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Anna Graham

Montreuil.
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œuvres
27
défis réussis
187
"J'aime" reçus

Œuvres

Défi
Caroline R

-Allô! Alice, c'est moi. J'ai hésité à t'appeler. L'eau a coulé sous les ponts depuis la dernière fois je me dis qu'il serait peut-être temps d'enterrer la hache de guerre. Je serai ce soir dans le petit restaurant où l'on avait l'habitude d'aller toi et moi. J'y serai chaque mardi soir. Je t'embrasse.
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Défi
Caroline R


L'avenir est une chose abstraite. J'ai peur de cette abstraction, ça me ronge, ça me trouble. Je voudrais avoir la possibilité de changer les évenements mais en faisant ça, tu ne serais pas qui tu es aujourd'hui. Tu ne serais pas toi et pour rien au monde je ne désirerais un autre enfant que toi.
Je suis effrayée. L'avenir n'a jamais été aussi incertain que depuis ta naissance. Je t'écris du passé. J'espère que tout se va bien pour toi. Peux-tu lire cette lettre aujourd'hui ? Comment est ta vie ? Suis-je encore près de toi ? Voles-tu de tes propres ailes ? Ta maladie t'empêche t-elle de vivre ? Peux-tu courir ? Peux-tu sauter ? Peux-tu parler ? Peux-tu danser ?
Ils sont incapables de déterminer comment sera ton avenir. Ils me répètent sans cesse que tu es un enfant extraordinaire mais qu'en même temps dans ton incroyable singularité tu resteras sans doute un enfant. Je garde confiance et remplis mon coeur d'optimisme mais est-ce que cela sera suffisant ? Chacune de tes réussites devient un exploit qui repousse un peu plus loin nos incertitudes et nos craintes.
J'ai peur de l'intolérance à laquelle tu vas devoir te confronter, au rejet du monde extérieur lorsqu'au bout de dix minutes, il comprendront ta différence. j'espère que tu n'as pas honte d'être qui tu es. J'espère que j'ai fait de mon mieux pour te conduire à tes vingt ans.
D'ici quelques semaines, tu souffleras tes cinq bougies. Tu les attends avec tant d'impatience. J'ai le sentiment que tu es né il y a dix ans. Pourtant, c'est comme si tu n'en avais que deux. Chaque jour, j'ai peur de demain. Et le seul moment où je me sent apaisée, c'est lorsque que le soir tu t'endors.


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Défi
Caroline R

Quand quelque chose me tracasse, j’écris. J’écris des lettres. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours fait ça. Bien sûr dans la plupart des cas je ne les envoie pas. Elles restent là, Elles viennent grossir la pile de lettres jamais envoyées. Parfois j’imagine que lorsque je disparaîtrais quelqu’un les trouvera et tissera mon portrait au fil de ses lectures épistolaires.
Finalement, toutes ces lettres écrites ne demandent qu’une seule chose. Être lues ! J’essaye alors d’imaginer ce que tu ressentira lorsque un matin ordinaire, tu trouvera dans une vieille boîte cette enveloppe. Une enveloppe qui ne ressemble à aucune autre. Une enveloppe froissée à force d’avoir été trimbalée avant d’être postée.
Pourquoi hésite-t'on si souvent ? Pourquoi les lettres ne partent pas toujours ? Parce que le plus souvent, en tous cas pour ma part, elles sont notre reflet, elles nous décrivent. Ecrire une lettre c’est un peu comme se mettre nu. C’est dire à l’autre, voilà un peu de moi, voilà comment je suis parfois, voilà ce que tu ne vois pas.
J’aimerais que tu prennes une pause avant de continuer ta lecture. Sans doute, es-tu à cet instant en train de fouiller ta mémoire, pour deviner qui peut bien t’écrire tout ça. Tel que je te connais tu ne regarderas le destinataire qu’une fois la lettre entièrement lue.
Maman est morte il y a cinq ans maintenant, pour toi peut -être un peu plus. J’ignore la date à laquelle tu recevras cette lettre. Le souvenir de sa mort toujours tangible ! Incrusté dans ma chair et dans les pores de ma peau. Les mois qui ont précédé son décès, enracinés dans ma mémoire. C’est un peu comme un mauvais film qui tourne en boucle. Parfois, je voudrais mourir moi aussi, puis je me souviens de la douleur que l’on ressent lorsque l’on reste, lorsque l’on voit les autres mourir.
Si tu reçois cette lettre aujourd’hui, c’est qu’il m’a semblait utile de te rappeler la chose la plus importante qui soit lorsque la peur nous tétanise. La peur n’empêche pas le danger et quand elle paralyse, quand elle fait plus de mal que de bien, alors il faut se réveiller. Où en es-tu depuis la dernière fois ? Comment la gère tu cette garce qui te faisait ramper sur le sol parce que trop occupé à cogiter sur ton sort ? Est-ce que tu continues de penser que ce sera mieux après ? J’espère sincèrement que tu n’as pas fait tout foirer.
Je me demande dans quel état tu te trouves, maintenant que tu as lu cette lettre que tu as écrite quelques années plutôt ? Pleure-tu ? Est-ce que cela te fait sourire ? Me maudis-tu comme je maudis parfois l’adolescente que nous étions ? Il est évident que maintenant tu te souviens.
C.
3 septembre 2018
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs

Pourquoi écrivez-vous ?

Parce que si je n'écris pas, je deviens folle.
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