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Caiuspupus

Belgique.

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Œuvres

Caiuspupus
Ceci est un recueil d'histoires très courtes, voire très très courtes, pour faire rire et parfois réflechir.
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Caiuspupus

Dans la vaste salle carrelée du sol au plafond, Kim-Soon s’affaire, courbé sur sa paillasse en grès blanc.
Vêtu d’une blouse immaculée trop grande pour lui et muni d’un masque et de lunettes de protection qui lui grossissent les yeux, le scientifique manipule avec précaution des éprouvettes marquées du Symbole International du Danger Biologique. D’un geste sûr et précis, il mélange des solutés et des réactifs phosphorescents, chauffe des tubes au bec bunsen, observe.
Parfois, il s'arrête brusquement, griffonne des notes sur un cahier d’écolier, puis reprend ses complexes et solitaires opérations. De temps à autre, il se déplace sur sa chaise à roulettes jusqu’à un microscope électronique à balayage, analyse le contenu des lamelles puis revient à sa paillasse en jetant un coup d'œil sur une écran où des données défilent en continu.
Depuis le matin, un chant populaire à la gloire du Commandeur Suprême tourne en boucle, diffusé par trois haut-parleurs placés au plafond, à côté des néons blafards.
Kim-Soon sifflote gaiement en travaillant.
Soudain, un grincement sourd déchire le fragile voile de son insouciance. La petite porte blindée, s’ouvre derrière lui sur un nain en livrée et perruque poudrée. Le mini-domestique déroule sur le sol un tapis rouge jusqu’au milieu du laboratoire. Derrière ses lunettes grossissantes, Kim-Soon ouvre des yeux aussi surpris que démesurés, mais sa stupeur laisse vite place à une réaction bien plus conforme au règlement : sans un mot, il se lève de son siège, retire ses gants en latex, son masque de protection, ses lunettes, se recoiffe, époussette sa blouse. Puis il coupe la musique et file se placer au centre de la pièce, au garde-à-vous, le majeur sur la couture de son vêtement et les pieds à 10 h 10, tandis que le serviteur court se poster dans un coin, à petites enjambées comiques.
Deux violonistes entrent en jouant le fameux air “Gloire au Commandeur Suprême ”, suivis par un accordéoniste coiffé d’un béret, ainsi que d’une jolie femme en vêtement traditionnel rouge et blanc orné d’un gros nœud sur la poitrine. Elle chante, de sa voix très haut perchée, les paroles de la chanson populaire écrite par le Commandeur Suprême en personne.


Gloire au Commandeur Suprême
Tout le peuple l’aime !
Ses pets sentent le jasmin
Ils nous guident sur le chemin !
Son fondement expulse des lingots d’or
Oh, tout le peuple l’adore !
Le soleil s’incline devant lui
Dans la nuit son visage luit
Les arbres se courbent jusqu’au sol
Pour admirer sa coupe au bol !
Gloire au Commandeur Suprême !

Enfin, un homme ventripotent tout de noir vêtu pénètre dans le laboratoire, encadré de deux généraux bardés de médailles bariolées. Une jeune demoiselle au visage poupin ferme la marche en agitant un grand éventail en plumes d’autruche.
L’homme en noir fait un bref signe de la main ; la musique s’arrête, tous se figent. Même les mouches cessent de voler devant l’injonction du Commandeur Suprême, qui au bout de quelques minutes d’un silence pesant, s’écrie, à l’adresse de Kim-Soon :
« Alors, mon ami ! Où en es-tu du développement de nos armes biologiques révolutionnaires ? »
Le visage du scientifique prend la couleur du tapis. Kim Soon effectue une courbette rigide, se redresse puis répond, en fixant un point imaginaire au niveau du front du chef Suprême (il est interdit de le regarder dans les yeux sous peine de mort). Ô Divinité Absolue. Mes recherches avancent… Tu n’as donc rien à me proposer maintenant ? grince l’homme en noir. Eh bien, euh… pour le moment… euh… Il me faut encore un peu de temps pour finaliser les protoc...
La Divinité Absolue coupe le scientifique d’un geste autoritaire et se met à hurler de sa voix nasillarde. Du temps ! Je t’en ai donné, du temps ! Mais tu le gaspilles ! Tu gaspilles le temps de la Patrie ! Tu gaspilles mon propre temps ! Vous gaspillez tous mon propre temps ! N’oublions pas qu’avec du temps, l’herbe devient du lait, ô Maître Inaltérable, tente Kim-Soon timidement. Et à trop attendre, le lait devient du fromage et le fromage devient de la crotte ! hurle le Maître Inaltérable en tapant du pied. Commandeur Suprême, je suis impardonnable, je mérite le châtiment, accepte Kim-Soon, les yeux baissés.

Le silence dépose à nouveau son lourd couvercle sur les épaules de la petite assemblée.
Le scientifique baisse les yeux et regarde ses souliers vernis qui lui semblent soudain bien trop petits pour lui. Une goutte de sueur perle le long de sa tempe et roule jusqu’à son cou. Il tressaille, se prépare dignement à accueillir une condamnation à mort qu’il a bien méritée car il n’est pas permis d’échouer face au Commandeur Suprême. Il pense au déshonneur qui touchera sa femme et son enfant. Qu'il finisse dans les camps passe encore, il s'est préparé à cette éventualité depuis l'école, comme tous ses petits camarades. Mais que sa famille trinque à cause de son incompétence, cela lui serre le cœur. Il a envie de pleurer, mais retient son sanglot. On ne pleure pas devant le Commandeur Suprême.
Les généraux sont liquéfiés, même leurs médailles ressemblent à des montres molles.
Les musiciens observent leurs instruments avec inquiétude, craignant qu’un geste d’humeur de la part du Commandeur Suprême ne les détruise en petits morceaux (le Commandeur Suprême passe souvent sa colère sur les objets, juste avant de s’en prendre aux hommes).
Le nain s’est tellement rapproché du coin qu’il semble avoir fusionné avec le mur. On le distingue à peine, il s'est fait encore plus petit qu'il ne l'est déjà.
La fille à l’éventail s’est figée et se retient d’éternuer, elle est allergique aux plumes (on n'éternue pas en présence du Commandeur Suprême).
La chanteuse quant à elle, reste stoïque dans ses vêtements inconfortables. Ses sandales en bois pleines d’échardes lui meurtrissent les pieds.
Dans les yeux à facettes des mouches figées au plafond, cette scène se reflète à l’infini, kaléidoscope tragique.
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Caiuspupus

Il était une fois un jeune garçon qui se prénommait Gurvan. Il vivait à Trec'Horanteg, un village d’une cinquantaine d’âmes niché au creux de la légendaire forêt de Brocéliande.
Un jour où il gelait à menhir fendre, son père malade lui demanda d’aller chercher quelques fagots de bois pour nourrir la cheminée, si gourmande à cette époque de l’année.
En fils obéissant, il enfila son manteau de laine troué et s’engouffra dans l’air piquant. La tête rentrée dans le cou pour éviter les morsures du froid, les dents serrées, il prit le chemin de terre qui menait à la forêt. Son estomac, déja noué par la faim, se contracta de peur : non loin se trouvait le Val Sans Retour.
Le Val Sans Retour et ses effrayantes légendes.
Ici, l’ombre de la sorcière Morgane planait... Quand ce n'était pas celle du Malin en personne !
Ici, été comme hiver, chaque arbre, chaque ruisseau, chaque bruissement, chaque feuille, chaque brindille évoquait la présence de sortilèges.
Ici s’arrêtait le territoire des hommes et commençait celui des korrigans et autres créatures de l’autre monde.
Pourtant, Gurvan n’avait pas le choix, il devait se rendre dans cette forêt pour y récupérer un peu de bois. Comme disaient les anciens : il est préférable de mourir de peur que de froid.
Le jeune garçon marchait d’un pas rapide entre les arbres nus, ses pas résonnaient sur le sol gelé. De temps à autre, il s’arrêtait brusquement, tendait l’oreille, observait autour de lui pour s’assurer qu’il n’était pas suivi. Alors, rasséréné par le silence de l’hiver et la solitude des arbres, il reprenait sa route, non sans lancer des regards inquiets en direction des chênes endormis.
Lorsqu’il arriva enfin à la parcelle de terrain que possédaient ses parents, il se baissa pour ramasser les branchages qui jonchaient le sol. D'un geste précis, il les lia avec de la corde de chanvre et fixa la récolte sur son dos.
Au moment de rentrer à la maison, ses yeux furent attirés par une étrange lueur dans le lointain, derrière les frondaisons des conifères encore verts.
« N’y va pas », lui commanda sa raison. « Rentre vite avant que la nuit tombe, tes parents t’attendent avec un bon bol de soupe chaude, il ne faut pas traîner dans ces lieux hantés ». Son cœur lui souffla exactement le contraire : « Va voir d’où provient cette lumière ! N’aie pas peur ! Une simple lumière n’a jamais fait de mal à personne. Tu auras le temps de fuir si tu sens un quelconque danger ».
Le cœur avait eu le dernier mot, ses arguments avaient fait mouche dans l’esprit du jeune et fougueux garçon : Gurvan devait éclaircir ce mystère coûte que coûte.
Il inspira un grand coup et progressa rapidement en direction de la fascinante clarté, partagé entre l’excitation et la peur. Lorsqu’il fut suffisamment près, il put distinguer l’origine de la lueur : une maison de bois aux fenêtres éclairées, blottie au creux d’une petite clairière gazonnée et fleurie de bruyères. Un mince filet de fumée s’élevait de la cheminée pour se dissoudre dans le ciel gris.
« Voilà, tu sais maintenant, la lumière provient d’une maison, tu peux rentrer chez toi, bien au chaud », lui chuchota sa raison tandis que sa curiosité l’implorait de s’approcher.
Une fois de plus, il céda et courut se poster à la fenêtre pour observer discrètement.
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs

Pourquoi écrivez-vous ?

Pourquoi ? Parce que j'aime ça. Pour quoi ? Pour être lu

Listes

Avec Nanofictions, Un Nouvel Horizon, Muscat, Dentelle et Crucifix, Luce [Bradbury semaine 2], La vieille et le monstre - semaine 13/52", L'éveil, Hélène et les aliens, Le Cri, La faim justifie les moyens, 5 minutes de calme, Le Vieux qui ne voulait pas oublier - Voyage en Nostalgie, Malport de l'angoisse, L'ami inconnu (titre provisoire), Comme des mouches... [Terminé, yessssss !], Le livre des femmes (ou Les lucifériennes), Petites histoires pour Halloween...
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