gens sont-ils tous habillés comme au Moyen Âge ? Pourquoi d’autres portent-ils des bonnets phrygiens ? Que signifie ce rêve ?
J’ouvre les yeux, tourne et retourne dans le lit, soulève le drap afin d’apposer ma main sur la hanche d’Isabelle, profitant du clair de lune pour laisser un baiser sur sa tache de vin. Sa cuisse se desserre légèrement par l’effet produit. Refermant les yeux, je me rallonge et me positionne sur le flanc avant d’essayer de me rendormir. Je m’énerve, car je ne peux que m’emporter contre les terribles mensonges sortis de la bouche de l’oncle Alexandre qui a pris les traits de l’accusateur public : Fouquier-Tinville, ce qui est compréhensible puisqu’il y ressemble comme deux gouttes d’eau, ce que j’avais remarqué lors de la visite d’une exposition consacrée à la Révolution française au musée de l’histoire de France à Versailles. Comme quoi, dans un rêve, on peut générer des associations improbables. Je tourne encore et me retourne une nouvelle fois, m’enroule dans le drap et cherche à retrouver un sommeil qui ne semble pas vouloir apparaître. Immobile, j’attends patiemment que la torpeur me saisisse pour espérer dormir quelques heures. Je commence à compter des moutons. Ne sait-on jamais : un, deux, trois…
Flash…
J’avais bien été contraint d’engager un homme de loi pour qu’il se transporte promptement à Paris en diligence. Une bourse bien remplie avait suffi à lui démontrer ma complète motivation. Toute une journée sur la route cahoteuse reliant Dieppe à Paris nous avait obligés à passer la nuit dans une mauvaise auberge à Pontoise. Le lendemain, maître Bachelet était reparti de bonne heure pour s’informer des évènements qui avaient conduit à l’arrestation de Marie Anne Duchastel, la mère de mes deux filles. C’est un fâcheux concours de circonstances qui avait fourré la femme que j’aimais dans de sacrés embarras. Bien malin avait-il été, maître Bachelet, car n’avait-il pas eu cette présence d’esprit d’emporter avec lui une seconde robe d’avocat afin que je puisse l’enfiler avant d’obtenir l’autorisation de m’infiltrer en sa compagnie à l’intérieur de la sinistre prison de l’Abbaye.
Place du Petit Marché, j’avais pu repérer l’inquiétante bâtisse, un imposant édifice, flanqué de deux tourelles, autour duquel étaient postés trois soldats de la Garde nationale. Dans l’encoignure du porche d’une habitation, maître Bachelet me présente ses dernières recommandations afin que la confrontation avec les révolutionnaires se passe au mieux. Dès la tenue revêtue au milieu d’une courette, je me découvre hésitant à suivre le défenseur qui se dirige vers la rue Marguerite où se trouvait l’entrée du lieu d’enfermement de ma chère Marie Anne.
Derrière une porte à guichet, un concierge coiffé d’un bonnet phrygien est rétif à l’idée que deux hommes de loi puissent visiter en même la ci-devant Marie Anne Duchastel dans le cachot. Un gendarme et un sans-culotte interviennent. Bien malgré moi, je m’emporte, je vocifère, puis, je leur tends à chacun une pièce d’une livre avant d’en donner deux. Ils se regardent et nous font signe de nous introduire… Nous franchissons un grand porche. Aussitôt, mes narines sont saisies par les odeurs effroyables qui gouvernent l’atmosphère. D’abord, il y a cette émanation d’eau-de-vie qui me pique le nez en pénétrant à l’intérieur de ce lieu sordide, puis surviennent les exhalaisons d’urines et d’excréments provenant d’un local à moitié ouvert. L’endroit est inquiétant, voire angoissant, parce que l’année dernière dix-neuf prêtres réfractaires furent égorgés par des Marseillais et des Bretons. C’est encore là que Tape-Dur, un type de Gournay-en-Bray, un normand bien de chez nous, Maillard qu’il s’appelait, après avoir massacré cent cinquante autres ecclésiastiques, improvisa un tribunal pour juger une cinquantaine de gardes suisses et du corps du roi, ainsi qu’un certain nombre d’innocents. Je sais qu’il fut l’un de ceux qui arrêtèrent Launay, le gouverneur de la Bastille. Si jamais, il officiait ici, j’espère ne pas le croiser. Peut-être, me repérerait-il s’il était déjà rendu sur la place du marché de cette belle bourgade de Gournay pour vendre des chevaux. Maître Bachelet me fait signe de rester discret. Un gendarme nous accompagne. Nous le suivons dans un étroit escalier. Après avoir longé un corridor où deux sans-culottes jouent aux dés sur un petit fut, il ordonne à l’un d’eux d’ouvrir une porte épaisse derrière laquelle sont entassées quelques prisonnières. Une vingtaine peut-être. Là encore, l’odeur est infecte. Nous pénétrons à l’intérieur de la cellule. La porte se referme sur nous. Je distingue dans la pénombre une femme prostrée au coin de la pièce. Paraissant malade, elle est en train de vomir. Marie Anne, qui me reconnaît malgré mon accoutrement, se détache des autres détenues et court vers moi pour me prendre dans les bras. Nous nous embrassons et nous pleurons ensemble. J’explique à mon tendre amour la raison de ma visite. Elle m’écoute attentivement. Maître Bachelet intervient aussitôt pour me signaler que le temps est compté et me recommande d’exposer tout ce que j’avais à déclarer avant de me tenir à l’entrée du cachot. Toutes les captives se sont tues. Posté contre la porte, je le regarde s’entretenir avec Marie Anne qui instantanément répond aux questions posées :
— Ton nom ?
— Duchastel Marie Anne, Monsieur,
— Citoyen… Il ne faut pas dire Monsieur, mais Citoyen… Monsieur, cela peut faire suspect… tu dois te méfier…
— Bien ! Si tel est votre désir… Mons… Citoyen…
— Citoyenne, ce n’est point ma volonté… Mais je me dois de rester prudent… pour les mêmes raisons, il ne faut plus dire « vous » ni « votre » ! On emploie le tu, toi, ton… dis-moi… Cette famille du Chastel est fut… est fort bien connue à Rouen ! Es-tu noble ?
— La branche de ma famille a dérogé… C’est mon grand-père qui me l’a dit… Mon père payait la taille, mon grand-père et son père étaient taillés également… Mon grand-père m’avait rapporté que nous en étions dispensés jadis… Il y eut une requête après qu’un intendant eût affirmé que l’aïeul avait été déclaré usurpateur. Ce qui était faux…
— C’est mieux ainsi de ne pas être noble par les temps actuels… Ton âge, citoyenne ?
— Trente-deux ans, mon père m’a dit…
— Tu serais donc née en… 1761. D’où es-tu native ?
— D’Offranville, près de Dieppe… Mon père occupe une ferme… Il possède d’autres tenures, l’une à Bully confiée à mon frère, l’autre à La Feuillie où un autre de mes frères tient une fiefferme…
— Es-tu mariée ?
— Je l’ai été, citoyen… Je suis veuve, mon homme qui avait servi le roi fut tué à la bataille des Saintes… un an seulement après mon mariage…
— Les Saintes, c’est aux Antilles, n’est-ce pas ? As-tu eu des enfants de cette union ?
— Non, mais…
— Mais quoi ? Qu’as-tu à me déclarer ?
— J’ai deux filles… j’ai eu deux filles jumelles avec le sieur Prevel qu’il a reconnu… Elles sont en garde chez leur grand-mère… la mère de sieur Prevel ici présent.
— Il ne m’a rien dit à ce sujet…
L’avocat, sourcilleux, me regarde longuement avant de reprendre.
— Comment se nomment-elles et quel âge ont-elles ?
— Marie Anne et Marie Julie… Elles ont environ 5 ans…
— Si ton mari est mort, tu n’as plus rien… De quel expédient vis-tu ? Es-tu mendiante ?
— Non, Citoyen, je vis habituellement chez mon frère à Bully… Mais je peux aussi demeurer chez mon père qui possède une ferme dans les environs d’Offranville. Seulement lorsqu’il m’en fait la demande, car les journaliers ne sont pas en nombre suffisant pour vaquer dans les champs.
— C’est donc à Offranville que tu en as profité pour rencontrer le sieur Prevel ; Nicolas Prevel ici présent ?
— … Je…
— Ne baisse pas la tête, Citoyenne, et réponds !
— Oui, Citoyen…
— Ce n’est pas cela qui t’est reproché… Sais-tu pourquoi tu es ici ?
L’avocat me parcourt à nouveau, car à cette question, Marie Anne est visiblement apeurée.
— J’ignore la raison pour laquelle on m’a prise… Je rendais visite à ma cousine qui avait accouché, il y a deux mois… Elle vit avec son mari dans le village d’Auteuil. Des hommes ont commencé à me suivre lorsque je suis revenue vers l’église.
— Ce n’est ni devant l’église ni devant la maison de ta parente qu’ils t’ont saisie ! Je me suis renseigné… Où te rendais-tu ?
— Je passais par la rue du Buis parce que j’y étais obligé ! Je me suis arrêtée un instant pour regarder une demeure… Celle de madame de Gouze. C’est à ce moment-là qu’ils m’ont attrapée…
— Tu étais donc au fait que dans cette même rue résidait Olympe de Gouge… Olympe Gouze ? Connais-tu cette bourgeoise qui avait rédigé la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ? Ils t’ont appréhendée juste devant ce logis, c’est bien ça ?
— Oui, je sais qui elle est… c’est une amie de ma mère… Une honnête personne… C’est elle qui avait hébergé ma sœur quelque temps… C’est elle qui avait repéré la maison dans laquelle habitent ma cousine et son mari… C’est à deux pas de son domicile…
— Pour quelle raison ta cousine et son homme demeurent-ils le village d’Auteuil ?
— Par simple convenance… Je viens de vous le dire… C’est madame de Gouze qui…
— Citoyenne Gouze… Tu dois dire… Je suis au fait que ta cousine et son époux ont été arrêtés en même temps que toi… Sais-tu où se trouve actuellement ta parente ?
— Elle est dans cette cellule… C’est elle qui est malade… Elle est maintenant couchée sur le grabat… Je crains qu’elle soit de nouveau enceinte. On l’a aussi séparé de son enfançon qui a besoin de lait… je sais qu’on doit la transférer dans un autre endroit pour qu’on puisse la soigner… Je ne sais pas ce qu’il est advenu de son mari… Nous n’avons absolument pas agi contre la République.
— Si elle est grosse, il ne lui arrivera rien… Pour toi, je me suis déjà renseigné… Tu as été appréhendée il y a cinq jours, le 21 juillet… le 3 thermidor, le lendemain de l’arrestation de la citoyenne Gouze. Sais-tu si elle est également dans cette prison ? Le mari de ta cousine a été emmené à la Force… Es-tu certaine de n’avoir rien à te reprocher ?
— Rien, Citoyen, ni ma cousine d’ailleurs… Madame de… La citoyenne Gouze a été écrouée dans le cachot d’à côté… Faites… Faites votre possible pour nous libérer de cet enfer… Je vous en conjure…
— Parle moins fort, malheureuse ! Sinon les gardes vont t’entendre et vont nous contraindre de sortir !
L’avocat en impose par sa stature. Marie Anne continue de manifester sa peur. Elle crie… La porte s’ouvre en grinçant. Nous sommes obligés de partir. Cette présence inopportune m’empêche d’étreindre Marie Anne. Nous quittons ce terrible endroit pour atteindre le centre de la place Sainte Marguerite où l’homme de loi me le confirmera aussitôt : « Elle ignore pour quelle raison on l’a enfermée ici. Elle n’a absolument rien à se reprocher… On l’a interpellée par hasard, car elle a eu la mauvaise idée de s’être arrêtée un instant devant le domicile de la citoyenne Gouze. Or, Marat planifiait d’abattre ladite citoyenne Gouze… Tout le monde le sait ici… ».
Je le sais fort bien que Marat eut le malheur de se faire estourbir dans sa baignoire, il y a de cela huit jours. Je sais aussi que la criminelle, une fort belle fille de 25 ans, Charlotte Corday qu’elle s’appelait, est montée toute souriante dans la charrette pour se faire raccourcir pendant que le bourreau qui l’accompagnait était au plus mal, m’avait mentionné un poudré, hier dans une taverne. Sept jours, ils ont donc attendu sept jours pour faire obstacle à la citoyenne Gouze, puis à tous ceux de son entourage. Je scrute le regard désespéré de Maître Bachelet qui me glisse alors : « Je vais tenter l’impossible… ».
Immédiatement, nous nous rendons jusqu’au Procope, situé à quelques pas d’ici, où Maître Bachelet va plaider notre cause auprès de Danton qui fréquente assidûment le café.
Point de Danton. D’ailleurs, je découvre avec effarement que Danton a été écarté du Comité de salut public, il y a de cela quelques jours, pour profiter de sa toute nouvelle épouse, nous rapporte un personnage légèrement talqué qui s’est dressé devant nous comme par enchantement et en affichant l’air le plus idiot qui soit. Reste maintenant Robespierre que nous venons d’entrevoir dans le reflet d’un miroir après qu’il eut descendu l’escalier, car nous apprenons par le même homme que ce sera lui qui succédera à Danton dans les prochains jours. Alors que le sieur de Robespierre se rapproche de nous, nous parvenons à le coincer alors qu’il ajuste son chapeau à plume sur sa perruque. Nous le prenons à part. Méfiant, il nous toise, nous défie, se montre intraitable et hausse le ton… mes yeux se ferment… Je m’évanouis…
Un flash soudain parti de nulle part m’aveugle… Je ne suis plus sur la place Sainte-Marguerite… Miraculeusement, les odeurs nauséabondes ont été remplacées par des fragrances de parfums divers. Je sens l’arôme des fleurs…
Tout à côté de moi, une jeune femme entièrement nue, étirée sur son grabat, se redresse sans réfléchir et me repousse à tour de bras avant de poser ses mains sur les épaules pour me secouer énergiquement. Agenouillée à mes côtés, la même femme me caresse la nuque et le visage… Je devine qu’elle me parle, car sa bouche s’ouvre et se clôt sans discontinuer et sans aucun son. Qu’y suis-je ? Qui est-elle ? Maintenant, je peux voir mon corps de l’extérieur. Je le distingue inerte, couché en travers du matelas, le sexe érigé pendant que la femme continue de gesticuler, cherchant à demander de l’aide en pleine nuit.
Elle enfile sa robe de chambre pour appeler les secours.
De l’endroit où je suis, j’ai comme l’impression que deux personnes coexistent, l’une physique, restée allongée sur le lit, et l’autre virtuelle, habitée par une conscience… Visualisant la scène de chaque coin de la pièce, je réalise que c’est Isabelle qui est revenue pour me secouer à nouveau et me gifler, avant de saisir ma tête entre ses mains… Elle me parle, une larme perle sur sa joue et…
Flash…
Je concrétise que, comme un somnambule, j’ai voulu honorer Isabelle qui s’est subitement réveillée, et pour calmer mes ardeurs, elle s’est redressée, surprise de me découvrir les yeux hagards. C’est à ce moment que je suis tombé à la renverse, tel un corps mort… Elle a tenté de me réanimer, tandis que le voisin du dessous précédait les pompiers qui surgissaient dans l’appartement.
J’entends le hurlement d’une sirène, celle d’un véhicule de secours qui m’emmène dans un hôpital. Isabelle est à mes côtés, me tenant la main. Je me sais sous le contrôle d’un médecin urgentiste qui surveille l’ensemble de mes paramètres.
Flash…
L’enfer perdure… Un insondable trou noir s’ouvre devant moi… Puis un nouvel éclat de lumière sillonne le ciel… Je suis en train de vivre l’existence d’un notable de campagne qui s’est précipité à Paris pour retrouver la femme qu’il aime… C’est la femme que j’ai serrée contre moi quand je me suis introduit dans le cachot… Des bribes de souvenirs me reviennent : le voiturier du chasse-marée, qui effectue continuellement le trajet entre Dieppe et les Halles de Paris, m’a rapporté, lors de son passage par Tôtes, la terrible nouvelle. Il la tient du citoyen Nicolas Grébauval, ancien commis de Fouquier-Tinville, qui a été désigné comme juré au Tribunal révolutionnaire… J’ignore comment un simple voiturier peut connaître un si sinistre personnage, mais il le fréquente quand même. Grébauval… Nicolas Grébauval… Il me semble avoir déjà entendu ce nom. J’apprends que le jugement et le verdict sont prévus pour le 3 vendémiaire de l’an II à la Conciergerie… Je suppose que le voiturier m’a correctement renseigné…
Je m’y rends juste avant l’ouverture de l’audience. Avec difficulté, je parviens à me trouver une place sur un banc, au tout dernier degré et à droite de la salle du Tribunal. Face aux gradins réservés aux accusés, j’ai remarqué la présence de beaucoup de femmes dans la première rangée dont certaines ont même sorti leur pelote de laine pour tricoter… Cette journée va être longue, très longue… Patiemment, je vais attendre que Marie Anne puisse assurer vaillamment sa défense devant les cinq juges qui viennent de s’installer… Voici le greffier qui s’amène pour discuter avec l’un des douze jurés. Je compte maintenant sur maître Bachelet que j’ai payé à prix d’or et qui m’a redemandé, encore hier, un surplus afin de pourvoir aux frais de bouche… C’est que ça mange bien, un avocat… Sans compter qu’il a souvent soif et que je le traîne de taverne en taverne pour étancher son envie de boire… Tiens, voilà l’accusateur public et deux de ses sbires qui s’avancent et s’asseyent au pied des gradins. Le temps passe… Je languis sur mon banc, car le président est parti précipitamment et se fait attendre… Je redoute ce jugement… Une porte grince… Il revient enfin. Je ne m’étais pas aperçu qu’il claudiquait. Il parvient à prendre place tandis que les avocats demeurent impatiemment debout ou assis dans un coin de la salle. J’observe Fouquier-Tinville, l’accusateur public qui les regarde d’un œil mauvais… Le président déclare la séance ouverte… Un huissier appelle le premier suspect. Pourquoi ne l’installe-t-on pas dans les gradins ? Ah ! Un autre huissier lui apporte un tabouret, mais lui intime l’ordre de rester debout… Des hommes de la Garde nationale se tiennent près de lui. D’ores et déjà, le spectacle a commencé, car l’accusé, un poissonnier, gueule comme un putois, ne comprenant pas les raisons de son arrestation… Fouquier-Tinville se lève, s’emporte et s’énerve pendant de longues minutes avant de se rasseoir et de se relever pour tourner autour du malheureux et le convaincre d’avouer qu’il avait applaudi la mort de Marat le 25 messidor de l’an I de la République. Le verdict ne se fait pas attendre : la peine capitale. Puis, à chacun leur tour, passent un bourgeois, deux journaliers, un émigré, un menuisier, un comte lui aussi émigré, un ancien sous-officier, la cousine Thérèse Salezard, puis Marie Anne. À chaque fois, la même sentence est requise et rendue quelques instants plus tard sous les quolibets des furies qui sont assises au premier rang… Sans sourciller, elles continuent leur tricotage… Je suis abasourdi… Marie Anne n’a pas pu défendre sa cause. L’avocat s’est complètement tu à la vue de Fouquier-Tinville qui a déversé, à ce moment-là, une diatribe violente à l’encontre de tous ces contre-révolutionnaires qui ont voulu rétablir la Royauté… Le sort de sa cousine, enceinte, reste encore incertain en raison de son état… Une sage-femme va l’examiner, vient de déclarer l’un des juges.
Présentement, j’ai compris que l’exécution doit avoir lieu en fin d’après-midi. Maintenant que la liste est close et contresignée par Fouquier-Tinville, mon voisin de droite m’explique en détail ce qui va se dérouler dès aujourd’hui. Quant à mon voisin de gauche, je n’ai pas envie d’écouter ses commentaires. Je ne sais même pas ce qui me retient de lui cogner très fort la tête lorsqu’il s’esclaffe en évoquant la nouvelle « fournée » qui se prépare. Ce vocable inconvenant « fournée » suggérant que la cuisson du pain va irrémédiablement parvenir à son terme m’exaspère, car il me tenaille les tripes… Un homme, qui vient de se retourner vers moi, a saisi qu’une des femmes accusées était l’une de mes proches. Malgré sa mise négligée, je pressens qu’il appartient à l’ancien ordre. C’est un noble, me dis-je en regardant ses mains qu’il sort de ses poches. Discrètement, il m’explique que Marie Anne va rejoindre les autres condamnés de la journée dans la cour de Mai. Elle devra patienter encore un peu jusqu’à ce que le bourreau l’appelle par son nom. Ses cheveux et son col seront coupés. Ensuite, elle sera hissée dans une vieille charrette à ridelles… Je décide d’attendre que le « carrosse à trente-six portières » comme disent tous ceux que j’ai entendus dehors, quitte la conciergerie… Une citoyenne enragée, bonnet phrygien sur la tête, tente de me relater le calvaire que vont devoir endurer les condamnés avant d’aborder la bascule à Charlot… Je ne peux faire autrement que d’écouter cette vieille vipère malgré le dégoût qui m’étreint le cœur… Je ne pourrais pas escorter ce convoi avec tout ce monde dans les rues… Je ne parviendrais pas à supporter ces cris de haine de la populace qui crache, qui conspue ou qui hurle sur ceux qui vont bientôt mourir. J’ai mal, j’ai très mal… Ne pouvant éviter de passer par la rue Saint Honoré, je choisis de suivre le cortège de loin, de très loin… À mi-chemin, je récupère une voie de traverse qui va me permettre de longer le jardin des tuileries jusqu’à la place Louis XV rebaptisée pour la circonstance place de la Révolution… Le convoi n’est pas encore arrivé à destination et je crois comprendre qu’il approche si j’en juge les propos des aides qui patientent en piétinant de long en large sur l’échafaud. En attendant, une odeur pestilentielle composée de crottins de cheval, d’urine et de je ne sais quoi me pénètre dans les narines… Partout des flaques de sang séchées maculent le sol dont certaines collent aux semelles de mes bottes. Je n’en peux plus de me morfondre, car j’ai excessivement mal à mon âme et il fait horriblement chaud… Je manque de m’évanouir… Un brouhaha soudain m’oblige à me retourner… Des Gardes nationaux maintiennent la populace à distance. La charrette vient de parvenir par la rue Royale Saint Honoré, passe devant le garde-meuble et s’arrête à deux toises des marches de l’échafaud. Je ne distingue pas immédiatement Marie Anne. Aussitôt Sanson ordonne aux gardes de faire descendre douze hommes et deux femmes, dont les noms sont cités. Tous ont les mains liées derrière le dos… Je reconnais enfin son incomparable silhouette, me refusant toujours à croire à la tragédie qui est en train de se mettre en place… Ses beaux cheveux châtains sont coupés à hauteur de sa nuque… Son jupon est taché par du sang et son col est largement échancré… On dirait qu’elle s’est débattue, son corsage étant légèrement déchiré, ce qui laisse apparaître la rondeur d’un de ses seins… Oh mon Dieu ! Elle pleure ! Je pleure aussi… Elle semble cependant très courageuse malgré ses larmes… Le ventre noué, je regarde les hommes qui, l’un après l’autre, au son des tambours, montent sur l’échafaud. Je ne peux pas voir ce spectacle si horrible que je me retourne pour écraser les gouttes qui envahissent mon visage… Même si elle pressent ma présence, car elle scrute à droite et à gauche, elle ne doit pas découvrir que je me suis dissimulé parmi la foule. Pourtant, nos yeux parviennent à se croiser… Elle ne peut s’empêcher d’étouffer un sanglot… C’est maintenant au tour de Thérèse Salezard de grimper les quelques marches… Elle était enceinte, m’avait affirmé son mari… Marie Anne sait que cela sera son tour juste après… Elle pleure et refuse son sort. Sans aucun ménagement, les aides de Sanson la saisissent par les bras et lui font monter les degrés jusqu’à cette impressionnante machine qui me fait frémir d’effroi… Ils l’attachent sur la bascule… Je ne peux pas croire à ce qui se passe… Je baisse la tête et aussitôt un bruit sourd me glace le sang… Comme pour les autres, Sanson montre la tête au peuple et aussi comme pour les autres, je ne peux pas visionner l’horreur en face… Effondré parmi les vivats, je traverse une sorte de brouillard… Dans ce brouillard diffus, la guillotine s’estompe comme par enchantement pour se métamorphoser en une horloge qui ne ressemble pas tout à fait à celle qui se trouve dans la bibliothèque, car celle que je perçois s’avère en cours d’assemblage… cependant, je distingue un balancier orné d’un soleil doré qui, oscillant devant la lucarne, semble faire office de couperet.
Je crie, j’ouvre enfin les yeux pour les refermer d’emblée. Isabelle me tient la main que je serre très fort. J’entrevois un médecin qui surveille un instrument de mesure, tandis qu’une sirène à deux tons transperce la nuit. Tout cela me paraît sombre, obscur, irréel, comme si je vivais entre deux dimensions temporelles où s’entrechoquent le passé et le présent, un monde physique et un autre virtuel dans lequel je me débats à l’intérieur d’un vortex quantique dans lequel émane une étrange source lumineuse.
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J'étais disposé à répondre au défi de @paname@, concernant un portrait peu flatteur. Mais lorsque j'ai souhaité le publier, j'ai bien vu que je ne respectais pas les contraintes.
Je vais donc le déposer à part.
Le portrait suivant est une relique découlant d’anciens textes liés au roman « Les amants de l’éternité ». Depuis, il a été abondamment retravaillé et intégré dans la version actuelle, en plus courte et à une place différente. Il concerne Germaine Verdier dite Gueule-de-Broc, épouse Debeaulieu, un personnage inventé.
Le contexte : Olivier est invité dans un petit village normand et va apercevoir une personnalité locale qui avance dans sa direction. À ce moment précis, il va la croiser, sait déjà à qui il a affaire. En esprit, il va débiter une sorte de litanie…
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« Gueule-de-Broc, je ne connais pas encore, mais j'ai la ferme volonté de te découvrir. D'ailleurs de loin, je t'ai tout de suite reconnue. Certains te décrivent comme une sorcière. Tu sais, je pavoise en prononçant cela. Mais je t'assure que tu as devant toi un esprit cartésien. Du moins, restons modeste, je me range de ce côté-là. J'ai l'impression que tu es une femme originale, pas une mauvaise femme. Aigrie, malheureuse, tu as dû expérimenter de bien désagréables moments durant ton existence. J'ai seulement envie de te démasquer, madame Debeaulieu. Mon tutoiement en esprit n'est pas un manque de respect envers toi, mais une forme de compassion. Pardonne-moi si je t'offusque.
Gueule-de-Broc !
Qu’il est curieux de t'avoir affublé d'un pareil surnom ? Et encore tu n'as pas que celui-là, car chacun dans la contrée y va de son petit couplet pour te vêtir. Tu passes pour la meilleure cuisinière du canton. Ta mère t’apprend toujours des recettes de cuisine, qu'elle tient de sa grand-mère. D’ailleurs, Isabelle me l’a affirmé, jamais de sa vie, elle n'avait savouré de tels mets, ceux que tu mijotes si bien, et dont je rêve de goûter. Le principal défaut, qui te porte préjudice, est un tempérament fouineur ; tu furètes partout, t’immisces dans le quotidien de tes concitoyens ! Isabelle m’a déjà beaucoup parlé de toi. »
Cette femme au visage faunesque semblait dotée d’une vision périphérique. Elle pourrait figurer en bonne place dans une image d'Épinal, mais elle était bien plus que ça et bien mieux connue que la Maire de cette municipalité ; elle en était la figure de proue. Elle asseyait sa renommée dans tout le pays de Bray. Il n'était donc pas étonnant qu'Isabelle en parlât tant. Ainsi, on lui prêtait un amant à cinquante ans. Car on l'avait vue déambuler, un cabas suranné, arrimé sous le bras, arpentant de long en large la commune, traversant les chemins et cavées en recherche d'un homme circonstanciel. C'est au cours d'incessantes et interminables pérégrinations qui aboutissaient dans quelques fermes des alentours qu'elle avait retrouvé sa jeunesse envolée dans les bras d'un jeune amant prénommé Antonin. Pourtant, elle possédait un physique ingrat et ne faisait rien pour s'en arranger. Elle apparaissait plutôt mince, légèrement voûtée, un visage allongé, surmonté de cheveux bruns et blancs retenus par un chignon de couleur bleue. S'habillant tous les jours en gris, elle revêtait une éternelle blouse de même couleur, blasonnée de quelques taches de confiture. Par simple souci érotique ou désir d'économie, elle portait toujours des bas. Personne dans ce village ne l'ignorait, car ostensiblement, les insignes de cette féminité qui la paraient claquaient comme des gonfanons au gré du vent. Dès le printemps, ses jambes qui se dévoilaient, évoquaient étonnamment celles d'une souris. Par bonheur, elle pouvait braver le vent, grâce à de solides mollets qui rigidifiaient l'ensemble. Presque chaque jour, des regards lourds affrontaient les surprenantes charentaises bigarrées qui lui servaient de moyen de transport. Cependant, de toute sa personne, un détail dominait : sa lèvre inférieure était singulièrement avancée, proéminente et c'était pour cela que tous les gens du village l'avaient surnommé Gueule-de-Broc. Elle traînait sur les routes sa caractéristique qui n'interdisait pas toute la loquacité qu'elle avait en elle. Ce qui laissait dire à certaines sales langues que cet appendice labial lui avait permis de trouver la direction, de traquer et de localiser - comme un sourcier - l'endroit où se cachait cet amant providentiel. D'autres affirmaient qu'ayant tété sa nourrice très longtemps, sa bouche avait pris cette forme particulière. Il semblait à tous, par le mouvement perpétuel de ses lèvres, qu'elle additionnait et soustrayait sans cesse. Tous la connaissaient pour avare. En réalité, son mouvement de lèvres provenait de ses ressentiments contre le monde entier.
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Extrait du chapitre 12 "Coeur de troubadour "du roman "Les amants de l'Éternité".
Isabelle a glissé un petit billet dans la pochette de la veste d'Olivier.
Aimer, c’est conjuguer,
Les verbes qui font frissonner,
Nos âmes et nos cœurs tout entiers,
Goûter nos baisers,
Découvrir nos corps,
Caresser nos peaux,
Regarder nos yeux,
Explorer nos âmes,
Et mourir de désir,
Pour brûler de plaisir…
C’est simplement nous adorer,
Comme nous sommes,
Main de velours,
Cœur de troubadour,
Alors amour pour toujours.
Isabelle
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