
Malik Michel El-Suisse
Né dans les années 1980 dans un village suisse, Malik Michel El-Suisse est le fruit de l’union entre un père africain et une mère suisse. Il a grandi dans la campagne suisse, bercé par les paysages de sa région et les récits de ses parents, qui ont éveillé en lui une curiosité insatiable. Très jeune, il développe une passion pour la culture et le savoir, qu’il explore de manière autodidacte.
Malik s’est forgé un parcours unique, loin des études universitaires, préférant apprendre au fil de ses expériences, de ses lectures et de ses voyages. Il a parcouru plus d’une quinzaine de pays, explorant différents continents. Ses voyages lui ont permis de tisser des liens entre différentes cultures et d’enrichir sa vision du monde, qui transparaît dans son écriture. Passionné de culture générale, il voit la connaissance comme un champ infini et s’en inspire pour aborder des thèmes universels.
Écrivain autodidacte, Malik Michel El-Suisse trouve sa voix dans des récits où il explore les questions de l’identité, de l’appartenance et de la quête de sens. Son premier roman, nourri par ses expériences personnelles et ses réflexions, est le fruit de cette passion pour l’écriture et de son regard sur le monde. Son style mêle sensibilité et réalisme, captivant les lecteurs par des histoires où chacun peut se reconnaître, tout en découvrant de nouveaux horizons.
Aujourd’hui, il est de retour en Suisse, où il continue d’écrire et de partager ses récits. Malik considère l’écriture comme une manière de tisser des liens entre les cultures et de célébrer la diversité de la vie, laissant ainsi une empreinte personnelle et universelle à travers ses œuvres.
Œuvres
À travers des épisodes d'explorations secrètes, comme l'infiltration d'endroits délaissés en hiver, Samir découvre le goût du frisson et de l'interdit. Mais les tentations grandissent. Luca, toujours à la recherche d'adrénaline, pousse le groupe à aller plus loin. Ces moments excitants sont marqués par une insouciance enfantine, mais Samir, de plus en plus conscient des risques, commence à se sentir mal à l'aise face aux actes de plus en plus graves de ses amis.
Alors que Luca pousse toujours plus loin les limites de leurs actions, Samir commence à se demander si tout cela en vaut la peine. La peur de se faire attraper grandit en lui, et il se sent pris dans un tourbillon d'excitation et de doute.
L'histoire explore les tensions entre l'innocence de l'enfance et la tentation de l'interdit, tout en mettant en lumière la complexité de l'amitié et de la loyauté dans un monde où les jeunes cherchent à franchir les frontières imposées par les adultes.
À travers cette chronique entre enfance et adolescence, le lecteur suit les dilemmes de Samir, pris entre sa quête d'identité, sa soif de liberté, et les premiers signes de responsabilités qu'il devra assumer dans un avenir incertain.
Ce premier roman marque le début d'une longue saga qui suivra Samir à travers ses aventures dans le monde.
La nuit est mon royaume. Pas de lever de soleil pour me tirer du lit, pas de réveil pour m’annoncer l’heure. Ici, on sort quand les ombres bouffent tout le reste. Chaque soir, je m’éclaire dans un silence mécanique, et j’observe. Les yeux grands ouverts, figé dans ma hauteur. Immobile, mais aux aguets.
Il y a ceux que je vois tous les soirs, les gars en blousons, le genre qui se cale contre le mur d’en face, les mains toujours dans les poches. Ils se passent des petits sachets de main en main et jettent des regards rapides autour, mais moi, ils m’oublient. C’est bien, mieux vaut pas trop faire attention à moi. Y en a qui s’approchent parfois, qui se calent juste en dessous de moi pour compter leurs billets, la tête baissée. Je sens la chaleur de leur souffle, je les connais par cœur, ces mecs. Toujours pressés, toujours nerveux.
Puis il y a les autres, ceux qui passent en courant, capuche tirée jusqu’aux yeux, le regard fuyant. Je les vois avaler la rue, un coup d’œil derrière l’épaule, comme si j’étais un témoin gênant. Y a des flics aussi, de temps en temps. Les gyrophares qui éclatent la rue en rouge et bleu, leurs ordres jetés dans l’air comme des projectiles. Moi, je reste silencieux. Je prends pas parti, je laisse filer les ombres, les cris, les chuchotements. Pas mon job de parler, de toute façon.
Les nuits s’empilent, et je me retrouve toujours là, planté au même endroit, les yeux rivés sur ce bout de béton. Un bout de trottoir oublié, coincé entre deux rues qui se moquent bien de mon existence. Ce coin de la ville, il est à moi. C’est mon terrain de chasse, mon fief. On pourrait croire que je me lasse, que voir défiler la même scène me vide la tête, mais non. Moi, je m’attache. À chaque détail, chaque sourire volé sous une capuche, chaque éclat de rire qui fend l’air, même s’il y a souvent plus de larmes que de sourires.
À chaque ronde de la nuit, un nouveau personnage s’invite dans mon domaine. Tôt, c’est le vieux et son chien, un berger fatigué avec le poil rêche. Ils traînent sous moi à petits pas, le chien reniflant chaque centimètre de trottoir. Et chaque soir, le même rituel : le vieux détourne le regard, et le chien, lui, me marque, pile à ma base, comme si j’étais la frontière sacrée de son territoire. À force, ça me laisse un goût désagréable, mais bon, j’ai fini par accepter cette routine. Peut-être que c’est une sorte d’allégeance, son moyen à lui de me dire : "Ici, c’est aussi chez moi." Le vieux parle parfois tout bas, des mots qui se perdent dans le souffle du vent. Le chien, lui, grogne doucement, fidèle et indifférent au reste du monde.
Et puis il y a le couple, tous les deux pressés de se retrouver à l’abri. C’est toujours le même rituel : une pause sous moi, des mains qui se cherchent, un regard volé. Parfois, elle passe sa main dans ses cheveux à lui, d’un geste tendre, comme pour effacer la fatigue de la journée. Lui lui murmure un mot doux, qui la fait sourire. Ils s’aiment, c’est clair, mais moi, je sais que les sentiments s’effilochent vite dans ce coin de la ville. La passion d’aujourd’hui peut se faner demain. Je n’en dirai rien. Je les laisse filer dans l’ombre, là où leurs secrets restent à l’abri des regards.
Les ombres fourmillent aussi d’autres présences, plus discrètes, des petites créatures qui peuplent la nuit. Le chat du quartier, un vieux tigré gris, passe souvent en coup de vent. Lui, il me connaît bien, je le sens. Il s’arrête parfois sous moi, jette un regard furtif, et repart, comme s’il contrôlait que tout est en ordre. Et puis y a la fouine, plus timide. Elle se faufile sans bruit, longe les murs, jetant des coups d’œil méfiants à chaque mouvement. Elle sait que la nuit n’est jamais vraiment sûre, même pour les siens.
Le rat, lui, n’a peur de rien. Il dévale la rue comme un roi de la crasse, défiant les regards. Moi, je l’observe, fasciné. Ce petit être sans charme, il a l’audace que beaucoup rêvent d’avoir. Lui, il ose, il traverse sans hésiter, peu importe ce qu’on peut en penser. Les éboueurs le surprennent parfois, dans leur ballet mécanique de balais et de poubelles renversées. J’entends leurs rires étouffés, ils se plaignent souvent de la fatigue, de ces matins sans fin où la ville leur balance sa crasse comme un poids. Ils sont les autres sentinelles de la nuit, ces invisibles qui font place nette avant que la ville ne s’éveille. Parfois, un d’entre eux lève les yeux vers moi, mais son regard reste vide. Pour eux, je ne suis qu’une lumière de plus dans cette rue sans nom.
La rue, c’est pas un poème. C’est brut, c’est sale, c’est froid. Les murs crient parfois, les murs craquent. Y a des nuits où la ville se déchaîne, où tout vibre sous la colère des moteurs, des pneus qui crissent, des bouteilles qui se cassent. Et moi, je regarde tout. J’encaisse. Des jours comme des nuits, je bouge pas. Solide. Indifférent. Les années défilent et moi, j’ai vu les visages changer, les rires s’effacer, les larmes se multiplier. J’ai vu les petits gamins du quartier grandir, se durcir, se perdre.
Chaque matin, la lumière du jour vient me faire taire. J’éteins mes veilles, mes regards, et je m’efface. En été, je bosse moins, c’est sûr. Les jours durent, et la ville a besoin de moins de mes lueurs. Mais dès l’hiver, je reviens à plein temps, éclairant les heures longues et froides, donnant un semblant de vie au béton gelé.
Personne me remarque, c’est pas fait pour ça. Je suis juste là, planté au même endroit, témoin muet d’une ville qui m’oublie. Mais quand la nuit retombe, c’est moi qui veille, moi qui garde un œil sur les secrets enfouis, les histoires qui glissent et s’effacent. C’est mon royaume, mon domaine. La rue m’appartient.
Je suis là, toujours debout, toujours à regarder, la tête haute, inébranlable. La lumière, c’est moi.
La journée avait été longue à l’Assemblée nationale. Les débats s’étaient enchaînés sans répit, mêlant cris, invectives et calculs. Ce climat de tension extrême, Alix Tran en connaissait les rouages. Elle y excellait. Mais aujourd’hui, ses pensées vagabondaient : l’opération secrète, Holan devenu assistant de Noémie Le Guen, et leur mission à tous les trois, financée et guidée par Leblanc. José Ventôse, lui, observait Alix d’un œil attentif, conscient du fardeau de leur mission.
Le soir venu, la pénombre s’installa sur Paris. Dans une salle isolée de la DGSI, José, Alix, et Holan se tenaient prêts à recevoir leurs instructions. Florian Leblanc, comme à son habitude, détailla le plan avec son calme glacial.
— Leblanc : « Vous connaissez l’objectif. Noémie Le Guen est plus qu’une présidente d’assemblée ; elle est la tête d’un empire criminel. Il est temps de l’exposer pour ce qu’elle est. »
Un silence s’abattit, jusqu’à ce que Holan, d’un ton sec, rompt l’atmosphère.
— Holan : « Un empire criminel… J’imagine que certains ici rêvent déjà de jouer les héros de la révolution, non ? »
Alix, exaspérée, mit fin à la remarque, lançant un regard tranchant à Holan.
— Alix : « Nous avons une mission. Garde tes ambitions pour toi, Holan. »
José réprima un sourire en coin. Il voyait bien que Holan, même infiltré dans le cercle de Noémie, n’avait pas encore abandonné ses propres ambitions.
Holan avait pris ses fonctions comme assistant de Noémie, opérant avec prudence et intelligence. Jour après jour, elle semblait le tester, s’amusant à dévoiler des bribes de ses activités. Ce soir-là, un moment de détente s’installa entre eux, et Noémie se tourna vers lui.
— Noémie : « Vous savez, monsieur Barnela, la politique, c’est un jeu de masques. On croit connaître les règles, mais il n’y a jamais qu’un seul échiquier… et tout le monde n’est pas un roi. »
— Holan : « Et vous ? Vous vous voyez en reine ? »
Elle sourit, presque amusée.
— Noémie : « Disons… en dragon. »
Holan hocha la tête, jouant le jeu. Mais il sentait qu’il approchait de quelque chose d’important. Il devait simplement attendre, observer.
Dans l’ombre d’un café parisien, Holan retrouva Alix et José pour faire le point. Leurs voix étaient étouffées par le brouhaha ambiant, un cadre parfait pour une conversation confidentielle.
— José : « Alors, tu as percé quelques secrets dans l’antre du dragon ? »
Holan esquissa un sourire, mais resta prudent.
— Holan : « Elle me fait confiance, mais il y a des codes, des accès cachés. Les preuves de ses activités ne sont pas encore faciles d’accès, mais j’avance. »
Alix le scrutait, cherchant à démêler la vérité dans ses mots.
— Alix : « Des failles, il y en a. Mais n’oublie pas que Noémie connaît ce jeu mieux que personne. Nous devons rester vigilants. »
Un soir, alors qu’il classait des dossiers, Holan tomba sur un document dissimulé, codé. Il le glissa discrètement dans sa poche, sentant l’adrénaline monter. Plus tard, en sécurité, il consulta le document. Le titre, « Opérations Panthère », lui donna des sueurs froides. Il découvrit des informations stupéfiantes, et réalisa l’étendue des ramifications de Noémie.
Bien que Yorgen soit désormais au cachot, il semblait toujours en mesure de fournir des informations. En analysant les documents, Holan comprit que les connexions internationales de Noémie n’étaient pas limitées à Paris. Elle disposait de comptes cachés en Suisse, alimentés par un réseau complexe de fonds, et de contacts dans les Balkans, où elle se fournissait en armes grâce à des trafiquants albanais liés à des tribus locales – la tribu même dont Yorgen était issu. Elle recrutait aussi des hommes d’origines diverses, parmi lesquels des gitans albanais, constituant ainsi une armée informelle et prête à tout.
Cette découverte accrut la tension pour Holan. Noémie était bien plus redoutable qu’il ne l’avait imaginé. Elle s’appuyait sur un réseau d’envergure internationale, prêt à agir.
À son retour au quartier général, Holan fit son rapport à Leblanc. Alix et José étaient là, suivant chaque mot avec attention. Leblanc, toujours impassible, écouta le détail des révélations.
— Leblanc : « Bien joué, Holan. "Opération Panthère" confirme ce que nous soupçonnions : Noémie Le Guen est plus qu’un danger local. Elle a des connexions qu’il faudra neutraliser sans failles. »
Alix murmura, comme pour elle-même, les yeux rivés sur Holan :
— Alix : « Ce dragon va bientôt tomber. »
José, silencieux, hocha la tête. Dans son esprit, il pensait à ses camarades disparus, Ernesto et Maximo. Ce n’était pas seulement une mission ; c’était la promesse d’une revanche.