Trente mètres plus loin, sur le tronc du saule, un chat crucifié achevait de pourrir. Sur la berge, un serpent se faufila entre les roseaux. Des dizaines de poupées plus répugnantes les unes que les autres se balançaient dans la forêt. De simples marionnettes pendues aux branches, accrochées par les bras, empalées sur des pieux. Le vent semblait leur donner vie, laissant croire que les jouets murmuraient entre eux. L'un avait les yeux arrachés, un deuxième à l'orée du bois, le crâne fracassé. Plus étranges encore, les vêtements d'un poupon à la jambe coupée demeuraient bien visibles au milieu des feuillus. La jeune femme se signa d'un geste rapide au moment où elle croisa du regard une croix plantée à l'envers. Les sourcils taillés en pointe paraissaient s'adresser au diable.


Le roman Les dunes rouges est écrit avec l'aimable participation de Maxine A, Maude, SeekerTruth, Beatrice Luminet-dupuy, Florence Tachoires, Étienne Ycart, tous personnages du récit.
Un grand merci à Lisounette pour sa traduction du Gascon au français.

22 mai 2024. Julen Asaï, un homme qui ne pose jamais de questions, rend visite à son épouse, plongée dans le coma depuis cinq longues années au centre hospitalier de Bordeaux.
De retour à son domicile, les pompes funèbres locales le contactent. La concession funéraire baptisée MS-025 vient d’être vandalisée et une partie de la plaque sur laquelle le nom des défunts est inscrit a été retrouvée pour partie brisée. Pourtant ni Julen Asaï, ni même sa famille ne possède de chapelle funéraire. Par curiosité, il se rend sur place et découvre dans le médaillon fixé sur le marbre, son visage. Le nom du défunt est le sien ainsi que sa date de naissance, le 25 mai 1974. Le plus étrange, la date de sa mort apparaît sur le morceau cassé, 25 mai 2024.
S’agit-il d’une macabre supercherie, d’une usurpation d’identité, du camouflage d’un crime ou bien de sorcellerie ?
Il ne reste que trois jours à Julen Asaï pour découvrir la vérité.

Un matin comme les autres et si différent. 5 h 00, la nuit, est fraîche et étoilée. Je porte la tasse de café encore tiède à mes lèvres. La forêt, d’un noir épais, intense, est endormie. Les bruissements des brandes laissent deviner sa présence. J’avance, pieds nus, dans la pénombre, vers les pas lourds qui résonnent sur la terre sableuse. Je devine l’animal qui m’observe. Il s’approche, frôle ma jambe. La paume de la main ouverte, je lui tends quelques morceaux de pomme. Mais la bête dédaigne l’offrande, s’écarte et s’éloigne d’un pas lent. Je ferme les yeux, ressens une sensation de vide. Paco, l’âne de mon fils, n’est plus de ce monde.