Amelia Everbrook
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de toujours
Je suis seule dans ce monde, là où tout semble suspendu, figé dans un silence lourd. Ma respiration résonne dans l’air. Chaque bruit est amplifié, chaque geste, chaque pensée. Le froid s’intensifie, tout autour de moi est devenu irréel. Je ne sais même plus si je suis encore en train de rêver ou si c’est ce qui est censé être la réalité. Le sol métallique sous mes pieds, la lumière violette dans le ciel, les formes indistinctes autour de moi… tout ça me paraît à la fois étrangement familier et terriblement distant. Comme un endroit que j’aurais déjà vu, mais d’une manière déformée, comme un souvenir lointain qu’on tente de saisir mais qui s’échappe à chaque fois qu’on croit le tenir. Je regarde autour de moi, mais il n’y a aucune sortie. Il n’y a rien d’autre que ce vide, ces ombres mouvantes, et moi, là au milieu, incapable de bouger. Je suis comme prise au piège dans un autre univers, un espace qui semble m’engloutir petit à petit. Et il n’y a pas de Noah. Pas de trace de lui. Pas même un écho de sa voix. Pourtant, je sais qu’il est là, quelque part. Il m’observe. Il attend. Il est le fil conducteur de cette réalité tordue, et je suis la marionnette. Soudain, un bruit. Un souffle
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Il était une fois, dans un royaume dont l’histoire n’a pas retenu le nom, un prince, qui ayant atteint l’âge de la majorité, cherchait une épouse. Au début, le prince ne s’inquiétait pas ; il était riche, puissant, et prince d’un royaume ; qui n’aurait pas voulu de lui ? Il s’attendait à trouver une foule de jeunes femmes devant chez lui ; il n’y eût personne. Il questionna alors sa mère : - Pourquoi personne ne souhaite-t-il m’épouser ? Sa mère était bien gênée, mais devant l’insistance de son fils, qu’elle chérissait, elle lui révéla : - Mais… mon fils… Vous êtes laid ! Le prince, à partir de ce jour, si funeste pour lui, ne cessa de haïr les miroirs. Il se trouvait un défaut de plus chaque jour ; et son regard sur lui-même changea. Lui qui n’avait jamais accordé d’importance à sa bouche, son nez et ses yeux, ne voyait désormais plus qu’eux. Il était effondré, et se terrait dans ses appartements, passant ses journées seul, à ruminer des pensées noires. Un jour, n’y tenant plus et ayant perdu toute confiance en lui, il fit appeler la sorcière Clothilde. C’était une femme mystérieuse, dont personne ne connaissait ni la véritable apparence, ni le véritable âge, mais qui était réputé
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La nuit est différente pour chacun ; pour les amoureux, c’est le moment romantique de leur journée, celui qui réchauffe leurs cœurs transis sous la lumière de la lune. Pour les amateurs d’horreur, c’est le moment le plus propice aux horribles crimes et à la naissance des pires monstres… Pour monsieur Moreau, c’est le moment de sa journée où il peut se laisser aller à ses rêveries. Lors de cette période, il s’échappe de son quotidien triste et lassant. Monsieur Moreau est un homme d’une quarantaine d’année, qui perd un peu ses cheveux, d’1m 65, qui vit dans un deux pièces exigu à peine salubre, qui n’a ni femme ni enfants et qui travaille à l’usine de conserves depuis une vingtaine d’années. Il a des petits yeux gris sans aucune lumière, un petit nez relevé et une bouche fine et toute craquelée. Il n’a jamais vu le soleil des îles exotiques dont les photos tapissent sa chambre, il n’a jamais vécu ses rêves d’enfants, il n’a jamais connu le bonheur, le vrai. Il est un petit bout d’humain, tout rabougri et courbé par le poids écrasant de sa vie sans intérêt. Alors pour ne pas s’enfermer dans le malheur constant qu’est sa vie, il rêve éveillé pendant la nuit. Mais sa particularité c’es
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Pleine lune, le bateau se balançait sous les étoiles. Mira était là, assise dans la petite barque, enveloppée de ses bras protecteurs. Cet instant, elle en avait rêvé, elle l’avait espéré durant de longs mois. Elle n’avait pas osé y penser trop, et elle avait attendu, sagement. Et enfin, elle était là, avec lui, enfin dans ses bras, mais elle pleurait. Elle pleurait, et essayait de s’en empêcher ; mais c’était plus fort qu’elle : les larmes venaient seules, sans être invitées. Mira savait que c’était la première et la dernière fois qu’ils pourraient rester aussi longtemps ensemble. Les larmes venaient et roulaient sur ses joues car elle savait que c’était la dernière fois qu’elle le voyait. Tout avait commencé il y a quelques mois. Mira avait alors seize ans et elle souffrait. Sa mère était morte, son père, disparu. Elle vivait avec sa tante qui ne lui prêtait aucune attention car elle avait déjà cinq enfants. Au lycée, l’ambiance n’était pas folle non plus : Mira n’avait pas d’amis, elle était seule et passait son temps à flotter sur un petit nuage de solitude. Pour oublier tout ça, elle flânait sur la côte, accompagnée de son fidèle MP3 qui diffusait des chansons tristes. Mira de
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