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de toujours
Une aventure avec des mouches, des nurses, du sexe, des dizaines de milliers de morts, des clandestins, des déserts, des océans, une usine, des champs, un mariage, du bricolage, des substances illégales et un aventurier intègre et valeureux !
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Comme tous les soirs de l’été, Margaux était venue au blockhaus pour retrouver les membres des Shadows of Venus, groupe de musique estival éphémère constitué de son frère Gabriel et de ses potes qui, chaque été, se reconstituait tant bien que mal. Comme à peu près un soir sur deux, Margaux se retrouvait seule et chantait pour le plaisir dans l’intimité et la solitude de cette sombre grotte où le vent du soir s’engouffrait. Difficile d’imaginer plus étrange studio de répétition pour un groupe plus virtuel que punk ou rock & roll. Sans qu’il n’en ait été explicitement question dans nos discussions de cette première nuit ou des suivantes, Margaux et moi nous retrouvâmes alors tous les soirs ou presque au blockhaus. Lorsque la bande n’allait pas écumer les pubs au lieu de venir taquiner la six cordes, je demeurais un observateur lointain, suspendu à la voix envoutante de Margaux. Les soirs où nous étions seuls, nous nous entrainions l’un l’autre dans des voyages imaginaires par-delà la dune, sur des mers agitées ou au sein de forêts luxuriantes. Très vite, il fut évident que nos conversations étaient davantage que des évasions chimériques. Qui d’elle ou moi se rapprocha de l’autre, je
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Une vingtaine de nouvelles écrites en 25 ans. Juste pour le plaisir.
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Je m'obstine en vain à vouloir noircir une page. Ça fait plusieurs jours que je n'ai pas écrit une ligne. J'ai l'impression d'être une vieille branche sèche devant ma feuille. Une vieille branche qui s'effrite un peu plus à chaque instant. Je gribouille deux trois dessins sans imagination, je grille une cigarette que j'ai mis beaucoup de soin à rouler. Je vais me chercher une canette dans le frigo. Ça fait pshit quand je la décapsule. Je me rassois. Je redessine. Toujours les mêmes dessins. Ça fait plusieurs semaines que je n'ai pas écrit une ligne. J'appelle Jamie, une amie. Elle est absente. Je ne laisse pas de message. Ma première bière torpillée, je vais m'en chercher une autre et commence à l'écluser. Ça fait plusieurs mois que je n'ai pas écrit une ligne. J'enfile une veste et je sors. En quittant l'immeuble, je balance ma canette dans une poubelle qui dégueule déjà d'ordures. Je me mets à arpenter l'avenue. La foule s'est donnée rendez-vous dans les grands magasins. Les gens lèvent les pieds pour ne pas écraser les mendiants qui sont à genoux, une petite boite dans la main. On crève sous une chaleur lourde et je commence à transpirer. Je quitte ma veste et la balance par-des
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Magicien, voilà un boulot possédant une réelle utilité personnelle et ne se bornant pas juste à sa fonction de gagne-pain. En général, on bosse pour bouffer, aller au cinoche ou boire de la bière quand on en a envie. Enfin, en ce qui me concerne, ça se résume à ça. Je suis dynamiteur d'ouvrages d'art. Pour ce qui est de l'usage privé, on peut affirmer sans se mouiller qu'on atteint rapidement certaines limites. Une fois, en voulant la réparer, j'ai fait sauter la gazinière de Josy, ma voisine. De façon involontaire, bien sûr. Elle et son mari, Rocky ne m'en ont d'ailleurs pas voulu. C'est là où on reconnaît les vrais amis. Ils désiraient de toute façon s'en débarrasser mais c'est comme tout, on espère toujours que ça va repartir et durer encore pour un petit bout de temps. Cette gazinière, c'est un peu le symbole de la vie, je dis souvent. On croit naïvement qu'elle va durer éternellement - la vie- et puis un jour elle vous claque entre les mains. Bien que la conclusion de cet épisode soit semblable à celles des travaux pour lesquels on me rétribue, mes compétences de dynamiteur n'ont joué aucun rôle dans cet événement. C'est peut-être ce jour-là que cette pensée m'a traversé l'esp
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Joe avait toujours eu un faible pour les blondes. Deux ou trois filles à la tignasse plus sombre avaient peut-être transité par son lit mais pas plus. Il y en avait une dont il se souvenait encore, une rousse. C'est sa mère qui lui avait inoculé cette peur des rousses. Une frayeur prétendument liée à une malédiction qui s'était abattu sur sa ville. Joe avait la conviction que cette malédiction était davantage une légende d'avinés locaux à même de tenir en haleine un troupeau de nigauds assoiffés de monstruosités en tout genre. Une petite rousse paumée était arrivée en ville. Elle habitait dans un hôtel miteux. On racontait qu'elle vendait son corps pour survivre et que la plupart des hommes de la ville avait eu leur part. Mais la poisse s'en était mêlée et la rousse avait enfantée d'une espèce de monstre difforme qui avait fini par mourir dans des conditions atroces que les avinés détaillaient avec régal. Quand il avait rencontré cette fille, cette rousse, la légende lui était revenue en tête et l'avait taraudé toute la nuit. Au point qu'il n’avait pas réussi à baiser, torturé par cette peur des rousses. Sa mère était épouvantée à l'idée que son fiston lui fasse un monstre avec une
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Aujourd'hui, c'est mon deux cent cinquante et unième jour de chômage. Je me lève et enfile un pantalon. Puis je me passe une paire de chaussettes, un pull et je me lave les dents. J'allume le vieux poste radio grésillant de ma tante. Je devrais bien en changer mais ces huit mois de chômage ont modifié mes priorités. Il parait que le chômage explose !, annonce un journaliste. Tiens donc ! Je ramasse le rasoir sur la petite tablette. Je déteste me tailler la barbe mais si je veux décrocher un boulot, je dois mettre le paquet. Ensuite, j'avale un café, assis sur un coin de table. Je m'aperçois alors que j'ai zappé mes exercices musculaires des yeux que j'effectue habituellement pendant que je me récure la face. Je me lance donc dans mes dix minutes de torture oculaire lorsque Nancy appelle. Je ne décroche pas. Elle parle au répondeur. Sa voix douce met un peu de chaleur dans ce studio glacial. -J'aimerais bien que tu viennes, ce soir si tu peux, me chuchote-t-elle. Tu me manques tellement en ce moment. Je claque la porte et me rends d'un pas assuré en direction de l'agence pour l'emploi. La ville dégueule son flot de véhicules dans un mélange affolant de bruit et de pollution. Alors q
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Comme toujours, quelques jours avant Noël, les enfants se lèvent tôt. L’excitation à l’approche du grand jour les empêche de rester au lit bien longtemps quand le jour est levé. Les premiers flocons sont apparus à l’aube. Par la fenêtre, le ciel laiteux et le jardin d’une toute fraiche blancheur fusionnent petit à petit. Le sourire aux lèvres, les enfants observent, à travers la baie, les flocons chuter en silence. Au bout de quelques minutes, Lucie demande s’ils peuvent aller faire un bonhomme de neige mais je leur intime d’abord de déjeuner. Ma phrase à peine achevée, Boris a déjà sorti les céréales, les bols et la bouteille de lait. En quelques minutes, les morfales engloutissent leur déjeuner et se ruent vers leurs chambres pour s’habiller. De mon côté, je cherche dans les tiroirs du salon l’appareil photo pour immortaliser l’événement. Il y a bien longtemps qu’il n’a pas neigé pour Noël. Je pense même que les enfants n’ont jamais vu la neige à cette période. Nous pourrons les mettre dans l’album, à côté des photos des Noëls précédents. Comme d’habitude, Hélène est chez sa mère à Saint Augustine pour les jours précédents le réveillon. L’âge et la maladie la cloue chez elle. Les
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Il emballa soigneusement les poissons dans du papier journal qu'il plia en quatre pans, puis les rangea dans le minuscule réfrigérateur. Il se servit une bière avant de refermer la porte et sortit un croûton de pain rassis et un morceau de fromage du garde-manger. A travers la fenêtre, le brouillard recouvrait le lac de son voile laiteux. Les derniers pêcheurs remballaient leurs cannes et rentraient chez eux déjeuner. Il ne se souvenait plus auquel il avait volé les poissons. A cette époque de l'année, ils sont tous vêtus de cirés jaunes ou verts. En grimpant la Grande avenue qui longeait le lac, il s'arrêtait à intervalle régulier discuter avec ces hommes armés de patience et profitant d'un instant d'inattention, leur dérobait une partie de leur butin aquatique. Il avait élaboré ce subterfuge afin de palier la maigreur de l'allocation chômage. Il mangeait rarement à sa faim et ces poissons constituaient un réel festin qu'il se réservait pour le soir. Il boitilla lentement jusqu'à son fauteuil bancal dont un des pieds était rongé par les vers. Une vieille radio résillant crachait une chanson de Sinatra. Il croqua tour à tour le pain et le fromage, mastiquant bruyamment puis se mit
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Par la fenêtre de la chambre, le soleil naissant du printemps caresse ta hanche bombée. A son sommet, mon doigt tourbillonne jusqu’à s’enivrer. Etourdi, je m’abandonne au parfum qui s’échappe de ta nuque où je m'égare. Par la fenêtre de la chambre, la chaleur suffocante de l’été fomente une danse lancinante qui lévite au-dessus de ton épaule dorée. De là-haut, mon doigt dévale l’artère brûlante qui file à ton aisselle mordante de nos étreintes répétées. Par la fenêtre de la chambre, l’averse amère de l’automne dégringole sur tes cuisses engourdies. Je les couvre délicatement du drap usé de nos enlacements passés. Par la fenêtre de la chambre, les flocons étouffés de l’hiver s’évanouissent dans le souvenir de notre passion évaporée. Sonné, je dérobe au vide des fragments de nos baisers élimés.
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Harry fut pris à chaparder dans le sac d'un infirme le jour de ses treize ans. Mauvais présage me direz-vous ? De fait, il n'atteignit pas son quatorzième anniversaire. Petit, roux, boutonneux et rondouillard, Harry était peu à son avantage lorsqu'il gambadait à l'extérieur de la demeure parentale. A l'intérieur de celle-ci, il n'était que le dernier rejeton d'une lignée de disgracieux. Illettré par tradition familiale, il avait l'instruction d'une meule de foin. Son crime se trouvait être l'un des plus honteux que l'on rencontrait à cette époque : marauder le butin d'un mendiant, de surcroît unijambiste. C'est ce qui fut consigné dans son rapport par le redresseur de tort qui le prit la main dans le sac. Après trois mois de geôle passés en compagnie de rongeurs et d'arachnides de toutes sortes attirés ici pour la convivialité du site, eut lieu son procès. Suite au réquisitoire assassin du fonctionnaire mandaté par la République, on passa directement au verdict. On avait omis d'avertir la famille de l'accusé de son incarcération. D'ailleurs celui-ci ne représentait pour elle qu'un de ces innombrables marmots courant dans tous les sens et dont on ne sait plus vraiment combien ils so
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