Aujourd'hui j'ai froid. J'ai décidé de mettre le chauffage à fond et de me foutre de la facture. J'ai froid à l'extérieur comme à l'intérieur, et je ne dépeins que mes humeurs du moment.

Je suis perdue, comme si j'étais un hamster tournant inlassablement sa roue. J'ai emprunté à la bibliothèque un livre dont le titre me rappelle mon enfance, mais pas en bien. Il se trouve que je n'arrive pas à l'ouvrir.

Je me sens comme un cas d'étude qu'on désèque en cours de biologie, comme cette grenouille qu'on prend soin d'examiner sous toutes les coutures. Parce que je suis un cas, parce que je ne suis pas comme les autres, je me sens dépouillée, vidée comme si mes tripes n'avaient plus d'importance, je suis en dehors de ce monde, mes yeux se brouillent, se mouillent, et encore quand les larmes arrivent à sortir.

Les murs de mon appart ont déteint sur moi, je ne suis plus vivante, je suis un courant d'air dans ma propre mémoire qui ne retient que le cauchemar du passé. Je suis murée dans le silence, et si je n'avais pas de mains pour écrire je ne saurais dire.

Je n'en peux plus de ce monde de fous où tout n'est qu'illusion et rêves inutiles. Je ne sais pas où aller, je cherche pendant des heures des solutions, remèdes, pour cacher la vérité qui est toute aussi vaine, la vie est misérable et nous sommes tous misérables de la vivre à demi-mesure.

Un jour que mon plombier est venu chez moi réparer un truc, je suis étonnée tout comme lui de voir à quel point il est surpris de ce que sort de ma bouche à ce moment-là : quand on prend un bain on remplit bien la baignoire, sinon à quoi bon ? Oui à quoi bon se faire plaisir à moitié, ça rime à quoi ? Pourquoi les petits plaisirs de la vie sont détériorés au détriment du superficiel ? Quand est-ce que l'on a pris cette décision ?

L'humanité me dégoûte, me déçoit autant que j'ai pitié pour elle. Tout va de travers, les politiques du pays, du monde même, les frontières sont remises à l'ordre du jour dans la tête des gens, j'aimerais fuir incognito et vivre incognito sans espérer voir le bout du tunnel, qui n'existe que dans la tête des gens qui pensent faire le bien en prononçant ces quelques paroles dénuées de sens aujourd'hui.

Non on est contraint de vivre le pire pour se satisfaire du meilleur, le meilleur du pire en soi. Je ne sais plus ce que je fais dans ce monde, où est ma place, si encore j'ai une place, un rôle à jouer. Une connaissance m'a dite un jour : si des rumeurs courent sur ton nom alors que tu es une bonne personne à l'intérieur, fais en sorte que l'on sache qui tu es, fais en sorte que l'on se rappelle de toi, que tu sois connue pour ce que tu veux, toi.

Seulement ce que je veux ne colle pas du tout à ce monde de débiles, sans être péjoratif, mais au sens littéral du terme, un peuple qui manque de quelque chose, que ce soit au niveau physique ou intellectuel.

Je suis fatiguée d'attendre pour rien. Fatiguée de ce non-sens, de ces allers sans retours, de ma vie inutile alors qu'au fond de moi bouillonne tous ces modèles uniques en la matière, qui pourraient changer le monde. J'aimerais appeler au secours dans ce monde où je me sens seule comme si j'étais la dernière survivante sur terre.

Tout ça est bien trop long à expliquer à des thérapeutes, des voyous, des charlatans qui ne jurent que par des formations qui n'existent que pour donner une légimité dans le chaos de mon vide sidéral.

Tout ça ne sert à rien. Les gens courent à leur perte, et quand on ouvre les yeux il est déjà trop tard. Mais pas pour moi. Cette pression me rend dingue, digne des films d'horreur où la faux contrôle le moindre de mes pensées, actions et jugements.

Je veux vivre et non survivre, en me disant que j'en suis capable, que je le mérite, que j'en ai le droit, que je suis enfin libre.