Incognita
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Défi
Je n'attendais personne, quand j'entendis frapper à la porte.
Je ne sais pas pourquoi, je n'ai même pas regardé à travers l'oeilleton. J'ai ouvert en grand la porte, et se trouvait là : l'amour.
Alors, ce n'était pas l'amour avec un grand A, c'était plutôt une lettre minuscule de l'alphabet. Il était tout chétif. Un oisillon.
Je l'ai pris dans mes mains. Il s'est laissé faire. Même tout petit, il n'avait peur de rien, car je l'ai compris, il était puissant, et sa puissance le rendait presque invincible.
Je lui ai demandé alors, pourquoi il n'apparaissait pas dans ma vie sous une forme humaine, comme une sorte d'alter ego au masculin.
ll m'a dit de sa petite voix chevrotante, que nous avions tous des idées stupides et réductrices de l'amour, et que si nous ne le trouvions pas si facilement, c'est parce que nous avions une idée préconçue de celui-ci, qu'il était partout en fait.
- Que veux-tu dire par partout ?
- Eh ! bien, quand tu aimes ton chat, ta sœur, ton voisin, tu vis l'amour. Alors peut être pas celui que tu attendrais, le beau chevalier blanc qui n'existe pas, mais sans t'en apercevoir tu vis l'amour sous plein de formes dans ta vie quotidienne.
- Ah ! Bon ! Oui. Si tu le dis, mais enfin, j'attends un peu plus de l'amour...
- Eh ! c'est là que tu as tort. Car si tu attends le chevalier blanc, alors que c'est un nain noir, qui va se présenter à toi, eh ! bien tu ne le verras pas, et tu passeras la moitié de ta vie à attendre le chevalier blanc, alors que dans ton quotidien, tu as un nain noir, que tu prends pour ton meilleur copain, ton voisin, mais que tu n'envisages pas comme un amour potentiel.
- Tu veux dire que je me nourris de fantasmes ?
- Oh ! Que oui !
Je sentais le coeur de l'oisillon un peu moche battre dans mes mains, et je réfléchissais à tout ce qu'il venait de me dire.
Et lorsque j'allais lui poser une dernière question, l'oisillon que je croyais avoir dans les mains se transforma en aigle et s'enfuit par la fenêtre ouverte.
Il m'en avait suffisamment dit selon lui. A moi d'agir maintenant.
Retrouvez ce texte dans le recueil: https://www.atelierdesauteurs.com/text/1948106410/ecrits-courts---printemps-2024
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Défi
C'était un jour comme les autres.
Elle s'était réveillée tôt, avait petit déjeuner sur le pouce, pris son métro au bas de la rue, était descendue métro Jeanne d'Arc, pris son café au Concordia, avant d'aller donner son cours d'espagnol commercial devant un public de jeunes gens peu motivés. Puis la pause repas avec une ou deux collègues, le cours à nouveau, vers une autre classe aussi motivée, puis le retour dans le métro bondé, le cours de yoga du jeudi, le dîner, la soirée bouquin ou séries, et le dodo.
La vie qu'elle s'était construite depuis quelques années, à peine interrompue par deux ou trois histoires amoureuses sans lendemain, l'arrivée d'un chat dans sa vie par son balcon, les soirées entre amis la veille du week-end et le samedi, les visites chez papa-maman les dimanches était d'une routine terrifiante.
Parfois, elle se moquait d'elle-même et de ses petites habitudes qu'elle érigeait en art de vivre. Parfois, elle s'en désespérait aussi, et alors, elle se branchait sur l'un de ces sites pour trentenaires, et elle allait s'essayer à la séduction et à la sensualité, avec plus ou moins de succès.
C'était donc un de ces matins routiniers dans le métro, pimenté ce jour-là par l'arrivée tonitruante d'un groupe de supporters anglais rotant à Rangueil et de leur sortie aussi bruyante trois stations après.
Coincée à ce moment-là entre un grand jeune homme noir qui sentait la lessive, et une maman aux traits fatigués avec poussette, plus tous les autres, jeunes et moins jeunes plongés dans leurs smartphones, j'avais hâte que le métro arrive à destination. Les annonces vocales à chaque approche de station, une fois en occitan, une fois en français me tapaient sur les nerfs. J'avais mal aux pieds avec mes talons, et cette position verticale forcée me faisait souffrir, d'autant qu'il fallait amortir avec le corps les virages rapides et autres secousses du métro. Un jour comme un autre quoi.
Une journée ordinaire. Enfin, presque. Lorsque se diffusa une odeur exécrable, entre œuf pourri et litière sale de chat qui remplit le wagon, j'entendis des cris de surprise, de dégoût et des exclamations de toutes parts. Je me bouchais le nez comme je le pouvais avec mon écharpe, tellement cette odeur âcre, envahissante, à vous faire vomir avait pris possession de la totalité de l'espace du wagon. L'enfant dans la poussette se mit à pleurer. Des gens se mirent à tousser, et je sentais comme une vibration traverser nos corps, tellement nous étions empilés les uns sur les autres.
– Mais ouvrez les fenêtres !
– Je ne sais même pas si c'est possible, dit une voix timide à hauteur d'une des fenêtres.
– Eh ! bien ! Essayez !
Un grand gars s'ouvrit un chemin pour accéder à la fenêtre, mais celle-ci résista à la pression exercée avec force par ses mains et resta close. Il y eut un vent de panique dans le wagon, qui augmenta d'un cran, lorsque, à la station suivante Jean Jaurès, le métro ne s'arrêta pas, nous emprisonnant dans cet air vicié. Nous entendîmes les mêmes clameurs dans les deux autres wagons de la rame. Que se passait-il ? Progressivement, la vitesse ralentit, mais il ne s'arrêtait toujours pas.
– Mais ouvrez ! Ouvrez les portes !
– Vous voyez bien que ce n'est pas possible !
– Tirez l'alarme !
– Appelez les secours !
– Il n’y a plus de connexion !
– Quoi ?
– Ça ne marche plus !
Que les smartphones ne fonctionnent plus apporta un degré d’étrangeté encore plus grand au moment que nous vivions. Comme si c’était ok qu’un train puisse dérailler, ou s’emballer, ou ne pas s’arrêter, mais qu’on ait plus de connexion, cela dépassait la mesure. On devait se regarder droit dans les yeux, et ça, c’était encore plus malaisant que d’être plongés dans nos smartphones.
Je n'en pouvais plus. La femme à côté de moi consolait son bébé avec une étrange douceur, bien qu'il hurlât de tous ses poumons. Le grand noir en face de moi -Sami - nous avions trouvé le temps d'échanger quelques mots- se montrait plutôt relax, et savait trouver les mots pour faire baisser notre panique d'un cran, mais l'odeur était si exécrable, et si mystérieuse (nous ne savions toujours pas comment celle-ci s'était infiltrée dans le wagon) que je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas tourner de l'œil. Ce que firent allègrement certains, certaines d'entre nous, accroissant le degré de panique autour de nous.
Dans cette situation imprévue de tourmente, je me raccrochais au sourire de Sami, si proche de moi physiquement, et son calme olympien, son odeur de lessive rassurante (j'avais envie de me plonger dans sa poitrine bienveillante) me calmait. Même si par timidité, nos yeux se focalisaient sur la femme avec son petit, je sentais cette connivence étrange avec cet homme, comme si nos corps se branchaient l'un à l'autre. Cela se manifestait dans nos sourires, dans nos yeux qui se cherchaient, et dans cette rougeur que je sentais monter à mes joues quand je croisais les siens. J'avais trouvé un nid dans l'orage.
Malgré nos efforts, on ne réussit pas à ouvrir les fenêtres. Elles n’étaient pas conçues pour s’ouvrir, ce que je découvris alors. Un autre manœuvra la manette d'urgence, libérant son cri strident, sans que le métro ne s'arrête pour autant à la station suivante. Le métro poursuivait tranquillement sa route d'une station à une autre, comme s'il vivait sa propre vie, indifférent à notre peur. Nous étions englués dans cette odeur infâme, comme la mouche dans le fil de la toile d'araignée, et la panique, la vraie s'empara de nous.
Quand un grand claquement, pareil à un coup de feu se fit entendre, je crus que notre dernière heure était venue. La plupart d'entre nous se mirent à crier, certains et certaines, dans un mouvement réflexe se plaquèrent au sol, quand cela était possible. Ce n'était guère possible.
L'odeur qui nous empestait plus tôt s'était amenuisée, remplacée par l'odeur de la peur. Si vous n'avez jamais connu la peur, celle-ci est reconnaissable, comme si nous sécrétions des phéromones de peur. Je l'avais déjà observé chez les chats, lorsque l’un d’entre eux s’était retrouvé coincé dans une cage d’escalier, avec face à lui un mâle dominant prêt à l’amocher, avant que je ne lui porte secours. Cette peur viscérale, qui fait que l'on peut se faire sur soi, et s’oublier. Comme une cire invisible, que nos peaux exudent. Une odeur âcre, mais très discrète, parfaitement identifiable.
Nous nous regardâmes avec Sami, jaugeant notre état de panique réciproque. Que fallait-il faire en pareilles circonstances ? D'où venait le danger ? Mais le claquement ne fut suivi d'aucune explosion. Par réflexe il m'avait serré dans ses bras, et je me laissais aller dans cette étreinte rassurante. Je n'étais pas une petite chose fragile, j'étais assez forte, une bonne vivante, qui savait prendre sa place dans la société, mais j'avoue que je me réfugiais dans ses bras comme une enfant, sous le regard un peu jugeant de la femme à l'enfant.
Etrangement, bien que je fusse entourée de beaucoup plus de personnes autour de moi, ma mémoire s'est focalisée sur ces deux personnes qui étaient dans ma grande proximité. Les autres sont nimbés d'un flou artistique. Dans ce type de situations, les comportements humains s'exacerbent : certains écrasaient les gens devant eux, pour avoir accès aux portes, d'autres au contraire allaient au secours des plus faibles d'entre nous, et ça criait de toutes parts.
– Mais arrêtez de pousser ! Ça ne rime à rien !
– Arrêtez ! Ou je vous mets mon poing dans la gueule !
– Du calme ! Du calme ! Ça ne sert à rien de vous agiter. On va bien finir par nous secourir ! avais-je tenté, après m'être dégagée doucement des bras de Sami.
– C'est ça oui !
– Il y a une autre manette à l'autre bout du wagon ! fit une autre.
Le message fut reçu cinq sur cinq. Une petite femme excitée se précipita sur la manette, qui n'avait pas été actionnée, brisant le verre pour l'atteindre, et là, ô miracle, le métro s'arrêta.
Les portes se débloquèrent une minute, et l’on put entendre le wagon respirer, comme si notre souffle, amplifié par le nombre de personnes que nous étions - une petite cinquantaine - était la respiration du wagon. Mais lorsqu’une femme maigrichonne tout près de la porte se précipita pour tourner la poignée, on réentendit le clic de la fermeture de porte, et le métro repartit de plus belle, cette fois-ci, en accélérant l’allure, et l’on voyait défiler les stations, comme dans un mauvais rêve. Nous allions finir par nous écraser dans le mur de la dernière station, pensais-je. Les lignes de métro toulousaines sont courtes, contrairement à celles du métro parisien.
Je me cramponnais à la barre en regardant Sami. Quand ce cauchemar allait-il finir ? Moi, qui m'ennuyais dans la vie, là, c'en était un peu trop !
Les gens hurlaient, criaient : ‘Au secours ! ‘ Sauvez-nous ! ‘ dans différentes langues, et ils cédaient à la panique, essayaient de forcer les portes. D’autres se mettaient à prier, d’autres pleuraient. Je n’en menais pas large, mais j’étais dans ma bulle Sami. Lui aussi d’ailleurs. Nos regards s’étaient accrochés à l’autre, puis nos mains, puis nos corps.
C’était étrange. Si nous devions mourir, emportés par ce métro sans loi, ni maître, ma bulle Sami me suffisait, et cette tendresse inattendue, que j’éprouvais pour cet inconnu, qui m’offrait son sourire et le réconfort de son corps dans la tourmente me fit réaliser à quel point il me manquait quelque chose dans ma vie. L’amour. Un homme à aimer.
La femme au bébé se mit à hurler, complètement terrifiée. Elle avait l’air de revivre quelque chose. Je me détachais des bras de Sami, et j’essayais vainement de la calmer. Son bébé s’était mis lui aussi à hurler. Quelqu’un derrière elle la gifla, ce qui la fit revenir à la réalité, et elle se mit alors à houspiller son agresseur ou son sauveur dans une langue persifflante. Je n’étais pas adepte de la méthode forte, mais la claque l’avait fait revenir à notre réalité. L’enfant avait besoin d’elle. Pas le moment qu’elle pète les plombs. Toute cette scène avait duré quelques minutes, alors que le train entamait une décélération.
Lorsqu’il finit par s’arrêter, à cent mètres de la dernière station de la ligne, et que l’on entendit le clic d’ouverture de la poignée, on entendit un ouf de soulagement, comme si le wagon se mettait à parler. Quel étrange voyage sous la terre ! Allait-on enfin pouvoir sortir de cette rame ?
On ouvrit les portes, laissant entrer l’air frais, et cela en donnait même presque le tournis. Le métro s’était arrêté dans le tunnel. Les plus téméraires sortirent d’abord, se collant aux murs extérieurs, au cas où il reprendrait sa folle course.
Bientôt tout le monde descendit. Sami et moi, nous nous chargeâmes d’aider la femme et son enfant, et de transporter la poussette. Les smartphones se remirent à marcher pour notre plus grand soulagement. On les utilisa pour nous éclairer dans le noir, et rejoindre le quai à pied. J’entendais autour de moi des exclamations de joie, des rires, des pleurs, des cris, toutes sortes d’émotions, que les gens pouvaient exprimer, maintenant que le danger s’éloignait.
Les deux autres wagons se désemplissaient aussi de leurs passagers fatigués, et tout le monde se retrouvait dans le tunnel, et s’interpellait pour savoir si tout allait bien, pour commencer à raconter les évènements extraordinaires que nous avions vécus. L’être humain est un raconteur d’histoires, de la naissance jusqu’à sa mort. Nous nous nourrissons autant d’histoires que de nourriture terrestre, et les histoires naissent aussitôt que nous posons des mots sur des événements vécus.
Quand tout le monde fut sur le quai, et que la vie commença à retrouver sa normalité, je savais que pour moi la vie ne serait plus vraiment la même. Ce quart d’heure infernal, ça n’avait pas duré plus d’un quart d’heure m’avait modifié. Je regardais Sami du coin de l’œil à un mètre de moi. Il me tendit sa main que je pris. Je ne connaissais pas cet homme, mais j’avais très envie de le connaître.
Nous ne saurions peut-être jamais ce qui s’était passé dans ce train sans conducteur, mais qu’importe ! Parfois, il suffit juste de quelques instants pour changer une vie, pour changer de paradigme, et peut-être que cette romance que je commençais avec Sami ne durerait pas plus de quelques jours, pas plus de quelques semaines, mais ce court instant dans ce wagon infernal m’avait fait prendre conscience de la brièveté de la vie, et de l’importance de l’amour dans une vie, et qu’il me manquait cette épice essentielle dans la mienne.
Quand nous fûmes au sommet des escaliers, une explosion retentit, et nous vîmes le wagon, que nous avions fui exploser. Comme ça, dans un vacarme retentissant, dans le feu et les éclats de verre et de fer. Comme ça, sans explication. Les deux autres wagons restèrent intacts, comme deux témoins discrets, qui tairaient le secret du mystérieux wagon.
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Défi
Comme je vous le disais un peu plus tôt, il m'en a fallu du temps pour accoucher de la théorie de la nouille. Cette théorie, qui va révolutionner le monde de la philosophie se base sur le principe que tout être humain est une nouille. Partant de ce constat, on peut dire : je suis une nouille, donc je suis.
Mais vous me direz : il y a plusieurs variétés de nouilles. De quelles nouilles parle-t-on ?
Je vous dirai : il faut se percevoir comme la quintessence de la nouille. Tout être humain, porte en lui une nouille, quelque soit son ethnicité, sa culture, sa couleur de peau. Comme le sang rouge qui traverse nos veines, nous portons en nous une nouille. En d'autres termes, nous sommes faits de la même pâte.
- Oui, mais en quoi cette théorie de la nouille est-elle révolutionnaire ? Là, je ne comprends pas, fit un jeune étudiant, binoclard, placé au premier rang dans cet amphithéâtre quasi vide.
Je repris, non sans être agacé par cette interruption.
- Disons que la nouille est l'essence même de la nature humaine. Sachant que nous sommes au fond tous des nouilles, il n'y a plus de place pour le racisme, plus de place pour le rejet de l'autre pour telle ou telle raison, puisque nous sommes pareils.
- Enfin, oui, nous avons tous du sang qui coule dans nos veines, mais je n'ai pas vu beaucoup de gens arrêter de se haïr, parce qu'ils partagent la même race humaine. Je les ai toujours vu plutôt se comparer, se juger, se déprécier, sinon plus en se basant sur ce qu'ils voient, et non pas sur ce qu'ils ne voient pas, alors en quoi, le fait de savoir qu'ils sont tous des nouilles va changer quelque chose ?
- Parce que la nouille est sacrée. C'est notre part de sacré, dont nous parlons ici.
- Mais est-ce que le sang n'est pas sacré non plus ?
- Je ne vois pas pourquoi vous voulez tout ramener au sang. C'était un exemple que je donnais.
- Alors, soyez plus clair si vous souhaitez que l'on vous comprenne !
Oh ! Le petit impertinent ! pensais-je, mais je continuais. Je n'allais pas me laisser démonter par le premier petit ignorant venu.
- Je reprends donc. Vous viendrez me voir à la fin du cours, si vous avez d'autres questions, mais je dois poursuivre mon raisonnement. Je disais donc que puisque tous, nous sommes des nouilles, et que nous partageons cette part de sacré, nous allons pouvoir nous aimer tous les uns les autres, en oubliant nos différences.
- Elle n'est pas un peu bisounours votre théorie, reprit le binoclard. Et il vous a fallu beaucoup de temps pour la pondre ? Non, mais je rêve !
Je n'allais pas me laisser emmerder par cet étudiant à la noix.
- Rappelez-moi votre nom, lui dis-je ! Que je le soumette à l'administration !
- Ah ! Mais vous vous contredisez, me dit-il. Puisque nous portons en nous une nouille sacrée, vous ne pouvez agir contre moi, qui mets à l'épreuve votre théorie. Vous devriez vibrer avec moi sur la même fréquence, et prendre mes réflexions avec bienveillance, n'est-ce pas ?
- Ça ira pour cette fois ci, lui dis je, mais pensez à votre examen prochain ! L'impertinence ne fait pas gagner des points. Où en étais je ? Et puis, qui parle de fréquences ici ? Ne confondez pas avec la physique ! Nous sommes en cours de philosophie, je vous le rappelle.
Je le vis parler à voix basse avec sa collègue de gauche. Ah ! J'allais finir par le mater ce petit c... J'avais beaucoup de mal avec la contradiction, je veux bien l'avouer...
- Ah ! Il est l'heure je crois. Nous reprendrons la prochaine fois. Je vous expliquerai comment la nouille se manifeste en nous, comment elle est visible, et comment de ce fait, elle va nous apporter sa petite révolution. Et vous, le monsieur aux lunettes ! Soyez prêt pour vendredi ! Vous serez le premier que j'interrogerai sur les questions abordées ce jour .
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Défi
A ma fenêtre perchée, je me perds dans mes pensées. Suis-je humaine, suis-je fée ? Ma robe couleur voie lactée doute elle aussi, s'accroche aux pans du mur. Prisonnière de mes pensées, je ne sais plus comment avancer.
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Défi
- Comme je disais, l'environnement et sa survie est aujourd'hui une question de vie ou de mort pour l'espèce humaine. Voulez-vous mettre en danger votre descendance, en évitant dès aujourd'hui les mesures nécessaires pour sauver notre planète ?
Salve d'applaudissements dans la salle. Il venait de terminer la deuxième partie de son discours. Il devait maintenant faire un appel à l'action, et souvent, là, ça se compliquait. On applaudit aux belles idées, mais lorsqu'il faut ensuite les appliquer, c'est plus difficile d'obtenir le même assentiment.
Il allait poursuivre son discours devant la centaine de personnes rassemblées dans cette grande salle de conférence, louée pour l'occasion, lorsqu'une femme échevelée d’une quarantaine d’années entra en courant dans la salle en claquant la porte, fendit les rangs des spectateurs, et lorsqu'elle fut à un mètre de lui, lui adressa la parole en criant presque.
- C'est à vous le SUV garé sur le parking ?
Si oui, je vais vous demander de le garer ailleurs. Il obstrue le passage à deux véhicules. Oui, vous ! C’est à vous que je parle. Eh ! Ben bravo ! Et on se dit écologiste !
- Pardon ? fit il, devant la salle médusée, qui ne comprenait rien à ce qui se passait.
Marie, une de ses assistantes personnelles s'était rapprochée de la femme, et l'invitait un peu durement à quitter la salle.
- Eh ! Bas les pattes ! Ce n’est pas moi qui suis en tort ici, mais votre patron ! Et vous, là-bas, fit-elle à nouveau en s’adressant à lui, comme à un garnement : Le BK608Kl, il est bien à vous ? Si oui, vous avez intérêt à le déplacer, ou je fais intervenir la fourrière ! Elle est déjà là d’ailleurs. Et sans demander son reste, elle repartit par le même chemin.
Il savait très bien de quoi elle parlait, c’était sa dernière petite folie. Le succès de son activité ces derniers mois l’avait fait sortir un peu des rails de l’économie et de la raison, mais il fit mine d'avoir été interrompu par une folle (ah ! ah ! ) , et qu’ils pouvaient continuer là, où ils s’étaient arrêtés. Il fit signe à Carole, sa deuxième assistante de venir, et en douce, il lui passa les clés de son véhicule, qu’elle puisse régler le problème sans faire de vagues.
- Où en étions-nous ? Oui, je voulais vous présenter ma dernière innovation, qui va contribuer à vous faire faire des économies, et qui surtout œuvre pour le bien de la planète. Les panneaux solaires 5G, XYZ, que l’on peut disposer sur n’importe quel toit, dans votre champ, sur votre piscine. Enfin, c’est un produit innovant, qui a gagné le prix d’argent du concours Lépine cette année.
Il voyait bien que son petit discours ne fonctionnait plus. La conne l’avait vraiment dérangé. Il voyait des gens dans l’assemblée qui parlaient entre eux, l’une des personnes était sortie, en suivant Carole. D’autres chuchotaient, d’autres s’étaient positionnés près de la fenêtre pour observer ce qu'il se passait à l’extérieur.
Enfin, quelqu’un l’interrompit en lui disant :
- Non, mais vous nous vendez des panneaux solaires très très chers pour le "bien de la planète" et vous avez un SUV, qui prend deux places de parking ? Puis, une autre reprit :
- En pleine contradiction ! Et il voulait en plus nous faire la morale, non mais je rêve !
- S’il vous plaît, fit-il. Un peu de calme, s’il vous plaît ! Le SUV ne m’appartient pas. La personne en question s’est trompée. Si nous pouvions revenir à nos panneaux solaires. Vous allez pouvoir profiter de 30 % de remise sur ces produits nouvelle génération.
Carole était revenue, et lui faisait signe que c’était réglé. Mais le type, qui l’avait suivi prit la parole à son tour en s’adressant à lui :
- Eh ! Vous assumez pas ou quoi ? C’est bien votre SUV ! A moins que ce ne soit celui de votre assistante ! Mon œil ! Vous avez perdu toute crédibilité pour moi, je peux vous l’assurer.
Un murmure de désapprobation circula dans l’assemblée. Certains et certaines décidèrent de quitter sur le champ la salle, et il vit impuissant un groupe de personnes quitter la salle en claquant la porte.
- Qu’est-ce qu’ils avaient avec cette porte ! Bon, dix sur 100, ça le fait encore ! Ça devait être les indécis, ou ceux qui venaient se promener, pensa-t-il.
Mais il n’en avait pas fini avec le chahut. Les plus jeunes de la salle le sifflèrent, avant de quitter la salle de la même façon que les précédents, malgré les efforts des assistantes en tailleur et haut talon, en position instable, qui leur faisaient de grands sourires, et leur susurraient:
- revenez voyons ! C'était une erreur !
- S’il vous plaît ! S’il vous plaît ! Soyons raisonnables ! Ce n’est pas parce que j’ai emprunté le SUV de mon père pour venir donner cette conférence aujourd’hui, que vous allez m’en tenir rigueur. Pensez aux économies que vous allez faire avec ces nouveaux panneaux solaires ! Nous les vendons en très grande quantité à Paris et dans le monde ! Ils ont fait leurs preuves !
Il commençait à suer à grosses gouttes. Il ne s’attendait pas à ce type de réactions, et cette violence des participants le mettait mal à l’aise. Bientôt, on allait pendre haut et court les gens, qui comme lui, faisaient une petite erreur d’appréciation sur l’achat de son véhicule. Il avait tellement galéré dans sa vie. Il avait bien le droit à son petit plaisir pollueur de temps en temps.
- Eh ! Mais c’est qu’il ment comme un arracheur de dents ! fit un autre. Je le connais son père, et il n’a pas de SUV !
Alors, là, ce fut un véritable tollé, comme si son mensonge avait déclenché une grosse colère chez ses futurs clients.
- Non, mais quelle honte ! fit l’une.
- Vous l’avez entendu ! Et il se cache derrière son père !
- Alors, ça ! C’est le plus fort !
Et dans un grand brouhaha, les uns et les autres commencèrent à l’interpeller, les autres se mirent à parler haut et fort entre eux en le montrant du doigt, et d’autres partirent sur le champ.
- Bon, bon. Je ne peux pas continuer dans ces conditions. Si parmi vous, il y a des gens intéressés par nos produits, je vous propose d’aller sur le site, mais à peine avait-il dit ses mots que son micro fit un larsen, puis s’éteignit.
Il n’arriverait à rien aujourd’hui. Il fit signe à ses assistantes de filer, et il se demandait comment il allait faire lui-même pour quitter cette salle en un seul morceau. Tout ça pour un SUV.
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- Mademoiselle Inès Turon !
- C'est moi !
Puis une autre voix dit: c'est moi !
Et devant ma stupéfaction, elles partirent d'un grand éclat de rire.
J'avais l'impression d'avoir la vue double. Était-ce un effet d'optique ou avais-je devant moi deux vieilles jumelles fringantes et hilares ?
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Quand la mort frappe à la porte
Peut-on ouvrir et lui dire ?
Désolé : vous vous êtes trompé de destinataire.
Quand la mort frappe à la porte,
On n’y est jamais préparé, on se dit toujours :
C’est pas moi, c’est lui !
Quand la mort frappe à la porte,
On ouvre en grand, et on la referme
Brutalement sur la faucheuse.
Waouh ! J’ai tué la mort !
Quand la mort frappe à la porte,
On peut aussi s’y être préparé, et
Lui dire : merci, je t’attendais
Depuis si longtemps.
Comme pour la vie, la mort
Se pointe souvent quand on s’y attend
Le moins, et c’est peut-être pour le mieux.
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- Alpha. Charlie. Oméga. Immersion.
Et le sous-marin s'enfonça doucement dans l'eau profonde, entrainant dans son sillage une myriade de bulles savonneuses aux embruns iodés.
Depuis qu'il avait lu 20 000 lieues sous les mers, Léo s'imaginait le grand aventurier des profondeurs, et il réitérait l'expérience partout.
il aimait se jouer des scénarios avec un sous-marin en plastique, un galion du 17eme siècle en bois, et tout ce qu'il trouvait à sa portée pour pimenter ses histoires.
Et quand parfois le périscope heurtait l'étrave du navire, qu'importait l'anachronisme, il n'avait que faire de la vérité historique.
Seul comptait le jeu : il se voyait déjà en capitaine Némo à bord du Nautilus, et parfois il allait à la rescousse de Jeanne, prisonnière de pirates, une bande de pieds nickelés à la Astérix.
Qu'il soit dans son bain ou au bord de la mer, armé de son masque et tuba, il était le chevalier des mers, le Zorro marin, et il passait des heures à vivre ses histoires, sous le regard légèrement inquiet de ses parents. Ces derniers se demandaient quand tout cela lui passerait, et sous la surveillance rigolarde des mouettes, qui planaient au dessus de la plage.
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Du plus profond des profondeurs, il surgit dans la lumière glaçante du petit matin. Ayanamura. Massif, puissant, impressionnant.
Cet éléphant venu du fond des âges réapparaissait miraculeusement, et tout ça, grâce à un gène recueilli dans une calotte glaciaire, que le professeur Nimbus avait ensuite fait germer.
Ses défenses d'ivoire se rejoignaient, dessinant un anneau luisant, et effrayait l'homme sur son cheval, de la taille d'une souris qui lui faisait face.
De sa gueule sortait un sourd grondement, qui se métallisait soudain, et si nous n'avions pas sous les yeux l'éléphant magnifique rutilant de ses fines ornementations peintes à même la peau, nous aurions l'illusion d'entendre un groupe de hard rock, au son rugissant et épique.
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La nuit, un chat songe pousse dans mon cerveau, et prend toute la place. Il est bien à l'aise, il se pelotonne, il ronronne, et fait même sept fois le tour de la terre. Imaginez un peu alors les extravagances de mes rêves, si en une seule nuit, je fais sept fois le tour de la planète. Ca 'chat hutte' sous le chapeau ! Bientôt, des chats nuages peuplent tout le ciel de mes nuits bleues, en stéréo !
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