Accord écrit
D’aussi loin que je puisse me souvenir, les mots ont été pour moi vie tôt… je fais à cinq ans la découverte du monde de l’écriture et c’est pour moi une révélation, une porte ouverte sur un autre monde. La fin de l’isolement, le glas de ma condition d’enfant unique et de l’univers étriqué dans lequel j’évolue. Le champ infini des possibles s’offre à moi. Je plonge dans les mots à la recherche d’oxygène où je m’envole vers d’autres profondeurs, toujours plus loin, de paragraphe en paragraphe. Je sniffe l’odeur des pages comme un toxicomane accro aux solvants.
Les objets s’animent prenant vie à travers ma voix et corps à travers les mots. Tout est transcendé dans une incroyable compulsion, une force vitale, un tourbillon d’histoires animées sous mes yeux hypnotisés et ma main acculée.
J’attends déjà, avec une impatience non dissimulée, mes premières expressions écrites comme la promesse d’un nouveau terrain de jeux et de découvertes, une cours de récréation.
Je ne trouve ma liberté que dans les contraintes littéraires, dans le son parfois musical des phonèmes qui dansent sur les gammes de ma page blanche.
Œuvres
Là où elle repose, je m'évaderai dans un cri en courant
Avec dans le coeur la légèreté de l'espoir des jours meilleurs
Venez dans ma vallée aux poumons verts
Aux gorges profondes et aux cascades puissantes
Les bois s'y enfoncent vers mille merveilles naturelles
Laissant les méandres des rivières irriguer ses chenaux
Elle est belle ma vallée, oubliée des citadins présomptueux,
Elle respire l'indifférence du temps qui passe,
De la cacophonie des fausses urgences de la vie.
Et dans ce décor intimiste, cet écrin végétal
Le milan royal majestueux caresse de ses ailes
Allongée sur le dos, les courbes d'une femme endormie
Dans ses rivières déambulent,
Ombres, truites et saumons dans de souples mouvements aquatiques,
Réagissant seulement aux clapotements de galets qui accompagnent la danse du courant.
Dans les entrailles de ta terre, le bruit assourdissant d'une cascade
Ou la myriade de sons de ses poumons
Grondent et enchantent mes oreilles, ils m'appellent...
Ne t'endors pas profondément belle endormie, j'arrive
Et je reprendrai le goût de tes chemins de pierres randonnant encore de mystères en mystères
Si j'étais un signe de ponctuation, je serais un point d'interrogation car finalement je ne sais pas très bien qui je suis, pour moi-même parfois je reste une énigme. J'ai d'ailleurs fini par détester mon psychanalyste et la raison en est encore un véritable mystère.