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jules27400
Les plus lues
de toujours
Défi
Très courte nouvelle en réponse au défi "scène sanguinaire".
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Défi
Dieu devait rire bien fort du haut de son promontoire céleste : sa création s'écharpait seule, clouée entre la boue et le tonnerre.
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Défi
Je compte ces nuages couleur de laine ; je les vois, les rêve, les dessine. Je compte ces masses blanches, voluptueuses, aériennes, elles s’emparent de mon esprit et m’obsèdent. Je les compte presque par nécessité, la voix cassée, cotonneuse. Ils se baladent insolemment devant moi, me narguent de leurs formes affriolantes, je veux les attraper ! je tends mes bras, j’arque mon dos, je referme mon poing… j’y suis presque ! et puis je me ressaisis. Je me rappelle que je suis dans mon lit, la couverture sur le ventre, dans le noir… et que je comptais les moutons.
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Défi
A l'ombre des dunes de sable,
un homme se prélasse
et mange un serpent.
Il s'endort
sans se douter peut-être
qu'un autre serpent le guette.
Ainsi est mangé...
qui croyait manger.
Fin
https://unsplash.com/photos/PJ_EJYa2sT8
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Défi
Défi : Votre personnage ou vous-même êtes morts. Par un jeu de circonstance (que vous êtes libre de trouver dans la religion, science-fiction ou autre) votre héros assiste aux adieux de ses proches et le portrait qu'on dresse de lui n'est pas tout à fait conforme à ses attentes...
***
Ma fille aînée pleurait, mais elle était la seule. Les autres riaient. La moitié d'entre eux était avinée comme il fallait ; des mots plaisantins, des gaudrioles, quelques petites grivoiseries d'ivrogne sortaient de leurs bouches. Je me tenais droit aux côtés de ma photo. Mon enterrement avait été une désolation du début jusqu'à la fin : même de l'outre-tombe, mes proches avaient été capables de me décevoir. Par proche, j'entendais ces tarés biologiques, ces impotents, ces endimanchés d'un jour incapables de se tenir correctement, - mes fils -, plus préoccupés par leurs petites vies que par la maladie puis le décès de leur père.
Je n'avais eu droit qu'à leur visite à l'hôpital le jour où je mettais en ordre mon testament. Ils souriaient benoîtement ce jour-là, je m'en souviens encore. Ils s'étaient même permis un "papa" gentiment hypocrite. Alors, évidemment, je n'attendais rien d'eux pour ma mise en bière. Je n'attendais rien d'eux, si ce n'était le minimum convenable, et ces petits cons avaient tout de même réussi à désappointer un fantôme. Il me semblait, en cet instant, que j'étais le vivant dont la mort avait le plus les vivants ; mais il me semblait aussi être le mort le plus malheureux de cette planète de vivants.
Je n'entrerai pas dans les détails, ce serait futile et inutilement long. Mais tout alla mal dès la messe, ce qui n'augurait rien de bon. Le prêtre en retard, les corbeilles de la quête qui se cassent la figure au milieu de la nef ; le premier rang - mes rejetons - qui éclate de rire et trois vieilles qui gesticulent à quatre pattes pour remettre les piécettes en ordre ; mon benjamin qui rate la marche en montant faire l'éloge funèbre - nouveaux éclats au premier rang -, une adorable petite-nièce que je n'avais jamais vue qui se prend d'une envie de tempêter son ennui sous la croix du Christ et mon cercueil, et ma femme qui nous fait une crise d'asthme à cause du désastre de la cérémonie alors qu'elles avaient disparu depuis presque trente ans. Je les regardais estropier mon enterrement de toute sa solennité, de toute sa liturgie sacramentelle sans n'y pouvoir rien faire, pétrifié au pied de l'autel, invisible des yeux de tous, me demandant simplement pourquoi ce qu'il y avait tout-en-haut m'infligeait ce supplice.
Vinrent ensuite les derniers adieux. Sortez les mouchoirs. Tous avaient adopté avec grandiloquence un air nauséabond de contrition pour qui perçait les murailles et pénétrait dans l'intériorité de ces pleureurs de convenance.
Enfin, la réception organisée par ma fille ajouta du ridicule au drame. Tant mieux, il en fallait. Qu'ils achevassent de ruiner mes funérailles, je n'en attendais définitivement pas moins d'eux. Et après tout ce que je venais de voir, j'étais maintenant certain que ces soûlards feraient une bonne gestion de mon patrimoine. Avec sa dilapidation, résultat d'une gabegie prévisible, toutes les traces de ma présence sur Terre s'évanouiraient : à la chaleur de ma vie succéderait la froideur de l'invisibilité et de l'oubli ; je ne deviendrai qu'un de ces inconnus de l'histoire ; une mémoire qui fut, qui a chancelé et qui s'est éteinte quand toute la cire eût fondue. Je venais de comprendre la nature de ma désormais fantomatique existence. J'étais destiné au néant, à l'oubli et à la disparition lente de toutes les créatures terrestres qui s'égrènent comme le sable s'envole. Quel bonheur que mon départ pour l'au-delà se fût déroulé d'une si exquise manière ! Du moins n'aurais-je pas de regrets !
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Défi
Vous faites quoi dans la vie ? Moi ? Je vends des voitures, répondit mon voisin. Et vous n'avez pas de voitures à vous ! s'exclama le conducteur.
Leur échange me fatiguait. Cela faisait déjà 27 minutes. Accolé à la vitre, je ne semblais plus respirer. Tu pues, mec ! râlait mon esprit à l'encontre du gars sanglé à mes côtés. Et vous ? me demandait-on. Moi ? Moi, vous savez... répondis-je en leur faisant comprendre que je ne travaillais plus par un geste leste de la main. Encore un qui vit sur le dos des contribuables, grogna l'antipathique personnage à ma droite, qui empestait le rat mort et dont la dernière douche devait remonter à l'an mil, lorsque justement, les douches n'existaient pas, faute d'une tuyauterie fantôme et d'une circumfusa douteuse.
Je scrutais mon reflet qui miroitait sur la glace, imberbe, hâlé sans être parti nulle part, ni inutilement beau ni ennuyeusement laid pour quelqu'un dans ma situation que la vie n'avait guère gâté, un reflet qui se troublait à chaque cahot, me rappelant combien ce voyage était long.
Le chauffeur, un cinquantenaire grisonnant esquissa un rire gêné et changea de sujet : Et moi, je suis maître des écoles... Oh, vraiment ? C'est un métier magnifique ! affirma sans savoir mon voisin. Oui, un métier magnifique... mais qu'est-ce que c'est fatiguant !
Leur échange m'ennuyait. Vivement ma destination, La Rue-Saint-Pierre, un patelin du 76 dans une observance si triste de la déperdition des campagnes françaises qu'il avait fallu décider, pour obtenir plus de subventions de la part du département, de ne plus compter en nombre d'habitants, mais en nombre d'âmes. Ordre fut ainsi donné de recenser les vaches, les poules et les mouches, et je devais faire le trajet depuis Paris pour aider, à la demande de ma mère, une grande-tante presque inconnue, une Alice dont je n'avais qu'un vague souvenir d'enfance, à remplir cette tâche ingrate et avilissante. Pardonnez l'ironie. Mon imagination est fertile quand il s'agit de rejoindre les provinces extra-franciliennes, ces territoires sauvages, ces anciens pays grossiers qui avaient jadis appartenu aux loups, aux chouans et aux sorcières. Loudun et Louviers n'ont qu'à bien se tenir. Monsieur ? demandait Aldrich, le conducteur.
Monsieur, c'était mon prénom, un prénom impersonnel, un ersatz de l'étiquette nobiliaire dont l'on vous gratifie en espérant paraître poli, mais que l'on vous rabâche à longueur de journée au point qu'il devient vôtre. Oui ?
J'avais dû m'assoupir. Nous étions arrivés.
Par la vitre, une vision chimérique d'un monde en flammes s'abattait devant moi par ce soleil orangé qui tombait et flirtait avec la nuit naissante. J'avais maintenant pénétré la campagne profonde dont il ne ressortait que deux choses pour mes yeux de Parisien infatué de lui-même : le manque de connexion internet et la consanguinité. Une vision effroyable se déroulait par la vitre à la manière d'un diorama, tellement effroyable qu'elle rendait presque la puanteur affolante de mon voisin agréable. J'étais coincé entre deux enfers. Où dois-je vous déposer ? Où vous voulez...
Où vous voulez, mais laissez-moi sortir. Où vous voulez, mais laissez-moi m'enfuir...
Leur échange me fatiguait. Cela faisait déjà 27 minutes. Accolé à la vitre, je ne semblais plus respirer. Tu pues, mec ! râlait mon esprit à l'encontre du gars sanglé à mes côtés. Et vous ? me demandait-on. Moi ? Moi, vous savez... répondis-je en leur faisant comprendre que je ne travaillais plus par un geste leste de la main. Encore un qui vit sur le dos des contribuables, grogna l'antipathique personnage à ma droite, qui empestait le rat mort et dont la dernière douche devait remonter à l'an mil, lorsque justement, les douches n'existaient pas, faute d'une tuyauterie fantôme et d'une circumfusa douteuse.
Je scrutais mon reflet qui miroitait sur la glace, imberbe, hâlé sans être parti nulle part, ni inutilement beau ni ennuyeusement laid pour quelqu'un dans ma situation que la vie n'avait guère gâté, un reflet qui se troublait à chaque cahot, me rappelant combien ce voyage était long.
Le chauffeur, un cinquantenaire grisonnant esquissa un rire gêné et changea de sujet : Et moi, je suis maître des écoles... Oh, vraiment ? C'est un métier magnifique ! affirma sans savoir mon voisin. Oui, un métier magnifique... mais qu'est-ce que c'est fatiguant !
Leur échange m'ennuyait. Vivement ma destination, La Rue-Saint-Pierre, un patelin du 76 dans une observance si triste de la déperdition des campagnes françaises qu'il avait fallu décider, pour obtenir plus de subventions de la part du département, de ne plus compter en nombre d'habitants, mais en nombre d'âmes. Ordre fut ainsi donné de recenser les vaches, les poules et les mouches, et je devais faire le trajet depuis Paris pour aider, à la demande de ma mère, une grande-tante presque inconnue, une Alice dont je n'avais qu'un vague souvenir d'enfance, à remplir cette tâche ingrate et avilissante. Pardonnez l'ironie. Mon imagination est fertile quand il s'agit de rejoindre les provinces extra-franciliennes, ces territoires sauvages, ces anciens pays grossiers qui avaient jadis appartenu aux loups, aux chouans et aux sorcières. Loudun et Louviers n'ont qu'à bien se tenir. Monsieur ? demandait Aldrich, le conducteur.
Monsieur, c'était mon prénom, un prénom impersonnel, un ersatz de l'étiquette nobiliaire dont l'on vous gratifie en espérant paraître poli, mais que l'on vous rabâche à longueur de journée au point qu'il devient vôtre. Oui ?
J'avais dû m'assoupir. Nous étions arrivés.
Par la vitre, une vision chimérique d'un monde en flammes s'abattait devant moi par ce soleil orangé qui tombait et flirtait avec la nuit naissante. J'avais maintenant pénétré la campagne profonde dont il ne ressortait que deux choses pour mes yeux de Parisien infatué de lui-même : le manque de connexion internet et la consanguinité. Une vision effroyable se déroulait par la vitre à la manière d'un diorama, tellement effroyable qu'elle rendait presque la puanteur affolante de mon voisin agréable. J'étais coincé entre deux enfers. Où dois-je vous déposer ? Où vous voulez...
Où vous voulez, mais laissez-moi sortir. Où vous voulez, mais laissez-moi m'enfuir...
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Défi
Ce que j'écris est sujet à caution : tout n'est pas vrai. Or, c'est justement l'intérêt de l'écriture : l'amusement par l'invention.
*
Oyez grosses vaches que la société ignore !
Oyez bas peuple hideux !
Oyez monstres affreux...! comme je vous comprends...! et comme à travers vous, je me comprends !
Rousseau le formulait finalement assez bien : il existe dans ce monde deux inégalités ; une qui s'éloigne de mon propos et que je ne détaillerai point, et une autre... directement liée à la nature. ("Je conçois dans l'Espece humaine deux sortes d'inégalité ; l'une que j'appelle naturelle ou Phisique, parce qu'elle est établie par la Nature, et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du Corps, et des qualités de l'Esprit, ou de l'âme [...]")*
L'idée même que nous sommes tous inégalement pourvus par Mère nature choque-t-elle quelqu'un ?
En effet, nous avons des sexes, des traits physiologiques, une santé, voire même un lignage différent ; certains sont nés plus riches que d'autres : c'est leur chance. Et puis surtout, il y a quelque chose dont nous sommes tous un peu dépourvus à degrés variables, - sauf une élite d'adonis qui ne semble d'ailleurs se reproduire qu'entre elle, - la beauté.
Pour ma part, je suis laid. Un laideron inintéressant, médiocre, comme toi d'ailleurs lecteur, aux yeux de beaucoup, même si ce cher beaucoup n'oserait te l'avouer.
Oui ! je suis moche, et alors ? Je ne suis certes pas le plus hideux de cette terre de guenons, je me situe dans une moyenne basse, mais j'ai le mérite d'exister. Oui ! je suis moche, et alors ?
Alors, il faut bien dire que j'étais heureux de ces confinements : je portais un masque. J'étais presque devenu sexy.
Heureusement pour moi, à présent, j'étais libéré. Ce masque insupportable avait disparu et je respirais de nouveau dans la rue les doux nuages gris industriels, les miasmes lâchés par les pores suppurés de mes joues, et ceux de ces chers Sapiens qui croisaient mon chemin. J'embrassais cette décolonisation de ma figure, mes chaînes faciales étaient jetées à bas : je me trouvais désormais, comme jadis, libre d'être moi-même... libre d'être laid.
* : je me suis contenté de strictement recopier cette citation extraite du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Je ne l'ai pas modifiée, c'est-à-dire que les fautes orthographiques et typographiques qui s'y trouvent étaient correctes du temps de son auteur. Je tiens aussi à préciser pour des raisons morales, d'honnêteté et de propriété intellectuelle que le titre n'est pas de moi, mais qu'il est issu d'un reportage posté quelque temps avant la levée de l'obligation de porter le masque en France.
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Défi
Du mont Paekdu à l'île de Jeju ;
Vierge terre déchirée, noble nation profanée ;
Digne fille des éléments, bravant l'histoire et ses tourments ;
Serve de Joseon, éternelle insoumise de Gwangju ;
Admire tes cerisiers en fleurs et guette tes nuages en pleurs ;
Doux dragon péninsulaire et rejeton des mers ;
Admire ta maison et guette ton ferreux front ;
Célèbre ta culture, oeuvre d'habile facture ;
Oublie enfin tes douleurs et ressens les douces senteurs ;
De ta liberté et des principes de droiture qu'admire mon être entier ;
Des embruns de tes côtes houleuses sillonnées d'aventureux marins ;
De ta langue plébéienne d'où ruissellent d'harmonieuses antiennes ;
Du traditionnel Gyeongbok, sois fière,
Du moderne Gangnam, sois fière,
De ces étrangers qui te louent sans te connaître, sois fière,
De toi-même surtout, sois fière, divine Corée.
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Défi
Je serai bref. Inutile d'écrire de longues phrases, de sortir les beaux mots, de me perdre en des raisonnements trop abscons pour être entendus sur un sujet aussi naturel que celui-ci. Je serai même honnête avec vous en vous livrant quelques honteuses confidences de lycéen.
Le confinement ne fut du matin au soir qu'une gigantesque entreprise de procrastination. Plus particulièrement lorsque les cours de maths commençaient ; car alors il me fallait ruser, trouver mille moyens industrieux pour être présent sans être attentif. Discord était une supercherie virtuelle ; derrière chaque case noire, derrière chaque prénom souvent tronqué, il y avait une vie qui se poursuivait indépendamment de la matière.
Je mettais mon téléphone au loin, sous mon oreiller pour étouffer le son, car il me fallait toujours guetter une quelconque demande du prof me concernant, puis j'allumais mon ordinateur et je regardais des séries sans que nul n'y trouve à redire. Je sais que c'est mal, mais je sais aussi que c'est grâce à cette transgression de l'interdit que j'ai pu découvrir ma passion, qui me poursuit encore aujourd'hui : les dramas coréens.
Je n'en dirai pas davantage et je vais me taire et vous laisser méditer sur la vacuité de mon confinement. Peut-être étais-je trop occupé à ne rien faire pour qu'il en subsiste de réels souvenirs ? Peut-être le confinement marquait-il aussi la fin d'un monde et le début d'un autre, changeant mes habitudes, me précipitant cruellement dans les préoccupations très lycéennes presque adultes qui allaient devenir les miennes ?
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Défi
Pourquoi likons-nous nos propres textes ? (défi)
Je suppose que c’est une forme de paiement en ligne… envers soi-même. Un paiement pratique, anonyme et sans contact ; c’est-à-dire sans traces ! “Personne ne me remercie ? Eh bien ! je me remercie moi-même !” Peut-être… peut-être, pensons-nous, que cela donnera à d’autres l’idée de le faire. C’est une idée coupable et idiote, presque un aveu de faiblesse ; il y a là un fragment de l’antique et formidable artiste incompris Néron qui payait ses claqueurs pour mieux s’enfiévrer de ses talents ; un moyen jaculatoire et expéditif de se penser populaire ; et c’est cet écrivailleur médiocre que nous reproduisons.
Oh ! il y a bien une voix qui grognonne tout au fond de mon esprit, qui réprouve mon arrogance lorsque je clique sur le bouton “j’aime”. Mais qu’en ai-je à faire ? N’est-ce pas mieux d’avoir au moins une voix qui me soutient - même si c’est moi-même ? de me dire que je ne suis pas seul, que l’on me soutient, que j’écris bien. Je me mens et c’est presque agréable, j’en ricane de bonheur, c’est malsain mais exquis ; c’est une espèce de médication d’urgence que je m’inflige pour ne pas m’avouer mes tares et pleurer à mort. Que voulez-vous : l’homme est masochiste. Voilà pourquoi il a inventé le paiement en ligne ; pour ne plus avoir à sortir lui-même ses billets, à les compter, et, plein de réticence et, d’une avarice biologique, mouillé de ses larmes de désespoir, de se voir les céder à autrui. Avec le paiement en ligne, tout se fait sans qu’il n’en ait vraiment conscience. Et nous adorons le principe du paiement en ligne : voilà que j’entre un simple code et que je peux dépenser des folies. Le budget d’un mois dilapidé en une fraction de secondes ; l’homme est ainsi insensé, assez fou pour se dire à lui-même : “ne fais pas confiance aux autres, ils ne voteront pas pour toi, alors puisqu’ils ne voteront pas pour toi, vote ! vote seul pour toi !”
Ne mentez pas ; je le vois, le sais : nous l’avons tous fait. Et… désolé, voici mon ultime confession : dès ce chapitre publié, je le ferai à nouveau. Après tout, je ne suis qu’un écrivassier. Et je suis humain. Mon aveu de cupidité entraînera votre haine et votre lapidation virtuelle. Mais pitié ! ne me détestez pas..! car je ne suis que vous.
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Défi
Ne lève pas les yeux et passe devant comme si tu ne la voyais pas, marmottait grand-mère.
Je baissai bien les yeux, obéissant sagement, craignant le regard circonspect et craintif que levait mamie vers la masure creusée par les années. C’était ainsi tous les jours en allant à l’école. Il y avait des grilles sombres qui sortaient du sol et narguaient les vivants comme de vieilles gargouilles de cathédrale…, il y avait des bosquets hirsutes, mal rasés, comme la barbe de grand-père…, et il y avait, toujours, cette silhouette du gardien qui rôdait dans le jardin, seule solive encore debout mais décharnée de cette tour croulante de charpente miteuse. Les rayons de lune ravinaient la toiture, l’ardoise brillait dans le noir matinal, éblouissait immanquablement mes yeux.
Un frisson me parcourait la peau : diable que cette maison était lugubre !
Je baissai bien les yeux, obéissant sagement, craignant le regard circonspect et craintif que levait mamie vers la masure creusée par les années. C’était ainsi tous les jours en allant à l’école. Il y avait des grilles sombres qui sortaient du sol et narguaient les vivants comme de vieilles gargouilles de cathédrale…, il y avait des bosquets hirsutes, mal rasés, comme la barbe de grand-père…, et il y avait, toujours, cette silhouette du gardien qui rôdait dans le jardin, seule solive encore debout mais décharnée de cette tour croulante de charpente miteuse. Les rayons de lune ravinaient la toiture, l’ardoise brillait dans le noir matinal, éblouissait immanquablement mes yeux.
Un frisson me parcourait la peau : diable que cette maison était lugubre !
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